8 ans. Déjà 8 ans que Bayonetta 2 est sorti et a marqué un immense tournant dans la trajectoire de la série, passant d’une licence publiée par SEGA à une série financée par Nintendo, qui à l’époque était désespérément à la recherche de jeux pour alimenter sa Wii U là où Platinum Games était désespérément à la recherche de quelqu’un pour publier la suite de sa série. De cet accord mutuellement bénéfique, on a donc eu un excellent jeu pour la Wii U porté plus tard sur Switch, un personnage totalement pété dans Super Smash Bros 4 et un peu pété dans Ultimate et en 2017, l’annonce d’un troisième épisode qui allait prendre son temps pour sortir. Au moins 5 ans, vu qu’on est en 2022 et qu’on a enfin pu mettre la main dessus !

Vous n’imaginez même pas à quel point j’avais hâte de le faire tant le premier Bayonetta reste à ce jour un de mes beat-them-all préférés et que j’avais beaucoup apprécié le 2 ! C’était au point où j’ai passé la matinée de sa sortie à mettre à jour ma boîte mail littéralement toutes les deux minutes dans l’espoir que le code de test tombe, et quand il est arrivé, j’ai disparu de la surface du globe pendant 24h, le temps de le finir !

Et c’était incroyable !

Un jeu qui transpire la folie et l’envie de nous en mettre plein la gueule toutes les deux minutes ! Un jeu qui m’a fait rire pas mal de fois et coupé mon souffle ou fait pousser des WHOAAAH beaucoup trop souvent au point que j’ai perdu le compte. Suffit juste de voir les rares tweets évasifs que j’ai écrit pour voir que j’ai été totalement transporté par son délire et maintenant il me revient la tâche de tenter de vous expliquer plus normalement pourquoi je l’ai autant adoré.

Et aussi pourquoi je continuerai de préférer le premier épisode.

… Attends quoi ?

Les Sorcières à l’Est

Sans entrer dans les détails, ni spoiler, Bayonetta 3 raconte une histoire assez simple : un grand méchant pas beau et pas gentil a décidé de s’en prendre au Multivers et d’en détruire un par un ses mondes parce que… Erm… Comme le dirait le Détective Conan, il n’y a qu’une seule vérité ? Bon en vrai, c’est jamais clairement dit, mais j’imagine que son but était de détruire tous les mondes et n’en garder qu’un parce que ça serait plus simple à dominer ou un truc du genre. Il devait avoir la flemme.

Enfin bref, il en revient à Bayonetta de lui taper dessus suffisamment de fois pour qu’il comprenne que c’est pas gentil d’être méchant et pour se faire, elle doit réunir des bidules magiques qui ouvriront la voie de son monde, bla bla bla, c’est vraiment classique et cette fois-ci, ça va plutôt droit au but. Dans tous les cas, ce n’est clairement pas l’histoire que l’on va retenir tant les twists peuvent être grillés hyper rapidement, à l’exception de deux twists qui sont juste très stupides et dont un qui sort absolument de nulle part parce que… J’imagine qu’il fallait une justification pour avoir un boss récurrent cool comme dans tous les jeux Platinum Games, comme Jeanne dans le premier, Jetstream Sam dans Metal Gear Rising ou le Prince Vorkken de The Wonderful 101.

Dans tous les cas, le scénario est clairement un bon gros prétexte pour justifier l’aventure et les différentes séquences de gameplay que l’on va traverser et c’est que se trouve le principal intérêt de Bayonetta 3 ! Dès son Prologue, le jeu nous balance direct dans un véritable raz-de-marée d’action et ne va presque jamais s’arrêter jusqu’à son chapitre final ! Je ne vais pas trop en dire non plus, mais si vous aimez les jeux où ça bouge dans tous les sens, aussi bien du côté de notre personnage que les décors en eux-mêmes ou que vous aimez voir des monstres géants se mettre sur la tronche, vous allez être absolument servis et c’est absolument kiffant !

Le jeu est plus ou moins découpé en plusieurs mondes, chacun divisé en trois chapitres, avec une introduction au monde, un chapitre intermédiaire qui fait ce qu’il veut, et un troisième qui aboutit sur un combat de boss absolument maboule qui vous fera hurler de bonheur !

… Puis viennent les interludes entre chaque monde qui cassent un peu le rythme, et pas forcément en bien.

