Note : avant de commencer ce compte-rendu, je tiens à préciser que j’y suis entré avec l’aide d’une accréditation presse. De fait, j’ai pu vivre l’événement de la meilleure façon possible, puisque je n’avais pas à gérer un stand/le salon lui-même ou attendre dans les files d’attente. Certains pourraient donc penser que mon avis n’a aucune légitimité, et je peux les comprendre. Dans tous les cas, je ne peux décemment pas dire que l’événement était parfait et mettre 20/20. Les divers témoignages reçus ne peuvent que me faire pleinement prendre conscience de la position privilégiée que j’avais (et dit comme ça, ça sonne ultra pompeux et hautain… Hum).
Toutes les belles photos ici ont été prises par Emma Jarlov et Christophe Bouzigues.
Il y a quelques semaines, j’avais entendu sur un podcast américain que les meilleures convention sont celles qui n’ont pas encore eu le temps de trop grossir. L’ambiance y est plus “roots” et le monde est pas trop présent, faisant que tout le monde passe un très bon moment et même s’il y a deux-trois couacs, bah on s’en fiche un peu.
Ayant eu l’opportunité de suivre l’évolution du festival Animasia depuis maintenant cinq ans, je ne peux que très bien voir que l’on a dépassé le point où l’envergure de l’événement peut facilement poser plus de problèmes que de sourires. Encore une fois, et comme dit dans le paragraphe précédant le début de l’article, j’étais suffisamment chanceux pour être dans la position privilégiée du gars qui peut entrer et sortir à volonté et qui pourrait passer son temps à boire le café dans la zone presse, donc oui, j’ai passé un très bon moment. Plus qu’excellent même. Et puis même si je n’y étais entré qu’en simple visiteur, je pense qu’à la fin de la journée et malgré les heures de queue, j’aurais été content de venir, puisque Animasia est situé dans ma ville et c’est donc aussi un immense prétexte pour revoir tous les gens que je connais.
Animasia, c’est aussi un lieu qui permet de découvrir pas mal de choses… Et bons dieux que j’en ai découvert, des choses ! Ce compte-rendu va donc parler en très grande partie des choses que j’ai pu y voir, ainsi que des quelques couacs rencontrés, mais qui heureusement ont vite été corrigés le lendemain.
La soirée pré-Animasia, spéciale Indie Game Factory
Peu avant l’événement, une partie de la presse et la majorité des développeurs présents à Animasia s’étaient réunis sur une péniche afin d’y présenter leurs projets. La particularité étant que non seulement il y avait une délégation spécialement venue d’Inde pour parler du jeu vidéo dans ce pays, ainsi que leurs structures, mais on pouvait aussi remarquer à quel point le paysage vidéoludique bordelais était riche et vaste (prouvant le point que j’avais commencé à faire via mes articles, comme quoi Bordeaux a largement le potentiel de devenir un pilier français du jeu vidéo [surtout si, comme les rumeurs le laissent entendre, Ubisoft venait s’implanter à Bègles]).
Du shmup hardcore, des expériences en réalité virtuelle intrigantes, du Rogue-like absolument dingue, du rhythm-game absolument barré et même du visual novel… Il y avait de tout et pour tout le monde, au point que j’ai été plus que surpris du potentiel de ma ville. Comme quoi, même en étant au courant de certaines choses, Bordeaux a toujours ce potentiel de surprise et les idées reçues ont la dent dure.
Ainsi, comme j’avais pu le constater de moi-même il y a quelques mois, Manufacture 43 nous a présenté son shoot-them-up Pawarumi, qui propose un gameplay toujours aussi technique à base de pierre-feuille-ciseaux et où la prise de risques est largement récompensée. Le plus impressionnant reste la qualité graphique du titre, qui a tellement évolué en à peine six mois que je suspecterais presque ses développeurs de nous avoir montré un prototype datant de deux ans auparavant (plus sérieusement, ils ont juste bossé d’arrache-pied en très peu de temps et c’est ultra-impressionnant). Et pour l’avoir testé le lendemain, je peux d’ores et déjà dire que le challenge va en intéresser plus d’un.
On a aussi eu le droit à GlitchR, un autre studio que j’avais eu l’occasion de rencontrer, qui ne présentait pas son projet sur la péniche, mais directement sur le salon. Comme prévu, il s’agit d’un jeu de tir à l’arc en réalité virtuelle nommé Sky Sanctuary (rien à voir avec Sonic 3). La démo nous invitait tout simplement à tirer sur des cibles et des poulets volants qui font des bruits rigolos. C’était la première fois que je testais un jeu en réalité virtuelle et y’a pas à dire, le HTC Vive est absolument impressionnant tant chacun des mouvements est retranscrit avec fidélité.
