Petite mise à jour : le gros bug dont il est fait question dans ma critique a heureusement été éradiqué par le patch Day One. Si vous prenez le jeu, n’attendez pas pour le télécharger ! La fin de ce texte a donc été légèrement modifié en conséquence, car le reste est toujours valable. Merci de votre compréhension.

Avant de commencer cette critique, il faut savoir que moi et les jeux d’horreur, ça fait treize. Je ne suis pas fan des jumpscares et des ambiances macabres en tous genres. Cela étant dit, cela ne veut pas non plus dire que je ne vais pas hurler toutes les cinq minutes et refuser ce genre de titres, mais je sais d’avance que je risque soit de m’ennuyer (comme cela m’est arrivé avec Amnesia ou bien Dead Space), ou bien de m’énerver (comme avec le premier Resident Evil et ses contrôles peu adaptés à mon cerveau de joueur moderne).

C’est donc non sans crainte que j’ai accepté de critiquer Call of Cthulhu, un jeu qui se présentait comme un RPG Occidental avec des éléments horrifiques. Mais, heureusement pour moi, il s’est avéré en y jouant que Call of Cthulhu tient plus du Point n’ Click à la première personne saupoudré d’un tout petit peu de stats à gérer, de quelques tentacules ici et là et d’un bug qui a détruit ma partie et mon enthousiasme.

Allo oui ? C’est Rh’yley !

L’histoire de Call of Cthulhu est ce qui constitue son plus gros point fort : Edward Pierce est un détective revenu de la Grande Guerre et depuis hanté par des démons qu’il tente de noyer dans l’alcool. Les affaires s’enchaînent, mais sa réputation est telle qu’il n’est plus aussi efficace qu’à sa grande époque et est menacé d’être expulsé de sa guilde de détectives. (Mal)heureusement pour lui, avant que cela n’arrive, un vieil homme arrive dans son bureau avec l’envie de découvrir la vérité derrière la mort de sa fille, son beau-fils et son petit-fils. Intrigué par le côté incertain et étrange (et motivé par l’idée de ne pas perdre son boulot), Edward décide d’aller sur l’île de Darkwater pour y enquêter… Mais ce qu’il y découvrira risquera bien de le rendre fou.

Si vous êtes familier avec l’univers marin pondu par Lovecraft, vous serez bien heureux de savoir que Call of Cthulhu en respecte tous les codes. L’histoire est délicieusement sombre et les événements les plus étranges se succéderont dans un crescendo qui ne fera que jouer avec votre perception des choses. Pour le coup, les twists vraiment inattendus s’enchaînent et l’on sera très régulièrement surpris par la tournure des choses.

Mais là où le jeu brille plus particulièrement, c’est dans son sens du détail et sa construction de ses décors. Les environnements ne sont pas bien nombreux et on fera souvent des allers et retours selon les envies du scénario, mais chacun raconte une histoire en plus de l’histoire et contribue à renforcer cette ambiance oppressante. Le jeu ne fait pas particulièrement peur à proprement parler (à l’exception de rares jumpscares, dont un que j’ai déclenché en faisant une erreur bien débile), mais il ne donne pas particulièrement envie de continuer pour ne pas avoir à découvrir la prochaine pièce poisseuse qui nous attend.

Raccrochez pas, Monsieur Poulpe !

Call of Cthulhu 1

Et c’est là que l’on va commencer à entrer dans les choses qui ne sont pas forcément plaisantes. Call of Cthulhu est un Point and Click à la première personne mâtiné de petits points de RPG (où les points de compétence déterminent simplement le taux de réussite de certaines actions) et… D’infiltration. Ainsi, pour progresser dans le jeu, il suffit de parler aux bonnes personnes et cliquer sur les bons éléments du décor. Souvent c’est très simple et parfois c’est alambiqué au-delà du raisonnable… Comme n’importe quel Point and Click de l’époque.

Le jeu n’explique que très peu ses mécaniques et il arrivera donc des séquences où l’on tournera en rond pendant des plombes, pas nécessairement parce que l’on n’a pas la solution, mais plus parce qu’on ne sait pas forcément comment arriver à la solution sans se faire choper par les adversaires qui nous barrent la route.

