Note : Cette critique couvrira grosso modo 85% du jeu. Ayant reçu une version presse avant le désormais traditionnel Patch Day One, je suis tombé sur un bug très débile, mais tellement violent qu’il a purement et simplement bloqué ma progression (imaginez un bloc servant plus tard de plateforme qui est censé tomber d’un endroit inaccessible et qui est resté figé dans les airs… Puis ça a sauvegardé par dessus. Autrement dit, j’ai essayé toutes les solutions, dont redémarrer la console trois fois, mais le bloc restait bloqué en l’air) à une heure de la fin. Vu qu’un petit malin a déjà mis en ligne un let’s play intégral sur YouTube et qu’il n’a pas rencontré le bug (et qui m’a permis de résoudre certaines énigmes particulièrement tordues plus vite que je ne l’aurais fait en plus de me donner la chance de voir la fin du jeu), j’ai juste pas eu de chance et j’imagine que le Patch Day One corrigera ce problème. Dans tous les cas, patch ou non, le reste de la critique devrait tout de même concerner le jeu final. Sur ce, let’s get on with the show.
La série des Darksiders a connu de sacrés tumultes. Prévue d’emblée comme une saga en quatre parties, celle-ci a tout d’abord connu un joli succès public avec les deux premiers épisodes avant que le troisième, en cours de développement, se fasse exploser en plein vol à coups de faillite de THQ. Heureusement, l’engouement autour du projet était tel que Nordic Games s’est empressé de racheter la licence ainsi que la marque THQ et de confier le reste du développement à Gunfire Games. Bien évidemment, THQ Nordic n’est pour l’instant pas au niveau de feu THQ, et donc même si Darksiders III a bel et bien pu se faire, le budget alloué au projet est bien moindre comparé à celui du II et ça se ressent. Après, on sait tous que budget ne rime pas forcément avec qualité. Juste avec l’ajustement du niveau d’ambition du projet et donc on se retrouve avec un jeu bien plus compact… Et c’est limite pour le mieux.
FuryAffinity
Darksiders III reprend l’intrigue des précédents épisodes, mais cette fois-ci sous le regard énervé de Furie : les forces angéliques et démoniaques sont en guerre et c’est la Terre qui trinque. L’Apocalypse est sur le point d’arriver plus vite que prévu, et apparemment le coupable serait Guerre, un des quatre Cavaliers de l’Apocalypse. Mais vu que ce n’est pas totalement sûr et qu’il n’y a pas le temps pour un procès, les trois autres cavaliers sont envoyés à des missions diverses que l’on suit dans les jeux qui les concernent. Furie, elle, doit aller à la recherche des Sept Pêchés Capitaux et les attraper avec sa Crâne Ball pour devenir Maître Poké… Maîtresse des Cavaliers.
L’histoire de Darksiders III est… Très drôle. Bon, c’est peut-être parce que je ne suis plus le public visé depuis plus de dix ans, mais ça essaye tellement de se la jouer « trop dark » que ça peut vite tourner au ridicule. Furie est d’ailleurs particulièrement drôle, parce qu’on dirait un mix un peu loupé entre Kratos et Bayonetta, la classe et le charisme des deux en moins. Après, et c’est un détail que j’ai apprécié, ça ne balance pas d’injures pour se la jouer ado rebelle et ça reste même assez classieux dans ses dialogues. Après, parce que c’est drôle et mal écrit ne veut pas dire que c’est mauvais. Je me suis amusé à suivre l’histoire comme elle venait malgré ses énormes défauts de caractérisation des personnages. Pour le coup, tous les personnages semblent jouer le rôle de caméo venus d’une autre histoire et donc aucun n’est développé, ni introduit proprement, ce qui peut déranger ceux qui veulent commencer la série avec cet épisode… Même si l’histoire est tellement basique et se repose sur tellement de lieux communs qu’il n’y a pas besoin de lire tout une encyclopédie pour savoir qui fait quoi ou quand.
Semi-Fast and the Fury-ous
En termes de structure, c’est assez simple : vous devez aller d’un point A à un point B en traversant les niveaux de manière plutôt linéaire et il y a potentiellement des trésors ou des civils à sauver dans le coin si vous prenez la peine de faire le détour. Ces trésors sont généralement des âmes que l’on peut échanger avec un des marchands les plus rigolos du jeu vidéo contre des objets ou bien des points de compétence qui nous permettront d’augmenter notre santé/attaque/attaque spéciale et d’autres trésors servent à renforcer nos armes et des bonus détachables pour les armes chez le forgeron.
Les niveaux sont vraiment bien fichus et chaque lieu possède une identité propre qui rend la progression simple et fluide, car les développeurs se sont délibérément inspirés du jeu que j’adore citer pour la blague, mais ici ça se fera très sérieusement : Dark Souls.
(Concept-art du jeu par Daryl Mandryk)
Comme avec le titre de From Software, les niveaux peuvent paraître labyrinthiques et intimidants au départ, mais chacun s’enroule sur lui-même et possède suffisamment de raccourcis que l’on finit par devenir familier avec les lieux et là où l’on passait dix minutes pour aller d’un endroit à un autre la première fois, on en mettra deux la seconde. Le second emprunt à la série des Souls vient du système d’âmes que l’on peut perdre à notre mort (qui arrivera très souvent, parce que les ennemis frappent comme des semi-remorques même en Normal) et que l’on doit récupérer à peu près à l’endroit de notre dernier trépas. Cependant, contrairement à cette série-là, Darksiders III est beaucoup plus généreux, puisqu’il garde en mémoire plusieurs morts différentes et donc on pourra récupérer un lot datant d’il y a 2-3 morts si l’on se débrouille bien.
