Note : Exemplaire directement fourni par l’éditeur. Jeu testé sur PS4 classique.
Légendaire. Mythique. Monstrueux. Culte… Il y a tellement d’adjectifs que l’on pourrait utiliser pour décrire Shadow of the Colossus. Un classique de l’ère PS2, ce jeu a influencé nombre de développeurs et projets et presque tout le monde le considère comme un des meilleurs jeux de tous les temps. Et même si personnellement je trouve que le jeu est loin d’être parfait (j’y reviendrai), il n’empêche que je ne peux que reconnaître le coup de maître que ce jeu a pu représenter à l’époque. Une véritable prouesse technique en plus d’être un puzzle-game particulièrement impressionnant et une oeuvre particulièrement osée, proposant un rythme déconcertant et un sens plus que poussé de l’ambiance, rendu encore plus marquant grâce au fantastique travail de Bluepoint Games, qui ne s’est pas contenté de faire un simple portage, mais une véritable remise à jour graphique qui place la barre visuelle à la hauteur des plus beaux titres sortis à ce jour.
Shadow of the Wild
Un jeune homme traverse des contrées hostiles à dos de cheval. Avec lui, le corps sans vie de sa bien-aimée, qu’il compte amener dans les Terres Interdites pour tenter un rituel dangereux pour la ressusciter. Là-bas, il entend la voix de Dormin, une entité le prévenant qu’accomplir cette tâche sera difficile, car elle implique devoir mettre à mort 16 colosses… Mais le jeune homme est déterminé, comme en atteste le fait qu’il aie pris la peine de voler l’épée sacrée qui lui permettra de trouer la peau des monstres.
Dormin hésite, puis accepte la requête de jeune homme : en échange de la mise à mort des 16 colosses, l’entité ramènera la jeune femme à la vie et lui indique donc la marche à suivre. Et c’est donc armé d’une simple épée, d’un arc et d’un cheval dissident que l’on part dans une aventure à la fois épique… Et parfois terriblement ennuyante.
Car Shadow of the Colossus est un boss rush : on ne peut qu’aller tuer les colosses et il n’y a rien d’autre à faire autre que regarder les paysages et lutter contre un cheval qui parfois n’en fait qu’à sa tête juste pour nous frustrer un peu plus. Bien évidemment, cela est un choix purement artistique : après tout, il serait bizarre que des terres abandonnées par les hommes depuis des générations comporte un lot de distractions et le but de l’expérience est de nous faire sentir le poids de la solitude du jeune homme, qui a tout abandonné dans le seul but de ramener sa bien-aimée à la vie et le cheval se comporte comme un vrai animal, ce qui est à la fois remarquable et incroyablement frustrant. Après, ça serait de la mauvaise foi de dire qu’il n’y a rien, car, en dehors d’un segment au milieu et à la fin du jeu, l’histoire est totalement implicite. Les décors, magnifiques, racontent ce qu’il s’est passé et l’on peut avoir des éléments de sous-texte vraiment intéressants. Il suffit de voir le positionnement de certains des colosses ou bien comment on les découvre pour se dire qu’il s’est passé quelque chose pour qu’ils soient là en premier lieu.
Après, et dans un sens, c’est un très bon point que les limitations techniques et de budget y aient contribué, la carte est plutôt petite par rapport aux jeux en monde ouvert de notre époque. Les Terres Interdites sont à peine plus grandes que le Plateau du Prélude de The Legend of Zelda : Breath of the Wild (qui s’est très certainement inspiré de Shadow of the Colossus pour sa narration implicite) et donc arriver du point de départ jusqu’au colosse suivant prend en moyenne moins de dix minutes (même si ces dix minutes peuvent sembler parfois bien longues).
