En 2017 (oui, déjà), Nintendo et Ubisoft avaient créé la surprise en annonçant un des cross-overs les plus inattendus : Mario + Les Lapins Crétins : Kingdom Battle. Non seulement la nature même de cette collaboration était surprenante, mais choisir d’en faire un jeu de stratégie à la X-Com donnait juste l’impression d’assister à une partie de Kamoulox à plusieurs dizaines de millions d’euros. Et l’annonce a aussi permis de rendre involontairement et mondialement connu son directeur, Davide Soliani, ému aux larmes quand Shigeru Miyamoto l’a félicité durant l’annonce du jeu à l’E3.
Et le plus étonnant ? Ça a marché ! Aussi bien d’un point de vue critique que commercial, ce pari fou a payé ! Et j’en ai été le premier ravi, puisqu’il a facilement fait partie de mes jeux de l’année. Alors qu’on était en 2017, soit l’année de Xenoblade Chronicles 2, NieR Automata, Zelda Breath of the Wild ou bien Super Mario Odyssey ! Rien que ça !
Cinq ans et une extension Donkey Kong plus tard, Soliani et son équipe reviennent à la charge avec Sparks of Hope, une suite encore plus ambitieuse qui propulse Mario et ses amis humains et léporidés dans l’espace… Même si encore une fois, on se retrouve face à une situation à la Splatoon 3 où le premier jeu était tellement bien et quasiment parfait que c’est compliqué de noter une différence significative en qualité ! Yup, je spoile un peu mon avis, mais sans surprise, j’ai BEAUCOUP kiffé Sparks of Hope !
Bref, souhaitez-moi bonne chance pour essayer de vous expliquer tout ça, de mon côté, je vais toucher du BWAAAAH !!!
Rabbids ! In ! Spaaaaace !
Sparks of Hope ne perd absolument pas de temps pour nous propulser dans son histoire : Mario et ses amis passent du bon temps dans la cour du château de Peach quand soudain, une raie manta géante tombe du ciel et engloutit une partie du groupe, qui se retrouve transportée dans une dimension alternative étrange dans laquelle réside Cursa, une entité maléfique qui veut dominer le monde !
Aidé par un étrange croisement entre un Lapin Crétin et un Luma, le groupe part à la poursuite de ce « mystérieux » méchant jusqu’au fin fond de la galaxie.
Et même si, concrètement, l’histoire principale ne cassera pas trois pattes à un canard en plastique qui fait coincoin pour quiconque a plus de 12 ans, l’aventure est extrêmement plaisante à suivre grâce à son écriture vraiment excellente et pas mal de vannes qui nous feront marrer. On sent que le jeu a en partie été fait en France tant la qualité de la… Traduction est bonne (même si je me demande si ça n’a pas direct été écrit en français, puis traduit tant les dialogues se permettent des trucs qui auraient difficilement été traduisibles d’une autre langue). Mention spéciale à Beep-O, qui est là pour balancer la majorité des vannes et la nouvelle venue, Edge, qui est plus ou moins devenue la leader du groupe dans ma partie tant je l’utilisais.
D’ailleurs, et c’est peut-être la seule « faiblesse » du jeu (et encore, ça reste relatif) : Mario, et surtout Luigi, Peach et Bowser sont pas mal en retrait, l’histoire se focalisant presque exclusivement sur Edge, Beep-O, dans une moindre mesure, Lapin Harmonie et tous les personnages secondaires que l’on va croiser sur les différentes planètes. J’imagine que le choix s’est fait pour la simple et bonne raison qu’ils ont déjà eu le droit à leur propre aventure la dernière fois et qu’il y aurait trop de personnages à faire vivre autrement. De fait, ça fait que Sparks of Hope reste bien focalisé sur ce qu’il veut raconter et c’est pas plus mal.
Enfin, dernier truc à rajouter et qui fait très bizarre, mais le jeu est partiellement doublé en français ! Beep-O et Jeanie, son accolyte, sont intégralement doublés, tandis que les autres personnages, dont les Lapins du groupe auront deux-trois mots en français, tandis que les personnages propres à l’univers de Mario gardent leurs lignes originales en anglais. Le mélange est assez étrange, mais on finit par s’y faire.
Oh, et juste pour pinailler un peu, le jeu nous promet une épopée spatiale, mais la majorité des planètes visitées fait juste penser à des niveaux typiques du Royaume Champignon. On se retrouve devant une situation à la Stargate SG:1 où on nous dit qu’on visite des planètes uniques, mais c’est juste la forêt du coin. En vrai, c’est pas dérangeant du tout et il y a deux planètes un peu plus folles que les autres et toutes restent très agréables à explorer quoi qu’il arrive !
Côté gameplay, Sparks of Hope est divisé en deux temps, avec des phases d’exploration et de combat.
