Ça y est ! Après un an et demi de spéculations et de rumeurs de plus en plus usantes pour tout le monde, Nintendo a enfin levé le voile sur la NX !
Désormais nommée Nintendo Switch, cette console « hybride » explore et améliore le concept de base de la Wii U en nous permettant de jouer aussi bien sur un grand écran que n’importe où ailleurs grâce à son coeur détachable et à la manette modulable.
Pour l’instant, les informations concernant les capacités techniques restent très floues, mais on sait que ça fera au moins tourner des jeux pouvant tourner sur Wii U, comme en attestent les portages de Splatoon, Mario Kart 8 et Zelda Breath of the Wild. Certains disent que niveau puissance, ça sera assez proche des consoles de salon actuelles, mais vu que les seuls jeux montrés tournaient pépouze sur PS3, on va mettre une option là-dessus et attendre que plus d’informations soient montrées (et même si on sait que Unity et l’Unreal Engine 4 sont utilisables par la console et que NVidia a fourni à Nintendo une version améliorée de son processeur Tegra, on n’a pas encore de preuve bien définie de sa réelle puissance). Dans tous les cas, voici la vidéo de présentation du concept de la Switch, que je trouve plutôt réussie et qui, je pense, est plutôt limpide.
Donc oui, en dehors de ça, on n’a pas des masses d’infos, mais on y décèle facilement des points intéressants, aussi bien positifs que préoccupants.
Mise à jour : Deux faits hautement importants ont émergé entre le moment où cet article a été publié et celui où j’écris ces lignes. Tout d’abord, nous avons appris que Bethesda n’a pas officiellement confirmé la venue de Skyrim sur Switch… Ce qui est assez étrange, compte tenu de la présence du jeu dans la bande-annonce de la console. Deux théories : soit Bethesda voulait montrer de manière assez évidente qu’ils soutenaient Nintendo et ont mis un jeu qui peut être montré dans un trailer tout public sans risquer de choquer les parents, ce qui est assez probable, vu qu’en dehors de Dishonnored (et encore), bah y’a pas des masses de jeux emblématiques sans flingues dans la compagnie… Soit ils ont été eux aussi été pris au dépourvu par Nintendo, mais leurs mots auraient été beaucoup moins tendres quant à l’annonce de la console et Nintendo passeraient immédiatement pour des idiots. Ou bien ils ont tout simplement oublié qu’ils bossaient sur une version de ce jeux et que leurs propos ont été pris après une longue soirée alcoolisée finissant avec le RP avec un casque à corne sur la tête et le pantalon de son collègue dans la main pour s’être trop pris pour un khajit voleur… Ça semble plausible.
Deuxième info et c’est confirmé : la Switch ne prendra ni les cartouches 3DS, ni les disques Wii U. Je m’en doutais pas mal, mais on a eu la confirmation aujourd’hui. Reste à voir si quelque chose est prévu pour permettre de jouer à ces jeux via des voies plus dématérialisées ou bien s’il faudra ne se contenter que de ce que l’on aura sous la main…
Enfin, une nouvelle inquiétude qui m’a sauté à la figure : la vidéo que vous voyez ci-dessus a fait plus de 10 MILLIONS de vues en mois de 24 heures. Or, Nintendo a officiellement annoncé que leurs lèvres resteraient désormais scellées jusqu’au début de l’année prochaine. Je suis loin d’être un expert en communication, mais le niveau de hype actuel est monstrueux et la nouvelle de l’arrivée de cette console s’est répandue comme un véritable incendie. Vont-ils vraiment laisser ce feu s’éteindre au lieu de le laisser un minimum actif et tenter de le relancer dans quelques mois ? Je n’espère pas et même si on n’aurait pas tout, quelques détails ici et là feraient énormément de bien à la console avant qu’ils ne lâchent des méga-bombes dans les semaines précédant l’arrivée de la console. Bref, place à l’article original :
Les trucs cools :
L’évolution du concept de la Wii U : La Wii U est, pour moi, une console vraiment sympa, mais plombée par tellement de petits problèmes techniques et de software qu’elle a passé parfois bien des mois sans être allumée qu’une seule fois. Pourtant, le concept du Gamepad était plutôt intéressant, puisqu’il permettait au joueur de continuer à jouer même avec la télé éteinte. Problème : le coeur de la console était la partie console de salon, contrairement à ce que l’on avait pensé au début. De fait, le côté mobile de la console était bridé dès le départ.
