Il y a (déjà) deux ans sortait Stories : The Path of Destinies, un jeu d’aventure à embranchements extrêmement drôle et attachant (et un de mes coups de coeur de 2016) ayant pour particularité de se jouer du voyage dans le temps comme peu d’autres jeux savent bien le faire. De fait, il n’était pas difficile pour moi d’attendre avec énormément d’impatience leur nouveau jeu. Et lorsque Omensight a été annoncé, je ne pouvais pas être plus heureux : situé dans le même univers que Stories, des personnages aux designs encore une fois très cool et un principe à la fois très similaire et suffisamment différent pour ne pas donner une impression de répétition et cette fois-ci avec un ton beaucoup plus sombre que son prédécesseur.
Mais est-ce que ces différences ont rendu l’expérience finale plus ou moins agréable ? Pour le coup… C’est différent. Pas mauvais, mais différent.
The Cage of Repetition
Le pitch d’Omensight est plutôt simple : la prêtresse qui veillait sur un démon extrêmement puissant a été assassinée et ledit démon en a profité pour s’échapper de sa prison millénaire. On incarne la Messagère, une entité divine et muette n’intervenant qu’en cas de gros problème capable de se lier aux âmes des récemment défunts et de remonter le temps jusqu’à la veille de leur mort. Heureusement pour la Messagère, les personnalités les plus importantes liées de près ou de loin à ce meurtres ont toutes passé l’arme à gauche le même jour et peu de temps avant l’éveil du démon et tant que l’arbre de vie sera intact, on pourra remonter le temps autant de fois qu’on le souhaite pour tenter de percer le mystère à jour et, dans la foulée, tenter de sauver tout le monde.
La première chose qui m’a frappé en lançant Omensight, c’est le changement de ton drastique. Là où Stories : The Path of Destinies était une comédie saupoudrée d’éléments parfois tragiques, Omensight est une tragédie très rarement saupoudrée d’éléments comiques. Cela ne nous empêche pas de nous attacher aux différents protagonistes de cette histoire et de n’avoir qu’une envie : découvrir la vérité. Pour le coup, j’ai commencé et fini le jeu dans la même journée, quasiment incapable de lâcher la manette… Une fois un certain point du jeu atteint.
(Also, Ratika Best Waifu 2018)
Car le début d’Omensight est un poil poussif. Comme avec Stories, notre personnage suit une courbe de progression régulière et donc on commence avec des compétences plus que basiques. De plus, les premiers tours d’horloge sont assez simplistes, nous faisant découvrir un des quatre décors que l’on sera voués à découvrir et redécouvrir encore et encore (même s’il y a un très joli twist). Je commençais presque à m’ennuyer… Jusqu’à ce que l’on arrive à la découverte du premier Omensight.
Car le principe du jeu, c’est de recueillir des indices en suivant et en aidant chacun des personnages, sachant qu’ils sont ancrés dans des camps très différents. Un instant on suivra un membre de l’insurrection, tandis que le suivant on sera aux services de l’Empire. Ici, pas de choix moral à faire : pour avancer dans le jeu, il faudra obligatoirement suivre les deux camps, quitte à effectuer des actions que l’on juge immorales, mais plus on progresse, plus on découvre que les deux camps ne sont ni blancs, ni noirs. Aider ces deux camps déverrouillera les Omensight : des visions liées au meurtre que l’on pourra ensuite transmettre aux personnages que l’on suit pour les faire réagir et changer de voie dans le but de faire progresser l’enquête.
Et ce que j’ai particulièrement apprécié avec cette mécanique et cette manière de faire, c’est qu’à chaque fois que je pensais avoir découvert la vérité, il se passait un nouveau truc qui faisait que la donne changeait complètement, perpétuant cette envie de continuer à jouer. Mon seul regret en ce qui concerne la narration vient du fait que la vraie fin est bloquée derrière le mur des 100% et que la fin que beaucoup de gens auront est loin d’être satisfaisante si on s’est attaché aux personnages.
City of Lies
En ce qui concerne le gameplay et de la structure à proprement parler, le jeu est assez simple. On va d’un point A à un point B en traversant des couloirs plus ou moins remplis d’ennemis que l’on doit combattre avec un système proche d’un Batman Arkham. On virevolte entre les adversaires, tentant d’anticiper et esquiver les attaques et même si le système évolue un peu avec quelques variations, comme le ralentissement du temps avec les esquives parfaites ou bien les compagnons qui peuvent nous aider, ça ne va pas vraiment plus loin. Les ennemis présentent une certaine variété et même s’il est maîtrisé, ça ne sera pas dans ce jeu que vous trouverez le système de combat le plus complexe qui existe.
Un petit détail qui est très plaisant et qui montre que le studio a été à l’écoute des fans vient des niveaux. Car même s’il n’y en a que quatre (+ deux non jouables et un niveau final), la répétition est rendue minimale par la variété dans les décors et les points de départ, contrairement à Stories, qui nous refilait les mêmes 6-7 niveaux en boucle sans aucune variation. De plus, plus on avance dans l’histoire, plus les niveaux changent visuellement, ce qui fait que la monotonie ne s’installera pas tant que ça.
Enfin, pour ce qui est de la présentation, c’est du tout bon. La direction artistique est dans la même lignée que Stories et le jeu profite d’un style graphique des plus plaisants. La musique, elle, est encore plus élaborée, avec des orchestrations ronflantes et un thème particulièrement marquant et remarquable qui reste en tête longtemps après avoir fini le jeu.
Si l’on fait abstraction de son début légèrement poussif et de la nature fatalement répétitive du jeu, Omensight propose une expérience plus qu’intéressante en plus d’une histoire intrigante et diablement accrocheuse. Les six/huit heures que vous demanderont le jeu seront bourrées de révélations en tout genre et, si vous êtes comme moi, vous aurez du mal à lâcher la manette tant que vous n’aurez pas atteint les crédits de fin. Si vous avez aimé Stories : The Path of Destinies et que vous n’avez pas peur de vous retrouver avec un jeu beaucoup moins drôle, je ne peux que vous recommander ce titre.
Et, encore une fois, j’ai hâte de découvrir ce que Spearhead Gamees nous réserve pour la suite. Si elle se déroule dans le même univers et revient à la légèreté de Stories, je plante déjà ma tente devant les studios pour y jouer. Sinon… Bah je planterai quand même ma tente.
Benjamin « Red » Beziat