Alors oui, je sais que niveau intro, ça va pas être très original et c’est même très pompeux, mais… Les chats sont formidables. Ils sont mignons, on peut les caresser, ils ne nécessitent pas une tonne d’entretien et peuvent vous rendre de l’amour par pelletée… Enfin, ça, c’est si le chat s’appelle Saria et qu’elle vit chez nous. Regardez-moi cette boule d’amour ougnougnougnou !
Ahem… Oui, bon, en vrai, en dehors de ce beau bébé, avoir un chat, c’est aussi parfois jouer à la loterie, puisque niveau caractère, on peut aller de l’adorable à l’abominable, mais rarement on va leur en vouloir parce que… Bah ils sont si mignons !
Bref, tout ça pour dire que si vous voulez vendre un jeu par palettes entières, faire de votre personnage principal un chat n’est franchement pas une mauvaise idée ! Et c’est visiblement ce que semble avoir compris le studio Bluetwelve, basé à Montpellier, parce que Stray a attiré le regard de nombreux joueurs presque instantanément ! Un jeu où on incarne un chat ? Dans un monde visiblement post-apocalyptique ? Et avec une direction artistique vraiment forte et marquée ? Il n’en fallait pas plus, et l’avantage de faire cette critique un peu à la bourre, c’est que je vois que personne ne s’y est trompé, avec un succès critique incroyable et des ventes vraiment excellentes, surtout quand on se rend compte qu’il s’agit du premier jeu du studio et qu’en plus il est possible de jouer au jeu « gratuitement » si on est abonné aux échelons supérieurs du PlayStation+ !
Et est-ce que ce succès est mérité ? Oui, bien évidemment (et de toutes façons je ne poserais jamais ce genre de question pour répondre par la négative) ! Stray est un jeu qui n’est certes pas parfait, mais qui dure pile le temps qu’il faut en plus de nous transporter dans un univers captivant… Et étrangement français, alors que rien ne le laisse paraître.
Chat alors !
L’histoire de Stray est d’une simplicité redoutable : on incarne un chat qui vit avec son crew dans les murs extérieurs d’une cité monolithique, et alors qu’ils passent du bon temps et se baladent notre chaton rate un saut et se retrouve au fond d’un dépotoir délabré et peu rassurant. Son but est donc de trouver un moyen de retourner à la surface, même si ça va être un peu plus compliqué que prévu…
Là, c’est le moment où je vais avoir l’air un peu critique pour chipoter, mais l’histoire en elle-même reste très classique avec quelques twists qu’on voit venir à des kilomètres dès l’instant où certains éléments sont introduits, et aussi, malgré le fait qu’on incarne un chat, la seconde où l’on a un certain allié qui arrive dans notre vie, le chat cesse d’être un chat et ne fait que devenir l’extension du joueur, puisqu’un chat normal serait incapable de lire des panneaux et suivre des indications. Pour la traduction des dialogues de PNJ, on va dire que notre compagnon le traduit en langue de chat, traduit pour nous en texte, même si ça n’est pas expliqué, mais bon, encore une fois je ne fais que chipoter pour pas grand chose, puisque quasiment tout l’intérêt du jeu repose vraiment plus sur son ambiance, son univers et ses petites histoires que sur l’histoire principale qu’on nous raconte.
Et, vraiment, c’est cet intérêt qui fait la plus grande force du jeu : la cité que l’on explore est une petite merveille d’esthétique, avec un héritage visuel de tout ce que l’on a pu voir dans de la SF se déroulant sur Terre, et notamment ce que l’on pourrait voir dans des BD de SF françaises classiques et actuelles (et bien évidemment des œuvres de SF étrangères comme dans le cinéma de Neil Blomkamp par exemple). On sent un vrai amour pour le genre tant ça fourmille de détails et chaque décor se traverse avec des étoiles dans les yeux, rendus d’autant plus impressionnant du fait qu’on voit tout à hauteur de chat ! La cité que l’on traverse est, concrètement pas bien grande, mais ce sont tous ces petits détails, couplée à la verticalité du level-design et certains segments bien particuliers qui rendent le tout bien plus vaste en apparence.
Concrètement, en ce qui concerne le gameplay, Stray est plutôt simple : on peut sauter, attraper des objets et… miauler. Il y aura quelques petites variations de gameplay ici et là, avec notamment des interactions avec des objets ou des mécanismes, mais rien qu’avec ça on a de quoi s’occuper et s’amuser, puisque le jeu ne va pas hésiter à changer de formule pour nous maintenir en éveil. Ainsi, on aura des phases de simple plateforme et d’exploration, où notre sens de l’observation nous permettra de progresser plus ou moins rapidement, des phases de poursuite, où il faudra juste faire gaffe à ne pas se faire choper par des tiques géantes, ou bien des phases d’infiltration ou d’accomplissement de quêtes pour des PNJ pour faire progresser l’histoire.
Et le twist ? C’est que j’ai fini le jeu en à peine 3h30! Bien évidemment, il y a quelques quêtes annexes ici et là ou bien des souvenirs à récupérer pour étendre la durée de vie et je pense qu’une bonne partie de ce temps peut être imputé au fait que je savais instinctivement quoi faire et quand (je sais que pas mal de gens vont galérer à se repérer par moments), mais il en résulte un jeu extrêmement bien rythmé qui sait prendre son temps quand il le faut et passer à autre chose avant que ça ne semble trop long !
Enfin, pour la partie présentation, non seulement le jeu est incroyablement beau grâce à sa direction artistique marquée, mais aussi sa bande-son contient des pistes assez surprenantes, avec quelques mélanges de musiques électroniques et des instruments plus réels qui font mouche et qui renforcent cette impression de vivre dans les ruines d’une civilisation disparue.
Au final, Stray est un jeu d’une simplicité aussi surprenante que redoutable. En termes de mécaniques de jeu, il n’y a peut-être pas autant à se mettre sous la dent que dans tant d’autres productions actuelles, mais c’est son ambiance et son pitch unique en plus d’un rythme plus que maîtrisé qui font que l’on prend énormément de plaisir à le faire. Et quand on repense au fait qu’il s’agit du premier jeu d’un tout nouveau studio, ça devient encore plus impressionnant et ça ne peut que faire rêver quand on se met à imaginer ce que BlueTwelve pourra nous sortir à l’avenir !
Est-ce que ça vaut le coup d’y mettre les 27€ demandés ? Bon, pour le coup, tout dépend de votre situation (surtout en ce moment…), mais tant que vous savez que ça ne durera pas non plus très longtemps, je peux quand même dire que ça vaut le coup. Et au pire, si comme moi, vous êtes déjà abonnés au PlayStation+, selon le nombre de jours qu’il vous reste du précédent abonnement, l’upgrade peut être vraiment très intéressante et vous permettra de mettre la main sur le jeu !
Dans tous les cas, je vous recommande très très fortement de faire ce jeu si vous accrochez à l’ambiance, c’est vraiment une petite pépite made in France !