« Returnal a été conçu pour être une expérience exigeante. Chaque nouveau cycle change le monde et propose des défis et des récompenses différents. Adaptez-vous et persévérez pour progresser. »

Voici les premiers mots qui s’affichent dès que vous lancez Returnal pour la première fois. Un message clair qui annonce d’emblée que vous allez passer un sale quart d’heure et que vous devez valider pour pouvoir vous lancer dans cette aventure. Et, clairement, ce n’est pas un message placé là pour impressionner ou pour faire genre : Returnal est vraiment un jeu exigeant qui vous mettra à l’épreuve et qui vous mettra plus que certainement en PLS.

Personnellement, j’ai failli littéralement faire deux fois un malaise en jouant à ce jeu tant l’expérience s’avérait être trop intense et ça a tellement fait grimper ma tension que j’ai vraiment dû m’arrêter pour préserver ma santé physique, mais ça ne m’a pas empêché par la suite de persévérer et de finir… La première fin. Sur deux et demi.

Donc non, je ne considérerai pas ce qui suit comme une critique complète du jeu (d’où la mention de « Découverte »), mais plus un partage de mon ressenti sur ce qu’est ce jeu, pourquoi je l’ai tant adoré au début avant de finalement raccrocher les gants pile au moment où mes sentiments à son encontre commençaient à verser dans l’ennui et une sorte de blasitude de désintérêt.

Re:Metroid of Tomorrow

Returnal nous conte l’histoire de Selene, une exploratrice qui tombe sur un mystérieux signal sur une étrange planète et qu’elle décide de suivre. Malheureusement pour elle, en arrivant sur place et en se faisant cogner dessus par la faune locale, elle découvre bien assez vite qu’elle est devenue prisonnière d’une boucle temporelle qui l’empêche de mourir puisqu’elle reviendra systématiquement au moment où elle s’écrase.

Plus étrange encore, certains éléments de sa vie passée sur Terre se retrouvent là-bas, comme sa maison et ses affaires personnelles. Pourquoi ? Je vous le laisse découvrir !

S’il y a bien un truc que j’ai adoré avec ce jeu, c’est son ambiance qui n’est clairement pas sans rappeler la série des Metroid Prime. On est totalement seuls et isolés sur une planète hostile à devoir essayer de comprendre ce qu’il s’y passe tout en analysant son environnement pour découvrir les secrets d’une civilisation extraterrestre disparue. La première zone, c’est totalement la surface de Tallon IV du premier Metroid Prime, la seconde zone, c’est carrément les anciennes ruines Chozo du même jeu et la troisième zone m’a fait pas mal penser à la cité de Skytown de Metroid Prime 3/ On aurait appelé ce jeu Metroid Prime 4 (ou 5), je n’y aurais presque vu que du feu, d’autant plus que comme dans les aventures de Samus, si on progresse assez dans le jeu, on peut débloquer des power-ups permanents qui permettent de découvrir de nouveaux endroits, notamment le grappin qui ouvre tout un éventail de possibilités, aussi bien d’exploration que de combat.

Et en parlant de combats, ceux de Returnal sont vraiment excellents ! On a tout un panel d’armes que l’on débloquera au fil de l’aventure, allant du simple pistolet au fusil à pompe et chacune possède un tir secondaire aléatoire qui se recharge avec le temps qui peut aller du tir auto-guidé hyper pratique à une décharge électrique qui est idéale pour défoncer les groupes d’ennemis proches. Les armes ont aussi des traits aléatoires bien utiles qui peuvent être débloqués de manière permanente en tuant assez d’ennemis, du style des tirs qui fonceront sur leur cible ou bien qui pourront percer les boucliers. Il y a aussi une attaque de mêlée qui marche… 50% du temps, puisque parfois Selene foncera automatiquement sur sa cible ou bien tapera à côté parce qu’on pensait qu’elle ferait le dash.

Les ennemis ne sont pas en reste, puisque la plupart vous balanceront une flopée de boulettes lumineuses, la marque de fabrique du studio Housemarque qui s’est spécialisée dans les bullet-hell et qui a décidé avec Returnal d’en faire un à la troisième personne ! D’ailleurs, en y repensant, entre Returnal et NieR Replicant, la fin du mois d’Avril était vraiment placée sous le signe de la boulette… Hum.

Et même si la difficulté est relativement élevée, mais pas impossible dans le premier niveau, si vous n’avez pas fait vos devoirs en explorant à fond pour récupérer des power-ups, vous passerez un très mauvais moment dans les niveaux suivants, puisque leur force de frappe augmente de manière assez drastique.