Pour la phase d’exploration, Ubisoft a décidé de revoir un peu sa copie en nous faisant contrôler directement un des personnages de notre groupe plutôt que Beep-O et la caméra est désormais totalement libre, nous permettant de nous déplacer dans des environnements ouverts. Le scénario nous dicte toujours quoi faire en priorité pour faire avancer les choses, mais on peut totalement l’ignorer pour aller faire les très nombreuses missions annexes, qui vont de combats un peu plus spéciaux que la norme, à taper sur trois monstres spécifiques, à la résolution d’énigmes ou bien venir en aide à certains PNJ. Accomplir ces missions permet de remporter une médaille qui permet de débloquer soit une clé pour une zone cachée de chaque planète, des entrées d’encyclopédie ou bien de nouvelles armes… Enfin, des skins d’armes, puisque Sparks of Hope a décidé de rester simple et de n’attacher des augmentations de statistiques soit qu’à la montée de niveau ou bien des embranchements spécifiques des arbres de compétences de nos personnages. Enfin, Beep-O a le droit à quelques power-ups pour aider à l’exploration, dont une onde de choc multifonctions que j’ai appris que bien trop tard servait aussi à casser des trucs qui ont l’air fissuré. Bref, si vous voyez un truc qu’il semble possible de péter, n’oubliez pas d’utiliser ce pouvoir, ça vous éviter de galérer un peu !
À noter aussi que même si les planètes peuvent paraître relativement petites, elles n’en restent pas moins denses en activité, au point que j’ai passé carrément plus de 4h rien que sur la première pour faire 95% de ses activités ! Il y a même ce petit effet Metroid où certains power-ups de Beep-O pourront être utilisés sur d’anciennes planètes plus tard, même si ça reste mineur ou bien pour débloquer l’accès à certains boss optionnels qui sont des sacs à PV qui font hyper mal !
Enfin, ça peut paraître fou à dire, mais quand il s’agit de résoudre des énigmes, Sparks of Hope fait un truc inhabituel pour un jeu Mario : il nous laisse tranquille ! En 2022, il est tout à fait possible de voir un jeu grand public qui va nous proposer une énigme obligatoire pour progresser et ne RIEN dire ! Pas de dialogue en mode « Oh regarde Mario, ce truc pourrait nous aider, non ? », juste une énigme et un silence fait pour nous aider à réfléchir par nous-mêmes ! Bon, bien entendu, la première fois qu’on croise une nouvelle mécanique, il y aura une explication, mais pour les versions ultérieures et plus compliquées de certaines énigmes, on ne reposera que sur notre propre instinct et personne ne dira rien pendant les 10 minutes nécessaires pour passer cet obstacle. Oui, je sais, j’ai l’impression d’insister, mais j’ai tellement plus l’habitude de voir ça dans les jeux grand public que je trouve ça dingue !
Oh, et d’ailleurs, un petit mot concernant l’accessibilité : le jeu propose non seulement de paramétrer la difficulté à la volée, mais aussi de paramétrer individuellement certains trucs, comme le taux de dégâts des ennemis ou le fait d’être soigné ou non après les combats (j’y reviens) et, truc intéressant : comme pour Tunic il y a aussi la possibilité de rendre nos personnages invincibles, ce qui est cool.
Et pourquoi c’est cool ?
Parce que le jeu est plutôt dur par défaut ! Si vous jouez en mode Normal, ce n’est clairement pas impossible qu’arrivé au troisième monde vous connaissiez vos premiers Game Over pour deux raisons : les ennemis grimpent assez rapidement en force et en nombre de PV et aussi vous soigner sera très difficile d’accès ! Concrètement, à n’importe quel moment dans le jeu, il est possible de faire soigner son groupe moyennant finance. Le truc, c’est que le coût des soins est assez élevé et ne fera que grimper, tandis que le nombre de pièces que l’on reçoit en terminant chaque combat sera clairement insuffisant pour se soigner systématiquement ! Les seules solutions, c’est soit de faire régulièrement des rotations dans notre équipe pour utiliser les persos encore en pleine forme, farmer des pièces, ou juste aller dans les options et activer le soin partiel après chaque combat. On a le choix et aucune solution n’est la mauvaise, mais dans tous les cas, jouer en Normal sans rien altérer créé un petit jeu d’équilibriste vraiment intéressant qui fait qu’on exploitera notre groupe à fond !
D’ailleurs, faudrait peut-être que je parle des combats en eux-mêmes, mais ils sont toujours aussi géniaux que dans Kingdom Battle ! Nos personnages peuvent se déplacer comme ils veulent dans la limite de leurs points de déplacement et autant de fois que nécessaire, tout comme ils peuvent gagner un peu de distance en se propulsant grâce à leurs alliés ou bien en empruntant des tuyaux, en descendant d’une corniche ou en utilisant des tremplins. Il est possible de quasiment traverser une carte d’un bout à l’autre en un seul tour si les bons outils sont bien employés (sans même parler de certains objets qui permettent de recharger la jauge de déplacement) ou bien si on utilise Edge, qui a une capacité totalement pétée qui permet de gagner des mètres de distance en taclant les ennemis sur la route.
