Quand on parle des grandes sagas du jeu vidéo côté RPG japonais, on pense d’office à Final Fantasy, Dragon Quest ou bien Shin Megami Tensei (même si c’est plus souvent Persona, on va pas se leurrer) et, un peu moins souvent des Tales of. Ou du moins, quand les gens parlent de la série Tales of, c’est 9 fois sur 10 soit de Tales of Symphonia sur GameCube ou bien Tales of Vesperia sorti sur Xbox 360, puis PS3, mais pour ce qui est de Tales of the Tempest ou Tales of Xillia, il n’y a plus personne !

Bon, en vrai, faut dire que passée la sortie de Vesperia, la plupart des épisodes de la série sont sortis en catimini et quasiment à la chaîne, faisant que la sortie d’un nouvel épisode n’était pas vu comme un événement plus que comme quelque chose de normal.

J’imagine que c’est en partie à cause de cette absence de hype que Bandai Namco a décidé de se faire plus discret avec la série, préférant mettre la série en sommeil pour mieux pouvoir la réinventer et frapper un grand coup… Ce qu’ils ont fait à juste titre, puisque non seulement la hype autour de Tales of Arise était bien plus palpable que pour les épisodes précédents, mais aussi parce que bons dieux cet épisode est tout simplement magistral !

Ceux qui me connaissent risquent d’être choqués par la phrase qui suit, mais je n’ai pas pris autant de plaisir à faire un JRPG que depuis l’excellentissime Xenoblade Chronicles 2 sorti en 2017 (si on compte pas le remake du premier sorti l’an dernier, on s’entend) ! Sachant que je place ce jeu parmi le très haut du panier et que j’ai testé ce jeu dans des conditions assez extrêmes qui auraient pu transformer Tales of Arise en une autre catastrophe qu’était le test de Persona 5 Royal, c’est le signe que l’on fait face à quelque chose de grandiose !

Et avant de commencer cette critique, il faut que je détaille un peu les conditions de ce test : j’ai reçu le jeu le jour de sa sortie le vendredi 10 septembre et l’ai fini en début d’après-midi le mardi 14 au bout de 31 heures de jeu. Bon, déjà, ne faites pas ça chez vous, c’est vraiment mauvais pour la santé, d’autant plus que j’étais tombé bien malade en plein milieu du test, donc autant dire que j’ai quand même fini le jeu en étant physiquement rincé.

Aussi, si vous pensez que 31h pour finir le jeu est un peu court, il faut noter qu’à ma grande surprise Bandai Namco m’avait donné une clé de la version Ultimate, contenant un DLC qui réduisait un peu le temps passé à grinder, que j’ai moi-même réduit en achetant quelques DLC supplémentaires pour monter en niveaux beaucoup plus rapidement, coupant facilement une dizaine d’heures de grinding plus que nécessaires pour survivre face à des boss bien brutaux. Certains diront que j’ai triché, mais vu comment le jeu reste bien difficile malgré ça, pas vraiment et j’ai aussi choisi cette façon de faire, puisque Lost Judgment sort aussi très prochainement et je n’avais pas envie de me bousiller la santé en testant deux jeux de plus de 30h d’affilée, sans parler du boulot que j’ai à côté.

On pourrait facilement débattre le côté éthique de littéralement vendre des cheat codes 2 à 3€ pièce et en temps normal je serais tout aussi dubitatif que vous et même un peu véner, mais vu les circonstances et le contexte de sorties ultra chargées, je vais passer outre pour cette fois en me disant que ça m’évite de finir à l’hôpital avec une pression sanguine trop élevée…

Maintenant que ça, c’est dit, il est temps de repasser en mode ultra positif, parce que ce jeu est génialissime et j’ai vraiment pris mon pied d’un bout à l’autre et je vais vous expliquer pourquoi !

Combat à la zeugle

Tales of Arise nous conte une histoire vraiment intéressante autour d’un conflit entre deux planètes qui s’est soldé 300 ans plus tôt sur la totale domination de l’une sur l’autre. Ainsi, la planète de Rena a réussi grâce à sa technologie de pointe à envahir et asservir le peuple de la planète de Dahna. Réduits à la condition d’esclaves, les dahniens sont forcés de travailler jusqu’à leur mort afin d’alimenter les seigneurs du coin en énergie qui s’enrichissent encore et encore dans le seul but de devenir les rois de Rena pendant 10 ans avant qu’un autre tournoi ne soit mis en place pour qu’un autre roi leur succède.

