Dragon’s Crown, l’un des meilleurs side-scrolling de ces dernières années est déjà de retour ! Vanillaware vous réinvite à explorer le monde fantastique de Hydeland seulement cinq ans après la sortie originale du jeu sur PlayStation 3 et Vita. Je ne vais pas vous le cacher : Dragon’s Crown Pro est pratiquement identique au titre de 2013. Les différences sont avant tout là pour ravir les sens avec des décors qui captiveront tous ceux ayant une télévision 4K et une bande-son somptueuse de Hitoshi Sakimoto (Final Fantasy Tactics, Vagrant Story, Final Fantasy XII, etc.), réenregistrée pour l’occasion dans une version orchestrale (les nostalgiques peuvent cependant choisir la bande-son d’origine depuis le menu). Pratiquement identique, certes, mais lorsqu’il s’agit d’un jeu aussi génial que Dragon’s Crown, est-ce vraiment un problème ?
Le jeu est tout aussi jouissif qu’il était il y a quelques années et même si le format reste répétitif, les différentes façons d’aborder le gameplay, le système de progression issu du RPG et l’aspect esthétique du jeu vous feront rester. Suivant votre âge, vous n’avez peut-être pas beaucoup d’attachement au genre du side-scrolling et du beat ’em up, mais pour ceux qui ont connu les joies de Double Dragon ou Streets of Rage, Dragon’s Crown est une véritable madeleine de Proust. Déjà par le genre, mais aussi parce que vous pouvez y jouer à plusieurs en local. Depuis déjà des années, les développeurs imposent des modes multijoueurs uniquement accessibles en ligne, oubliant tous ceux qui souhaitent partager l’expérience avec quelqu’un assit à côté d’eux.
« Mon épée est vôtre. Et mon arc est vôtre. Et ma hache ! »
Les différentes classes des six personnages du jeu sont la première source de rejouabilité. Le tutoriel de début de partie va droit au but et vous fait accomplir un certain nombre d’actions avec une checklist pour s’assurer que vous ayez intégré les spécificités de chaque personnage. Ainsi, vous pouvez très bien faire le tutoriel avec les six personnages en un quart d’heure et décider ensuite lequel vous souhaitez développer dans votre aventure. Gardez cependant à l’esprit que chaque nouveau personnage démarre une nouvelle partie et que vous devrez donc recommencer l’histoire et refaire les donjons déjà explorés avec votre précédent personnage. Si l’idée même de faire six fois le même parcours serait ennuyant dans presque n’importe quel jeu, ce n’est pas nécessairement le cas avec Dragon’s Crown Pro.
Le choix de son personnage se fait souvent en réaction aux designs proposés, mais même si chacun des six héros ont un style unique et de charmantes animations, c’est certainement les différences de gameplay qui vont pousseront à faire le jeu plusieurs fois. Chaque héros à son propre équipement, une action unique et ses propres capacités, et vous devrez donc faire votre choix avec plus que le design en tête. Pour ce qui est du lien entre design et gameplay, c’est plutôt simple : Dragon’s Crown Pro reprend six archétypes de la fantasy. Le Fighter qui manie épée et bouclier, pouvant parer les attaques ennemies et tanker pas mal de dégâts grâce à sa grande défense. Il est là pour attirer l’attention sur lui et protéger ses alliés. L’Amazon est la bourrine fragile du groupe, dans le sens où elle frappe fort, mais n’a pas beaucoup de défense. Elle se bât avec haches et marteaux, fonce dans le tas en tournoyant pour faire le plus de dégâts possibles et s’en va tout aussi vite. Entre de bonnes mains, elle peut faire du crowd control mais entre les mains de novices, elle peut aussi mourir rapidement. Ne jugez pas le Dwarf sur sa taille car c’est sans doute le personnage le plus puissant du jeu. Son style de combat ? Il choppe un monstre pour frapper les autres avec ! Avec sa capacité unique, il boost sa défense et vous permet de jouer au catch avec les ennemis sans vous soucier de quoi que ce soit d’autre.
Il y a ensuite le couple de sorciers, Wizard et Sorceress. Les deux peuvent se téléporter, utilisent des sorts de magie élémentales et peuvent récupérer des MP grâce à leur action unique. Le Wizard peut faire du crowd control en ralentissant les ennemis, mais sera surtout là pour faire énormément de dégâts. Quant à la Sorceress, elle a la spécificité d’avoir des magies de soutien comme une protection magique sur tout le groupe, mais peut aussi immobiliser les ennemis. Wizard et Sorceress sont deux faces de la même pièce et sont tous deux réputés plus difficiles à maitriser que les autres personnages. Le jeu note d’ailleurs que ce sont des personnages « Expert » à l’inverse des autres notés « Normal ». Le sixième personnage (et celui que j’ai choisi !) se classe aussi dans la catégorie expert : l’Elf. Excellente pour le combat à distance, elle utilise un arc pour détruire ses adversaires avant qu’ils aient une chance de l’approcher. S’ils parviennent tout de même à venir au face à face, l’Elf peut se battre au corps à corps grâce à des enchainements de coups de pieds. Pouvant également faire quelques sorts de magie, l’Elf est vraiment le personnage le plus polyvalent du jeu. Elle brille surtout face aux boss, où elle peut déployer toutes ses capacités et faire des dégâts inégalables sur une courte période.