Mais la distance ne sert à rien si vous jouez en Normal, parce que comme dit plus tôt, les ennemis frappent comme des brutes et si vous êtes seuls au beau milieu d’un groupe d’ennemi, bon courage pour vous en sortir si vous n’avez pas pensé à comment vous en sortir.
En plus des classiques flingues et des capacités spéciales de chaque personnage, comme le soin de Lapin Peach ou la position de sniper de Luigi pour intercepter tout ennemi qui bouge, Sparks of Hope nous propose une petite nouveauté sous la forme des Sparks ! On peut les équiper et chacun offrira divers avantages, comme la possibilité d’infuser nos attaques à distance ou de corps à corps de propriétés élémentaires, ou bien des boosts de défense en plus de résistances naturelles à certains effets négatifs, comme le Cyclone qui nous pousserait au-delà des limites du terrain ou bien le poison. Couplez ça aux quelques nouveaux personnages jouables et vous avez de loin un jeu hyper complet et fun, surtout que, contrairement à The DioField Chronicle, Sparks of Hope est un jeu de stratégie qui se renouvelle constamment !
Oui je sais, c’était un tacle gratuit, mais en dehors des combats contre les monstres de base durant les phases d’exploration, presque aucun des combats principaux ne ressemblera à un autre, grâce à un level-design vraiment malin et des objectifs variés, comme défoncer tout le monde ou bien des ennemis spécifiques, protéger quelques trucs précis ou bien aller à un endroit désigné au préalable. Et c’est sans parler des boss qui sont tous vraiment intéressants, même si trois d’entre eux durent hyper longtemps et sont en plusieurs phases ! Pour le coup, si on excepte le plantage total du jeu qui m’a fait perdre environ 7 minutes, le boss final m’a duré 45 minutes et je pense que les deux autres boss devaient eux-aussi durer entre 20 à 30 minutes !
D’ailleurs, en parlant de durée de vie, il m’a fallu 18 heures pour finir le jeu, sachant que j’ai pleinement exploré le premier monde et mon pourcentage final avoisinait les 69 (nice). Bon, j’ai aussi réduit la puissance des ennemis arrivé à la moitié du jeu vu que je dois enchaîner quelques jeux après ça, donc on peut dire qu’en Normal, Sparks of Hope peut durer entre 16 et probablement 30 heures pour vraiment tout faire, ce qui est plus que pas mal !
Enfin, il me faut absolument parler de la partie présentation du jeu, parce que, sans surprise, c’est un des jeux les plus plaisants à regarder sur Switch ! Les décors sont vraiment détaillés et plein de vie, tout comme les animations des personnages, aussi bien durant les cutscenes qu’en dehors et même les petites illustrations bonus qu’on trouve en se baladant sont stylées !
Mais ce dont je veux vraiment parler, c’est la bande-son, qui est un all-star absolument fou ! Grant Kirkhope, le compositeur de Banjo-Kazooie est de retour, et pour l’épauler, on retrouve Gareth Coker, que vous connaissez probablement pour l’excellente bande-son d’Ori and the Blind Forest et sa suite, mais il y a aussi et surtout Yoko Shimomura, une légende vivante connue pour la série des Kingdom Hearts, Final Fantasy XV et la série des Mario et Luigi ! Tous trois nous livrent ici des musiques vraiment hyper cool et on sent vraiment que Yoko Shimomura est à fond, nous surprenant presque d’emblée avec le thème du premier combat qui est grandiose ! Clairement, dès que la bande-son est dispo sur Spotify ou quoi, je me la passe en boucle !
Au final, vous aurez bien compris que j’ai vraiment kiffé Mario + Les Lapins Crétins : Sparks of Hope qui est absolument tout sauf crétin ! Le système de combat est toujours aussi fun et plaisant et on sent en le faisant que l’équipe de Davide Soliani était impliqué à 10000% dans le projet ! Aussi bien par sa bande-son que par son sens du détail, le jeu transpire l’amour par tous les pores et cet amour est clairement communicatif !
Bref, si vous avez adoré Kingdom Battle, vous pouvez foncer sur Spaks of Hope sans aucun soucis ! Et si vous êtes un peu sceptique, Kingdom Battle est en soldes presque toutes les trois semaines et souvent moins cher qu’un menu McDo et est tout aussi excellent, donc c’est un bon moyen de savoir si ça vaut le coup !
Sans surprise, Sparks of Hope est un Indispensable et maintenant je veux deux trucs : une figurine d’Edge et que le DLC avec Rayman prévu pour l’an prochain sorte au plus vite !