Si vous avez suivi les vidéos sur ma chaîne cet été, vous n’êtes pas sans savoir que j’étais fortement tombé amoureux de Foretales, un jeu fortement inspiré des Livres Dont Vous Êtes le Héros et nous faisant jouer notre destin à coups de cartes. J’avais le pressentiment que ça allait être une bonne grosse pépite de l’été et, comme souvent, mon instinct ne s’est pas trompé !
Mon avis n’a pas trop changé par rapport à ce que j’avais pu tester via la démo du dernier Steam Festival et je spoile déjà mon verdict final en disant que je peux très facilement le recommander, même si la version complète a aussi révélé un ou deux trucs légèrement moins plaisants si je venais à pinailler un peu.
Volepain ? More like Volecoeur !
L’histoire de Foretales nous met dans les bottes de Volepain, un bec-en-sabot qui vit sa vie en usant de ses talents de voleur. Un jour, alors qu’il se demande ce qu’il va pouvoir manger, un homme mystérieux l’accoste pour lui proposer une mission grassement payée : Volepain doit dérober une lyre chez une des nobles les plus influentes du coin. Mais alors qu’il met la main sur l’instrument, Volepain est victime de visions cataclysmiques de l’avenir, et il lui revient d’essayer tant bien que mal soit de survivre, soit être le héros qui sauvera le royaume et qui devra déjouer tous les complots et invasions de mort-vivants qui croiseront sa route. L’histoire est vraiment charmante grâce à ses nombreux personnages à la personnalité bien distincte et cette impression de jouer une bande de losers tentant tant bien que mal de s’adapter à une situation de plus en plus improbable et chaotique et on rira pas mal de fois grâce à des dialogues vraiment bien écrits et drôles ! Ça fait un peu penser à du Terry Pratchett et son Disque-Monde, ce qui, si c’est bien une source d’inspiration pour le jeu, est clairement une très bonne chose.
Concernant la structure du jeu, Foretales nous montre une table pleine de cartes montrant des événements futurs désastreux ainsi qu’un lot de missions à sélectionner pour faire progresser l’histoire. Et histoire de nous mettre un peu la pression, Foretales va très régulièrement nous confronter à des bons gros dilemmes, puisque le temps s’écoule d’un tour à chaque fois que l’on plonge dans une mission et certains événements ont un compteur de tours tellement strict qu’il est impossible de faire des détours. Et, histoire d’encore plus pimenter les choses, certains futurs désastreux sont aussi hyper cryptiques, dans le sens où ils peuvent nécessiter d’accomplir certaines quêtes annexes au sein même de certaines missions. Pour le coup, sans trop en dire, j’ai définitivement perdu un de mes personnages parce que je ne savais pas ça et, sachant que c’était mon personnage préféré après Volepain, je l’ai un peu beaucoup mal pris.
Car le truc hyper intéressant avec ce jeu, c’est que chacun des membres de notre groupe apporte avec lui tout un lot de capacités qui lui sont spécifiques. Ainsi, Volepain peut… Bah voler les gens ou user de ruse pour discrètement glaner des informations, tandis que Leo, peut flairer des pistes ou bien utiliser son arc pour dégommer des ennemis avant qu’ils n’apparaissent sur le terrain. Il convient donc de bien connaître ses personnages pour savoir au mieux qui utiliser pour quelle mission, sachant que si l’on choisit la bonne combinaison, certains segments des missions pourront être terminés en quelques tours à peine.
Grosso modo, chaque mission se déroule en plusieurs petits chapitres et tous se divisent en deux temps : il y a les phases d’exploration, où l’on va tenter de réunir de l’argent ou des ressources pour progresser tout en cherchant un moyen de passer au prochain chapitre, et les phases de combat, où il convient soit de tuer tout le monde ou de les convaincre de partir, sachant aussi que si ne serait-ce qu’un seul des membres de votre groupe meurt, c’est Game Over immédiat.
Et là où se trouve tout le génie de Foretales, c’est dans ce très dangereux jeu d’équilibriste parfaitement mené où il faut faire tout ce qu’il faut pour trouver des ressources, des armes ou des acolytes, puisque, comme le dirait un certain dieu, rien n’est inutile. Parmi les ressources que l’on peut récupérer, il y a de l’argent pour se payer soit des services ou pour corrompre les bandits et les gardes du coin, de la nourriture pour soit se soigner ou l’offrir aux gens, ou des points de vertu et d’infamie, que l’on obtient en fonction des actions que l’on entreprend et qui peut servir à impressionner ou intimider les gens ou les ennemis.