Grosso modo, et pour on ne sait quelle raison, ces interludes sont des mini-chapitres durant entre 5 à 10 minutes et sont des sortes de phases d’infiltration en 2D un peu molles où il faut trouver des interrupteurs tout en ne se faisant pas taper dessus trop de fois et en essayant de tuer discrètement les ennemis présents. Heureusement, il n’y a que 3 de ces interludes et un dernier un peu spécial, donc comptez grosso modo 20/25 minutes de mou dans une aventure qui vous en mettra plein la tronche pendant grand minimum 9 heures, probablement 12 en tentant les contenus annexes et probablement 30 à 40h grand minimum si vous essayez d’obtenir tous les trophées de platine pur en ultra difficile si vous êtes habitués à la série.

Maintenant, pour en venir à mon affirmation comme quoi le premier épisode sera toujours mon préféré, c’est juste pour une raison toute simple : son rythme. Le premier Bayonetta y allait crescendo dans sa folie, commençant assez humblement et se concluant sur le meilleur boss de fin de la série. Bayonetta 3 commence direct sur une confrontation aussi folle que les derniers boss du premier, et même s’il fait tout pour se diversifier, il parvient difficilement à faire mieux que les niveaux qui l’ont précédé, donnant cette impression de progresser en ligne droite, avec uniquement des baisses de fun avec les interludes. En résulte un épisode qui peut être un peu éreintant sur la durée, comme si quelqu’un t’agitait des clés devant ton nez non-stop pendant 10h d’affilée.

Bien évidemment, même si je préfère le premier au troisième, ça ne veut pas non plus dire que j’ai passé un mauvais moment. Encore une fois je peux ressortir mes tweets criant au jeu de l’année. Là, c’est juste une question de préférence en termes de structure et de rythme.

Et côté gameplay, c’est encore et toujours du Bayonetta pur jus, donc c’est vraiment très chouette ! Pour ceux qui ne connaîtraient pas la série, grosso modo, Bayonetta est un beat-them-all à la Devil May Cry se jouant principalement avec deux boutons. On aura un bouton pour les coups de poings et un autre pour les coups de pieds et selon l’ordre des touches et même le timing, on va pouvoir sortir des combos vastement différents. Il y a aussi un bouton pour utiliser des flingues, même si leur utilité est minimale et plus là pour aider les joueurs voulant maintenir leur combo en place pour marquer un max de points. Et comme d’hab, il y a aussi le bouton d’esquive qui avait rendu la série révolutionnaire et qui permet de ralentir le temps si on esquive au dernier moment, même si ici le timing est plutôt généreux !

La principale nouveauté et différence de cet épisode vient d’un élément de gameplay qui change assez radicalement la façon d’aborder les combats : la touche d’invocation. Concrètement, il est possible d’invoquer à tout moment un de nos démons pour pouvoir le contrôler et qu’il tape les monstres à notre place, si tant est que l’on aie de la magie en réserve. Le seul contrecoup est qu’en invoquant un démon, Bayonetta restera plantée comme un piquet et sera ouverte aux attaques des ennemis qui n’ont pas pris notre démon pour cible. Ce système bien rigolo est là principalement pour nous en mettre plein la vue et dispose de pas mal de petites subtilités dont je n’ai pas parlé, mais en Normal ou Facile, ce bouton vous aidera bien plus de fois que vous ne le croyez !

D’ailleurs, micro-aparté, mais j’ai trouvé cet épisode bien plus facile en difficulté Normale que les précédents. C’est probablement dû au fait que les ennemis ne font pas trop mal comparés à avant, parce que clairement, niveau skill, je jouais aussi bien qu’avant, à savoir mal.

L’autre grosse nouveauté de cet épisode est un personnage : Viola, qui est grosso modo un étrange mix au féminin entre Vergil de Devil May Cry, le protagoniste principal de Scalebound et Jar-Jar Binks. Oui je sais, c’est un tacle gratuit, mais elle est juste là pour être la chute de pas mal de blagues dans le scénario et du coup elle passe un peu trop pour un clown plutôt qu’une héroïne badass… Enfin bref, on pourra la contrôler de temps en temps durant l’aventure et même si elle se contrôle comme Bayonetta, son gameplay en combat ne pourrait pas être plus différent ! Avec Viola, pour ralentir le temps, il faudra obligatoirement parer son adversaire à la dernière seconde, ce qui enlève le sentiment de sécurité conféré par l’esquive et c’est un truc que je n’ai jamais pu maîtriser tant ça va à l’encontre des réflexes que j’ai acquis en jouant à la série. Son autre particularité, et c’est bien plus cool, c’est qu’elle peut invoquer son démon tout en se déplaçant librement et en pouvant donner des coups ! Bon, le twist, c’est qu’en invoquant le démon, elle perd son épée, mais vu qu’elle peut toujours taper, ça veut aussi dire qu’elle peut ré-remplir sa jauge de magie plus ou moins tranquillou. De fait, elle offre pas mal de changements pour justifier que l’on passe sur elle et est plutôt cool à jouer, même j’espère malgré tout qu’elle ne devienne pas un personnage important si jamais Bayonetta 4 il venait à y avoir, rien que pour ce système de parade que je n’aime pas trop.

