*Pitié ne prenez pas mal ce titre, c’est juste une ref à un article devenu un meme ;_;
Une fois, un célèbre chercheur a dit « La vie trouve toujours un chemin ». Et cette phrase trouve encore aujourd’hui un bel exemple auquel on peut l’associer, puisque après presque vingt années d’errances à tenter sans cesse de se réinventer pour le meilleur et pour le pire, la série Crash Bandicoot a décidé d’appuyer sur un bon gros bouton reset et de revenir aux bases qui ont fait d’elle une série culte et de mettre un bon gros 4 à côté du titre, comme pour déclarer fièrement que tout ce qu’il y a eu ces 20 dernières années ne comptait pas vraiment… Alors que The Wrath of Cortex s’appelait déjà Crash Bandicoot 4 au Japon mais on va faire comme si de rien n’était.
Et, dans un sens, se vanter que le dernier épisode sorti est le digne successeur de la trilogie de la première PlayStation était un pari très risqué, puisque à moins de faire les choses à l’ancienne tout en rajoutant suffisamment de nouveautés sans que ça ne dénature l’expérience, ça aurait pu être un coup à se mettre à dos les fans les plus hardcore de la série.
C’est en cela que je peux dire que je suis plus qu’heureux de voir que non seulement Toys for Bob a réussi haut la main ce pari. Car après avoir réussi magistralement le remaster de la trilogie Cra… Spyro ? Hein ? Attendez… Donc Toys for Bob n’a pas fait Crash Bandicoot N-Sane Trilogy, mais Spyro the Reignited Trilogy et Vicarious Visions, qui s’était occupé de Crash Bandicoot, s’est barré pour faire les remakes de Tony Hawk sorti le mois dernier ? Okay !
Donc oui, on aurait pu croire que ceux qui avaient refait la trilogie auraient pu utiliser l’expérience accumulée pour développer le 4ème épisode, mais au final c’est un tout autre studio qui n’a fait qu’assister dans le développement de la N-Sane Trilogy sur Switch et dont le seul taf plus ou moins inédit sur Crash était une poignée de niveaux pour Skylanders Imaginators s’est occupé de Crash Bandicoot 4. Oui oui, c’est un peu étrange comme situation, mais bon, en vrai on s’en fout un peu puisque tout ce que l’on a à retenir de cette histoire, c’est qu’ils ont fait un nouvel épisode aussi bien digne de la trilogie originelle qu’un platformer ultra généreux et fun !
Et vous savez, comme le dit le fameux dicton : C’est dans les vieux pots qu’il faut cracher… Non attendez. Faut pas cracher dans la compote… Non attendez… Faut pas souper dans un crachoir… Non attendez… C’est dans les crachoi…
La belle masquée
Côté histoire, Crash Bandicoot 4 est… Plutôt simple. Neo Cortex et ses alliés ont réussi à sortir de la dimension dans laquelle ils étaient enfermés depuis la fin de Crash Bandicoot 3 et ils viennent semer le chaos en créant des brèches dimensionnelles. Il en revient à Crash, Coco et trois autres alliés qui viendront plus tard d’arrêter les méchants et leurs plans maléfiques. Pas de grosses surprises à deux exceptions près, mais on a le droit à une histoire qui se suit avec énormément de plaisir !
Pour le coup, s’il y a bien un truc que j’ai adoré de ce côté-là, c’est le respect et l’amour des scénaristes et des développeurs pour la série en général, puisque c’est la foire aux petits clin d’oeil plus ou moins subtils, y compris à des épisodes qui ne sont plus vraiment considérés comme canon. De plus, les cutscenes sont vraiment bien fichues, donnant l’impression de voir des extraits d’une série animée ou bien un film, avec un humour qui fait tout le temps mouche et des petites subtilités qui font plaisir à voir. Mon seul vrai regret est juste que le côté scénario aurait pu être un peu plus poussé puisque c’est rare que les cutscenes durent plus d’une minute et elles ne sont pas bien nombreuses. De plus, on a la promesse d’un mélange digne de Spider-Man Dimensions avec notamment l’excellentissime version alternative d’un personnage qui avait mal vieilli et de sa nemesis badass, mais en dehors de leur introduction, ils n’en font pas grand chose. Ça aurait été drôle de voir des versions alternatives des autres personnages principaux, mais bon, là je ne fais vraiment que pinailler sur un détail qui n’importe pas trop au final.
Parce que concrètement, le cœur de la série Crash Bandicoot repose sur son gameplay et… Bah grosso modo c’est vraiment la suite de la trilogie originelle. Concrètement, on ne fait qu’aller d’un bout à l’autre du niveau en sautant et en courant, ou bien en utilisant des rails ou des montures comme à l’époque et la seule vraie différence vient des masques spéciaux que l’on débloque au fil de l’aventure et un peu du gameplay des trois comparses supplémentaires.