Returnal étant un rogue-lite, si vous mourrez, vous recommencerez depuis le début de l’acte en cours en perdant plus ou moins tout. La seule chose que vous conserverez, c’est une monnaie spéciale et les chances de débloquer les objets que vous aurez scanné dans le run précédent et qui se rajoutent dans la liste des trucs potentiellement faciles d’accès. Vos stats reviennent plus ou moins à zéro et tout l’argent non spécial que vous avez accumulé part en fumée, donc si vous voulez progresser, il faudra à nouveau obligatoirement vous refaire toutes les zones déjà visitées pour regagner en puissance. Sachant que le processus peut facilement prendre une demi-heure à 45 minutes par niveau, ça donne l’impression de patiner à fond plutôt que de progresser avec toujours la possibilité que vous perdiez tout au bout d’une heure et demie juste parce que vous êtes tombé sur une salle avec trois mini-boss qui vous étalent en deux patates.

C’est d’ailleurs un point qui m’a pas mal gonflé et qui a fait que j’ai lâché l’affaire au second acte, puisque même si le jeu a la magnanimité de placer le début de la boucle au début de cet acte et non le premier, les ennemis de base sont direct aussi puissants que ceux du deuxième niveau du premier acte et bon courage en commençant avec le niveau d’une brindille.

L’autre fleur que nous fait le jeu, c’est que quand vous battez les boss, vous n’êtes plus obligés de les rebattre, sauf si vous voulez tout risquer pour gagner un peu d’argent et de matériaux.

En parlant des boss, ils sont clairement le truc le plus cool que le jeu a à offrir niveau gameplay. Ils sont puissants, rapides, ont trois barres de vie et en plus ils tirent des boulettes par centaines. Et du fait que vous pouvez perdre plus d’une heure de jeu face à eux, les enjeux sont tels que chaque combat devient une épreuve physique et mentale comme aucune autre ! C’est aussi face à eux que j’ai failli faire un malaise tant ça devenait intense, au point que je ne pouvais m’arrêter de trembler pendant les 5 minutes qui ont suivi chaque confrontation et qu’il me fallait reprendre mon souffle parce que j’avais l’impression de suffoquer… D’où une des raisons pour lesquelles j’ai aussi préféré m’en arrêter au second acte, parce que j’ai vraiment pas envie de finir à l’hôpital parce que j’ai joué à un jeu vidéo. Je n’avais jamais ressenti une telle montée de stress en jouant à un jeu de ma vie et c’était physiquement très désagréable.

Ironiquement, le boss final du premier acte était hyper facile et ne m’a même pas posé problème, mais les deux premiers sont des tests de patience et de réflexes.

Parce que le jeu est un rogue-lite, la disposition de chaque niveau est semi-aléatoire. Le monde change légèrement entre chaque run, puisque certaines pièces seront présentes, mais d’autres absentes, même si on finit assez vite par les connaître comme notre poche, au point que ça peut devenir étrangement prévisible. On peut finir par se débrouiller et anticiper certains dangers ou bien foncer dans le tas de manière assez mesurée, surtout dans le tout premier niveau, ce qui peut être bien grisant, même si la course au grinding est plutôt longue et fastidieuse par moments.

Et l’on arrive au plus gros problème du jeu : il est impossible de sauvegarder en plein milieu d’un run. Si vous éteignez la console, il faudra recommencer depuis le début, sachant qu’un run durera au minimum une heure et demie si vous vous débrouillez au minimum bien. De fait, quand il faut se lancer, il faut être prêt à y passer du temps et préparer sa journée en conséquence. Dans mon cas, ça ne m’a pas vraiment posé de problèmes puisque ça fait partie de mon job, mais pour ceux qui ont une vie active ou une vie de famille, ça peut bien assez vite poser problème.

La seule solution à ce problème à l’heure actuelle, c’est de mettre la console en veille, mais là-encore, ça reste une solution un peu à l’arrache et qui fait grimper ne serait-ce qu’un peu la facture d’électricité. Housemarque a déjà promis qu’ils étaient en train de réfléchir à trouver une solution, donc probablement que ce point sera rendu caduque sous peu, mais en attendant ça reste un truc à prendre en compte.

