Parfois, il arrive que vous réussissiez tellement votre projet du premier coup que ça devient extrêmement compliqué, voire impossible de faire mieux, et donc de justifier l’existence d’une suite. Bon, dans le cas de Splatoon 2, la justification était ultra facile, puisque le premier épisode était sorti sur Wii U et… On connaît le succès de cette console aujourd’hui, mais dans le cas de Splatoon 3 ? Tout de suite c’est plus compliqué, puisque Splatoon 2 se suffisait plus ou moins à lui-même et l’extension Octo reste à ce jour un des meilleurs DLC que Nintendo aie sorti.

Pour Splatoon 3, Nintendo n’avait que trois solutions : soit faire mieux que les deux épisodes précédents, ce qui était plus ou moins impossible, soit faire quelque chose de différent au risque de vraiment casser le gameplay parfait de la série ou faire un truc considéré comme un spin-off, ou bien tout simplement reprendre le second épisode et faire toujours plus de contenu pour justifier le prix demandé.

Donc oui, c’est vraiment compliqué de savoir si je pourrais qualifier Splatoon 3 de véritable suite ou bien d’une sorte de super méga giga extension au 2 avec une couche de peinture fraîche et qui corrige deux des problèmes fondamentaux non seulement de son prédécesseur, mais de la série en général, ainsi que de l’approche de Nintendo quant aux jeux principalement orientés multijoueurs qui avait été initiée… Avec le premier Splatoon, ironiquement.

Paint the World

Avant de parler des modes solo, j’ai vraiment envie de souligner le problème que nous faisait subir Nintendo depuis quelques temps : Splatoon 1 et 2 et Arms en plus de pas mal de jeux de sport estampillés Mario ont adopté ce système où le contenu de base est maigrichon, puis est étoffé au fil des mois via des mises à jour dans l’espoir d’étendre la durée de vie du mode online. Au départ, je trouvais cette initiative intéressante et innovante, uniquement pour la trouver lourdingue et contreproductive au fil des années, puisque je me suis rendu compte que passé les premiers jours, je ne touchais tout simplement plus à ces jeux et quand les mises à jour arrivaient, je ne prenais même pas la peine d’aller les essayer parce que j’étais déjà passé à autre chose…

Dans le cas de Splatoon 3, techniquement c’est toujours le cas, puisqu’il y aura pas mal de nouveau contenu prévu sur les deux années suivant la sortie du jeu, mais la grosse différence, c’est que cette fois-ci le contenu de base est infiniment plus étoffé… Parce que ledit contenu provient directement des deux épisodes précédents, certes, mais au moins ça garantit que j’y jouerai un peu plus régulièrement. Donc oui, on peut dire que c’est une bonne manœuvre accidentelle de la part de Nintendo, mais ça a au moins le mérite de faire que les 45 à 60€ investis dans le jeu selon la boutique où on l’achète semblent bien plus justifiés.

Et même si personnellement je m’en tamponne un peu le coquillage des systèmes de battle pass à la Fortnite ou Fall Guys avec une progression par niveau et par saisons, ça reste une méthode assez louable d’étendre la durée de vie en attendant les prochaines mises à jour. Ou du moins, c’est louable à mes yeux quand c’est gratuit, ce qui est le cas avec Splatoon 3, avec 8 saisons de prévues jusqu’en 2024, sans parler des mises à jour avec des nouveaux niveaux rajoutés gratuitement et une extension payante qui, si elle est du même acabit que Octo Expansion pour le 2, vaudra clairement son coût en plus de proposer l’équivalent d’un demi-jeu en plus pour le solo, même si là je suis plus dans la théorie inspirée par la confiance que m’a évoqué Octo.

Bref, Splatoon 3 est un jeu déjà pas mal complet et je n’ai même pas parlé de ce qu’il propose !

Côté multi, si vous avez joué aux deux épisodes précédents, vous ne serez absolument pas dépaysés, puisqu’il y a l’incontournable guerre de territoire où il faut encrer un maximum de terrain en 3 minutes et des variations comme le contrôle de zone spécifique, la défense d’un convoi ou même d’un autre joueur qui possède un objet ultra précieux et le Salmon Run du 2 fait son grand retour avec un twist.

Comme dans le 2, le but consiste à survivre à des vagues de saumons tout en défonçant des mini-boss qui lâcheront des œufs à récupérer et mettre dans son panier. Le twist ici, c’est qu’il est parfois possible que des super boss ultra intimidants apparaissent pour vraiment mettre la pression et nous forcer à vraiment nous synchroniser si on veut espérer s’en sortir.