Mais là, on se retrouve avec une console dont le coeur est la partie mobile et l’aspect console de salon n’est (supposément) qu’une « option ». Et ça, ça change tout, puisque l’on pourra réellement jouer partout. Pas de « cloud gaming » qui priverait de jeu les personnes encore à la traîne niveau réseau (qui sont bien plus nombreux que les personnes du domaine de la high-tech pourraient penser). Pouvoir jouer à Skyrim dans le train, c’est la classe !
Le support des éditeurs tiers ! The Elder Scrolls sur une console Nintendo ! Ça peut paraître anodin, mais avoir Skyrim sur une console portable, ça a encore pas mal d’attrait pour pas mal de gens (ma compagne en est le parfait exemple). De plus, en regardant la liste des développeurs prêts à soutenir la switch, on reconnaît quelques noms des plus influents, avec les classiques Square Enix (Final Fantasy XV ?), Capcom (un portage amélioré de Monster Hunter Stories, peut-être) et Ubisoft. Mais de manière plus surprenante, on trouve From Software, ce qui me fait penser que l’on aura droit à la version complète de Dark Souls III, qui est vouée à arriver d’ici le milieu de l’année prochaine, Nippon Ichi Software, qui n’était pas apparu sur une console Nintendo depuis Disgaea DS et La Pucelle sur Wii (ou Phantom Brave), ainsi que Tokyo RPG Factory, que Square Enix ne semble pas encore avoir lâché malgré le bide de I Am Setsuna, ce qui est plutôt rassurant. Avoir des noms tels que ceux-là pour au moins le lancement de la console confirme que la console aura un catalogue un minimum fourni au départ… Reste à voir s’ils restent sur la durée.
eSports : La dernière section de la vidéo nous montre que Nintendo croit énormément au potentiel eSport de Splatoon et veut faire de la console un incontournable des compétitions. Sachant que l’eSport grossit plutôt pas mal en ce moment, il est encore temps pour tenter de s’imposer sur ce terrain et s’ils parviennent à rendre leurs jeux populaires dans ce paysage encore en formation, alors ils devraient engranger quelques ventes supplémentaires.
L’aspect social poussé : La philosophie de Nintendo a toujours été de réunir les familles et les amis autour de leurs titres. Et avec la Switch, on arrive sûrement à l’aboutissement de ce concept, puisqu’il suffit désormais de se trimballer avec une seule console pour pouvoir jouer n’importe où avec un pote, voire trois si au moins un des deux possède des Joy-Con (c’est le nom de la manette), là où avant il fallait soit inviter tout le monde à la maison pour jouer à un jeu sur console de salon, ou bien que tout le monde se ramène avec sa console portable. Au travers de sa vidéo, Nintendo nous refait le coup de la console permettant de renforcer les liens entre les gens, comme avec la Wii, mais avec un focus bien plus poussé sur l’extérieur. Et ça, ça peut carrément résonner avec le grand public s’ils s’y prennent bien au niveau de la communication. En ce qui concerne l’aspect social, mais d’un point de vue software (comme avec le Miiverse ou une touche Share comme sur PS4), ça reste encore à voir, mais m’est avis qu’ils vont inclure une fonction similaire.
L’absence de gimmick : En dehors du côté console portable pouvant se transformer en console de salon, la Switch ne semble pas offrir quelque chose de « nouveau ». Et ça, c’est plutôt une bonne nouvelle, puisque même si ça s’était avéré payant avec la Wii, la Wii U et la 3DS nous ont prouvé qu’un nouveau concept de jeu pouvait plus embêter tout le monde sur le long-terme que les convaincre. Ici, en ne se focalisant que sur l’aspect portativité, Nintendo s’accorde les faveurs des développeurs, qui ont très certainement poussé un soupir de soulagement, car ils n’auront pas à refaire entièrement leur jeu juste pour s’adapter aux contraintes techniques ou répondre à un cahier des charges un peu trop insistant quant à l’inclusion d’une feature dont la moitié des gens se tamponnent le coquillard.
