Passant d’expérience de gameplay assez atypique à superstar des métros japonais, la série des Monster Hunter a connu une montée en popularité comme seules les plus grandes séries japonaises savent faire. Cependant, même si le marché japonais était globalement conquis, il restait un marché à convaincre : l’Occident. En effet, en dépit de ventes relativement bonnes avec les épisodes Tri et 4 Ultimate, la série a toujours eu un peu de mal à s’imposer comme un nom incontournable dans nos régions. Capcom l’a compris et a donc décidé de changer très légèrement l’image de sa série et de la catapulter sur les consoles les plus puissantes du marché avec Monster Hunter World. Fini les petites sessions en groupe de joueurs réunis autour d’un café et de petits écrans. Place aux monstres en glorieuse HD et exclusivement aux lobbys en ligne.
Mais que vaut cette nouvelle version ?
… Si vous avez lu les différentes critiques, vous savez déjà ce que le jeu vaut. Mon avis est loin d’être différents de ceux-ci et donc je vais principalement me focaliser sur ce qui m’a le plus plu avec cet épisode.
Monter un TER
Si vous avez lu ma critique de Monster Hunter Stories, vous saurez que j’ai une certaine relation difficile avec la série. J’aime bien l’univers, l’esthétique et le principe des jeux, mais n’ai jamais réussi à dépasser le stade des tutoriels pour la simple et bonne raison qu’ils offraient certes des bases solides pour mieux appréhender les jeux, mais étaient d’une lourdeur sans pareil.
Capcom semble avoir entendu les complaintes des joueurs flemmards comme moi, puisque après l’habituelle intro « money shot » qui nous en met plein la vue, on se tape deux-trois tutoriels et on part directement taper du gros monstre. Plus question de partir à la cueillette aux champignons avec Mamie Germaine et à chasser des petits Kelbis avec Tonton Jean-Eudes. Là, on entre dans le vif du sujet et on aura très vite fait de nous parer de notre première paire de bottes en peau de Grand Jagras. Monster Hunter World sait que l’on a juste envie de taper des monstres de plus en plus gros et tant pis pour la subtilité.
Ce-pen-dant, cela ne veut pas dire que le jeu a perdu en complexité et en profondeur. Bien au contraire. Les armes sont toujours aussi nombreuses, chacune avec un style de gameplay très vastement différent de l’autre. Ainsi, si on aime le corps-à-corps rapide et nerveux, une paire de double-lames fera des merveilles. Si l’on se sent confiant et que l’on veut finir les combats au plus vite, la grosse épée est une belle option – à condition que l’on sache dans quoi on s’embarque, puisque chaque coup devra être calculé avec précision, sachant qu’il est très difficile de les arrêter en cours de route. Les armes sont tout aussi nombreuses que les applications que l’on peut en faire et il est également possible de coupler tout ça avec des pièges et autres projectiles empoisonnés pour affaiblir, tuer, voire capturer notre cible… Bref, ce ne sont pas les options qui manquent.
À noter aussi que la cueillette est toujours présente et est toujours importante si jamais l’on souhaite se faire des potions en plus de celles fournies en début de mission ou bien des pièges ou autres, mais cette fois-ci, elle se fait bien plus rapidement, au point qu’il est même possible d’attraper des éléments tout en s’enfuyant d’un monstre un poil trop puissant. Seule la collecte de minerais nécessite encore de sortir sa pioche, histoire de rester un minimum « « « réaliste » » ».
Un autre détail à la fois intelligent et plus que bienvenu vient des objets secondaires utiles, comme la canne à pêche, la pioche ou bien les aiguisoirs (plus qu’utiles pour maintenir un niveau d’attaque idéal, les armes perdant en efficacité si on les utilise trop) sont désormais illimités. Cela est particulièrement cool, car on était obligés de faire des allers et retours dans les différentes boutiques pour pouvoir passer à la mission suivante avec un équipement potable. Là, en dehors d’un éventuel tour dans le coffre pour récupérer des potions ou bien déposer l’excédent de matériaux, il est désormais possible d’enchaîner les missions sans soucis. Et ça fait du bien.
Un autre truc qui fait du bien et que j’aurais imaginé un poil invasif vient des navicioles. Les niveaux étant vastes et ouverts, il peut être bien vite difficile de se perdre et surtout de perdre de vue sa cible. Là, les navicioles nous permettent non seulement de voir quels éléments sont récupérables en chemin, mais aussi de trouver des traces laissées par les monstres. Trouvez suffisamment de traces et elles vous guideront jusqu’à votre cible façon GPS et ne la lâcheront plus du regard. Le seul petit bémol que j’ai eu à trouver avec ce système vient des 2% du temps où ils ne pointeront pas la bonne direction ou bien se perdront eux-mêmes à cause d’un level-design à la fois labyrinthique et dense. Elles peuvent aussi mettre un peu de temps avant de passer en mode GPS, mais ces deux instances sont rares et le système est globalement fiable.
