L’avantage de vivre à Bordeaux, c’est que l’on a un cadre de vie très relaxant, des studios de jeux vidéo qui sortent régulièrement des titres qui finissent sur des listes de jeux de l’année (coucou Motion Twin avec Dead Cells et Asobo avec A Plague Tale) et des chocolatines et des cannelés pas trop chers. Le désavantage, c’est que l’on est malgré tout isolé de tout ce qui est événements destinés à la presse, puisque 98% de ceux-ci ont lieu sur Paris.

Mais il arrive parfois que des miracles se produisent et quand j’ai reçu une invitation pour l’inauguration à Bordeaux du second plus grand complexe VR de France, qui plus est situé pile poil dans le centre-ville de Bordeaux, je n’ai pas hésité !

Non seulement ça, mais une phrase dans le communiqué m’a rendu très curieux : ce complexe VR serait aussi spécialisé dans l’e-Sport. De l’e-Sport en VR, c’est encore très nouveau et donc il me fallait savoir de quoi il en retournait !

Après, histoire que vous compreniez mon point de vue par rapport à la VR : je suis et pendant très longtemps été un « VR-sceptique ». Malgré les envies du milieu de dire qu’il s’agissait du « futur du jeu vidéo », j’ai toujours eu de gros doutes quant au succès populaire de ce genre de technologie, sûrement refroidi par ce genre de déclarations depuis le flop des écrans 3D, du Body-Pad et de l’Eye Toy. Je ne suis pas non plus contre l’idée, au contraire, je trouve la VR rigolo, mais je ne pense pas que ça remplacera nos bons vieux jeux sur écrans fixes sur le long-terme et ça ne fera que cohabiter paisiblement avec.

Aussi, et pour être tout à fait transparent avec vous : je suis allé deux fois au Reiv à trois semaines d’intervalle, car la première fois, les choses ne se sont pas vraiment passées comme prévu. Comme si le spectre du malheur m’avait maudit, j’avais systématiquement les machines qui ne fonctionnaient pas, résultant en des moments particulièrement gênants. Mais parce que ça aurait été injuste d’écrire un papier pour dire « ouais non, ça marche pas », nous avons convenu que je revienne plus tard, le temps que tous les petits problèmes techniques soient corrigés et donc la seconde fois tout fonctionnait largement mieux.

Et j’ai bien fait de revenir une seconde fois, puisque les expériences que j’avais loupé sont impressionnantes !

Virtual Insanity

Le Reiv est un complexe situé dans la galerie commerçante de Saint-Christoly à Bordeaux et est divisé en quatre blocs : le premier est un espace lounge pour se poser, boire quelque chose et respirer un peu entre deux sessions et/ou regarder des matchs d’e-Sport sur les écrans installés, le second est un espace avec 8 postes individuels et fixes de 9m² chaque proposant une vingtaine de jeux en rotation par mois (même si je sens que Beat Saber va rester tant il est un des porte-étendards de la VR), le troisième est un espace dédié aux Escape Rooms en VR et le dernier est un gigantesque espace ouvert pour la composante e-Sport.

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Pour revenir aux postes individuels, j’ai pu essayer des titres qui m’ont toujours titillé en VR, notamment Superhot, Eagle Flight et bien évidemment Beat Saber (et Creed, qui ne m’a pas vraiment convaincu). Je ne suis pas là pour faire la critique des jeux, mais le choix des jeux est assez large et tant que l’on garde en tête que notre espace est assez restreint, on peut facilement s’amuser. Le seul micro-bémol venait du câble qui pendouillait au dessus du casque et qui avait tendance à me rappeler que je pouvais pas non plus aller trop loin. Après, je pense que pas mal de gens ont du se marrer en me voyant danser et m’éclater sur Beat Saber, qui est indubitablement LE jeu de ces postes individuels et le meilleur argument pour la VR en général auprès du grand public tant il peut vite s’avérer physique et fun.

L’espace dédié à l’escape room était probablement le plus surprenant du lot. En apparence, il s’agit de deux espaces clos et totalement vide à l’exception des capteurs et des PC au plafond, mais il possède deux choses assez uniques : des casques VR reliés à aucun câble, nous permettant de nous mouvoir librement et sans encombres et… Un sol qui vibre !

