Note : cet article n’a pas vraiment de but informatif. Je m’amuse juste à coucher sur une page mes pensées concernant le sujet du jour, à savoir les démos de jeux et la perte de signification qu’elles ont aujourd’hui, ce qui, après réflexion, est plutôt raccord avec cette semaine de Paris Games Week, a.k.a. le salon de la démo !
Il y a quelques années, je m’étais fait la réflexion que je ne téléchargeais plus de démos de jeux et c’est en regardant une vidéo de PlayStation Access ce soir que ça m’a frappé.
« Pour les plus jeunes nous regardant, on va avoir l’air du vieil oncle qui parle d’une époque trop lointaine pour être intéressante », dit plus ou moins Rob Pearson dans sa vidéo à propos des disques de démos qu’il retournait lorsqu’il était plus jeune.
Je suis officiellement devenu « vieux » (bon ok, j’ai 26 ans en vrai, mais mon handicap et ma manière de penser me font passer pour ce vieux papy rockeur qui possède des connaissances lointaines auprès du public… Ou Dr House s’il était un poil plus sympa) et… Les disques de démo ont vraiment disparu, en fait.
Et pourtant ça ne paraissait pas si loin que ça, l’époque où quand on mettait la main sur un magazine officiel PlayStation ou Xbox on avait le droit à des disques contenant des dizaines de démos de jeux. Il y avait même des jeux qui mettaient des disques de démo d’autres jeux dans la boîte soit pour vendre un titre un peu plus risqué en faisant miroiter un aperçu d’un jeu beaucoup plus attendu (par exemple en mettant la démo de Metal Gear Solid 2 : Sons of Liberty dans le très bizarre (pour l’époque) Zone of the Enders), soit justement en surfant sur la réputation d’un gros jeu pour faire découvrir aux joueurs un titre plus méconnu/risqué, comme Capcom l’avait fait avec Devil May Cry 3, mettant une démo pour leur toute nouvelle et étrange série Monster Hunter (ou bien que ton revendeur mettait pour rire un disque de démo au pif, comme le jour où j’ai reçu un disque de démo pour le premier Silent Hill avec Tail Concerto… Tu parles d’un contraste de ton).
Pour le coup, tout le monde y était gagnant : le magazine avait ces fameux disques comme arguments de vente, les éditeurs avaient une plateforme pour mettre mieux en avant leurs futures productions et les joueurs avaient des heures de jeux « gratuites » pour le simple prix du magazine.
[D’ailleurs, j’en profite pour ouvrir une parenthèse sur une autre pratique très largement populaire en Angleterre jusqu’à une certaine époque avec l’inclusion de DVD dans leurs magazines. Bourrés de trailers et parfois de petites émissions produites avec les moyens du bord, ces disques m’ont notamment permis de découvrir des vidéos du prototype de la Nintendo DS, ainsi que le fameux trailer de The Legend of Zelda Twilight Princess qui avait fait hurler tout le monde à l’E3.
Ces DVD étaient très populaires là-bas, mais ont aussi existé sur une plus petite échelle en France. Joypad s’y était essayé, bien que pas longtemps. Le roi dans ce domaine-là, c’était FJM, qui avec Gameplay 128 et surtout Gameplay RPG nous proposaient des DVD vraiment cool pour l’époque avec des trailers, des transitions chiadées et aussi des podcasts vidéo façon talkshow pour débattre de choses et d’autres.]
(Le hasard fait bien les choses, puisqu’en cherchant une couverture du magazine pour l’article je suis tombé sur une chaîne YouTube qui a mis en ligne des émissions… Et le premier résultat de cette recherche est un de ceux dont je possède le DVD. Comme quoi… Bref, c’est pour le plaisir des yeux !)
Personnellement, même si je n’ai pas beaucoup connu cette époque, faute de ne pas avoir de PS2 avant 2003 ou 2004, j’étais toujours content de pouvoir en avoir un, surtout s’il contenait un jeu qui m’intéressait. Ainsi, j’ai pu jouer au début d’Okami et de Dragon Quest VIII bien des mois/années avant de pouvoir jouer aux vrais jeux et ai pu découvrir d’autres séries, comme Ratchet & Clank.
