Note : ça a pris un peu de temps, mais voici la seconde partie de la critique de la compilation Kingdom Hearts HD II.8, cette fois-ci entièrement consacrée à Dream Drop Distance. Si vous voulez lire ce que j’ai pensé du contenu inédit offert par cette compilation, c’est par ici !

On dit souvent que les remakes HD sont des attrape-nigauds taillés uniquement pour que l’éditeur se fasse de l’argent sur le dos des fans, mais on oublie souvent qu’elles peuvent être une opportunité pour ceux ayant loupé le coche la première fois de rattraper leur retard. Ayant raté l’occasion de jouer à Dream Drop Distance à l’époque de sa sortie sur Nintendo 3DS, je me considère assez heureux d’avoir enfin pu le finir… Bon, d’accord, la version 3DS coûtait 45€ à l’époque et cette compilation en coûte 60, faisant que les bonus associés coûtent au mieux 15€, mais au moins j’ai pu y jouer avec zéro aliasing et à 60fps. Ça compte, non ? Non ? Ça fait un euro la frame ! Eh.

Dream Drop the Bass

C’est devenu une blague connue de tous depuis le temps : l’histoire de Kingdom Hearts est un bazar sans nom incompréhensible pour le nouveau venu qui n’aurait pas pris la peine de commencer par le premier épisode. Heureusement, j’ai suivi la série depuis ses début en… 2002 (aïe) et ai fait une bonne partie des volets à l’exception de ses spin-offs les plus mineurs. Et, visiblement, il semblerait que j’aie fait une assez lourde erreur de les ignorer, puisque Dream Drop Distance se veut l’épisode qui va tenter à la fois de répondre à toutes les incohérences mises en place par ces spin-offs, résoudre quelques points de scénario supplémentaire et plus ou moins poser les bases de Kingdom Hearts III tout en essayant de ne pas donner l’impression qu’il s’agisse d’un épisode bouche-trous.

En ce qui concerne ce dernier point, c’est totalement loupé, puisque le jeu nous plonge directement dans l’action et sans vraiment d’explications. Sora et Riku sont plongés dans les mondes endormis pour les réveiller et ainsi obtenir le titre de Maître de la Keyblade, ce qui sert à… Erm… Faire joli ? De plus, le nombre d’éléments mis en place sans aucune résolution donne clairement le ton : toutes les pièces sont mises en place pour créer le final grandiose qu’est censé être le « troisième épisode » de la série, prenant même le plaisir de l’épeler dans ses crédits de fin.

Qui plus est, et c’est là que je trouve Dream Drop Distance plus que fascinant, c’est la capacité qu’ont eu les scénaristes de reconnaître que le scénario est devenu trop complexe et bordélique, puisqu’ils sont venus avec une technique à la fois simple et efficace pour résoudre ce problème : en allant encore plus loin dans la complexité pour la faire s’annuler. Sans spoiler, je vais juste dire que ça devient tellement n’importe quoi que, étrangement, ça fonctionne. Tout est fait pour nous faire croire que tout était prévu depuis le début alors que bien évidemment non, mais c’est tellement gros que ça passe.

Concernant l’écriture toujours, les dialogues sont soit inutilement complexes et tournent autour du pot, soit ridiculement simplistes, au point que ça en devient navrant. Mais il n’y a jamais de juste milieu, parce que le jeu n’a, ironiquement, pas le temps de respirer. Il faut toujours avancer et j’ai comme l’impression que plus les épisodes passent, plus le contenu Disney s’efface au profit du lore de Kingdom Hearts. Les films sont abrégés comme jamais ils ne l’ont été et, sur les 17 heures de jeu nécessaires pour finir le jeu en ligne assez droite, c’était une petite heure uniquement Kingdom Hearts, environ dix avec du Disney, et ensuite ça s’arrête totalement pour offrir un épilogue interminable de six heures avec littéralement cinq boss de fin.

Mais le plus étrange dans cette histoire, c’est que malgré le fait que l’histoire soit un bazar complet et insondable, bah j’ai aimé. Peut-être est-ce parce que ça fait quinze ans que je joue à ces jeux et que donc je suis habitué à ce barrage de folie, mais l’expérience m’a énormément plu et m’a carrément donné l’envie de trouver une machine à avancer dans le temps pour donner un grand coup de Keyblade sur le crâne chauve de Xehanort.

Kingception

Kingdom_Hearts_2.8

S’il y a bien quelque chose de cool avec la série, c’est son gameplay. Nerveux et dynamique, ça part dans tous les sens et ça flashe parfois au point de causer des crises d’épilepsie. Après, ce n’est clairement pas l’antre de la subtilité et on se retrouve plus avec un jeu proche d’un Dynasty Warriors que d’un Devil May Cry, mais ça défoule énormément. D’autant plus que Dream Drop Distance ajoute à la formule une couche de mobilité plus que bienvenue, avec la possibilité de rebondir contre les murs pour gagner en vitesse et grinder sur des rails. De fait, les niveaux peuvent se traverser parfois en quelques secondes si l’on sait où on va et que l’on ignore les combats, qui eux-aussi bénéficient de ce supplément de mobilité pour gagner en dynamisme.

