Days Gone a pendant longtemps été « ce jeu de zombies » que l’on voyait tous les ans sans forcément savoir s’il était déjà sorti ou non et que peu de gens semblaient attendre parce qu’il semblait reposer sur un simple gimmick : les hordes de zombies impressionnantes créées pour montrer la puissance de la PS4. Les mois, puis les années sont passées, puis, sans prévenir, le jeu est sorti, accumulant critiques mitigées, oscillant entre le « mais c’est très bien ! » et le « moui, c’est un open world américain, quoi ».

Et, pour le coup, après avoir fini le jeu… Je me situe un peu quelque part entre les deux.

Je vais pas me leurrer, ni vous mentir en vous disant que Days Gone est le jeu le plus désespérément « open world américain » qui existe, au point qu’il est difficile d’avoir l’impression qu’il est unique ou qu’il se démarque des références du genre, MAIS il possède ce petit quelque chose qui lui est propre et qui fait que j’ai enchaîné des parties longues de plusieurs heures et voulais continuer quand j’étais loin de la console : du coeur.

… Même si il m’a fallu quand même lutter un peu pour le trouver.

Vieux Motard que Jamais

Je dis lutter parce que l’intro de Days Gone est une des pires que j’ai pu faire depuis un moment : dès la première minute, Deacon – le héros – est en train de perdre quelqu’un qui semble lui être cher. On ne sait pas qui elle est, ni quels sont les liens qui les unit, mais il faut directement se sentir investi en eux parce que qui a besoin de développement de personnages, hein ? Un troisième personnage les accompagne (et j’ai mis littéralement cinq heures à comprendre que c’était le même que l’on voyait littéralement dix minutes après l’intro parce que le développement des personnages n’a pas été fait) et ensuite écran titre, puis saut deux ans plus tard, où notre duo d’hommes doit partir se venger d’un gars qu’on ne connaît pas mais qui semble important parce qu’il a mortellement blessé une personne que l’on ne connaît pas, mais qui semblait importante alors qu’il s’agit juste d’un PNJ. Couplez ça avec le fait que la moto a une physique totalement pétée dans son intro et semble glisser sur du savon et j’avais déjà la sensation que je passerais un très mauvais moment.

Puis les heures passent. On apprend un peu mieux à contrôler Deacon et sa moto et surtout on en apprend plus sur le personnage, ses motivations, son histoire et tout se met finalement en place pour que l’on joue à un jeu qui certes ne révolutionnera en rien le milieu des open world, mais qui n’en reste pas moins très agréable !

Car outre les hordes, l’autre gros gimmick plus intéressant est sa structure narrative. Au lieu d’être confronté à une ligne narrative à la fois et une histoire découpée en arcs, ici tout s’imbrique de manière fluide et organique grâce au système des storylines : vous accomplirez une ou deux missions d’une storyline avant de ne plus en avoir alors qu’on vous indique que vous n’en êtes qu’à 15% de celle-ci. La raison étant qu’une autre storyline nécessite que vous vous occupiez d’une mission pour débloquer une mission d’une autre storyline afin de débloquer celle que vous aviez commencé bien plus tôt. Et le fait de vous faire attendre plutôt que de tout enchaîner dans une seule storyline rend l’univers bien plus vivant et organique car vous en saurez plus sur telle ou telle faction et donc votre point de vue changera sur celle-ci plus progressivement plutôt que si vous aviez fait toutes les missions d’une faction d’un coup, uniquement pour apprendre via une autre storyline que la faction que vous avez fini d’aider commettait en fait des actes ignobles dans votre dos. En faisant comme ça, ça amoindrit probablement un peu l’impact d’un twist qui aurait pu bien être amené, mais ça apporte aussi pas mal de nuances et vous comprendrez plus facilement pourquoi Deacon avait pour intention de partir au plus vite.

Le troisième gros gimmick qui démarque Days Gone du reste est un des points qui a le plus divisé les gens : la moto.

Dans le monde de Days Gone, les motos sont tellement rares que celle que vous avez au début du jeu est celle que vous aurez à la fin (avec des upgrades, heureusement). Et cette moto… Bah c’est une moto tout ce qu’il y a de plus normal. Elle ne viendrait pas vers vous si vous sifflez ou bien ne se téléporte pas si besoin. Elle reste à l’endroit où vous l’avez laissée et a besoin d’essence pour fonctionner, autrement vous êtes condamné à trouver des bidons d’essence (qui eux sont heureusement magiques, car utilisables à l’infini… Bizarrement) ou bien la pousser jusqu’à la prochaine station. Vous avez aussi besoin d’être à ses côtés pour sauvegarder et même faire des sauvegardes rapides et vous pourrez l’utiliser pour vous « téléporter » sur la map à condition d’avoir suffisamment d’essence dans le réservoir.

En l’état, ça peut sembler contraignant, et ça l’est un peu durant les premières heures, mais une fois que vous aurez débloqué votre première upgrade de réservoir d’essence et que vous aurez compris qu’il vaut mieux parfois faire des étapes dans votre planque principale où l’essence est gratuite et illimitée avant de vous retéléporter au plus près de votre destination, ça ne pose plus vraiment de problème et faire face à des menaces extérieures alors que votre moto est un peu trop loin de vous peut générer des moments de tension plus que bienvenus !