Darksiders III est aussi un mish-mash d’autres références, puisqu’en plus de Dark Souls, le jeu calque sa manière de faire les choses sur la série des Zelda, de Metroid Prime et des premiers God of War. Zelda dans ses énigmes parfois bien tordues, mais vraiment cool (bien que peu nombreuses) qui vous feront vous sentir comme le plus grand des génies une fois la solution trouvée, Metroid Prime dans sa façon de nous faire revenir en arrière avec des nouveaux power-ups (et empruntant la même mise en scène que la Morph Ball de Prime pour certaines séquences) et God of War dans son gameplay assez bourrin avec quelques combos, mais pas trop, histoire de ne pas trop nous paumer.
Et c’est là que je vais aborder le point qui me les a le plus brisés : la plateforme. Pour une raison qui m’échappe totalement, les développeurs se sont dit qu’il s’agissait d’une bonne idée que de mettre le bouton du grappin sur le même que celui pour attaquer. Ajoutez à ça des déclencheurs de séquences de grappinage qui arrivent quand ils veulent et vous avez la recette parfaite pour un lot d’insultes vocales envers la stupidité du processus. Peut-être que ça sera patché par la suite, mais à chaque fois que je voyais des séquences qui impliquaient de se balancer sur deux poutres à la suite, j’avais juste envie de balancer ma manette contre deux poutres à la suite. Et c’est sans compter sur la détection un poil hasardeuse des rebords auxquels Furie doit parfois s’approcher qui peut parfois aussi virer du côté de l’aléatoire, mais qui arrive beaucoup plus rarement pour vraiment gêner. Notez ceci dit que même si de ce côté-là le jeu est un poil poussif durant la première heure, une fois que vous aurez débloqué le triple saut, les choses deviendront beaucoup plus fun.
Pour être parfaitement honnête, écrire la critique du jeu est assez difficile, puisqu’il s’agit vraiment d’un jeu qui pioche énormément d’inspirations ici et là que j’ai juste l’impression de jouer à une sorte de best-of des jeux d’action-aventure sauce Evanescence. Il assume de piocher parmi les meilleures références qui existent, et il fait plutôt bien le taf… Mais il n’y a rien qui le démarque vraiment du reste des jeux du genre. C’est vraiment bizarre à expliquer, mais c’est tellement basique qu’il n’y a pas vraiment grand chose de plus à ajouter… Enfin presque. La direction artistique est vraiment sympa. Certains décors sont assez audacieux et beaux, tandis que la Terre post-Apo a certes été déjà vue de nombreuses fois, mais ça colle bien. Et les personnages ont tous des designs uniques, grâce à Joe Madureira qui continue de faire ce qu’il fait bien (même si je ne suis pas fan du tout de ces designs qui transpirent les comics des années 90, ils sont quand même très stylisés).
(Concept-art du jeu, toujours par Daryl Mandryk. Oui, je poste des artworks parce qu’ils sont beaucoup trop cool)
Il me faut en revanche parler de la présentation : j’ai joué au jeu sur PS4 normale. Pendant la première moitié, ça allait. Le jeu ne tournait pas à un 30 FPS constant, mais ça ne me dérangeait pas trop. Puis passé la seconde moitié et vers la fin, j’avais juste l’impression de voir la console cracher ses tripes tant il y avait de ralentissements. Mais le pire reste très certainement les temps de chargements qui stoppent net le jeu pendant cinq à dix secondes quand on arrive trop vite dans une zone. Là encore, au début, ça passe, mais vers la seconde moitié du jeu, quand vous aurez débloqué suffisamment de raccourcis et de power-ups pour accélérer la traversée des niveaux, vous assisterez à ces micro-temps de chargements au moins une fois toutes les dix-quinze minutes. Encore une fois, je prends des pincettes en me disant que ça sera peut-être corrigé par un patch et j’ai cru voir que le problème existait aussi sur PS4 Pro, bien que légèrement atténué, donc ne vous attendez pas à un jeu qui tourne parfaitement. Il est jouable, mais il rame un peu.
En bref, comme dit plus haut, si jamais les plus gros problèmes sont patchés, Darksiders III sera un bon petit jeu. En l’état actuel des choses, vous jouez juste à la roulette russe avec votre sauvegarde, mais une fois que tout sera corrigé, vous aurez un titre très sympa qui vous occupera de manière efficace. Ce n’est pas un de ces jeux qui est là pour éblouir les foules de par sa technique ou bien ses propos profonds sur la condition humaine, mais c’est un bon petit divertissement qui entreprend de faire plusieurs choses et qui y arrive plutôt bien. Et c’est peut-être en ça que j’ai eu un peu de mal à en écrire la critique : le jeu n’est pas exceptionnel, ni mauvais. Il est bien. Buggé, mais bien. Est-ce qu’il entrera dans les mémoires ? Si l’on excepte un très bon puzzle et certaines cutscenes hilarantes pour les mauvaises raisons, j’en doute, mais il est bien. Un bon moyen pour le studio de se remettre en jambes avant d’attaquer le quatrième épisode.
Si vous êtes fan de la série ou bien que vous n’exigez pas une constante excellence dans vos jeux, je pense qu’il n’y a pas de mal à vouloir considérer le prendre. Faudra juste attendre que le bug que j’ai rencontré soit corrigé pour que vous soyez sûr à 100% de pouvoir le finir, mais une fois que ça sera fait, vous aurez le droit à un jeu sympa qui vous occupera efficacement une bonne douzaine d’heures.
Donc ouais, Darksiders III est bien.
Benjamin « Red » Beziat
Ta conclusion résume ce que j’attends pour ce jeu et ses prédécesseurs. J’aime passer un bon moment et fouiller et réfléchir pour leurs énigmes.
Les bugs ont tjs été là dans leur jeu ,faut espérer une correction rapide.