Mon avis ne sera pas celui qui se détachera vraiment du reste de l’industrie tant God of War Ragnarok est un des meilleurs jeux que touchera n’importe qui étant en condition d’y jouer. J’ai quelques petites réserves, mais en comparaison de mon ressenti global, ils ne sont qu’insignifiants. Et j’ai aussi envie d’élaborer parce qu’un jeu vidéo est non seulement la somme de toutes les parties qui le composent, mais aussi c’est… Bah une œuvre qui peut résonner avec ce qu’il y a de plus profond en nous.

Mon moi d’il y a 17 ans serait assez surpris et choqué de découvrir que Ragnarok l’a fait tout autant assouvir certaines pulsions de violence virtuelle que de l’atteindre vraiment au-delà de ça. J’ai ri. J’ai été énormément surpris. Et j’ai aussi pas mal eu les larmes aux yeux, au point limite que j’ai souvent eu qu’une seule envie après certains passages : prendre mon téléphone portable et appeler mon père juste pour passer un peu plus de temps avec lui en dépit de la distance qui nous sépare.

C’est… Bizarre, en y réfléchissant de voir aussi à quel point God of War a grandi à mes côtés et n’a fait que gagner en maturité, passant d’une série de jeux que j’adorais à l’époque pour leur sang qui coulait à flots et sa violence gratuite qui m’avait l’air trop sombre et mature à une série qui est vraiment devenue mature, osant délaisser la gratuité de sa violence et la simplicité de son histoire pour offrir quelque chose d’infiniment plus complexe et humain. Sans non plus oublier de nous laisser nous défouler comme il faut, bien évidemment.

God of War Ragnarok est plus ou moins pour moi le jeu AAA parfait dans la catégorie des jeux pour un public averti. Un jeu qui a une âme et qui n’est pas juste là pour remplir le catalogue d’un éditeur ou d’une console ou juste pour exploiter une licence connue, mais un jeu qui se sert justement de sa licence pour raconter quelque chose de puissant et tenter de continuer à faire avancer le jeu vidéo comme une forme d’art dans la perception du grand public. Comme le disait Kratos dans l’épisode sorti précédemment, il faut être meilleur et… Bah clairement c’est un enseignement aussi important que vital qu’il respecte à la lettre.

Oh et bien évidemment ce test sera sans spoilers, rassurez-vous et les images que vous verrez proviendront toutes de la première heure de jeu tant c’est typiquement le genre de jeu qui se savoure en en ayant vu le moins possible en amont !

Quelques points de Su-r-tur en plus !

Très vite fait et sans spoiler, Ragnarok reprend là où l’on avait laissé Kratos et son fils Atreus. Kratos ne voulait qu’une chose : vivre sa retraite tranquillou dans le Nord avec son fils, mais ce plan est parti en fumée quand Baldur, un gars complètement timbré, l’a retrouvé et forcé à faire ressortir le monstre en lui. Bref, baston baston, Baldur meurt, tandis qu’Atreus apprend qu’il est un demi-dieu et le précédent épisode se conclut sur Freya, la mère de Baldur qui dit à Kratos et Atreus qu’elle ne les laissera plus jamais tranquilles.

… Et vu l’intro de Ragnarok, semblerait qu’elle ait tenu ses promesses. Kratos et Atreus réussissent à trouver une bonne planque et passent leur temps à se préparer au combat, parce qu’en plus de Freya plane la menace d’un Odin moyen content de voir un ancien dieu grec connu pour tuer des dieux revenir à la charge. Oh et le Ragnarok, soit la fin de tout et de toute chose pourrait arriver d’une minute à l’autre, donc faut aussi empêcher ça. Autant dire que le programme est bien chargé et il en résulte de loin la meilleure histoire de la série.

