Il existe des jeux qui vous tapent dans l’œil dès la première seconde où ils vous sont montrés. Ça peut être un visuel, un personnage, une patte graphique ou bien une ambiance et avec The Pathless, c’était tout ça à la fois. Ses décors immenses. Sa mystérieuse île sombre flottant au loin. Ses monstres dignes d’un film de Hayao Miyazaki. Son apparente rapidité et fluidité de mouvement. Et sa musique incroyable signée Austin Wintory. Absolument tout dans la première bande-annonce de ce jeu présentée aux Game Awards en 2018 avait de quoi me plaire ! J’ai mis le jeu de Giant Squid direct sur mon radar et l’ai catapulté d’office en numéro 8 dans ma liste des jeux les plus attendus de 2019.
Puis le temps a passé, on a appris que le jeu des créateurs d’Abzû allait aussi sortir finalement en 2020 sur Apple Arcade, puis aussi pour le lancement de la PS5 en plus des consoles et PC habituels, faisant toujours aussi forte impression à chacune de ses apparitions.
Et nous voilà aujourd’hui avec une expérience finale aussi captivante et enchanteresse que prévue. Imparfaite sous certains aspects, mais vraiment incroyables sur tant d’autres au point que c’est vite devenu un gros coup de cœur !
No Straightforward Roads
L’histoire de The Pathless est… Bon, on va être honnête, pas des plus élaborées qui existe : le monde est progressivement envahi par les ténèbres et il en revient à la dernière Chasseuse d’entrer dans des terres à la frontière entre le monde des humains et des esprits pour empêcher à un méchant très méchant et ultra stylé de devenir un dieu qui mettrait fin au monde. C’est juste nous dans un monde désolé face à ce méchant et les quatre esprits protecteurs qu’il a corrompu. Le lore délivré par les esprits des autres chasseurs défunts et des textes trouvés ici et là n’est pas non plus des plus profonds, mais c’est niveau ambiance et visuels que le jeu se rattrape amplement.
Car le monde que l’on parcourt donne l’impression d’être immense et que l’on n’est qu’un simple étranger à ce monde, la solitude nous pesant d’autant plus qu’il n’y a que ruines et un lourd passé tout autour de nous. Heureusement, on n’est pas totalement seul, puisque l’on a un aigle adorable pour nous accompagner et nous aider à traverser ce monde et résoudre certaines de ses énigmes les plus tordues et que l’on peut régulièrement caresser en échange d’un câlin.
En fait, mon seul regret, c’est juste que le méchant principal n’apparaît que de temps en temps pour dire « N’essaye pas de m’arrêter, je vais devenir surpuissant et tu ne pourras rien faire, muahahahah ! » avant de se barrer jusqu’au combat final. Alors certes, il a réussi à corrompre les quatre esprits protecteurs, mais on ne le voit pas vraiment faire grand chose nous-même pour voir à quel point il est une menace… Enfin, au moins il est hyper badass et ça, c’est un point qui va tout à son honneur !
En termes de structure, The Pathless est plutôt simple : vous entrez dans une zone, réveillez le boss de la zone qui viendra promptement vous en coller une, puis après vous devrez parcourir ladite zone afin de repérer des temples qui possèdent des bidules magiques qui permettront d’activer les trois tours qui rendront le boss vulnérable. S’en suit une séquence de course poursuite épique, puis un combat complètement fou après quoi vous avancerez à la zone suivante pour répéter le processus encore et toujours jusqu’à la fin. Toujours trois tours, toujours la même structure pour la progression et ça aurait pu devenir sacrément répétitif s’il n’y avait pas eu que quatre boss sans compter la zone finale. Arriver au bout de l’aventure sans trop m’éparpiller m’a pris entre quatre et cinq heures, mais c’était en laissant de côté pas mal d’énigmes en plus des petites épreuves bonus qui permettent de débloquer des cristaux pour permettre à notre aigle de voler plus haut.
Beaucoup feront un parallèle avec The Legend of Zelda Breath of the Wild aussi bien pour l’ambiance, que les visuels et le gigantisme des niveaux, mais il y a aussi pas mal d’énigmes et de secrets partout qui nécessitent de se placer en hauteur afin de scanner la zone pour trouver nos prochains objectifs. On peut utiliser un masque à tout moment pour mettre en surbrillance tous les points d’intérêt sur la carte et on retrouve ce même sentiment de curiosité qui nous pousse à ne pas forcément filer en ligne droite là où l’on aurait pensé aller en premier lieu car autre chose nous a intrigué.