Chose intéressante : on contrôle à la fois Sora et Riku au travers d’un système de « Passage ». Ainsi, que l’on contrôle l’un ou l’autre, on a le droit à un timer qui fait qu’une fois terminé, on passe à l’autre, peu importe ce que l’on faisait… Ce qui mène à une des plus grosses frustrations du jeu : quand le temps est écoulé alors que l’on était en plein combat de boss. Le passage de relai se fait, et au Passage suivant, on devra recommencer le boss depuis le début. Heureusement, cela peut être évité si l’on possède un réveil sur soi pour étendre le compte à rebours suffisamment longtemps pour exploser notre adversaire, mais l’idée d’interrompre un combat important pour ce genre de raison et devoir tout recommencer peut facilement faire hurler.

Et monde onirique et double personnage oblige, Donald et Dingo passent à la trappe au profit des Avaleurs de Rêves, des créatures toutes choupi que l’on peut faire grimper en niveaux et pouponner pour les rendre plus puissants. L’option n’est franchement pas hyper intéressante, surtout en sachant que créer un nouveau monstre plus puissant fera qu’il faudra à nouveau le faire monter en niveaux pour rattraper le reste du groupe. Après, ce qui est bien, c’est que l’on peut conserver nos monstres en alternant entre Sora et Riku, faisant que l’on peut terminer l’aventure avec des créatures qui ont le double de notre niveau actuel. C’est très étrange, mais ô combien utile pour les derniers boss.

Fantasia Tagada Pouet Pouet Edition

Un petit détail sur lequel je dois revenir impérativement avant de conclure ce test : les bruitages. Les cris de combat, ça passe. On s’y habitue malgré tout… Mais dans le cadre d’un monde spécial comme Fantasia, les développeurs ont décidé de faire quelque chose de complètement débile et énervant au possible : remplacer les cris par des bruits de harpe et de percussion. Alors sur le papier, ça passerait bien, étant donné qu’en fond il y a de la musique classique, mais dans les faits, ça ne passe pas, mais alors pas du tout. Les bruitages ne se mélangent pas à la musique et donnent l’impression qu’une troupe de cirque a décidé de s’incruster dans un concert de musique classique. C’est débile et ça casse les oreilles, tant et si bien que, alors que je trouvais l’idée d’oublier les compositions de Yoko Shimomura le temps d’un monde à la fois respectueux et osé, mon humeur s’est très rapidement dégradé, au point que j’ai tout fait pour éviter les combats, en finir avec un des meilleurs mondes du jeu, puis n’y suis jamais retourné pour faire le farm de fin de jeu nécessaire pour rattraper mon retard, privilégiant des mondes avec des monstres certes plus faibles, mais moins agaçants à combattre.

Au final, Kingdom Hearts Dream Drop Distance est un épisode incontournable. C’est un des plus fun à jouer, mais aussi un des plus courts et un de ceux qui s’éparpille le moins, ce qui est une excellente chose pour le fan de l’histoire de la série, mais assez terrible pour le fan de Disney qui souhaitais découvrir des mondes comme ceux du Bossu de Nôtre-Dame. Les révélations folles que contiennent cet épisode (même si pour la plupart cousues de fil blanc et improvisées) sont intéressants et préparent un apéritif à un final qui, on l’espère, sera à la hauteur de nos attentes. Après, en ce qui concerne la compilation II.8, ça rejoint ce que je disais la dernière fois : étant donné que la compilation peut théoriquement ne faire que 20/25 heures au total pour le fan qui ne cherche qu’à en savoir plus sur l’histoire, je ne suis pas certain de vous conseiller de vous ruer dessus et le payer plein pot. À une quarantaine d’euros, c’est tout de suite plus raisonnable et à moins, c’est encore mieux. Dans tous les cas, ça reste un achat obligatoire pour celui qui n’avait pas de 3DS ou n’avait pas pris le temps de faire Dream Drop Distance sur un petit écran et à 30fps, car la remise à niveau est plus qu’excellente.

Et pour toi qui n’a pas encore touché à un Kingdom Hearts et qui a une PS4, je ne peux que vivement te conseiller d’attendre fin Mars et te ruer sur la compilation I.5 et II.5. Celle-là vaudra clairement chaque centime investi, car il y aura de quoi jouer au moins une bonne centaine d’heures tranquille.

Allez, plus qu’un an ou deux avant Kingdom Hearts III… C’est jouable…

Benjamin « Red » Beziat