Car Days Gone est aussi… Un peu difficile en Normal. Il suffit de quelques balles ou bien d’attaques de zombie pour que vous vous voyez contraint de tout recommencer. Heureusement, avec les bonnes upgrades de vie que l’on peut trouver dans des centres de recherche et suffisamment de pansements, il est possible de surmonter la plupart des obstacles. Personnellement, je dois avouer qu’au bout de plusieurs morts et parce que le jeu est BEAUCOUP plus long que je ne l’aurais cru (entre 25 et 30 heures en prenant un peu mon temps) et que je n’avais pas beaucoup de temps, j’ai décidé de passer en Facile au bout de cinq heures de jeu. Les ennemis font moins mal et sont aussi plus simples à descendre (là où ils sont des éponges à balles en Normal) et donc je pouvais prendre plus de risques et m’amuser à me la jouer Rambo avec un bon fusil à pompe et un sniper.

D’ailleurs, petit aparté pour parler d’un petit point qui joue tout autant en la faveur qu’en la défaveur du jeu : les ennemis sont vraiment stupides. Mais genre VRAIMENT stupides. De ceux qui ne vous poursuivent plus si vous vous planquez dans les hautes herbes et que vous vous déplacez de deux mètres après avoir tiré ou bien qui resteront plantés devant vous sans se défendre alors que vous foncez vers eux pour les embrasser avec votre batte cloutée. Le pire étant quand vous lancez un caillou et qu’ils rentent plus de vingt secondes immobiles, ouverts à un one shot kill si vous vous faufilez dans leur dos. Dans un sens, ça rend le jeu infiniment plus drôle et fun, mais ça enlève un peu à la tension que le jeu tente parfois d’instiller.

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Car peu importe le niveau de difficulté choisi, s’il y a bien un passage inévitable qui créé énormément de tension, c’est notre première rencontre face à une horde ! Ces occurrences restent rares, mais elles sont rarement prévisibles. Il n’est pas impossible que vous arriviez dans une zone avec à peine cinq ou six zombies, uniquement pour en voir arriver une vingtaine en à peine quelques secondes et ce qui semblait n’être qu’une simple formalité se transforme en course pour retrouver sa moto en hurlant ou bien tenter de les affronter avec notre maigre arsenal. Et c’est tellement satisfaisant de voir cette masse effrayante petit à petit diminuer en nombre si l’on se débrouille bien !

En termes de diversité, les missions peuvent osciller entre de la simple reprise de camp ennemi à de l’infiltration rendue très drôle par le côté ouvert du terrain et l’I.A. aux fraises, ou bien tout simplement rallier un point de la carte à un autre pour faire avancer l’histoire. Si vous avez joué à un Far Cry ou n’importe quel open world occidental, vous savez plus ou moins à quoi vous attendre avec ce jeu, concrètement.

Enfin vient la partie présentation, qui est tout autant fantastique qu’extrêmement frustrante.

Visuellement, le jeu est au niveau de ce que l’on voit un peu partout, avec des couleurs délavées et un univers morne et tristounet, mais étrangement mémorable au bout de seulement quelques heures de jeu, notamment grâce au fait que la map ne s’étend pas inutilement sur une grande surface… Ce qui à mes yeux est une excellente chose, puisque ça réduit considérablement les longueurs et ça évite bien des soucis de rythme si jamais on a été séparé de notre moto ou que l’on a besoin de chercher de l’essence quelque part.

Le seul gros bémol vient quand on joue au jeu sur une PS4 normale. Le jeu peut ramer de manière plutôt impressionnante selon l’heure de la journée et des effets de météo, au point que ça tourne au festival de diapositives pendant parfois une minute entière. Il arrive aussi par moments que certains éléments se chargent à la dernière seconde… Voire ne se chargent pas du tout, ce qui peut être pratique quand on traverse un tunnel sensé être rempli d’obstacles pour ralentir notre route !

Mais là où le jeu s’en sort vraiment… vraiment bien, c’est dans le jeu d’acteur et la partie sonore ! En anglais, les acteurs font un travail exceptionnel, permettant d’augmenter considérablement notre attachement aux personnages. Et même si certains dialogues font un peu beauf sur les bords pendant les séquences de flashback, le reste est vraiment très cool et fait que l’on veut continuer à jouer pour voir la suite de l’histoire.

En bref, Days Gone n’est pas exceptionnel, ni ne marquera l’histoire du jeu vidéo d’une pierre blanche à cause de sa sortie trop tardive et le fait que 80% de ce qu’ilfait a déjà été fait ailleurs, mais il offre une expérience plus que plaisante et addictive grâce à une histoire intéressante et bien jouée en plus de certaines sensations de gameplay plus que plaisantes… Même si pour voir ça il faudra malheureusement passer quelques heures à comprendre où veut en venir le jeu et débloquer les upgrades qui rendent l’expérience bien plus fun.

Si vous êtes fatigué de la formule open world ou des zombies, il est clair que vous n’allez pas passer le meilleur des moments. En revanche, si le genre vous botte encore et que vous êtes prêt à faire quelques concessions sur ses premières heures un poil poussives, vous pourrez passer un vrai bon moment et la vingtaine d’heure qui suivra sera bien plus captivante.

Après, est-ce que je peux le conseiller pour 70€ ? Là je suis un peu plus mitigé. Mais si vous rentrez dans les critères que j’ai cité ci-dessus, à 40/50€, ça peut se tenter ! Pour les autres, attendez probablement une baisse de prix aux alentours de 30€, car même s’il est assez banal en apparence et sur le principe, il possède suffisamment de coeur et de contenu pour valoir une mention :

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Benjamin « Red » Beziat