Selon le héros que vous choisiriez, le gameplay sera donc totalement différent. Ils partagent tous la même vitesse de déplacement, une évasion avec l’une des gâchettes de la manette et un skill tree commun à tous qui couvre les capacités de base (augmenter les HP, la possibilité de se soigner davantage, etc.). Ayant déjà joué à Dragon’s Crown à l’époque de sa sortie PS3, je regrette vraiment l’absence d’un ou deux nouveaux aventuriers pour célébrer la venue de la version Pro. Un Beastmaster (le jeu vous permet déjà de chevaucher quelques monstres dans certains donjons donc le choix semblait pourtant évident) ou un Bard centré sur le soutien auraient eu leur place dans Dragon’s Crown Pro. Avoir des personnages en plus aurait été un argument de vente parfait pour convaincre les vétérans de la PS3 de dépenser à nouveau 50€.
Tableaux d’Hydeland
Au-delà de la nostalgie et de la diversité du gameplay, Dragon’s Crown Pro fait rêver parce qu’il est magnifique à regarder. On se ballade dans des peintures et des concept arts du début à la fin et le jeu récompense le joueur qui prendra le temps de les admirer. Dans chaque écran, des petits détails brillent et scintillent. Lorsque vous passez le curseur dessus (que l’on dirige avec le stick droit ou le touchpad), vous découvrez des trésors dissimulés qui gonfleront votre porte-monnaie en plus d’améliorer votre score global en fin de donjon et donc l’expérience gagnée.
Après quelques heures de jeu, le magicien Lucain vous apprendra les rudiments des runes magiques. Vous trouverez ces dernières gravées dans une colonne dorique à moitié détruite, dissimulé sur la couverture d’un livre, sur une stèle au premier plan, sur un meuble de l’arrière-plan, etc. Une fois que vous passez le curseur sur trois d’entre elles, vous activez un pouvoir spécifique à la combinaison de runes que vous avez découvert et bénéficiez d’un buff temporaire : protection contre la magie, plus de vitalité, un allié en plus. Le jeu fait tout, que ce soit par sa direction artistique ou certaines fonctionnalités, pour que le joueur profite des décors et prenne le temps de vraiment plonger dans le monde d’Hydeland.
Des donjons et des dragons
Du design général des personnages au narrateur omniscient qui conte vos aventures, tout est fait pour vous plonger dans une partie de Donjons & Dragons virtuelle alors que vous enchaînez les monstres peuplant des cavernes magiques, des bois perdus et autres tours de magiciens. Tout commence lorsque le roi du royaume d’Hydeland part en quête de la fameuse Dragon’s Crown, une couronne au pouvoir ancestral capable de contrôler les dragons. Malheureusement, le roi ne revient pas de sa quête et suite à quelques péripéties, vous êtes chargés de découvrir la vérité sur son sort. Vous êtes plongé dans une petite querelle de pouvoir et petit à petit, le scénario vous fait comprendre les multiples menaces qui guettent le royaume.
Pour faire face à ces dernières, vous arpenterez les neuf donjons environnants. Et plutôt six fois qu’une. Tout d’abord pour les besoins de l’histoire, puis pour les quêtes annexes délivrées par la guilde des aventuriers, puis pour récupérer des meilleurs objets et de l’expérience, puis pour découvrir des passages secrets, puis… En fait le jeu trouve toujours une nouvelle raison de vous faire revenir dans les mêmes donjons. Pour tout dire, Dragon’s Crown Pro réussit tellement bien son cahier des charges et les niveaux sont tous si jolis et différents les uns des autres, que l’on ne rechigne jamais à revenir dans tel ou tel donjon, même si cela fait déjà cinq fois. Après tout, la première motivation que le joueur aura sera d’aller de nouveau affronter X boss pour peut-être avoir des meilleurs trésors et donc un meilleur équipement pour pouvoir tuer le prochain boss, et ainsi de suite. Le bon vieux cycle du « Je vais tuer ce boss pour avoir une plus grosse épée pour tuer un plus gros boss qui me donnera une plus grosse épée pour… » Vieux comme le monde, mais toujours efficace.