Autre studio que j’avais déjà rencontré : Black Flag, qui nous présentait Orphan Age, un mix entre les Sims et Fallout, où il nous faut construire un orphelinat pour une bande d’enfants ayant pour habitude de vivre dans la rue. Je n’ai pas eu le temps de le tester, faute de temps, mais la présentation fait que le titre est toujours aussi intriguant.
Along the Edge, de Nova Box, quant à lui, est un roman graphique interactif où l’on incarne une jeune femme ayant hérité d’un manoir dans un village un peu perdu et des personnages inquiétants rôdent, tandis que l’on découvre que notre famille n’était pas non plus bien nette. J’ai pu l’essayer vite fait et même si je ne peux pas donner d’avis vraiment intéressant dessus, visual novel oblige, le fait que chaque action influe sur la personnalité de notre héroïne rend l’ensemble plus qu’intriguant. La bonne nouvelle est que le jeu sortira la semaine prochaine sur Steam et très rapidement après sur smartphones et tablettes.
Deux autres titres qui ont remporté les prix du public et de jeu du salon et que je n’ai pas eu le temps d’essayer : Forsake the Grave, de Primal Seed et Boiling Bolt de Persistant. Le premier est un Gauntlet-like, où l’on doit avancer dans des niveaux truffés d’ennemis, mais où le twist est que l’on peut faire revivre nos adversaire et les faire rejoindre notre armée. Un concept intéressant et qui visiblement a su convaincre le public, qui a voté en masse pour le jeu. Le second, qui lui a convaincu absolument tout le monde, est un shmup horizontal très porté sur les angles de caméra planantes et des graphismes à tomber, mélangeant animation typée anime et Unreal Engine 4 pour un résultat assez fou.
Ebim, quant à eux, nous proposaient Ascent Spirit, un jeu d’escalade en VR dont le principe consiste à gravir une montagne dans le but de retrouver une cité perdue. Encore une fois, faute de temps, je n’ai pu y jouer, mais le jeu est déjà disponible en Early Access si vous êtes curieux.
Enfin, mes deux plus gros coups de coeur viennent des studios Headbang Club et Motion Twin. Le premier nous proposait Double Kick Heroes, un jeu de rythme particulièrement métal où l’on est dans une voiture et l’on doit descendre les zombies qui nous pourchassent au rythme d’une musique endiablée. C’est débile, fun, mais aussi très technique, au point que je suis mort très rapidement (et c’est pourtant pas faute d’être le genre de personne à jouer à des jeux de rythme au moins une fois tous les deux mois). Le second jeu, quant à lui, est mon coup de coeur du salon : Dead Cells. On y incarne un homoncule/blobinou vert devant prendre possession d’un cadavre le plus frais possible pour explorer les dédales inquiétants d’un château bourré de monstres sanguinaires. En y jouant, j’avais l’impression de jouer à un mix entre Castlevania et Rogue Legacy, le tout légèrement mâtiné de Dark Souls avec des animations totalement dingues rappelant les plus vieux jours de la série Prince of Persia. Je me suis certes assez vite fait laminer, mais c’était super fun et j’ai vraiment envie de mettre la main sur le jeu complet.
Bref, Bordeaux est là, et il compte bien donner de la voix sur les prochains mois !
Animasia : Enlarge Your Péniche Edition
Le festival en lui-même était plutôt sympa. Vu la taille du Hangar 14, il était nécessaire d’élargir ne serait-ce que d’un peu l’espace disponible, et c’est la raison pour laquelle une péniche a spécialement été louée. Elle permettait d’y héberger quelques unes des conférences et rencontres avec des vidéastes, ainsi que d’avoir un espace spécial VIP un minimum agréable pour eux, et un minimum agréable pour le reste du public, puisque ça faisait un peu plus d’espace pour circuler/y mettre autre chose.
Un détail que j’ai assez rapidement remarqué, c’était la présence assez abondante de boutiques, qui constituaient très certainement 30 à 40% de la surface occupée. Bien évidemment, je comprends l’intérêt pour de telles boutiques d’être là, puisqu’elles amortissent de pas mal la facture finale pour le staff qui organise l’événement et ça peut permettre aux visiteurs de mettre la main sur des artefacts plus ou moins rares sans avoir à se taper des frais de douane monstrueux. Après, c’est juste dommage que la plupart des boutiques étaient des boutiques d’import classiques.
