Quand on pense aux meilleures adaptations d’anime en jeux vidéo, le nom d’un studio en particulier ressort presque systématiquement : CyberConnect2. Avec la série de jeux basés sur Naruto, JoJo’s Bizarre Adventure ou bien même leurs propres anime jouables que sont Asura’s Wrath et Solatorobo, le studio s’est imposé comme un des rois des cinématiques absolument dingues et des jeux fait avec un amour quasi sans limites pour les licences qu’ils adaptent.

Donc quand on apprend que CyberConnect2 s’attaque à Demon Slayer, un des anime les plus hype de 2019 qui a mené à une véritable explosion des ventes du manga d’origine, puis qui a donné lieu au plus gros succès du box-office de l’histoire du Japon, on ne peut qu’être hypé à fond !

… Mais très rapidement, quand on réfléchit au truc, on se rend compte que le jeu ne va adapter que jusqu’au Train de l’Infini, soit le film qui lui-même n’arrivait qu’au 8ème tome du manga et que le projet d’adaptation en jeu vidéo a probablement été lancé suite au succès surprise de l’anime à peine deux ans avant la sortie du jeu et qu’en prime le jeu se devait de sortir avant ou en même temps que la nouvelle saison de l’anime. Bref, on pourrait craindre un jeu développé un peu trop vite et avec un contenu assez maigre et ces deux affirmations sont vraies, ne serait-ce qu’en voyant le fait que certains personnages n’arriveront que quelques semaines après le lancement du jeu via des patchs.

Heureusement, le jeu a été confié aux meilleures des mains dispo dans le monde des adaptations de mangas et d’anime, donc même si on doit se contenter de finalement assez peu, ce qu’il y a là n’en reste pas moins d’excellente facture… À deux-trois trucs près.

Deadline Slayer

Déjà, la première question à laquelle je peux répondre, c’est si ça vaut le coup de le faire si on n’a pas vu l’anime ou lu le manga, ce à quoi je répondrai… Non. Car même si le jeu fait tout pour garder un maximum de ce qui fait le sel de la série, il fait le choix à la fois curieux et judicieux de garder les plus petits détails dans des apartés que l’on peut récupérer en chemin, ce qui donne l’impression de jouer à une histoire pas mal abrégée si on joue sans s’y attarder et une histoire bizarrement agencée si on prend le temps de regarder des scènes qui auraient bien pu se dérouler en même temps que l’histoire principale. C’est assez bizarre, mais si vous avez vu ou lu la série récemment, ça permet de gagner un peu de temps et de passer directement aux combats les plus cool et si vous l’avez vu ou lu il y a un moment, vous devriez vous en rappeler et recoller les morceaux par vous-même.

Concernant l’histoire en elle-même, tous les arcs importants de la légende de Monjiro Mikado et sa sœur Nezuko sont là jusqu’au Train de l’Infini, y compris le très cool arc de la maison aux tambours et la montagne des araignées ! Et comme d’hab avec les jeux CyberConnect2, en dépit des contraintes de temps, les scènes qui avaient besoin d’être joliment animées le sont plus que glorieusement et les séquences de QTE qui ont fait la légende du studio sont présentes pour ponctuer les combats contre les boss les plus importants. Bien évidemment, la contrainte de temps fait que les cutscenes mineures sont animées avec des limitations de mouvement assez visibles, mais ça ne les a pas empêchés de bien s’amuser sur Zen’itsu qui garde ses expressions toutes plus cultes les unes que les autres !

En fait, le seul truc que je trouve un peu dommage avec le mode Histoire du jeu, c’est que pour éviter que le jeu soit plus court qu’il ne le soit déjà, ils se sont sentis obligés de mettre des séquences « d’exploration » qui reviennent grosso modo à suivre des longs couloirs avec un Tontaro qui court un peu trop lentement et des fragments de souvenirs ou des points à ramasser dans les deux-trois embranchements sur la route, mais qui concrètement ne servent pas à grand chose et sont là juste pour faire grimper le compteur de minutes passées à jouer. Sans ça, le mode Histoire aurait probablement duré une quarantaine de minutes en moins si on cherche à tout récupérer. On sent que ça a été inclus pour donner une impression qu’il y a du contenu alors qu’au final ça donne juste l’impression de perdre un peu de temps, ce qui est dommage.