En ce qui concerne les choses les plus préoccupantes, la plupart d’entre elles sont uniquement de l’ordre du pragmatique. Mais en l’absence d’informations concrètes là-dessus, je vais quand même enfiler mes lunettes de sceptique et partager avec vous mes craintes quant à la Switch :
La Batterie : Qui dit console portable dit forcément batterie. Et qui dit console portable pouvant faire tourner des jeux gourmands en ressources dit grosse consommation de batterie. Et c’est un peu ça qui me fait le plus peur avec la Switch : est-ce qu’elle pourra tenir plus de 2h30 en extérieur ? Si oui, ça sera une assez bonne nouvelle, puisque, en ce qui me concerne, qu’il s’agisse de la PS Vita ou de la Nintendo 3DS, il est extrêmement rare que je me retrouve à court de jus, mais il m’est quand même arrivé d’aller en dessous de la barre des vingt pourcents, surtout lors des sessions du style 3DS in Bordeaux ou des salons comme Japan Expo. Si la batterie tient moins longtemps que ça, vendre le concept va être un poil plus difficile et m’est avis qu’il faudra attendre une « New Nintendo Switch » ou une « Nintendo Switch 2 : Revengeance » en 2019/2020 pour avoir une console un minimum potable.
La solidité : Alors certes, Nintendo reste encore à ce jour réputé pour favoriser la solidité de ses consoles à un design classe et moderne (suffit de comparer le Gamepad qui ressemble à un gros jouet mastoc que l’on peut bourriner à une PS Vita que l’on a peur d’effleurer sous peine de l’endommager), mais avec la Switch, il y a un petit détail qui me gêne : ses manettes et son coeur détachables. Il va vraiment falloir que les connecteurs soient des plus solides pour éviter de devoir retourner la console chez un réparateur au bout d’à peine deux ans. Après, ça reste Nintendo, donc on sait que ça sera un minimum solide, mais l’usure, elle, frappe n’importe qui n’importe quand et plus souvent plus tôt qu’on ne le pense. Ajoutez à ça le fait que les gens qui comme moi transpirent pas mal des mains et j’imagine tellement facilement l’humidité s’introduire dans les ports… Bref, ça peut potentiellement être tellement la joie.
La portabilité : Regardez-moi ce monstre ! Comment est-ce que l’on peut mettre ce truc dans un sac ou dans une poche ? En voyant la Switch, j’ai l’impression de me retrouver face à la Lynx d’Atari ou bien la Game Gear. Alors oui, certes, on sait déjà que les constructeurs d’accessoires seront au taquet et il y a de fortes chances pour que l’on aie droit à des packs gratuits les premiers jours, mais même dans une sacoche ou avec une sorte de « smart cover » la Switch reste un monstre à transporter presque obligatoirement dans un sac. Est-ce que a va m’empêcher de la prendre avec moi ? Jamais. Mais la sortir dans le tram pour y jouer ? Là je dois avouer que je pense attendre quelques mois, histoire que ça se démocratise un peu, parce que ça a quand même de faux airs de tablettes numériques et tablette numérique + transport en commun = risque de vol ou d’agression assez élevé.
Le prix : la grande inconnue à cette heure-ci qui va potentiellement tuer la console d’entrée ou bien la faire se vendre comme des petits pains. Personnellement, je ne vois pas son prix excéder les 300€. Mais au vu de la technologie embarquée et de sa puissance supposée, je ne serais pas non plus surpris si Nintendo la proposait à 350, voire 400€ grand max. Après, on connaît la politique de Nintendo : proposer des console un minimum performantes au prix le plus bas, autrement on se retrouve avec une Wii U bis, qui a été non seulement plombée par sa comm’ désastreuse, mais aussi par son prix un poil trop élevé. Idem pour la Nintendo 3DS, qui avait fait un bide monstrueux les premiers mois en étant proposé à 250€, mais qui a connu de bien meilleurs jours dès l’instant où son prix a baissé de 70€ pour être vendue 180€.