On incarne un esclave au masque de fer qui n’a plus aucun souvenir de son passé et qui a pour particularité de ne pas ressentir la douleur. Un jour, il tombe sur Shionne, une mystérieuse jeune femme originaire de Rena qui elle a pour particularité de ne pas pouvoir toucher qui que ce soit sous peine de les électrocuter et, de fil en aiguille, le duo décide de renverser le seigneur local et de suivre le plan de Shionne qui consiste à mettre fin au jeu des seigneurs en les tuant purement et simplement.

Je ne vais pas aller plus loin dans les détails, mais je vais juste dire que l’histoire est hyper prenante et bien rythmée, avec des twists vraiment intéressants et un propos sur la révolte du peuple qui paraît étrangement actuel et pertinent.

En fait, si je devais pinailler un peu, c’est que même si les personnages sont tous très bien et que son histoire vraiment mature et philosophique peut amener à des réflexions vraiment intéressantes, j’étais un poil déçu par une certaine absence de moments plus légers en dehors des quêtes annexes ou de certains apartés. Côté scénario, c’est sérieux 98% du temps, ce qui n’est clairement pas une mauvaise chose, surtout vu comment apporter du l’humour au mauvais moment aurait pu facilement briser le propos du jeu, mais du coup ça fait que tous les personnages principaux sont des vecteurs de discours et de réflexions et on ne voit pas assez leur côté détendu qui les rendrait encore plus humains.

Encore une fois, je ne dis pas que c’est un problème, surtout en voyant des personnages principaux aussi adultes et raisonnables (mention spéciale à Kisara et Dohalim, qui sont vraiment les sages du groupe) et encore plus en voyant certaines des épreuves qu’ils traversent et qui m’ont presque fait fondre en larmes. Vraiment, l’histoire de ce jeu est d’une intensité et d’une puissance qu’on aime voir et qui font que l’on finit avec la sensation d’avoir vécu une histoire vraiment excellente !

Les deux autres petits pinaillages concernant le scénario, c’est que certains mini-twists peuvent être grillés la seconde où un élément est introduit, au point que je pouvais prédire avec exactitude le moment où un truc allait se passer (et ça n’a pas loupé) et aussi le jeu est verbeux. Peut-être est-ce aussi parce que j’ai fait le jeu en 4 jours, mais il arrivera pas mal de moments où le jeu te rappellera avec insistance certains trucs, voire feront un récap de la précédente cutscene au cas où on aie pas compris ce qui vient de se passer. C’était un poil lourdingue sur les bords, même si je peux facilement imaginer que c’est structuré comme ça aussi et surtout pour les joueurs normaux qui mettront des semaines à finir ce jeu et donc les doses de rappel sont plus utiles. Bon, et aussi c’était bien pour mon cerveau de reptile assommé par les sessions de plus de 8h par jour, puisqu’au moins je retenais mieux les informations que l’on me balançait, soit.

Côté structure, Tales of Arise est un JRPG pur et dur où on avance d’un point A à un point B dicté par le scénario et on tape sur les monstres en chemin pour se faire de l’XP pour espérer survivre face à des boss vraiment brutaux (mais j’y reviens plus tard). On a le droit à plein de quêtes annexes pour gagner des sous, des objets et des points de compétence que l’on pourra dépenser dans des arbres de compétences vraiment malins. Concrètement, ces arbres de compétences sont répartis en cercles de 6 compétences à débloquer. Complétez un cercles et vous gagnerez un boost de puissance ou de défense, sachant que vous pouvez aussi débloquer d’autres cercles en remplissant des objectifs plus ou moins cryptiques. C’est un système que je trouve vraiment intéressant dans le sens où il est possible de soit chercher à avoir les upgrades les plus utiles ou bien y aller plus méthodiquement pour débloquer tous les boosts.

Il y a aussi une quête annexe qui dure un petit moment et qui est vraiment drôle impliquant de trouver des hiboux planqués dans les décors de manière plus ou moins subtile. Trouvez-en un et vous débloquez un élément cosmétique, comme des oreilles de chat, des lunettes rigolotes ou d’autres accessoires un peu débiles. Trouvez-en suffisamment et vous pourrez même carrément débloquer des costumes entiers qui donneront l’impression d’incarner un groupe de cosplayers de Japan Expo partis sauver le monde !

Côté système de combat, c’est là que Tales of Arise frappe un grand coup, avec un gameplay ultra nerveux, dyamique et avec quelques petites révolutions là où on ne l’attend pas forcément.

Ainsi, vous pouvez attaquer normalement en appuyant sur R1 avec des dégâts minimaux, mais qui ne demandent rien et qui permettent à la longue de recharger une barre nécessaire pour utiliser les artes, des attaques spéciales que l’on peut customiser au fil de l’aventure et qui s’utilisent avec trios des boutons d’action. Il est aussi possible d’appeler nos camarades à l’aide quand leur barre est remplie pour qu’ils lancent une attaque spéciale et selon le type d’ennemi, ça peut carrément l’immobiliser quelques secondes. Enfin, les ennemis ont une jauge de choc un peu similaire à Final Fantasy VII Remake qui permet de balancer une attaque dévastatrice s’ils sont sonnés et qui peut aussi toucher les autres ennemis dans la zone pour faire le ménage bien plus efficacement !