Ceci étant dit, il y a deux niveaux vraiment sympa vers le milieu du jeu qui donnent un peu plus d’intérêt à l’inclusion de ces moments et se balader avec un certain personnage m’a juste fait penser aux meilleurs moments de Luigi’s Mansion et m’ont vraiment bien fait marrer.

Concernant le système de combat en lui-même, j’ai plus eu la sensation de jouer à Asura’s Wrath que Naruto Ultimate Ninja Storm tant la palette de mouvements est limitée. On a notre seul combo de base, différents coups spéciaux qui consomment la jauge d’attaque spéciale, une chope, la poursuite façon Naruto qui permet de foncer vers l’ennemi pour enchaîner sur un combo et une garde qui si elle est utilisée au bon moment permet de déstabiliser l’adversaire. En plus de ça, on a la classique jauge de super qui peut permettre de déclencher notre attaque ultime ou bien se mettre dans une sorte de mode furie où les dégâts sont augmentés.

La seule « nouveauté » apportée par Demon Slayer est une jauge de combos qui nous permet d’enchaîner l’adversaire sur une durée déterminée et comme dans certains jeux du style Marvel VS Capcom 2, les dégâts de chaque attaque diminuent si le combo s’étend trop. C’est un système d’équilibrage intéressant pour éviter que l’on finisse avec des combos infinis qui tueraient l’adversaire sans suer en mode Versus, même si bon, le mode Histoire n’est pas non plus bien difficile, au point que je ne suis mort qu’une fois et c’était face à l’avant-dernier boss.

D’ailleurs, en parlant des boss, les démons qu’affronteront Kentaro et ses amis sont de loin le point culminant du jeu ! Outre les QTE de fin qui en mettent plein les yeux et les oreilles, les boss en eux-mêmes ont des attaques à esquiver qui peuvent parfois bien nous mettre en alerte et certains ont des gimmicks vraiment rigolos et bien adaptés. Mention spéciale au boss de la maison des tambours et celui d’Asakusa qui respectent parfaitement la créativité des combats du manga !

Et en dehors du mode Histoire, on a un mode Versus qui permet de jouer contre un autre joueur soit hors-ligne ou bien en ligne et erm… Euh… Bah c’est tout en fait. J’imagine que le manque de temps n’a pas aidé en plus du fait que le manga ne propose pas des masses de possibilités de jouer avec l’univers de Demon Slayer.

Et côté présentation, encore une fois CyberConnect2 fait preuve de son savoir-faire avec des modèles de personnage en 3D qui donnent juste l’impression de voir l’anime prendre vie et des animations vraiment cool quand il y a besoin d’animations plus complexes. Et le jeu tourne plutôt bien pour l’instant, même si on sent que le patch next-gen avec un mode à 60 images par secondes n’est pas encore arrivé (même s’il ne saurait tarder au moment où j’écris ces lignes).

Et musicalement, le jeu nous propose non seulement des musiques originales de Chikayo Fukuda et sa team, mais on a aussi les excellentissimes musiques de l’anime composées par Yuki Kajiura et Go Shiina qui viennent ponctuer les moments les plus importants, y compris une certaine chanson d’une des scènes les plus cultes de la première saison ! Couplez ça au cast de la série originale, notamment Natsuki Hanae derrière le personnage de Gonpachiro qui nous livre ici ses performances légendaires et il n’est clairement pas impossible que vous ayez des frissons à certains moments !

Au final, Demon Slayer The Hinokami Chronicles n’est clairement pas le meilleur jeu vidéo basé sur un anime de tous les temps, mais ça n’en reste pas moins une bonne adaptation de ce qu’il pouvait adapter… Aussi peu y en avait-il.

Oui, c’est compliqué, voire même impossible de vraiment recommander le jeu à plein tarif étant donné que vous finirez le mode Histoire beaucoup trop vite en genre 5 ou 6 heures, ou potentiellement 8 si vous regardez toutes les cutscenes annexes et faites les petits combats bonus et je doute que vous ne vous investissiez à fond dans le mode Versus sauf pour quelques combats ici et là entre fans de Tonchiro et ses amis.

Ceci étant dit, si vous êtes un fan de Demon Slayer qui a envie de revivre les scènes les plus cultes du manga et de l’anime, vous passerez un très bon moment dessus, d’où le fait que j’appose une mention Recommandé, mais à la seule condition que vous y mettiez le prix que vous jugerez le plus approprié !

… Eeeet je me rends compte que je me suis gouré de nom pour le personnage principal depuis le début de cette critique ! C’était bel et bien Tanjuroux !