Et en parlant des puzzles, un truc vraiment intéressant, c’est qu’ils ne nécessitent pas de trouver des outils spécifiques pour les faire en dehors de ceux proposés dans la zone du puzzle. En gros, on peut les caser en trois catégories : ceux nécessitant du feu, ceux nécessitant un objet à placer sur un interrupteur et ceux qui demandent à ce que l’on tire une flèche dans des cerceaux. Pas besoin non plus de savoir trop viser car avec le bon angle, les flèches vont ricocher là où il le faut. Ce que j’ai trouvé fascinant, c’est que la plupart des énigmes ne sont pas trop faciles, mais pas non plus tellement difficiles qu’il faut consulter un guide. Pour le coup, et c’est vraiment rare que ça m’arrive, j’avais envie de résoudre toutes les énigmes du jeu par moi-même. D’habitude, il arrive un moment où j’en ai un peu marre et suis tenté d’ouvrir un guide, mais dans le cas de The Pathless, j’étais déterminé à tout faire moi-même car je savais que le truc qui m’aiderait à résoudre l’énigme n’était pas loin et qu’il me faudrait juste fouiner un peu pour y arriver. D’ailleurs, il y a aussi des petits temples avec des épreuves vraiment cool qui durent une dizaine de minutes et une fois que l’on comprend comment le tout fonctionne, on a ce petit moment d’eurêka qui nous fait nous sentir plus malin que d’habitude !
J’ai dit plus tôt que les mondes ont l’air immenses et c’est le cas, mais la traversée d’un bout à l’autre de chaque zone peut se faire en quelques minutes à peine grâce à un système de déplacement aussi malin que fun ! Concrètement, le monde est rempli de petits talismans flottants qui remplissent notre jauge d’endurance si on les frappe d’une flèche bien placée. Ainsi, si vous faites les choses bien, il est possible de courir indéfiniment en avançant et en tirant régulièrement des flèches sur les talismans, donnant un flow plus que satisfaisant au jeu. Mon seul souci venait du fait qu’à la longue le processus devenait un poil usant, puisque ça demande de maintenir R2 une demi-seconde avant de le relâcher, mais vu que le jeu durait à peine 5 heures ça n’a pas eu le temps de devenir trop lassant.
Enfin, concernant les boss, même s’ils suivent tous une structure en deux actes avec une séquence de course-poursuite assez similaire, la seconde phase, elle, est unique à chaque monstre et est un vrai bonheur de mise en scène ! En fait on dirait que les développeurs ont vu la dernière phase du combat de fin de Breath of the Wild et se sont mis en tête de le rendre bien plus fun à jouer et de multiplier ça par cinq boss !
Mon seul vrai regret vient du fait que même s’ils sont hyper cool, ils donnent l’impression de manquer malheureusement un peu d’enjeux car notre héroïne ne peut pas mourir… Enfin, il n’y a pas de vraie animation de mort et d’écran qui dit Game Over, car la seule pénalité pour se manger deux coups, c’est éventuellement de sortir de l’arène et de recommencer la séquence de combat mais sans que ça ne soit dit explicitement. Pour le coup, c’est un peu comme le génial Prince of Persia de 2008 qui lui aussi n’avait pas d’écran de Game Over et qui ne faisait que remettre de la vie à l’ennemi. C’était un choix tellement en avance sur son temps que beaucoup ne l’avaient pas compris et The Pathless semble avoir pris des notes de ce jeu pour son système de combat, mais le résultat final donne l’impression que les combats sont trop faciles. Bon après, il y a quand même une sacrée pression par moments et des moments qui demandent de bons réflexes, couplés à une mise en scène vraiment sympa, donc je n’en ai pas non plus totalement tenu rigueur.
Enfin, impossible de parler du jeu sans évoquer sa bande-son magique par Austin Wintory ! Le compositeur de Journey, The Banner Saga et Abzû s’est encore une fois dépassé, offrant une ambiance musicale qui est tantôt pesante, tantôt magique et incroyablement épique quand il s’agit des combats de boss ! C’est le genre de bande-son qui s’apprécie beaucoup plus dans le contexte du jeu qu’en dehors, mais qui reste d’une incroyable qualité !
Au final, vous aurez bien compris que j’ai beaucoup aimé The Pathless ! Son univers prenant et ses boss incroyablement mis en scène couplé à ses énigmes stimulantes font que j’ai eu du mal à lâcher la manette et ai passé un très bon moment.
Le seul vrai gros bémol vient de sa faible durée de vie si on ne vient que pour l’histoire et surtout si l’on prend en compte le prix du jeu. Je peux facilement comprendre que 35€ en démat et 50€ en boîte pour environ 5h de jeu, ça peut faire mal si l’on n’est pas certain de son coup et vu la période à laquelle ce jeu sort, c’est plus que compréhensible si vous comptez attendre une baisse de prix ou bien plutôt privilégier le prendre sur iOS via l’Apple Arcade, puisque dans ce cas ça ne revient qu’au prix de l’abonnement au service.
Mais dans tous les cas, je peux très facilement le recommander à quiconque chercherait un jeu poétique qui permet de se perdre l’espace d’un instant dans un monde magnifique, peu importe le prix que vous pensez y mettre. En plus c’est un jeu avec du tir à l’arc qui ne nécessite pas un bon aigle pour tirer…Euh angle !
… Oui, j’ai passé deux minutes à essayer de trouver une bonne vanne, mais je n’avais rien.