Les seuls petits bémols que je trouve au jeu côté gameplay, c’est sa caméra, qui parfois peut mal vivre le fait de devoir garder en vue des monstres géants quand on les colle de trop près ou bien aussi sa trop grande variété de gameplay qui risque d’en perdre quelques uns quand ça passe d’un truc à quelque chose de radicalement différent sans trop d’explications et en espérant que vous vous adapterez très rapidement.

Aussi, un petit problème que j’ai repéré concerne la rejouabilité du jeu. Car la première fois que l’on traverse l’aventure, c’est absolument fou et kiffant, mais si vous visez les trophées de platine, ça impliquera de jouer parfaitement à toutes les séquences d’un chapitre en plus des combats bonus planqués dans les décors. Et sachant que le jeu adore varier les situations, il y a moyen pour que vous tombiez sur un chapitre avec une séquence de gameplay que vous aimez moins, voire détestez et sur lequel reposera l’acquisition du fameux trophée. C’était déjà un petit problème dans les épisodes précédents, mais c’est rendu d’autant plus flagrant ici du fait de l’immense variété des styles.

Enfin, côté présentation, Switch oblige, on n’est pas sur un jeu qui impressionnera les foules en faisant des arrêts sur images, mais est-ce si important quand tout bouge à 10000 à l’heure dans tous les sens ? Alors oui, ça fait très jeu de fin de vie de la PS3, au point limite qu’on a parfois l’impression que ça tourne sur le même moteur qui a alimenté les jeux Platinum Games depuis plus de 13 ans, mais ça n’en reste pas moins un jeu qui impressionne de par le fait que ça tourne sans se péter les dents en affichant trop d’ennemis à l’écran ou parce qu’il faudrait charger un truc. Forcément que certains voudront mieux, mais faut pas non plus oublier que si Nintendo n’était pas derrière pour financer le jeu, il n’y aurait tout simplement pas de Bayonetta 3 du tout tant ça reste un projet coûteux et ultra ambitieux avec un potentiel de ventes assez bas de base (et dont le premier épisode avait bidé et le second avait fait encore pire). Oh et juste pour en rajouter une couche, Bayonetta est une série qui n’a jamais versé dans les DLC ou les micro-transactions et qui propose toujours un contenu important et une tonne de trucs à débloquer en jouant normalement au jeu et je bénis Nintendo d’être encore un peu à la ramasse et d’avoir trois générations de retard sur ce genre de philosophie en dehors de sa division mobile et de rares exceptions.

Et impossible de parler de Bayonetta sans évoquer sa bande-son, qui ici est toujours aussi excellente ! Les thèmes sont toujours aussi épiques et variés et se marient à merveille avec le gigantisme des situations auxquelles on fait face ! Et le thème un peu plus rock de Viola est bien cool !

Au final, vous aurez compris que j’ai adoré le temps que j’ai passé sur Bayonetta 3 ! C’est un jeu qui ne fait absolument aucune concession pour nous impressionner et nous faire passer par toutes les émotions possibles et imaginables. Je me suis amusé pendant quasiment 10h d’affilée et ai vécu une aventure qui devrait pas mal me rester en mémoire pour sa folie. Un peu moins pour son scénario, mais bon, clairement il va rejoindre ma rotation de jeux que je fais régulièrement juste pour le plaisir de m’amuser sur des trucs débiles et drôles !

Bref, à moins d’être allergique aux jeux d’action ou d’être peut-être un peu trop jeune (ou ne pas avoir de Switch), je ne vois aucune raison de ne pas craquer pour Bayonetta 3 ! De préférence après avoir fait les deux épisodes précédents, mais clairement, ce troisième épisode est tout autant un Indispensable que les autres !