Quand Marvel’s Spider-Man est sorti en 2018 (déjà !?), tout le monde a été pris de court par l’incroyable qualité du jeu. Maîtrisé de bout en bout avec un gameplay fun et avec une histoire ultra prenante, c’est ultra cliché à dire, mais on avait la sensation d’être Spider-Man. Bon, faut dire qu’avec Insomniac aux commandes, a.k.a le studio derrière la série Ratchet & Clank et du très sous-estimé Sunset Overdrive, ce n’était pas si surprenant, mais ça faisait plaisir à voir, d’autant plus que l’on savait via une scène post-crédits typique de Marvel que l’on aurait le droit à une suite tôt ou tard.

Et cette suite, on… Ne l’a pas tout à fait aujourd’hui avec Marvel’s Spider-Man Miles Morales. Pour le coup, il s’agit plus d’un épisode 1.5 qui sert aussi à mettre un peu mieux en avant le personnage de Miles, en plus de renforcer un tant soit peu le line-up de lancement de la PS5 en attendant que n’arrive l’inévitable Marvel’s Spider-Man 2, soit le quatrième Spider-Man 2 en 20 ans !

En tant que jeu, il est très bon. En tant que démo technique pour la PS5, c’est aussi assez intéressant. En tant qu’apéritif pour le 2, c’est plus qu’appétissant… Mais en tant que jeu du lancement presque vendu plein pot, c’est tout de suite plus compliqué tant l’expérience s’avère courte. Intense, mais courte quoi qu’il en soit.

Le Morales dans les Chaussettes

L’histoire de Marvel’s Spider-Man Miles Morales se situe peu de temps après la fin du premier épisode. Peter Parker apprend à Miles comment devenir Spider-Man et suite à une erreur de jugement du jeune super-héros, la ville est mise sens dessus dessous par le Rhino dans une séquence d’intro vraiment impressionnante. Peu après ça, Peter annonce qu’il doit partir en vacances forcées quelques semaines, confiant ainsi la protection de la ville à son jeune protégé en espérant que tout se passera bien.

Bien entendu, ça ne serait pas un jeu vidéo Spider-Man si tout se passait tranquillou et notre pauvre ado se retrouvera au cœur d’un joyeux bazar. Je n’en dirai pas plus, mais l’histoire en elle-même est vraiment sympa ! Ce n’est pas non plus révolutionnaire, ni ça ne gagnera des prix de meilleur scénario, mais ça se suit avec énormément de plaisir et, comme dans le premier épisode, il y a suffisamment de nuances pour rendre les personnages vraiment attachants… À l’exception d’un des méchants principaux, qui est tellement pas subtil et aussi machiavélique qu’un méchant de cartoon des années 80 que ça en devient étrangement amusant, surtout grâce à la performance vocale d’un Troy Baker (Joel de The Last of Us ou Vincent dans Catherine) qui semble beaucoup trop s’amuser dans son rôle !

Un truc bien que j’ai remarqué, c’est que l’histoire n’essaye pas de dissimuler ses twists ultra prévisibles en révélant le truc que l’on avait déjà deviné généralement dans les 5 minutes où l’élément prévisible est introduit, faisant qu’ainsi elle peut se focaliser sur les relations entre les personnages pour vraiment nous faire ressentir au mieux les enjeux. Et niveau rythme, c’est là-aussi plus que bon, puisque l’aventure se boucle en 5 à 6 heures si vous ignorez la plupart du contenu annexe. Personnellement, j’ai mis un peu plus de 7 heures avant d’en voir le bout tout simplement parce que j’aimais bien me balader et flâner, rien que grâce au fait que, comme dans le premier épisode, contrôler Spider-Man est quelque chose de très fun en soi. Pour le coup, je pense que si vous prenez vraiment votre temps pour tout finir à 100%, il y a moyen pour que ça vous dure une douzaine, voire une quinzaine d’heures, mais probablement pas plus.

Côté structure, il n’y a pas plus typique que cette série. C’est un open-world tout ce qu’il y a de plus classique, avec de nombreux points sur la carte qui correspondent à diverses missions allant d’arrêter des criminels à aider des gens ou bien prendre des photos, récupérer des bidules ou bien, plus créatif, retrouver des sons spécifiques pour créer sa propre mixtape en tentant de retrouver la source de certains bruits et les prendre à la bonne distance. C’est un peu gimmick, mais ça joue bien sur le son et c’est plus qu’appréciable à faire au casque en plus de développer certains personnages. Pour le coup, si vous avez joué au premier épisode, vous serez en terrain connu, ce qui est à la fois une bonne chose et… Pas vraiment mauvais, mais juste pas bien surprenant. Ceci étant dit, certaines missions sont rigolotes et aboutissent sur des moments qui peuvent bien faire sourire, donc n’hésitez pas à vous balader.

Niveau gameplay, là aussi c’est très similaire au premier, même si Miles introduit deux mécaniques, dont une qui brise un peu le jeu en deux. En plus de la mécanique de combos aériens qui rendaient les combats sur les toits déjà triviaux puisqu’il suffisait juste de jeter les gens par-dessus bord, Miles a des pouvoirs électriques qui sont très utiles pour faire un max de dégâts (et qui d’ailleurs est très bien équilibrée, puisque la jauge d’attaque sert aussi à regagner de la vie qui peut partir extrêmement vite si on fait pas gaffe), mais il a aussi le pouvoir de se rendre invisible, ce qui, couplé au radar qui indique si attaquer un ennemi est sûr ou non, rend les séquences d’infiltrations triviales.