Car bien trop souvent, le jeu tente de se la jouer jeu d’infiltration avec ses grands placards à balais où l’on peut se planquer, mais ça ne va pas plus loin que « si vous vous faites toucher, vous revenez au dernier checkpoint placé au pif » (parce qu’en plus il n’y a pas de sauvegarde manuelle et que certains checkpoints peuvent nous faire perdre cinq bonnes grosses minutes) et de toutes façons les ennemis sont tellement débiles qu’on peut faire comme dans le premier Tomb Raider en guidant les adversaires dans un placard à balais que l’on pourra refermer sans qu’ils ne puissent y faire grand chose (ce qui est assez hilarant, en vrai). Un des meilleurs exemples est une séquence qui en théorie ne dure qu’une minute si l’on sait ce qu’il faut faire, mais m’a pris trente minutes parce que je ne savais pas quoi faire au début, ai à moitié compris au bout de six tentatives, en ai mis environ sept de plus à comprendre la véritable solution, puis ai du y aller au pif lors de dix tentatives, faisant que le monstre qui me poursuivait durant cette séquences est passé de gros élément flippant la première fois à obstacle un peu relou la cinquième fois à truc que j’ignorais totalement sur la fin, mais qui n’en restait pas moins énervant.

Et c’est sans compter sur le bug hors patch Day One qui a détruit ma partie à un peu moins d’une heure de la fin : sans trop aller dans le détail, on a enfin accès à une arme. Pas besoin de pointer les adversaires. Si une icône s’affiche sur leur tête, vous les toucherez tranquillement. Bref, le bonheur. J’avais descendu une dizaine d’ennemis sur la vingtaine sur la carte, puis suis mort sans le faire exprès à cause d’un ennemi que j’avais négligé. La partie se recharge et… Mon arme avait purement et simplement disparu. Et bien évidemment, parce qu’il n’y a pas de sauvegarde manuelle et que ça avait déjà sauvegardé au delà du début du chapitre, je n’avais plus aucun moyen de me défendre et étais forcé à devoir contourner tous les ennemis. J’y suis plus ou moins parvenu jusqu’à avancer à un point où les ennemis sont arrivés en masse, rendant la phase d’infiltration d’autant plus difficile, voire impossible parce que aucun nouveau checkpoint ne se déclenchait. Autrement dit, j’ai répété inlassablement la même séquence de dix minutes plusieurs fois et plusieurs fois je me faisais avoir, devant tout recommencer, sans cette arme.

Bref, même si je n’en étais pas loin, je n’ai pas pu finir le jeu et ma motivation pour le finir avait totalement disparu (et celle de tout me refaire était inexistante, puisque ça aurait impliqué me refaire des séquences d’infiltration trop longues pour leur propre bien).

Malgré ce bug désormais éradiqué, Call of Cthulhu est un jeu que je peux recommander. Car même si deux-trois chapitres possèdent des phases d’infiltration pas bien folles (soit grosso modo un sixième du jeu), le reste est vraiment cool ! L’écriture est solide, les personnages intéressants, les twists imprévisibles et l’ambiance vraiment prenante, notamment grâce à un très beau travail sur le son et des acteurs convaincants. On sent que l’équipe était passionnée par le projet et voulait rendre honneur/horreur à l’univers de Lovecraft et ça, c’est vraiment cool.

Après, voilà, il faut juste que vous sachiez qu’il n’y a pas d’action tel que vous pourriez l’imaginer et que vous n’aurez pas à élaborer de grosses stratégies pour vous débarrasser de vos adversaires, car là n’est pas le genre du jeu (Bloodborne existe et peut vous satisfaire sur ce plan-là). Call of Cthulhu est un jeu purement narratif et tout l’intérêt est là. Donc si vous n’avez pas peur de vivre certaines séquences peu intéressantes vous passerez une bonne dizaine d’heures.

Bref, Call of Cthulhu n’est pas une grosse recommandation générale, mais plus une recommandation à plus petite échelle pour les fans de Point and Click horrifiques à la I Have No Mouth And I Must Scream, Sanitaruium ou bien Phantasmagoria. Et aussi pour les fans de fruits de mer.

Dans tous les cas, j’ai quand même envie de mettre à Call of Cthulhu un…

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Benjamin « Red » Beziat