Note : la critique qui suit a été réalisée à partir d’un exemplaire que j’ai acheté en boutique et ne couvrira que le contenu inédit, à savoir Kingdom Hearts 0.2 Birth by Sleep – A Fragmentary Passage et X Back Cover. La raison pour laquelle Dream Drop Distance n’est pas couverte est que cet épisode prend un peu de temps, que j’ai encore beaucoup trop de jeux à critiquer que des éditeurs m’ont confié (qui donc sont prioritaires) et que j’avais tellement envie d’éviter les spoilers sur le net concernant le contenu inédit de cette compilation que je me suis empressé de les faire. Bien évidemment, il ne sera pas question de spoiler plus que le pitch de base dans cette critique, puisque je n’ai pas envie de vous faire subir ce que je n’aurais pas voulu subir moi-même. Enfin, la dernière raison pour laquelle j’ai « rushé » la critique est aussi que le jeu sort officiellement mardi et que… J’aurais envie de dire que selon votre profil, vous devriez peut-être attendre avant de débourser les 60€ que j’ai déboursé dans cette compilation, parce que pour certains, ça les vaudra, mais pour d’autres, la note va faire plutôt mal, compte tenu de ce qui est proposé. Dans tous les cas, la critique de Dream Drop Distance arrivera dans les prochains mois, une fois que j’aurai le temps de le finir.

Après pas moins de dix ans d’attente, Kingdom Hearts III est sur le point d’arriver ! Plus ou moins ! Pas vraiment !

Et parce que le fan est une créature impatiente assez difficile à satisfaire et que développer un jeu que beaucoup de monde attend avec impatience et que Kingdom Hearts est devenu un bazar insondable de sous-intrigues et de mystères à résoudre, Square Enix a décidé depuis quelques années de nous démêler tout ça en sortant quelques compilations, unifiant ainsi toute la série sur deux consoles différentes au lieu de quatre (et bientôt une seule avec la sortie fin Mars des deux compilations PS3 sur PS4 et le tout sur un seul disque) et en condensant les épisodes les plus expérimentaux n’offrant que quelques miettes d’explications et creusant encore plus l’univers en petits films.

Et contrairement aux précédentes compilations HD, Kingdom Hearts II.8 nous offre de l’inédit ! Alors certes, on pourrait plus dire qu’il s’agit d’un apéritif pour nous préparer à la conclusion de l’histoire de Sora qu’autre chose, mais quelque chose me dit aussi qu’elle a aussi servi à l’équipe de développement d’échauffement pour mieux apprivoiser Unreal Engine 4 et aussi jauger les réactions des fans, histoire d’offrir un troisième épisode qui réponde bien aux attentes du public. Et, pour le coup, je peux dire que je suis plus que satisfait, car Kingdom Hearts 0.2 Birth by Sleep – A Fragmentary Passage fait un petit café qui fait plaisir. Un café certes de deux heures, mais un café qui laisse entrevoir un bon potentiel.

Sans trop en dire sur l’intrigue, ce court épisode nous place dans les bottes métalliques d’Aqua, qui a décidé de plonger dans le monde des ténèbres pour retrouver ses amis. Et comme vous vous en doutez, même deux heures de cutscenes n’auraient pas permis de raconter grand chose, donc même en y allant à un rythme assez lent que le mien, le ratio temps de jeu/scènes cinématiques était plus ou moins de 60/40, avec quelques séquences d’exploration et pas mal de combats. Après, et il est très important de le signaler même s’il s’agit d’une évidence : faites Birth by Sleep avant de faire A Fragmentary Passage, autrement vous n’y comprendrez absolument rien. Personnellement, ayant fait la plupart des épisodes et connaissant le lore de la série, j’ai pu piger ce qu’il s’y passait, mais mes souvenirs de ce qu’il s’était passé n’en restaient pas moins vagues (en même temps, je n’ai fait Birth by Sleep qu’à sa sortie et c’était il y a… Sept ans !? Hooooly…), donc certaines scènes m’ont fait lever un sourcil. Après, il y a un long résumé des épisodes précédents dans le menu, mais le pavé est tellement indigeste qu’il vaut mieux carrément passer un peu de temps à (re)faire Birth by Sleep, histoire d’avoir les idées claires. Dans tous les cas, il ne fait aucun doute que le fan de Kingdom Hearts aura ce qu’il souhaite, car là, après avoir fini ce micro épisode, j’ai juste envie d’aller au QG de Square Enix pour jouer les cheerleaders pour motiver l’équipe en charge du développement du troisième épisode afin qu’ils le finissent au plus vite.

Un petit détail qui m’a fait grandement plaisir vient de la cohérence entre la narration et le gameplay, puisque l’on commence le jeu au niveau 50 et que les ennemis peuvent être des brutes qui vous poussent à spammer régulièrement les sorts de soin. De plus, monde des ténèbres obligent, les Sans-coeur sont très nombreux, rendant les batailles tendues et éreintantes. C’est tout bête, mais c’est le genre de détail qui fait plus que plaisir.

KH 2-8 Boxart

Et même si les dix premières minutes peuvent paraître poussives d’un point de vue gameplay, Aqua retrouve très rapidement sa mobilité, au point que l’on prend un plaisir assez dingue à se déplacer dans les niveaux et à tabasser tout ce qui bouge. Niveau combat, ça reste toujours aussi brouillon que dans n’importe quel Kingdom Hearts, avec la caméra qui fait n’importe quoi à cause des ennemis qui ont la bougeotte ou font trois fois la taille de l’écran, mais ça ne m’a pas empêché de m’éclater, notamment grâce à un système de jauge de « super » à remplir qui récompense les plus bourrins. Plus vite on enchaîne les combos, plus vite la jauge se remplit et selon que l’on aie privilégié la magie ou la force brute, la super attaque sera soit un sort très puissant qui fera le ménage, soit un mode berserk qui nous rend encore plus rapide et qui nous permet d’enchaîner sur une autre super attaque encore plus dévastatrice. Mélangez donc ce style de gameplay au nombre assez ahurissant d’ennemis à affronter en même temps et vous aurez des combats vraiment dynamiques et fun. Brouillons, certes, mais vraiment jouissifs.