Et là, vous vous demandez pourquoi je n’ai pas encore parlé de l’histoire… Eh bien… Elle n’est pas terrible. Pas mauvaise, mais elle possède un léger défaut qui fait qu’on en a pas grand chose à faire : aucun personnage n’a de nom. Tous sont définis par leur fonction et aucun n’a réellement de personnalité, faisant que l’on ne peut vraiment s’attacher à eux. L’Assistante se démarque un peu plus du fait qu’on la voit tout le temps, mais même là, elle est un peu fatigante. Elle est plus ou moins l’équivalent Monster Hunter de Navi et intervient un peu trop régulièrement pour ne rien dire de particulier. Bref, on est loin d’un Monster Hunter Stories.
Kelbi Zarrerie
(Je me sacrifierais pour ce Felyne)
Chasser du monstre, c’est bien, mais chasser à plusieurs, ça peut être encore mieux. Et heureusement, Monster Hunter World peut nous offrir bien des heures d’amusement en multi ! Le jeu se connecte de base au Net et nous met dans une session publique. Sans avoir à trop sourciller, il est possible de rejoindre des plus petits groupes aussi bien en mission qu’en exploration. Personnellement, je passais le plus clair de mon temps en exploration, car dans ce mode, on tombe bien plus facilement sur des monstres puissants et donc on pourra assez rapidement s’amuser à mener l’assaut, assister ou bien squatter comme un malpropre dans un groupe qui fera la majorité du boulot pour que l’on récupère des morceaux qui nous permettront d’avoir une arme et une armure complètement craquées par rapport à notre niveau de progression dans le jeu de base… Oui, j’ai peut-être un peu triché en farmant du Diablos alors que j’étais au niveau d’un débutant, mais j’arrivais quand même à aider comme il le fallait et à ne pas trop me faire avoir.
Le seul petit problème que j’ai eu venait des sessions avec des amis, qui étaient un poil plus difficiles à organiser. Si vous n’avez pas Discord ou bien n’utilisez pas les système de chat de vos consoles, ça peut vite devenir le bazar pour rejoindre une partie.
Niveau présentation, Monster Hunter World tient plutôt bien la route. Même si les menus sont un peu fouillis et qu’il faut un minimum de temps d’adaptation, ils restent agréable à l’œil et sont joliment stylisés. Les décors aussi ont une patte très distincte et chaque zone est plutôt unique. De plus, passé les premiers niveaux, on en découvrira très (très) rapidement quelques uns qui sont particulièrement uniques et qui vous feront sûrement ouvrir la mâchoire tant ils sont sublimes/créatifs.
Mais bien évidemment, les plus beaux restent les monstres (et les armures). Le niveau de détail et d’animations est particulièrement impressionnant, tant et si bien que l’on a plus l’impression d’affronter des ennemis de jeux vidéo avec des patterns pré-définis, mais de véritables créatures. Le plus gros crève-cœur pour moi aura été d’achever certains monstres un peu trop mignons, notamment à cause du fait que l’on voit leur corps de plus en plus meurtris (là où pourtant je me suis récemment fait l’intégralité de Shadow of the Colossus en ne ressentant rien de particulièrement émouvant).
Enfin, les musiques sont encore une fois placées dans le haut du panier, avec des thèmes plus qu’efficaces et qui s’adaptent à merveille en fonction de l’évolution du combat.
En fait, s’il y avait un seul immense défaut qui rend mon expérience légèrement amère, ça viendrait des quêtes limitées dans le temps. Les accomplir n’est pas forcément difficile, mais c’est le fait que l’on soit obligé de se souvenir qu’elles sont là ou bien qu’elles finissent bientôt qui peut créer une certaine pression qui n’était pas nécessaire… Et encore plus pour les quêtes demandant à être complétées SEPT fois pour débloquer un costume unique (je te méprise, quête pour débloquer Ryu de Street Fighter). Le jeu est certes fun et ultra addictif… Mais devoir refaire obligatoirement la même quête sept fois ? C’est peut-être un peu abusé…
Au final, est-ce vraiment une surprise de dire que Monster Hunter World est une tuerie et que vous ne risquez pas grand chose en craquant pour le jeu ? Le jeu est stimulant, assez difficile, bourré de contenu, ultra profond et addictif en plus de nous offrir une sensation de réussite et de satisfaction comme on en retrouve assez rarement ailleurs. De plus, il s’agit de l’épisode de la série le plus accessible, offrant suffisamment de liberté et d’améliorations quant à la qualité de vie que je ne peux que vous le conseiller. Après, s’il s’agit de votre premier épisode, sachez qu’il y aura quand même un minimum de choses à apprendre pour être bien rôdé, mais ça se fera assez agréablement quand comparé aux précédents. Bref, si vous n’avez pas peur d’un bon défi, je ne peux que vous recommander de le prendre. N’ayez juste pas peur d’admettre que vous êtes le plus gros monstre des deux lorsque vous vous rendrez compte que vous adorez en tuer en masse juste pour vous faire un chapeau rigolo…
Benjamin « Red » Beziat