Le truc intéressant à propos du mode Salmon Run du 3, c’est que cette fois-ci, il est jouable n’importe quand et n’est plus confiné à des horaires chelous et ultra spécifiques comme pour le 2 ! J’imagine qu’à l’époque du 2 Nintendo avait peur que le jeu ne se vendrait pas assez et donc avait transformé le Salmon Run en une sorte d’événement au même titre que les Splatfests pour éviter que les joueurs ne se dispersent trop entre les différents modes et rendent le matchmaking compliqué, mais vu que Splatoon 2 s’est vendu à plus de 13 millions d’exemplaires, ils ont décidé de se débarrasser de cette restriction, ce qui n’est pas plus mal.

Tous ces modes sont assez courts, faisant que l’on peut beaucoup trop facilement passer des heures à enchaîner des parties en mode « Allez, encore une de plus ! » et c’est rendu d’autant plus addictif que le gameplay est toujours aussi parfait et fun !

Voir des vidéos ou des streams de Splatoon peut être rigolo parce que ça peut très rapidement devenir chaotique, mais c’est vraiment une fois qu’on y joue que la magie opère. Le gameplay a une fluidité et un rythme inégalés grâce à la transformation de notre personnage soit en poulpe ou calamar pour nager dans l’encre et se déplacer rapidement, ou bien en bipède pour tirer dans le tas avec nos armes. Et le fait de viser au gyroscope se fait plutôt naturellement une fois que l’on a passé un peu de temps et on descendra nos adversaires plutôt efficacement, si tel est notre objectif.

Car l’autre facteur qui rend le jeu vraiment intéressant, c’est le choix des armes qui nous donne plus ou moins un rôle particulier. Certains pistolets vont nous aider à foncer dans le tas pour descendre nos ennemis au plus près, tandis que les snipers nous permettront de maintenir les ennemis à distance et espérer arrêter leurs percées, ou bien le rouleau nous positionnera dans le rôle de celui qui fait son truc dans son coin à recouvrir un maximum de terrain tout en espérant ne pas tomber dans une embuscade. Perso, je suis clairement un joueur de rouleau vu que je vise aussi bien qu’un lapin, ce qui fait aussi que même ceux qui ne sont pas des pros de la gâchette peuvent avoir leur rôle à jouer et une part importante dans la victoire de notre équipe !

Et c’est justement pour devenir un pro qu’il existe le mode histoire ! Enfin… Ça, c’était le cas pour Splatoon 1 et 2, puisqu’avec le 3, les choses changent plutôt pas mal !

Concrètement, les modes histoire des deux premiers épisodes étaient des tutoriels glorifiés. Chaque niveau était là pour faire office de démonstration de chacune des armes utilisables et nous présentaient des situations pour mieux nous préparer au multi en ligne. Il y avait 2/3 mécaniques uniques au solo et quelques boss, mais une fois le solo plié, on n’avait plus vraiment de raison d’y retourner.

Mais les choses ont pas mal changé avec la sortie d’Octo Expansion sur le 2, puisque ce pack de niveaux était réservé à ceux qui maîtrisaient déjà les bases du jeu. De fait, on avait des niveaux qui donnaient vraiment l’impression de jouer à des défis conçus pour tester le joueur et non juste l’entraîner (en plus d’avoir le boss de fin le plus fou de la série qui questionnait pas mal le lore de Splatoon en plus de nous faire nous poser des questions morales sur ce que l’on venait de faire).

Et c’est pourquoi je suis hyper heureux de voir que le mode solo de Splatoon 3 parvient à créer un juste équilibre entre un mode fait pour entraîner les néophytes et celui fait pour tester ses capacités. Passé la première zone de tutoriel pur, on a affaire à un pack de vrais niveaux à la difficulté pas mal variable, allant de la promenade de santé au vrai petit enfer qui va vous bouffer les nerfs ! Et, encore plus cool : tous les niveaux sont techniquement optionnels ! Sans trop en dire, le but consiste juste à réunir assez d’œufs de poisson dans certains niveaux pour débloquer les obstacles les plus importants pour aller voir trois points prédéfinis sur la carte et débloquer de quoi aller taper le boss final. Le scénario est rigolo et possède des moments qui satisferont principalement les fans des deux premiers épisodes, même si je le trouve un poil moins fou et sombre que l’extension Octo (bon, aussi parce qu’il possède un truc qui me rappelle énormément une autre série rachetée par Nintendo, mais je préfère ne pas en dire plus pour ne pas spoiler ceux qui auraient fait l’autre jeu). Oh et un des boss a aussi fait ressurgir en moi des souvenirs extrêmement désagréables d’un autre jeu que je déteste tout particulièrement. Je dirai juste que c’est le boss du sixième secteur et, oui, ceux qui ont fait ce boss et ont la ref seront peut-être surpris que je déteste cet autre jeu, mais c’est ainsi et je n’irai pas plus loin…