Pour ce qui est des personnages à débloquer, ceux-là ne sont jouables que dans des niveaux qui ont été conçus pour eux, car par exemple l’un d’entre eux aura un grappin à utiliser pour traverser des gouffres ou bien sauter de mur en mur, un autre aura une sorte d’aspirateur à caisses qu’il pourra utiliser pour lancer des explosifs sur les ennemis ou bien le dernier aura un rayon spécial qui transforme les ennemis en plateformes et tremplins et aura un dash à utiliser pour traverser les niveaux car il n’a pas de double-sauts. En vrai, en termes de sensations, on a toujours l’impression de contrôler un personnage comme Crash ou Coco, mais les plus petites subtilités font qu’on a besoin d’un level design différent que ne pourraient traverser les deux bandicoot. Notez aussi que quasiment tous les niveaux de ces trois personnages sont totalement optionnels et ne rentrent pas en compte dans les prérequis pour finir le jeu.
Les masques quant à eux sont au nombre de quatre et chacun débloque un pouvoir qui servira dans des situations spécifiques. Ainsi, l’un fera apparaître et disparaître des éléments de décor spécifiques, un autre permettra de faire la toupie indéfiniment et de faire des sauts plus hauts, plus longs et avec une chute ralentie, une autre permettra de ralentir le temps et le dernier permet d’inverser la gravité. Leur utilisation est très situationnelle dans le sens où ils débarquent que quand il y en a besoin et repartent parfois sans prévenir. Et vous connaissez cette situation où on fait un souhait et qu’il se réalise avec des conséquences inattendues, voire indésirées ? Bah pour le coup, pendant un moment je souhaitais que ces masques deviennent un peu plus complémentaires avec des sections qui en demandent deux ou plus à la fois… Et ce souhait s’est réalisé, aboutissant sur ce que je pourrais appeler l’enfer sous forme de jeu vidéo, à savoir le dernier niveau de la campagne principale qui m’a bouffé 88 vies, dont presque 60 rien que sur un segment final qui nous fait enchaîner les 4 masques d’un coup !
Crash Bandicoot 4 respecte à la lettre les standards posés par les trois épisodes précédents et a plus ou moins décidé de faire fi de l’idée d’être accessible aux nouveaux venus, parce que une fois arrivé au quatrième monde, la courbe de difficulté et du nombre de morts par niveaux monte en flèche. Pour être honnête, même dans le premier monde j’ai eu quelques moments de tension et des morts débiles… Enfin, en tout cas le jeu propose un défi plutôt relevé de manière globale et on est loin des Mario qui nous proposent de vrais défis qu’une fois passé les crédits de fin. Dans Crash 4, vous aurez envie de balancer votre manette bien avant ce point, au point que je trouve un peu vache le fait que les niveaux les plus difficiles se trouvent avant le boss de fin. Là, si vous voulez finir le jeu, faut le mériter, pour le meilleur et pour le pire.
Pour compenser cette difficulté un peu brutale, les développeurs ont malgré tout eu la bonté de proposer deux modes de jeu différents : le mode Rétro, où l’on n’a qu’un nombre restreint de vies qui fait que l’on doit tout recommencer si l’on arrive à zéro, et un mode Moderne bien plus permissif où le compteur va plutôt vers le haut pour vous rappeler à quel point vous êtes naze et qui ne fait que vous ramener au précédent checkpoint, peu importe les circonstances. Un truc rigolo à noter, c’est que si jamais comme moi vous vous faites défoncer trop souvent, au bout de cinq morts sur la même section, Aku Aku arrive pour vous offrir un point d’invincibilité. Et au bout de dix morts consécutives, il arrive pour vous offrir deux points d’invincibilité et un nouveau checkpoint fera son apparition à peu près deux fois moins loin que celui posé de base pour que vous n’ayez plus autant de distance à parcourir et vous offrir la chance d’apprendre de vos erreurs plus vite. Sauf pour la section brutale de la fin du dernier niveau du jeu. Là, vous pouvez aller vous gratter.
Et là où finir le jeu est une épreuve en soi, le finir suffisamment débloquer tous les costumes secondaires pour Crash est Coco peut vite rendre fou, car il consiste à obtenir entre 6 à 10 diamants par niveau. Sachant que quatre de ces diamants sont liés au pourcentage de caisses que l’on a détruit, un autre est caché dans le niveau et le dernier ne s’obtient qu’à condition d’être mort moins de trois fois au total ! Oui oui, même dans le niveau où je suis mort 88 fois. Heureusement, il est possible d’obtenir des diamants supplémentaires qui comptent pour ce total par costume dans les version inversées des niveaux concernés.