Concernant la difficulté du jeu en elle-même, oui, le jeu est exigeant et assez difficile, c’est indéniable et j’aurais bien aimé un mode optionnel comme dans Hades qui permette de conserver plus d’upgrades d’un run à l’autre, voire même qui permette de maintenir certaines stats pour faciliter les runs d’après, mais en soi, Returnal reste un jeu qui reste la plupart du temps assez juste. Le seul truc vraiment relou, c’est qu’il faut perdre son temps à refaire le tour des niveaux à chaque run pour se donner une chance de tenir face aux défis qui nous ont eu la fois d’avant, mais à force de jouer, on évolue nous aussi et on apprend les différentes subtilités de gameplay qui feront toute la différence plus tard. Oh et on apprendra aussi à jouer avec les portes qui se referment pour bloquer les ennemis derrière, attendre que notre attaque spéciale soit rechargée, puis on rouvre la porte pour attaquer avant de la refermer pour bloquer les rideaux de balles. Ça marche aussi pas mal, comme technique.

Côté présentation, Returnal n’est peut-être pas le jeu qui crie autant visuellement que c’est la next-gen comme un Demon’s Souls ou bien l’ultra joli Ratchet & Clank à venir, mais ça n’en reste pas moins hyper joli et fluide avec un bon gros 60 images par secondes quasi-stable et surtout les temps de chargement quasi-instantanés pour les téléportations ou le changement de niveau fait que l’action ne s’interrompt plus ou moins jamais. D’ailleurs, en lançant le jeu depuis le menu de la console, si on zappe la cutscene d’intro, on entre dans l’action en à peine dix secondes en prenant même en compte le temps d’apparition des logos, ce qui est plutôt fou et appréciable !

Le travail sur le son est incroyable, au point qu’en jouant au casque je pouvais repérer avec précision l’emplacement de la plupart des ennemis sans même les voir et mesurer facilement l’ampleur du danger qui m’attendait dans une pièce. Couplez ça aux vibrations de la manette qui je crois me guidaient inconsciemment puisqu’elle vibrait parfois dans la direction de l’ennemi et ça rendait le jeu encore plus immersif ! Le seul truc « next-gen » que j’ai un peu moins apprécié venait des gâchettes analogiques qui par défaut permettent de viser en appuyant à moitié sur la gâchette et d’utiliser le tir secondaire si on le pousse à fond. Sur le moment et sous la pression, il m’arrivait de rester coincé en mode tir secondaire, faisant que je ne pouvais pas tirer normalement, mais il est possible de changer ça dans les paramètres.

Au final, Returnal est un jeu que j’ai énormément aimé, mais aussi qui m’a tout autant frustré. Son ambiance et son gameplay presque parfait sont un pur plaisir, tout comme son côté rogue-lite et sa progression très lente à coups de passages répétés à coups de sessions de minimum une heure m’ont parfois poussé aux limites de l’exaspération.

C’est un jeu qui ne vous prendra pas par la main et qui n’hésitera pas parfois à vous donner une bonne paire de claques dans la tronche, faisant que c’est une expérience réservée quasi-exclusivement aux joueurs les plus hardcore.

Et c’est d’ailleurs pour ça que c’est compliqué de le recommander à tout le monde à 80€. Est-ce que ça peut les valoir ? Pour certains profils de joueurs très spécifiques, oui, probablement. Mais pour le reste de la population, ça devient un sujet bien, bien plus complexe, puisqu’il n’est clairement pas impossible que vous lâchiez l’affaire comme moi à mi-chemin au bout d’une quinzaine d’heures de jeu. Et puis même, lâcher 80€ dans un seul jeu dans cette période particulièrement difficile économiquement parlant pour une part grandissante de la société reste à mes yeux un non-sens total, mais c’est un débat pour un autre jour.

Avec un peu de chance, le patch qui corrigera le problème des sauvegardes arrivera assez rapidement et, qui sait, peut-être aura-t-on le droit à quelques options d’accessibilité supplémentaires qui ouvriront l’expérience à une plus grande partie des joueurs.

Dans tous les cas, j’ai quand même envie de recommander le jeu, surtout si vous êtes en manque de jeux de science-fiction mettant en scène un personnage féminin dans des ruines de civilisations extraterrestres, mais cette recommandation vient avec une tonne de petites astérisques qui dépendront de votre profil de joueur, de si vous aimez ce genre de jeu et de combien vous seriez prêts à investir dedans. Il y a de vrais moments de plaisir et d’émerveillement à trouver dans Returnal… Mais aussi beaucoup de frustrations et de sensations de s’enfoncer progressivement dans les abysses de la folie et du désespoir.

Benjamin « Red » Beziat