Lorsqu’un beat ’em up et un RPG s’aiment très fort…
Lorsque vous terminez un donjon, vous serez transporté à la taverne, attablé face à Rannie, un voleur qui cherche à se faire un nom et vous accompagne suite à un deal équitable : vous tabassez les monstres, il déverrouille les coffres et les portes. Il vous exposera alors tout le loot récupéré durant l’aventure et vous aurez deux choix : vendre les objets qui ne vous intéressent pas ou les faire évaluer pour une petite somme et révéler leurs statistiques. Vous dépenserez parfois de l’argent pour révéler des statistiques pourries, mais c’est là toute l’idée derrière ce système. Est-ce que je risque 300 pièces d’or pour découvrir le potentiel de cette arme ou est-ce que le jeu n’en vaut pas la chandelle et que je la vends pour 200 ? Cela dit, la problématique ne se pose plus vraiment après quelques heures de jeu où vous aurez largement assez d’argent pour évaluer tout ce que vous voulez.
En dehors de la taverne, vous êtes dans l’avenue principale traversant toute la ville qui centralise toutes les activités du jeu : rendez-vous au magasin de magie pour évaluer les armes, réparer votre équipement et acheter des objets, allez chez Lucain pour en apprendre davantage sur les runes magiques, à la guilde des aventuriers pour accepter des quêtes et apprendre de nouvelles capacités, à l’église pour ressusciter vos alliés tombés au combat ou enterrer leurs os et peut-être gagner un objet et enfin aller au château pour parler aux personnages principaux du scénario et faire progresser l’histoire. Tout ce beau monde est réuni dans la même ville et c’est ici que vous ferez évoluer votre personnage. Un havre de paix autour duquel gravitent tous les donjons que vous visitez.
Vers la moitié du jeu, un événement de l’histoire fait que vous pouvez débloquer une deuxième route dans chacun des neuf donjons déjà explorés. C’est aussi là que vous pourrez réellement profiter du mode multijoueur en ligne et faire équipe avec des joueurs de votre continent (ou du monde entier, le jeu donne le choix). L’idée d’attendre plusieurs heures de jeu avant d’ouvrir la coopération en ligne est une idée appréciée, car elle vous assure que les gens avez qui vous allez faire équipe ont déjà suffisamment jouer au jeu pour ne pas être des boulets qui ralentiraient votre progression.
Avant cela, vous aurez eu l’opportunité de jouer avec des NPC dont vous trouvez les os dans les donjons (un petit détour à l’église pour les ramener à la vie et ils seront prêts à se battre) pour composer un groupe de 4. En général, chaque écran vous met face à une demi-douzaine d’ennemis. Parfois plus. Donc malgré la beauté et la clarté des décors, il est souvent (tout le temps ?) très facile de perdre le fil de ce qu’il se passe à l’écran et de perdre votre personnage au sein des dix ou quinze entités qui sautent, explosent et se bastonnent dans tous les sens avec des éclats de couleurs rouge, violettes, bleues et jaune. Une raison de plus pour laquelle j’étais contente de jouer l’Elf, parce qu’elle donne l’occasion de rester à l’écart de l’action et de cibler les ennemis depuis un côté de l’écran ou depuis les airs.
Le chaos est donc omniprésent, mais c’est aussi une facette de ce qui fait le fun du gameplay de Dragon’s Crown Pro. De plus, perdre le contrôle de temps à autre n’est pas réellement un problème dans la mesure où vous n’avez pas vraiment de pénalité si vous mourez. De base, vos personnages (vous et les NPC) ont deux vies par donjon. Vous pouvez également aller prier à l’église avant chaque aventure pour avoir une vie en plus. Et même si vous mourrez trois fois de suite, vous pouvez payer une somme en or pour revivre ad vitam aeternam. Si les monstres et sbires des donjons ne vous posent pas vraiment de problèmes (mis à part certains écrans difficiles), les boss de chaque zone sont d’une tout autre nature et la difficulté grimpe très rapidement dès lors que vous pénétrez sur leurs écrans. Ils sont de loin la partie la plus intéressante du gameplay. Chaque boss vous force à jouer votre personnage de façon optimale et se sont les seuls ennemis qui demandent une véritable stratégie.
Devriez-vous l’acheter ?
La vraie question est plutôt : est-ce que vous l’avez déjà sur PS3 ? Il est indéniable que la version Pro est supérieure en tout point puisqu’elle incorpore tout ce qu’avait déjà le jeu de base, mais avec des graphismes et une bande-son améliorés. Mais est-ce que vous voulez dépenser de nouveau 50€ pour refaire le même jeu ? Peut-être pas. Sachez par ailleurs que si vous choisissez d’acheter la version PS4, vous pouvez uploader vos sauvegardes PS3 et poursuivre vos aventures avec vos anciens personnages. En revanche, si vous n’avez jamais joué à la version 2013 et que vous aimez les RPG et/ou les beat ’em up avec un peu de grinding en accompagnement, Dragon’s Crown Pro est fait pour vous. C’est un jeu magnifique, addictif et qui, même s’il ne vous surprendra pas par son histoire, saura vous faire rire et vous faire rallumer la console pour y retourner. Pour ceux qui n’ont jamais joué à Dragon’s Crown, il n’y a pas de meilleur moment que maintenant pour rejoindre les donjons d’Hydeland. Rendez-vous le 15 mai pour la sortie internationale du jeu !