En gros, la tactique ultime consiste juste à se cramponner à un truc au plafond, proche d’un ennemi isolé, le neutraliser soit en le ramenant vers soi, soit en faisant une attaque plongée et ensuite se barrer et recommencer. Cette mécanique one-shot tout le monde, y compris les ennemis plus balèzes et si vous vous faites repérer, suffit juste de devenir invisible, partir dans les hauteurs et attendre 10 secondes que les ennemis baissent leur garde et retournent à leur poste et ensuite vous pouvez reprendre votre cycle de chaos. Bon, faut aussi noter que cette méthode prend un peu de temps, et il y a quelques gadgets rigolo qui permettent de s’exprimer un peu, comme des hologrammes pour distraire les ennemis ou bien des mines qui peuvent être plus puissantes si collées à un générateur, mais concrètement, si vous y allez discrètement, vous êtes plus ou moins inarrêtable, ce qui en soit est une bonne source de fun !

Pour offrir un peu de variété, il y a aussi quelques combats de boss qui sont vraiment cool et qui offrent un bon défi, même si le boss final a une phase absolument brutale qui nécessite de très bons réflexes.

Côté présentation, comme le premier, c’est très joli. Le jeu offre un mode cinématique à 30 images par secondes avec un Ray-tracing aussi subtil que bien réussi et la 4K, et un mode performance à 60 images par secondes, mais avec des détails en moins. Vous pourriez penser qu’avec une télé qui ne va que jusqu’en 1080p j’aurais choisi le mode à 60 images par secondes, mais, étonnamment, je préférais jouer à 30 images par seconde dans le cas de ce jeu. La trop grande fluidité dans les mouvements couplé à une caméra un peu trop intense a fait que l’expérience de jeu était assez désagréable à 60fps, là où dans un jeu comme Demon’s Souls je préfère le faire tourner à 60. C’est peut-être juste moi, mais passons.

Le seul détail qui m’a pas mal gêné, même si ça ne dure que quelques minutes, c’est le changement de visage de Peter Parker, qui fait beaucoup plus jeune que dans l’épisode original. Dans les faits, Insomniac a justifié ça par le fait que c’était pour mieux coller à la voix de Yuri Lowenthal, mais bizarrement, je trouve que ça colle encore moins à sa voix. Enfin… Je ne m’étendrai pas trop longtemps sur le sujet, mais c’est un de ces rares cas où je dirais « c’était mieux avant ».

Côté trucs sympas qu’ajoutent cette nouvelle mouture PS5, les temps de chargement instantanés sont clairement ce qui rend l’expérience intéressante ! Les déplacements instantanés sont vraiment instantanés et depuis le menu de la console, arriver dans le jeu lui-même ne prend qu’une dizaine de secondes, ce qui m’impressionnera toujours ! La DualSense est aussi bien exploitée, avec une légère résistance qui se manifeste à chaque fois que l’on lance sa toile et des vibrations vraiment rigolotes, notamment quand Miles se mange de l’électricité et que ça crépite ! Le son 3D, lui n’est pas autant utilisé que dans Demon’s Souls, mais ça fait le taf.

Enfin, j’ai aussi eu le droit à deux bugs assez relous, le premier qui a carrément nécessité que j’éteigne et rallume la console et le second qui m’a juste fait fermer le jeu. Vu que j’ai aussi eu des plantages sur Astro’s Playroom et Demon’s Souls, je pense que le problème vient bien du firmware de la console qui n’est pas assez stable pour l’instant et donc j’attends avec impatience la prochaine grosse mise à jour, dans l’espoir que ça corrige ces problèmes… Bon après, juste pour vous rassurer, ça fait quatre plantages en une dizaine d’heures de jeu + quelques heures sur YouTube, donc c’est très certainement que des problèmes de firmware et non de hardware… Enfin j’espère ;_;

Au final, Marvel’s Spider-Man Miles Morales n’est pas un mauvais jeu. Pour le coup, il est même très agréable et fun ! Mais à cause de sa faible durée de vie couplée à la sensation qu’il s’agit d’un apéritif en attendant le plat de résistance, j’ai vraiment du mal à vous le recommander à plus de 40 euros. Certainement pas 60, éventuellement 50 si vous souhaitez vraiment soutenir Insomniac. Uncharted The Lost Legacy proposait un pitch assez semblable de jeu en stand-alone à budget moindre et à durée de vie équivalente et était vendu à 40 euros, donc en dehors de la justification qu’il s’agit d’un jeu next-gen, je ne vois pas trop l’explication derrière ce prix.

Après, si vous n’avez pas fait le jeu original, l’édition Ultimate à 80€ qui contient la version Remastered du premier jeu Spider-Man avec le nouveau Peter peut un peu mieux passer si l’on imagine les deux jeux vendus 40€ chaque, mais bon, là-aussi je ne recommande cette édition qu’à ceux qui découvriront la série.

Je vais quand même le recommander fortement, car, encore une fois, le jeu est très cool et une bonne démonstration de ce que peut offrir la PS5, surtout du côté des temps de chargement. Faut juste que vous sachiez combien vous voudrez investir dans un jeu qui vous durera le temps d’un week-end ou deux si vous y allez à la cool.