Mais ça serait trop simple de faire répéter en boucle certains événements pour mettre la main sur une tonne de ressources et rouler sur le reste de chaque mission, car en plus de tout ça, il faut aussi faire extrêmement gaffe au nombre de cartes entre les mains de vos personnages, puisque chacun dispose de son stock à lui, et une fois son stock épuisé, c’est fini et c’est Game Over si personne n’a de cartes restantes. Heureusement, vous disposez de trois jokers qui permettent de regagner 3 ou 4 cartes, mais ceux-là ne sont pas non plus sans conséquences, puisque vous pouvez vous manger des dégâts ou ajouter des ennemis à votre pile, sachant que lesdits ennemis sont de véritables aspirateurs à ressources ou à points de vie selon ce que vous décidez de faire.
Car Foretales a son propre système de moralité qui dépend principalement du nombre de morts que vous laisserez sur vos pas. Comme dans un Undertale, il est totalement possible de se la jouer tueur en série ou véritable saint, mais ni l’un ni l’autre ne sont des voies faciles à choisir, puisque l’un implique de s’en sortir vivant de beaucoup de combats, tandis que l’autre implique de ne tuer personne et donc on ne dépendra entièrement que des ressources à disposition et des quelques cartes d’action de certains personnages pour faire baisser le moral des ennemis.
Le seul petit micro-bémol que je trouve à ce système, c’est que, forcément, j’ai essayé de me la jouer ultra moral et j’ai remarqué que la vertu dans le monde de Foretales est une denrée aussi difficile à obtenir qu’assez insignifiante. Dans les premières missions, ça va, le nombre de points de vertu nécessaire pour faire fuir les ennemis est plus ou moins équivalent aux points d’infamie et de pièces d’or que l’on peut utiliser pour arriver à nos fins, mais passée la fin du chapitre 2, faire partir un ennemi par la voie de la vertu est extrêmement difficile tant ils en demandent beaucoup. Après, les moyens de progresser sont quand même assez nombreux, mais bon, bon courage si vous souhaitez jouer les bons samaritains.
À noter aussi que, de manière globale, le jeu requiert pas mal de patience et de vraiment comprendre le petit jeu d’équilibriste auquel il veut nous faire jouer, parce que si on ne va pas dans son sens, il peut bien assez rapidement et brutalement nous écraser. Concrètement, si vous ne réunissez pas assez de ressources dans les premiers chapitres d’une mission, il n’est pas impossible que vous vous retrouviez à court d’options dans les derniers chapitres et que vous vous fassiez défoncer en quelques minutes par manque de préparation. Mais si vous prenez trop de temps pour vous préparer, vous vous retrouverez fatalement à bout de cartes d’action et risquez un Game Over à cause de votre avarice. Après, venir à bout du jeu n’est pas non plus impossible, mais il requiert juste de vraiment le comprendre et comprendre comment il fonctionne pour espérer voir ne serait-ce qu’une fin.
Bon, par manque de temps, je n’ai pu arriver qu’à une fin… Et clairement pas la bonne vu comment j’ai pas arrêté d’enchaîner les erreurs de jugement dans les missions à entreprendre, mais c’est aussi ça qui est cool avec ce jeu : il est possible d’y rejouer plusieurs fois pour voir les différentes fins proposées et les embranchements semblent plutôt drastiquement différents en fonction de ce que l’on fait.
Le seul vrai petit regret que j’ai en revanche et là ça tient du pinaillage sur un truc un peu plus relou, c’est quand on perd à une mission et que, pour une raison ou une autre, on doive la reprendre du tout début, il n’y a pas de défilement rapide du texte. On est obligé de cliquer à chaque bulle de dialogue qui apparaît avec un petit délai qui rend le processus un peu plus long et rébarbatif, là où maintenir le clic enfoncé et faire défiler rapidement le texte aurait été plus confortable.
Enfin, côté présentation, c’est vraiment du tout bon ! La direction artistique est vraiment hyper chouette et expressive, avec des illustrations de Klapstok et Anaïs Lehoux bourrées de charme qui allaient forcément me parler et ça fait hyper plaisir d’entendre des musiques de Christophe Héral sur un jeu vidéo ! Le compositeur de Beyond Good & Evil et Rayman Origins et Legends est de retour aux côtés de Raphaël Joffres avec des musiques riches et agréables à l’oreille, même si mon seul vrai regret est que le nombre très limité de pistes les rend assez répétitives sur le long terme.
Au final, je pense que vous aurez bien compris que j’ai beaucoup aimé Foretales ! Sa proposition plutôt unique d’être un jeu de plateau à forte composante narrative avec de vraies conséquences à nos actions est plus que plaisante et promet une bonne grosse rejouabilité à celui qui souhaite tout faire ! Pour le coup, c’est vraiment un de ces jeux pour lesquels je regrette d’avoir si peu de temps libre, autrement je l’aurais retourné. Comme une carte. *tousse*
Quoi qu’il en soit, si vous aimez les jeux portés sur la réflexion et la gestion de ressources, le tout dans des univers aussi fascinants que remplis de personnages attachants, vous allez vraiment beaucoup aimer ce jeu et pour à peine une vingtaine d’euros, c’est vraiment une bonne proposition, d’où le fait que je peux facilement le recommander !