Vraiment, j’ai été soufflé par la qualité de l’aventure qui nous est proposée ici. L’écriture est toujours aussi solide que dans le précédent épisode, n’hésitant pas à prendre son temps pour que l’on prenne bien en compte la gravité de certains événements là où dans la saga grecque on n’avait jamais le temps de souffler un seul instant et ça se résumait à « grrr moi pas content donc moi tuer tout ce qui bouge ». Là, on traversera bien plus d’émotions que la simple colère teintée d’une petite touche d’émerveillement devant des décors magnifiques. Là, on rira parfois aux éclats, tout comme on risque de pas mal pleurer en voyant la relation entre Kratos et Atreus se développer. Et c’est sans parler des très, très nombreuses surprises que l’on nous réserve, au point que là où j’ai un peu trop souvent tendance à savoir où voudra en venir les histoires des jeux à gros budget pour ne pas froisser le grand public, avec Ragnarok, je me faisais surprendre plus ou moins toutes les heures. On découvre toujours de nouveaux trucs ou bien des nouveaux personnages et c’est un pur bonheur de voir où le jeu veut nous amener.

Et en parlant des personnages, je ne vais bien évidemment pas élaborer sur ceux qu’on ne connaît pas (même si j’ai énormément envie de parler de Ratatoskr, croyez-moi, surtout qu’il est joué par SungWon Cho, un de mes Youtubers américains préférés), mais en dehors de Kratos et Atreus, la vraie star du jeu n’est autre que Odin, qui est tout simplement incroyable et d’une complexité qui m’a fait rêver en tant qu’auteur ! Chaque scène dans laquelle il apparaît est un pur bonheur et c’est grandement aidé par l’incroyable performance de Richard Schiff (connu notamment pour avoir joué Eddie dans le second Jurassic Park), qui lui insuffle une énergie folle et qui a su faire d’Odin un personnage pouvant très facilement passer de gentil à méchant sans jamais laisser une petite trace de menace sous-jacente.

D’ailleurs, j’en profite aussi pour parler de la partie graphique dès maintenant, mais avec Ragnarok, j’ai l’impression que l’on vient de franchir une nouvelle étape dans la retranscription des animations faciales des acteurs et vous couplez ça aux textures ultra réalistes pour les personnages et c’est absolument bluffant. Ça n’est pas encore 100% parfait, surtout avec les personnages secondaires ou même en dehors des cutscenes ou… Freya, qui 80% du temps semblait un peu étrange, mais les avancées faites sont hallucinantes. Oui, je fais mon vieux un peu sénile, mais c’est juste fou de se dire qu’on a atteint ce degré de réalisme en à peine 30 ans de 3D dans le jeu vidéo.

Et je n’ai même pas parlé des décors, qui en mettent plein la tronche une bonne partie du temps ! On sent parfois les limitations dans certains royaumes qui sont plus compacts qu’on n’aurait pu le croire, mais ça n’empêche qu’ils sont aussi sublimes que souvent surprenants… Au point que ça me fait un peu regretter que le mode Photo n’ait pas été inclus d’office parce que j’aurais passé mon temps à prendre des photos. De Ratatoskr, certes, mais j’en aurais pris beaucoup !

Enfin, pour parler du fait que ce jeu est impressionnant… Mais bons dieux le jeu s’amuse à flex tout le temps avec ses changements de niveaux à la volée ! Comme Ratchet & Clank Rift Apart, le jeu va s’amuser à nous transporter d’un endroit à un autre de manière presque hyper fluide avec juste ce qu’il faut pour cacher les temps de chargement pour donner l’impression que l’on assiste à un tour de magie noire fait par des magiciens de l’informatique ! Pour le coup, ça me fait me demander comment ils se sont débrouillés pour faire la même chose sur PS4 ou comment ils ont réussi à le faire sans faire exploser les consoles, ce qui est probablement encore plus impressionnant que la version PS5 en y réfléchissant…

Côté gameplay, Ragnarok est… Bah grosso modo identique au précédent épisode. Bien entendu, il y a quelques petites variations ici et là ou bien de nouvelles aptitudes, mais si vous avez joué à l’épisode précédent, je n’ai pas vraiment besoin d’élaborer plus, même si ça me permet aussi de ressortir ma principale réserve que j’ai avec cette nouvelle formule initiée par le reboot. Non pas que je n’aime pas son gameplay, mais je préférais le style plus inspiré de Devil May Cry de la saga grecque et je trouve que les Lames du Chaos de Kratos sont moins satisfaisantes par rapport à sa Hache du Léviathan. C’est vraiment du pinaillage, je sais, j’essaye juste de trouver un truc à redire à ce jeu pour ne pas être 100000% positif, mais les Lames du Chaos donnent l’impression de couper dans du beurre, là où la Hache donne l’impression que les ennemis sont des rondins de bois que l’on frappe, rendant les combats plus satisfaisants.