Nintendo a (je l’espère) appris de ses erreurs et devrait en théorie la proposer à un prix correct, surtout si l’on se fie à cette première vidéo de présentation, qui la présente comme une console accessible à tous, et donc à toutes les bourses. Dans tous les cas, j’imagine que l’on aura la réponse en début d’année prochaine.
La rétrocompatibilité : s’il y a bien quelque chose de cool avec Nintendo, c’est qu’il est rare qu’une console devienne obsolète une fois passée à la génération suivante. Avec la Wii, on pouvait jouer à nos jeux GameCube et avec la Wii U on pouvait jouer aux jeux Wii… Mais avec la Switch ? Cela semble beaucoup plus compliqué. D’une parce que le coup des deux écrans semble définitivement abandonné et de deux… Bah on est passé aux flash cards, qui permettent non seulement de gagner pas mal d’espace, d’être plus solide qu’un disque, mais aussi de limiter les temps de chargement au strict minimum (en théorie). Et de ce que l’on peut voir, la Switch n’est pas équipée de lecteur de disques. Peut-être que les versions dématérialisées fonctionneront, mais je reste très sceptique. De fait, comme le montre la vidéo, on va probablement devoir se contenter de portages améliorés de jeux Wii U, comme ce Mario Kart 8 revisité avec double objets et le Roi Boo ou bien Splatoon… Ce qui m’embête un peu et qui embêtera pas mal ceux qui possèdent déjà ces jeux tout autant que ceux qui attendaient un éventuel portage de Paper Mario Color Splash ou de Tokyo Mirage Session qui n’arriveront très certainement jamais…
La solidarité des tiers : On connaît le cirque maintenant : beaucoup de développeurs et éditeurs tiers s’enflamment pour une plateforme, puis quittent le navire dès le premier trou d’eau, laissant le constructeur se débrouiller seul pour tenter de le sauver alors que de plus en plus de trous se forment à la minute. C’est arrivé avec la Wii U, où les occidentaux se sont barrés plus ou moins dans les quatre mois qui ont suivi le lancement de la console (en dehors des indés et d’Ubisoft qui faisait acte de présence de temps à autres). C’est arrivé avec la PS Vita, avec le PS Move et très certainement le PS VR et l’Occulus Rift. Nintendo va devoir frapper très fort, mais aussi et surtout très vite, car s’ils n’arrivent pas à écouler un nombre faramineux de consoles dans la première année, le nombre de soutiens va fondre comme neige dans le désert. Après, vu qu’il s’agit de Nintendo, la console peut s’en sortir rien qu’avec ses propres jeux, mais avoir le soutien de Bethesda ou bien d’Ubisoft, c’est toujours ça de plus pour convaincre des joueurs un peu plus lambdas qui n’ont que l’embarras du choix pour jouer à leurs blockbusters. La Switch, si elle veut dominer le marché, va avoir besoin de sa version de Ghost Recon Wildlands. Elle va avoir besoin de son Dark Souls III.5. Elle devra tuer pour avoir son Call of Duty Infinite Warfare et son Battlefield 1. Saupoudrez ces grosses sorties avec les jeux made in Nintendo et des jeux grand public bien mis en avant (chose que la PS4 et la Xbox One ne font que trop rarement) et il y a moyen pour que la Switch s’assure un catalogue de jeux bien fournis qui créé un cercle vertueux de ventes de consoles suivies par des sorties plus nombreuses de jeux et donc de facto de plus de ventes de consoles… Mais pour déclencher ce cercle, il faudra frapper. Frapper vite et fort. Très fort. Avec un bas prix. Avec une campagne de comm’ efficace… Et surtout un line-up tellement solide que les consommateurs (et les journalistes/bloggeurs) ne sauront plus où donner de la tête pendant les premiers mois de vie de la Switch.
Benjamin « Red » Beziat