Pour l’instant, deux jeux sont proposés : Eclipse et Incarna. Pour le coup, j’ai pu tester Eclipse, qui nous plonge au cœur d’une station spatiale abandonnée qu’il faudra visiter pour retourner sur Terre. On joue dans une des deux équipes – chacune est physiquement présente dans une des deux pièces – et il faudra coopérer pour progresser. Non seulement l’expérience était impressionnante visuellement, mais le sol qui se mettait à trembler quand on prenait un des ascenseurs ou bien des plateformes mobiles rendait l’ensemble dingue ! Et si on est coincés, on peut se faire aiguiller par le maître du jeu qui nous filera des indices plus ou moins subtils, ce qui est plutôt cool.

Enfin, pour ce qui est du jeu en e-Sport, le jeu que l’on a pu essayer s’appelle After-H : Legend of Mars. Le principe est simple : vous êtes une équipe de 4 à 6 joueurs et vous devez dézinguer les robots qui tentent de vous pourrir la vie dans un mode Horde tout ce qu’il y a de plus classique. Sur le papier, c’est pas impressionnant, mais dans les faits, les choses sont très différentes, car vous êtes bardés de capteurs, vous transportez un PC portable dans le dos et on vous met un gros fusil mitrailleur entre les mains !

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Est-ce que j’avais l’air fin ? Je vous laisse juger. Est-ce que je me suis éclaté ? Totalement, puisque l’on est physiquement impliqués dans le jeu et l’on peut librement se déplacer dans un assez grand espace. Pour le coup, dix minutes après avoir lancé la partie, j’avais presque oublié que l’on se baladait dans une salle vide et j’imagine que d’un point de vue extérieur on avait l’air encore plus fins.

Un détail aussi intéressant que finalement cool venait du fait que la salle comportait un immense pilier. Et celui-ci apparaît dans le jeu comme faisant partie du décor, nous empêchant ainsi de se le manger si on venait à courir dans tous les sens.

Un autre détail intéressant vient du fait que l’expérience évoluera au fil du temps, avec de nouveaux épisodes s’ajoutant dans les mois à venir, permettant ainsi au joueur qui reviendra de ne pas faire la même chose encore et encore.

Le jeu possède une composante e-Sport et permet même de mettre en place des tournois entre les différents complexes VR de France. Au moment où j’écris ces lignes, un tournoi aura actuellement lieu ce week-end, ce qui est plutôt cool !

Et là on arrive au point qui fâche un peu : le prix. 30€ l’heure (dont environ 10 minutes d’explications et de set-up pour les expériences de base et 15-20 minutes pour l’escape game et After-H) quand on y va en solo, 27€ par personne dès que l’on est 3, 24€ par personne dès que l’on est 5 et 20€ par personne dès que l’on est 7. C’est dans la moyenne nationale et c’est plutôt raisonnable si l’on veut y aller pour une occasion spéciale, mais contrairement aux salles d’arcade, à moins d’avoir énormément d’argent, je doute que vous y irez régulièrement.

Pour le coup, on en a assez longuement débattu avec le co-fondateur du lieu et les personnes présentes et une sorte d’offre d’abonnement est à l’étude pour permettre aux joueurs voulant monter une équipe ou bien ceux qui ont envie de faire des sessions de sport sur Beat Saber (par exemple) de venir plus régulièrement. Et j’espère que ça sera mis en place, puisque c’est typiquement le genre de lieu qui donne envie de revenir : le staff est hyper adorable et le fait qu’il soit situé pile poil dans le centre-ville le rend très facilement accessible. Le seul frein pour l’instant au déploiement d’une offre de ce genre est le gros travail d’équilibriste qui sera requis pour offrir un prix attirant sans non plus qu’ils ne soient perdants – rien que la location des jeux sur les espaces individuels leur coûte l’équivalent de 6€/heure, sans compter les coûts en électricité, location, staff et taxes…

En tout cas, j’ai bien aimé découvrir un aspect du jeu vidéo qui m’était encore inconnu et j’espère que ça fonctionnera pour eux, puisqu’ils font les choses bien et tiennent un concept potentiellement capable d’attirer un maximum de monde !

Benjamin « Red » Beziat