Puis vient le gros de l’expérience : les colosses. Dire que Shadow of the Colossus est un Puzzle-Game avec une touche d’action ne serait que très peu exagérer, car, même si le but final reste de planter notre cure-dents dans leur(s) point(s) faible(s), très souvent situé sur le crâne, tous sont très différents les uns des autres. Les premiers peuvent se faire tuer en quelques minutes, mais plus on avance, plus les tactiques à utiliser pour les mettre à mort deviennent tordues. Mais, et c’est une constante : tous sont extrêmement fun à battre et c’est toujours très satisfaisant de les voir tomber, aussi bien parce qu’on les a massacrés en quelques secondes ou bien parce qu’on aurait galéré à trouver comment les battre. Et parce que la tension est toujours à son comble du fait que l’on n’est qu’un frêle humain affrontant des bêtes faisant parfois trente mètres de haut pouvant nous écraser en moins de deux secondes, on a droit à ce joli rush d’adrénaline et cette envie de passer directement au suivant une fois que l’on en a battu un (ce qui explique aussi la sensation d’ennui entre chaque de devoir se taper tout le chemin).
C’est comme Space Mountain !
Il convient de parler du travail exceptionnel de Bluepoint Games sur ce remake, car il s’agit de la meilleure remise à jour graphique d’un jeu depuis Wonder Boy : The Dragon’s Trap ! Tous les éléments visuels ont été revus pour gagner en détail, et ce non seulement du point de vue des textures, car là où à l’époque on avait des falaises lisses et inintéressantes, là, on a des rochers imparfaits et donnant l’impression que tous sont uniques. Idem pour les arbres, les plantes et les structures créées par la main de l’homme et c’est sans compter sur les monstrueux effets de lumière et de brume ajoutés absolument partout. Ça peut paraître idiot, mais c’est ça qui m’a permis d’enfin finir le jeu pour la première fois, m’étant arrêté les six dernières fois à peine à la moitié du jeu parce que traverser les décors lisses m’ennuyait vraiment trop. Là, grâce à ce lifting, ma mâchoire est tombée tellement de fois que j’en ai perdu le compte et ai pris la peine de m’arrêter à quelques reprises pour bidouiller des plans avec un mode photo particulièrement poussé et pouvant donner des images sublimes à partager.
De plus, le remake propose deux nouvelles manières de jouer afin de rendre les contrôles plus intuitifs pour ceux n’y ayant pas joué à l’époque, ainsi qu’un New Game + et un mode Miroir en plus du mode Time Attack déjà disponible dans la version de base.
Les compositions de Koh Otani n’ont pas été retouchées pour un sou, les musiques étant déjà parfaites à l’époque et l’ajout du « son 3D » pour les casques est certes anecdotique, mais plutôt bienvenu.
En bref, malgré ses quelques défauts de rythme, Shadow of the Colossus reste une expérience à faire absolument. Combattre des colosses est extrêmement fun et satisfaisant et la traversée des décors, bien que quelque peu monotone, est rendue bien plus supportable grâce à un remake qui ne lésine pas sur les détails pour vous faire baver les rétines. C’est bien simple : la version PS4 est désormais LA version ultime de Shadow of the Colossus. Il s’agit du plus beau remake de tous les temps (si l’on exclut Wonder Boy The Dragon’s Trap, qui le bat à plates coutures dans ce domaine-là) et il serait bête de passer à côté. Si vous avez déjà fait le jeu et que vous l’aviez adoré, vous pouvez sans hésiter y mettre les 40€ demandés. Après, si comme moi vous l’aviez fait et pas tant adoré que ça, je pense que vous pouvez attendre une baisse de prix ou bien fureter ici ou là pour le trouver moins cher, car il mérite quand même le coup d’oeil. Et si vous ne l’avez pas fait… Qu’est-ce que vous attendez ? C’est un classique auquel n’importe qui devrait jouer au moins une fois dans sa vie et ça vous durera entre 3 (si vous connaissez les boss par coeur) et 8-10 heures et ça raconte un conte à la fois onirique et universel qui ne pourra que vous transporter et qui est à l’origine de beaucoup… Beaucoup de nos jeux préférés.
Bref, jouez à Shadow of the Colossus, aussi bien pour son côté ultra fun dans ses combats que son aspect historique.
Benjamin « Red » Beziat