D’ailleurs, il me faut parler des niveaux inversés, puisque c’est LE truc que j’adore le plus de tout le jeu. Concrètement, comme le nom l’indique, il s’agit d’une sorte de mode Miroir, où tous les éléments sont inversés… Mais ! Le twist, c’est que chaque monde y apporte un filtre graphique unique et parfois hyper cool et qui peut changer le gameplay ! Dans le premier monde notamment, le monde est presque invisible et tournoyer permet de faire un effet de sonar qui nous montrera nos alentours temporairement ! Un autre exemple est un filtre pseudo rétro en noir et blanc comme un film muet et, comme dans les films muets de Buster Keaton, tout est en accéléré ! Ces ajouts sont géniaux et on prend plaisir à découvrir ce que chaque monde peut apporter comme variation… Mais mon seul vrai regret vient du fait que seule une poignée de ces filtres change de manière concrète le gameplay. Pour les autres, ce sont juste des filtres graphiques très cool, voire même très inventifs, mais sans plus.
Oh et si vous visez le 100%, je vous souhaite bon courage, puisque non seulement il faut récolter tous les diamants, mais il y a aussi les reliques de platine que l’on débloque à la condition de battre les temps en contre-la-montre (sachant que les timings sont ultra serrés), les cassettes vidéos qui sont des niveaux spéciaux ardus et surtout, surtout, les N.Sanely Perfect Relics que l’on obtient qu’à la condition de finir parfaitement un niveau, sans perdre de vie et en obtenant toutes les gemmes du niveau en dehors de celle cachée en un seul run. Voilà, donc je vous rappelle qu’il y a un niveau où je suis mort 88 fois et dites-vous que pour finir le jeu à 100% il faut finir celui-là du premier coup à 100%. Voilà voilà voilà.
Enfin, petit point sur la présentation : le jeu est absolument sublime ! Il est coloré et chaque niveau est ultra détaillé, au point d’avoir sa propre identité et si je devais faire une comparaison un peu foireuse, c’est au niveau de Donkey Kong Country Tropical Freeze, mais avec la profondeur d’une 3D jouable.
Côté musiques, c’est… Pas oufissime, pour le coup. Aucune musique ne m’est restée en tête, ce que je trouvais un peu dommage.
Par contre, un truc qui m’est arrivé pour une raison que je ne saurais expliquer. J’ai joué au jeu en version 1.02 et il n’arrêtait pas de planter dès que j’essayais de charger un niveau. Au bout du huitième crash (har har) consécutif, j’ai décidé de désinstaller le jeu entièrement, couper la console du net pour éviter que la mise à jour ne s’installe et puis là ça a fonctionné comme un charme et j’ai pu finir le jeu tranquillou. Je ne sais pas si c’est ma console ou bien le patch qui est buggé, mais si jamais ça vous arrive aussi, n’hésitez pas à faire comme je l’ai fait. Je suis quand même tombé sur des micro-glitch ici et là avec la version 1.0, mais rien qui ne m’a empêché de finir le jeu.
Au final, Crash Bandicoot 4 est le genre de suite/reboot qui fait plaisir à voir. C’est mi-nostalgique, mi-moderne et tellement bourré de détails et de trucs à faire que ça en devient presque indécent.
Et c’est d’ailleurs parce qu’il est si généreux que son prix assez élevé peut être compréhensible. Ceci étant dit, même si je spoile mon verdict en disant que c’est un Indispensable, il convient de parler du prix du jeu et des différents paliers de rentabilité.
Grosso modo, si vous êtes un joueur occasionnel, si vous pouvez l’avoir entre 30 ou 40€, ça peut valoir le coup, puisque l’on sait que vous vous arrêterez plus ou moins une fois la campagne terminée. Je l’ai payé 35€ en revendant des jeux et je ne le regrette pas !
Et si vous êtes le genre de joueur à vouloir finir leurs jeux à 100% et qui n’ont pas peur des défis, il n’y à même pas à se poser de questions, vous pouvez le prendre au prix que vous jugerez approprié et vous devriez vous sentir contentés !
Ceci étant dit, même si le jeu est excellent, je sais aussi que je peux difficilement le recommander à ceux qui n’ont pas forcément l’habitude des jeux de plateforme ou bien qui ont du mal avec les jeux difficiles, car autant Crash Bandicoot 4 possède quelques bonnes options d’accessibilité, autant il est très, très difficile sur la fin et risque de passer pour une mauvaise expérience. S’il vous intéresse, mais que vous n’êtes pas habitué au genre, n’hésitez pas à vous faire les dents sur des jeux Mario ou bien Donkey Kong Country Tropical Freeze auparavant et voir si vous tenez face aux niveaux extrêmement difficiles, parce que imaginez que là, ce sont les niveaux très difficiles, mais beaucoup plus tôt que d’habitude.
Quoi qu’il en soit, Crash Bandicoot 4 est un jeu à faire peu importe le prix tant il est complet et a été fait avec amour ! Reste plus qu’à espérer que l’on n’attendra pas 20 ans avant un Crash Bandicoot 5…