Étant donné que le jeu est court, les développeurs sont arrivés avec un stratagème assez simple de remplissage pour rendre la durée de vie plus grande : les missions. Toutes optionnelles et au nombre de cinquante, il s’agit tout simplement de petites tâches à remplir pour obtenir des éléments de déguisement pour jouer à la poupée avec Aqua. Vous voulez lui mettre des oreilles de chat ? Détruisez tant d’ennemis de telle manière pour les avoir ! Personnellement, je n’en vois pas trop l’intérêt, puisque ça casse un peu le personnage, mais bon, ça reste rigolo et ça peut motiver à rejouer au jeu pour le rentabiliser un peu plus.

D’ailleurs, en le finissant, vous débloquez le mode critique, qui augmente considérablement la difficulté et vous pouvez aussi désactiver le gain d’expérience pour rajouter encore plus de challenge.

Niveau présentation, c’est tout autant du bon que du moins bon. Les doublages anglais nous font regretter l’absence de l’excellente VF, car ils sont… Moyen, avec notamment une Aqua aussi passionnée et volubile que Samus Aran dans Metroid Other M (a.k.a qui donne l’impression de s’ennuyer) et les personnages Disney que l’on voit rendus via Unreal Engine 4 sont soit relativement bien fait, soit immondes à regarder. L’équipe a choisi un rendu semi-réaliste et même si ça passe plus que bien avec les personnages uniques à Kingdom Hearts, avec des personnages de cartoon aussi simples, ça donne un résultat vraiment perturbant et plastique. Un bon petit cel-shading des familles n’aurait clairement pas fait mal et j’espère qu’ils amélioreront le rendu de ces personnages en particulier dans Kingdom Hearts III.

Après, je ne vais pas non plus dire que le choix de Unreal Engine 4 était mauvais, car les différents lieux proposés sont vraiment superbes et les effets de lumière défoncent la rétine comme rarement on avait pu le voir. Et on sent qu’ils ont aimé jouer avec, puisque les effets d’eau et de particules sont très nombreux et une séquence était tellement réaliste que je me suis demandé s’il ne s’était tout simplement pas agit d’une séquence filmée.

KH 2 8 Back Cover

Concernant Kingdom Hearts X Back Cover, je dois avouer qu’il n’y a pas grand chose à en dire. Il s’agit d’un film entièrement réalisé avec l’Unreal Engine 4 d’une heure basé sur le jeu sorti sur mobiles et browser web racontant plus ou moins les prémices de la Guerre des Keyblades. Le pitch de base est d’un mystérieux homme encapuchonné (le meilleur personnage du film et une joie à voir à l’écran à chacune de ses apparitions) a écrit un livre racontant l’avenir et a donné un exemplaire à cinq de ses six disciples, qui se rendent compte que les choses pourraient mal finir et vont tenter d’éviter que ça n’arrive. Problème : un des cinq disciples serait un traître qui aurait succombé aux ténèbres et tout le mystère du film tourne autour de l’identité de ce traître.

Pour le coup, le film entretient bien le mystère tout au long et on passe son temps à théoriser. Cependant, et c’est aussi le plus gros point faible du film, c’est qu’il n’a pas de conclusion définie et soulève encore plus de questions qu’auparavant, au point que, en y repensant, jouer à Fragmentary Passage et regarder Back Cover a la suite donne l’impression de faire face à un puzzle des plus stimulants dont les pièces sont malheureusement réparties entre plusieurs oeuvres. En résulte un léger sentiment de frustration, puisque aucune des deux n’offre d’histoire complète. Back Cover contient un début, un milieu et aucune fin, tandis que Fragmentary Passage n’est que le milieu.

Dans tous les cas, la question se pose : est-ce que KH II.8 vaut les 60€ proposés ? Pour un cas en particulier, oui. En effet, celui qui ne possède qu’une PS4 et qui n’a pas joué à Dream Drop Distance aura l’occasion de profiter de tout le contenu proposé sans ressentir de redondance et sachant que cet épisode tourne à 60 FPS avec une résolution largement meilleure à celle de la Nintendo 3DS alors que cette dernière coûte encore plus de 25€ d’occasion (en moyenne) en plus de pouvoir profiter d’un ensemble cohérent, puisque chaque épisode proposé ici met assez bien en place les enjeux de KH III. Cependant, pour le joueur qui a déjà eu l’occasion de retourner DDD, la question se pose. Peut-on payer 60€ pour l’équivalent de 3h de contenu inédit ? Personnellement, je dirais non.

Après, je ne dis pas non plus qu’il ne faut pas l’acheter. Après tout, si vous aimez la série et que son histoire vous intéresse, la compilation reste indispensable, mais selon votre situation, je ne pourrai que vous aviser d’attendre une baisse de prix ou de revendre 2-3 jeux qui traînent au fond de votre bibliothèque pour faire baisser vos frais et aussi prendre les compilations HD des épisodes tournant autour de Kingdom Hearts I et II, histoire de comprendre ce dans quoi vous vous lancez. Ça peut être utile.

Benjamin « Red » Beziat