Et aussi j’ai l’impression que, parce que Kratos ne peut plus sauter, les combats sont un poil moins techniques qu’auparavant. Non pas qu’ils ne le sont pas, mais vu que l’emphase est moins placée sur les combos, ça donne l’impression que c’est plus simple. Ceci étant, j’adore vraiment les petites flèches très discrètes autour de Kratos pour indiquer si et quand un ennemi nous attaque en dehors de notre champ de vision. Couplez ça aux avertissements d’Atreus ou de Mimir et le son spatial vraiment bien fichu et il m’est souvent arrivé d’esquiver des attaques sans même que je n’y réfléchisse trop. Oh et je parle de mémoire là, mais j’ai l’impression que Ragnarok renoue un peu avec la saga grecque avec des exécutions d’adversaires bien plus graphiques que l’épisode précédent, qui m’avait semblé plus sage. Pour le coup, je suis un peu moins fan de ce changement, même si on reste loin de la violence de God of War 2 ou 3 qui ferait passer un épisode de Chainsaw-Man pour une attraction de Disneyland. PS : lisez ou regardez Chainsaw-Man.

Là où Ragnarok fait les choses vraiment bien, c’est dans sa structure qui propose une belle liberté au joueur. Concrètement, il est possible de boucler l’histoire principale en une petite vingtaine d’heures si vous ne souhaitez que faire les quêtes principales, ce qui est une durée de vie déjà ultra respectable, mais c’est sans prendre en compte la quasi-cinquantaine de quêtes annexes en plus, sachant que certaines d’entre elles peuvent facilement durer une trentaine, voire une quarantaine de minutes et il y en a quelques unes qui peuvent se faire tout en progressant dans l’histoire. Pour le coup, si je n’étais pas un peu limité en termes de temps, j’en aurais fait bien plus, parce que celles que j’ai pu faire permettaient de vraiment approfondir l’histoire des personnages secondaires en plus de parfois mener à des zones totalement inédites et assez vastes ! Bon, après le seul contrecoup de faire ces quêtes annexes, c’est qu’elles rendront les quêtes principales infiniment plus faciles parce que le jeu est plutôt gentil avec ceux qui veulent juste faire le scénar, mais bon.

Autrement dit, il est possible de faire son expérience à la carte et d’en tirer autant de plaisir qu’on le désire et ça, c’est clairement un bon point pour moi !

Enfin, j’ai déjà parlé de la performance des acteurs et de la claque technique qu’offre le jeu, mais même les musiques sont vraiment cool ! Elles sont souvent un peu discrètes, mais les reprises de certains thèmes introduits avec l’épisode précédent font hyper plaisir, sans parler de ceux introduits avec les nouveaux personnages ou pour offrir des tons rarement vus dans la série.

Au final… Est-ce que j’ai vraiment besoin d’en dire plus ? God of War Ragnarok est non seulement tout ce que j’attendais d’une des suites les plus osées de l’histoire du jeu vidéo, mais c’est même plus que ça. Encore plus grandiose. Encore plus fou. Encore plus surprenant. Et encore plus beau, aussi bien d’un point de vue esthétique que du message qu’il essaye de nous transmettre. Un message qui m’a ému et qui offre potentiellement la meilleure conclusion possible à une série que j’aurais côtoyé plus de la moitié de ma vie. Bien entendu, je vois difficilement Sony vouloir arrêter une série qui marche aussi bien, mais… Bah si elle s’en arrêtait là, franchement, je ne m’en plaindrai pas.

God of War Ragnarok est un jeu aussi important que nécessaire pour cette industrie et c’est bien pour ça que c’est un Indispensable.