Chaque personnage se contrôle très différemment des autres et là où monsieur Masque de Fer utilise des combos classiques à l’épée et peut propulser ses ennemis dans les airs, Shionne doit elle se tenir à distance pour canarder ses adversaires. Law peut attaquer comme un bourrin et gagner en puissance s’il ne se fait pas toucher, etc. Il y en a pour tous les goûts et toutes les stratégies, sachant que l’on peut aussi changer de personnage à la volée si nécessaire.

Et le petit détail que j’ai vraiment apprécié, c’est que les attaques pour achever les adversaires ainsi que les attaques ultimes de nos personnages ne durent pas plus de 4 secondes ! Ça peut paraître anodin, mais sachant qu’on utilisera beaucoup ces attaques, ça nous permet de finir le combat sur une note spectaculaire sans que ça ne donne l’impression de s’éterniser à la longue !

Le seul petit défaut du système de combat, c’est que quand ça devient un peu trop frénétique, on peut appuyer plusieurs fois sur les touches et le jeu va toutes les prendre en compte pour faire des enchaînements pas forcément désirés. On peut annuler les combos en faisant des esquives ceci dit, mais quand la jauge d’attaque ultime apparaît à l’écran et que pour l’activer il faut maintenir deux des boutons d’attaque enfoncés, on peut avoir l’impression que le jeu ne prend pas en compte notre commande, puisqu’il fera obligatoirement une des attaques avant de balancer l’attaque ultime. C’est compliquer à décrire dit comme ça, mais c’est pas des plus agréables et ça reste un coup à prendre.

Concernant la difficulté des batailles… Tales of Arise ne nous fait aucun cadeau. J’ai joué au jeu en difficulté Normale tout du long et même en commençant à tricher un peu passé la quinzaine d’heures de jeu en achetant les packs pour gagner en niveau en deux secondes, certains boss m’ont collé de sacrées sueurs froides. Dans la première moitié, les combats sont tendus, mais rarement insurmontables, mais passée la seconde moitié, les boss et les mini-boss attendent de nous que l’on maîtrise le système d’esquive et que l’on étudie bien leurs attaques pour pouvoir les encaisser au mieux. Pour le coup, j’ai eu la chance de ne pas avoir à autant jouer la carte de la finesse, mais je sais que pour beaucoup de joueurs certains combats se joueront au PV près, d’autant plus que les boss sont de vrais sacs à PV qui peuvent durer un bon moment ! Bon, après, il y a toujours la possibilité de changer de niveau de difficulté à la volée, si besoin, mais bon, bon courage quand même !

Côté présentation, Tales of Arise a décidé d’opter pour un changement de style graphique assez radical par rapport à ses prédécesseurs. Le cel shading assez caractéristique pour coller à une esthétique purement anime avec ses textures simples a été remplacée par des textures plus proches de l’aquarelle et même si je dois avouer qu’au départ je n’étais pas totalement fan du rendu, je m’y suis vite fait et ai même trouvé ça plus que sublime et stylisé bien assez vite. Couplez ça à des lumières vraiment crédibles et ça donne un résultat bluffant qui fait plaisir à voir !

Et enfin, côté musiques, Motoi Sakuraba est de retour en très, très grande forme et signe ici une bande-son qui est un gros point culminant de sa carrière et comme une sorte de bilan. On y retrouve un peu de Valkyrie Profile, un peu de Golden Sun, un peu de Dark Souls et même des morceaux qui sonnent un peu plus occidentaux qu’à son habitude où on a l’impression d’entendre du Grant Kirkhope dans sa période Viva Pinata ou bien du Jeremy Soule et son boulot sur Skyrim. Le résultat final n’est pas forcément très cohérent, mais les musiques sont vraiment plaisantes à écouter !

Au final, Tales of Arise est un JRPG qui est excellent sous tous ses angles. Son histoire est excellente. Ses personnages sont excellents. Son système de combat est excellent. Sa présentation est excellente. Ses musiques sont excellentes, et sa durée de vie variable fait que ça peut être tout aussi bien une longue aventure que quelque chose de plus condensé mais tout aussi prenant !

Si vous aimez les JRPG et surtout quand il sont un peu plus sérieux que la moyenne, vous allez passer un excellent moment dessus.

Bref, Tales of Arise est excellent. Tales of Arise est un Indispensable.