Les animaux anthropomorphes et les univers sombres et violents ne sont pas nouveaux. Suffit de remonter à l’Égypte Antique et ses mythes avec ses dieux animaliers, ou bien au Moyen-Âge avec le Roman de Renart, ou bien dans les années 80 avec Fritz The Cat de Ralph Bakshi ou bien les années 2000 avec Blacksad de Juanjo Guarnido et Juan Díaz Canales ou bien les années 2010 avec, dans une moindre mesure, Le Garçon et la Bête de Mamoru Hosoda et Les Chroniques de Loutre-Monde de votre serviteur pour en trouver de bons exemples. Et, pourtant, malgré le fait que ça existe depuis des millénaires, à chaque fois qu’une oeuvre dans ce genre débarque, ça choque l’opinion publique. Pourquoi ? Parce que l’on associe encore et toujours les animaux humanoïdes à l’enfance à cause de leur utilisation principalement dans les films (merci Disney), séries d’animation et jeux vidéo (coucou la guerre des mascottes des années 90) destiné à un plus jeune public. Petit à petit, les mentalités changent et m’est avis que Beastars va pas mal y contribuer.

Notez qu’alors que j’écris cet article, une version animée du manga vient tout juste d’être annoncée. Je ne vais pas manifester ma joie en écrivant en caps lock, mais eh, l’esprit est là, puisque ça renforce le point que je voulais faire plus haut, et ça me permet d’encore mieux mettre en avant ce manga des plus intriguant. Notez aussi que cet article est écrit pour célébrer la sortie en France des deux premiers tomes de la série grâce à Ki-oon, qui continue encore et toujours de compléter leur catalogue avec des titres que j’aime énormément (coucou My Hero Academia, Beyond the Clouds et Barrage). Je n’ai pas triché et n’ai pas lu la suite, donc je m’exprime vraiment du point de vue du gars qui découvre en même temps que vous tous et qui donc pourrait avoir raison ou tort dans un avenir plus ou moins proche. Considérez vraiment cet article comme des premières impressions.

L’histoire de Beastars est… Intéressante : dans un monde où les herbivores et les carnivores coexistent plus ou moins paisiblement, le jeune Legoshi, un grand loup timide et asocial est accusé du meurtre de Tem, un herbivore qui faisait partie du même club de théâtre que le garçon. Legoshi va devoir faire ce qu’il faut pour repousser ces accusations et tenter de calmer des esprits chauffés à vif, car cette société repose sur un équilibre des plus précaires.

Comme on peut s’en douter, une des grosses thématiques posées par le manga sera le racisme et le regard qu’ont les gens sur les personnes d’espèces autres que la leur (et l’histoire se déroulant en milieu scolaire, il est aussi question de harcèlement, comme vous pouvez vous en douter). Encore une fois, je ne sais pas où le manga ira, donc je ne sais pas comment seront traités les sujets, mais les bases sont plutôt bien posées et la société dépeinte ici est plutôt crédible, même si comme dans Zootopie, le monde et ses habitants sont à la taille des espèces représentées, donc les souris seront minuscules, là où les loups et les lions seront bien plus grands que les autres. Je vais suspendre mon incrédulité sur ce point, parce que ça peut créer tout un tas de plotholes, mais passons.

Legoshi faisant partie d’un club de théâtre, il est aussi question du milieu et des différents problèmes que cela peut poser en termes de visibilité et de course à la popularité. C’est là qu’entre d’ailleurs en scène Louis, un cerf aux ambitions démesurées et faisant tout pour conserver une image propre de meneur infaillible, car il a plus tard pour but de devenir un Beastar, a.k.a une personnalité tellement populaire qu’elle occupera probablement plus tard un des plus hauts postes de la société. Au bout de deux tomes, on n’a pas encore vraiment idée de l’importance que tout ceci occupera, mais on a un très bon aperçu de la portée du sujet au travers de Louis, qui parvient très vite à s’imposer comme un des personnages les plus intéressants (même si je ne vais pas non plus aller trop loin pour ne pas spoiler).

Beastars Extrait

D’ailleurs, et c’est une décision de la part de Ki-oon que je comprends parfaitement et respecte, les deux premier tomes sont sortis le même jour. Ce n’est pas anodin, car il faut admettre que le tome 1 ne se suffit clairement pas à lui-même et si vous pensez craquer pour le manga, envisagez de prendre directement les deux tomes. Non seulement ils sont complémentaires, mais en plus on a une bien meilleure idée de la direction que compte prendre la série au niveau du ton (même si, et c’est là que ça devient particulièrement excitant, à la fin du tome 2 je ne sais absolument pas ce qu’il va se passer). Et croyez-moi et Ki-oon quand on dit qu’il s’agit d’un Seinen. La violence n’est certes pas *trop* explicite (pour l’instant), mais je sens que ça va vite partir en vrille. Oh, et petit conseil perso : ne lisez pas le tome 2 dans le bus si vous craignez les regards des autres… Je ne vais pas dire ce qu’il se passe, mais disons que ça peut très brièvement devenir très gênant.

Et c’est le moment où je fais une blague nulle en disant que Paru Itagaki a un trait avec une « patte » plutôt unique (har har). Les dessins et le character design se démarquent d’une bonne partie de la production actuelle, optant pour une sorte de réalisme étrange et plutôt cool. Bon, il faut s’y habituer, mais une fois cette étape franchie, on apprécie vraiment le travail de l’autrice.

En bref, je ne vais pas dire que Beastars est une bonne « surprise », puisque je l’attendais comme Lion-el Messi (har har… Urgh je m’auto-saoûle), mais c’est un manga que je peux facilement recommander. Le mystère est plus que présent et il s’agit de ces oeuvres que l’on ne peut pas commencer à lire et en deviner les twists au bout du premier chapitre. Si vous aimez les oeuvres à la violence plus psychologique que physique en plus de sous-entendus sociétaux assez violents, vous pouvez facilement vous jeter dessus. L’attente jusqu’à Mars va être longue…

Indispensable

Benjamin « Red » Beziat