Bref, si vous jouez bien vos cartes et que vous cherchez juste à arriver à la fin pour éviter les spoilers qui ont beaucoup trop vite fleuri sur le net, je pense qu’il est tout à fait possible de plier le solo en environ 3h. Personnellement, j’ai passé un peu plus de temps dessus pour voir la teneur des défis proposés et je pense que si vous voulez finir le mode histoire à 100%, ça peut facilement vous tenir une dizaine d’heures et plus, sachant qu’essayer d’en faire un maximum permet de débloquer des anecdotes vraiment intéressantes sur le monde de Splatoon, des tickets multiplicateur d’xp et d’argent pour le multi et des objets de customisation.

Et en parlant de customisation… Splatoon 3 veut clairement nous laisser nous exprimer comme on le sent et à fond les ballons ! Que ce soit via les vêtements que l’on porte ou bien le contenu de nos casiers et même via des dessins grâce à un système qui n’est pas sans rappeler le regretté Miiverse de la Wii U. Comme dit plus tôt, le contenu proposé est pas mal fourni, avec de base des chapeaux, des t-shirts et des chaussures (plus d’une trentaine de chaque sans parler de ceux que l’on peut débloquer avec les amiibo), et les classiques emotes, bannières et autres titres comme on peut en trouver dans tant d’autres jeux en ligne. Les possibilités sont nombreuses et je sens que je vais bien m’amuser à customiser mon personnage au fil des saisons.

Oh et je ne savais pas où le caser, mais le mode solo nous introduit à Salmioche, un petit compagnon saumon et… Non, sérieux, ça ne fait que quelques jours que je le connais et déjà j’en veux un en vrai. Il est si con et adorable en même temps, il va peut-être bien finir par battre Charbitre dans mon petit cœur !

Enfin, côté solo, il y a aussi un jeu de cartes inspiré du mode guerre de territoire, où nos cartes représentent des motifs particuliers à poser sur une grille et où le but est de couvrir le plus de cases possible. Perso, je trouve que c’est un peu un mode gadget, mais il n’est pas non plus inintéressant.

Côté présentation, sans surprise, c’est toujours aussi bon ! L’univers et l’esthétique urbaine sont toujours aussi cool et rafraîchissants (et la ville principale est étonnamment grande et plaisante à parcourir) et au niveau des musiques… Bah c’est Splatoon, donc forcément c’est du bon, et ce sans même parler des chansons, qui sont toutes vraiment beaucoup trop cool et donnent envie de furieusement taper du pied.

Au final, comme je le disais en intro, Splatoon 3 peut donner l’impression de faire face à une grosse extension à Splatoon 2, qui lui aussi donnait un peu l’impression d’être une extension du premier Splatoon, mais est-ce que c’est nécessairement un mal, surtout vu le contenu assez vaste proposé et qui cette fois fait qu’on se retrouve de base avec un jeu complet qui ne fera que s’étoffer au fil des saisons ? Pas vraiment.

Ceci dit, si on a déjà fait Splatoon 2, je peux comprendre que ça puisse faire un peu mal de payer entre 45 et 60€ pour un jeu dont le tiers du contenu est directement un transfuge de l’épisode précédent, mais le mode solo bourré de challenges inédits et fun, les quelques nouvelles options de gameplay et le petit twist sur le Salmon Run peuvent adoucir la note en attendant que les prochaines mises à jour apportent un vrai lot de contenu inédit, d’où le fait que je dirais qu’à moins de vraiment vouloir y jouer de manière compétitive ou de rejoindre des potes qui ont déjà craqué, vous pouvez attendre un peu.

En revanche, si vous n’avez jamais joué à un épisode de la série, Splatoon 3 enterre plus ou moins le 2 par défaut et vous pouvez déjà foncer sur cet épisode, quitte à rattraper vite fait l’histoire des précédents via des récaps. Splatoon était déjà un excellent jeu, Splatoon 2 l’était aussi et donc tout naturellement Splatoon 3 l’est tout autant. C’est un jeu fun, nerveux et pas mal addictif et tout autant un indispensable de l’arsenal des jeux multi en ligne de Nintendo au même titre que Mario Kart et Smash !