Il existait aussi des démos pour la Xbox et même la Xbox 360 les premières années… Jusqu’au début du Règne Absolu du Online, qui rendait l’utilité des disques « caduques » du fait que l’on pouvait tout simplement les télécharger sur les stores des consoles concernées. Couplez ça au fait que la production d’un Blu-Ray sur PS3 augmenterait de manière significative les prix des magazines pour des retombées pas forcément intéressantes et vous ouvrez la voie à la fin de l’utilisation de ces disques.
Cependant, et c’est là que naît vraiment ma réflexion du soir : la disparition de ces disques n’a-t-elle pas diminué l’impact des démos ? Peut-être que je me trompe sur toute la ligne car je base cet article sur un sentiment personnel et non des chiffres ou des faits et donc suis peut-être seul dans ce cas de figure, mais en dehors des bêtas ouvertes ou fermées, qui sont des démos glorifiées et limitées dans le temps, on n’a plus vraiment ce réflexe de télécharger des démos de jeux.
Je vois deux raisons à cela. La première est une raison moderne et de l’évolution de notre façon de consommer le jeu vidéo. Depuis cette époque, YouTube s’est considérablement développé et Twitch est apparu, permettant à tout le monde de se faire des jeux par proxy. Les influenceurs jouent aux jeux pour nous et il nous suffira parfois d’une vidéo de 5-10 minutes (si elle est montée) ou un Let’s Play pour pouvoir avoir un premier avis.
(Oui, c’est de la pub pour la chaîne Youtube. Oui, on triche un peu. Mais ça sert plutôt bien le propos, pour le coup, vous en conviendrez)
Et la seconde vient directement de la disparition du disque de démo en lui-même. Le disque avait un nombre fixe de démos. Il n’était pas possible d’en ajouter, ni d’en retirer. On avait le disque, on avait ces démos. Simple, facile, rapide et comme dit plus haut, un outil redoutable pour nous faire essayer des jeux que l’on ne jouerait pas en temps normal.
Or, aujourd’hui, pour avoir la démo d’un jeu… Il faut déjà le connaître. Il faut aller sur un store, le chercher, aller sur sa page et la télécharger. Certains me diront qu’il existe aussi une section spéciale dédiée aux démos, mais quand bien même, le fait qu’elles soient toutes bien délimitées et individualisées fait que l’on n’aura pas nécessairement la curiosité requise pour télécharger les démos.
Et c’est en ça que je pense que les démos ont perdu de leur impact aujourd’hui. Du fait du format disque, on était limités et donc on pouvait être poussés à essayer des choses que l’on aurait trouvé « bizarres » en premier lieu. Aujourd’hui, si on a un mauvais à-priori, il suffit tout simplement de zapper la démo et on aura oublié l’existence du jeu la seconde où on quitte le Store.
Bon, il existe aussi une troisième raison plus vicieuse et non officielle qui est que à cause/grâce à Internet on a désormais accès à une source illimitée de divertissement et le marché du jeu vidéo déborde jusqu’à l’absurde, donc on n’a plus forcément le temps d’essayer quoi que ce soit et l’on se réfugiera plus facilement dans ce qui nous plaît d’emblée. On en est tous coupables, moi y compris.
Est-ce qu’il y a une solution que je peux proposer à ce « problème » ? Mis à part trouver une machine à remonter le temps ou bien que le marché s’écroule totalement avant de remettre quelques années à se reformer et devant revenir aux bonnes vielles méthodes, j’y crois moyen.La seule chose que je peux dire pour rendre les démos plus efficace, c’est ceci : n’oubliez pas de rester curieux ! Allez sur ces stores ou bien des salons et n’hésitez pas à aller vers les choses que vous ne joueriez pas d’habitude. Et si vous êtes à Paris Games Week, dites-vous que jouer à une démo d’un jeu que vous êtes déjà certain de faire à l’avenir, c’est juste créer un sentiment de redondance par rapport à la section essayée. Allez voir des titres plus bizarres, comme Untitled Goose Game, ou Monster Boy and the Cursed Kingdom, ou Untitled Goose Game.Ou Untitled Goose Game.Pitié jouez à Untitled Goose Game.Benjamin « Red » Beziat