L’autre détail qui m’a chagriné était aussi l’absence totale de mise en avant des artistes indépendants, qui étaient tous placés sous le label de “Espace Fanzine” sans aucune autre indication de qui il pouvait s’agir. Je me suis donc retrouvé comme un gland l’instant où je me suis rendu compte que, par exemple, Leen était présente (une artiste spécialisée dans le manga et qui fait un travail absolument dingue que vous devriez regarder ne serait-ce qu’une fois) alors que rien n’avait été annoncé. Certes, elle l’avait annoncé sur sa page Facebook, mais comme très souvent sur les réseaux sociaux, si on n’est pas présents à l’instant où c’est annoncé, bah on le loupe totalement, car ce n’est pas indiqué sur le site de l’événement. Résultat, la plupart des artistes indépendants se tournaient les pouces et continuaient à dessiner pour eux-mêmes ou discutaient entre eux, puisqu’il n’y avait personne pour les voir.
(‘en profite pour caser une illustration de Leen et continuer de vous inciter à soutenir cette artiste de talent)
Enfin, il faut parler du très gros problème : le samedi. Samedi, c’était le jour où il y avait eu un nombre de visite absolument ahurissant, faisant que même à 14h, il y avait encore une immense file d’attente d’au moins cent mètres (je le sais, puisque j’y étais pour soutenir mentalement quelques personnes qui étaient coincées dehors et qui voulaient me voir). Les raisons de ce bouchon restent floues et j’imagine que les mesures de sécurité liées à l’état d’urgence ont joué en la défaveur du public, mais le détail qui m’a fait tiquer était que l’on pouvait circuler dans les allées du salon.
Normalement, salon rime avec piétinement. Et vu le monde dehors, s’ils avaient pu entrer, on aurait eu cette situation typique des événements, ce qui certes est une mauvaise chose pour ceux qui circulent, mais est au final une bonne chose pour (presque) tout le monde, puisque les boutiques ont beaucoup plus de clients potentiels et les différentes animations peuvent attirer plus de gens. Idem pour les artistes indépendants, qui attireraient beaucoup plus de curieux. Du coup, il y a eu un immense torrent de commentaires négatifs samedi soir autour de l’événement.
Heureusement, le dimanche, il n’y avait rien à redire et tout est plus ou moins revenu à la normale, au point que les files d’attentes étaient plus ou moins inexistantes passé 11h et l’on pouvait joyeusement piétiner et maudire la lenteur des gens devant nous ou bien hurler quand on était à la bourre pour un événement et que l’on devait piétiner à vitesse modérée.
En ce qui concerne les activités, il y avait de tout pour tout le monde, avec des conférences très intéressantes (dont une sur le manga à la française que j’ai trouvée très intéressante en plus d’être un gros boost à mon envie d’en faire un), des défilés cosplay, du jeu de plateau et des quizz, dont le désormais incontournable Quizz des Gamers, où le public tente de nous faire tomber Benzaie et moi (ainsi que le Docteur Lakav ou bien Armoff de l’émission Creepy as Sh*t), mais n’y parviennent jamais. Oui, je place ça totalement pour me vanter, mais en même temps… Bah c’est la vérité ♫
(Et oui, j’ai aussi le super-pouvoir de savoir exactement quand un appareil photo peut se déclencher ♫)
Au final, malgré un samedi plus que mitigé, cette édition d’Animasia était plutôt cool. Il y avait vraiment pas mal de choses différentes pour tout le monde et ça fait immensément plaisir de voir le jeu vidéo bordelais autant mis en avant (chose que je n’ai d’ailleurs jamais vu ailleurs, en dehors du Stunfest et très légèrement au Toulouse Game Show). S’il y a bien deux souhaits que je formule pour l’an prochain, c’est que la prochaine édition se fasse dans un lieu qui soit plus grand et qu’il y ait un poil plus d’animations, histoire de pouvoir offrir deux jours potentiellement frustrants pour les visiteurs, qui ne sauraient où donner de la tête. Ça et aussi mettre un peu plus en avant les artistes indépendants, puisque les avoir, c’est bien, mais avoir aussi les fans d’Aquitaine qui puissent les voir, ce serait encore mieux. Bref, c’était bien et j’ai déjà hâte de faire Animasia Le Haillan (puis le Bordeaux Geel Festival, puis re-Animasia normal, puis re-Animasia Le Haillan, puis re-Bordeaux Geek Festival, puis….)
Benjamin « Red » Beziat