Il est assez cool de se dire qu’après plusieurs années de dur travail et d’une persévérance presque maladive de la part de Sega, la série des Yakuza s’est enfin imposée comme la série incontournable qu’elle a toujours mérité d’être. Pour le coup, jusqu’à la sortie du 6, la série était considérée comme une série un peu planquée et tous ceux qui avaient joué à un épisode semblaient mener une bataille eprdue d’avance à essayer de promouvoir ces jeux au grand public. Je le sais parce que je suis un fan de la série depuis le tout premier épisode lorsqu’il est sorti sur PS2 et que Sega avait déjà tout misé à l’époque avec un doublage anglais et même Mark « Luke Skywalker » Hamill pour jouer Goro Majima !

Et le souci avec une série fleuve comme Yakuza, où chaque épisode se suit et raconte une seule et même longue histoire, c’est qu’il est assez difficile de prendre le train en marche. Et c’est pourquoi durant toute cette génération de consoles Sega s’est plié en mille pour enfin faire fonctionner la série. Remakes des deux premiers épisodes, préquelle et même un portage remasterisé des épisodes 3, 4 et 5, avec en prime un spin-off avec le très bon Judgment et désormais une sorte de reboot avec l’épisode qui nous intéresse aujourd’hui : Yakuza : Like a Dragon, un épisode audacieux, risqué, mais ô combien excellent en plus d’être une nouvelle porte d’entrée dans une série qui ici montre certaines de ses plus belles qualités et qui ose carrément des trucs nouveaux.

Et j’espère vraiment que ça sera l’épisode qui vous fera enfin craquer si vous n’avez jamais touché à Yakuza. Vous n’êtes tellement pas prêts !

Dragons Rising

Comme dit en intro, Yakuza : Like a Dragon est une sorte de reboot qui ne fait pas nécessairement table-rase de tout ce que l’on a connu avec la série, mais qui nous fait découvrir une toute nouvelle facette du monde de la pègre japonaise.

Dans les trois premières heures du jeu, on suit les aventures d’Ichiban Kasuga, un jeune yakuza qui a commencé la vie en mode très difficile : abandonné à la naissance, élevé au sein de prostituées dans un bordel de Tokyo et travaillant dur pour une famille de yakuzas pas forcément puissante au sein du clan Tojo (le clan qui est au cœur de l’intrigue de presque tous les jeux Yakuza), mais qui n’est pas non plus la plus basse qui existe dans la hiérarchie. Et sa vie passe de pas forcément évidente à bien pire le jour où son capitaine a commis un meurtre et que son patriarche lui demande d’aller en prison à sa place. Ichiban, dévoué à son clan, décide d’accepter cette opportunité de s’illustrer et passe 18 ans en prison, dans l’espoir d’avoir la reconnaissance de son clan.

De là, les choses ne font qu’empirer et à la suite d’événements que je ne vais pas détailler, il finit au beau milieu de la ville de Yokohama au fond du trou et son but va être de survivre dans une ville où règne la loi du plus fort.

Comme n’importe quel épisode de Yakuza, le gros point fort de Like A Dragon se situe dans son histoire et sa mise en scène, digne des plus grands films noir qui existent. À de rares exceptions, dans la première moitié c’est très imprévisible, passionnant et tellement fascinant que l’on en oublierait presque qu’il y a un jeu vidéo qui nous attend et la seconde moitié est une montagne-russe émotionnelle qui ne s’arrête presque jamais de descendre pour un maximum de pleurs. Cet épisode en particulier était limite plus prenant, notamment parce que l’on passe d’un Kazuma Kiryu qui était l’archétype du héros solitaire badass à la Kenshiro qui va d’aventures en aventures à un Ichiban Kasuga beaucoup plus expressif qui adore être en compagnie de gens qui l’apprécient.

L’aventure nous fera connaître tout un tas de personnages tous plus intéressants les uns que les autres avec des histoires vraiment variées, mais avec un point commun : tout le monde est dans la galère.

Pour le coup, je suis pas loin de dire que Like A Dragon est mon épisode préféré de la série pour la simple et bonne raison qu’il livre un point de vue assez cru et juste sur toute une tranche de la population que la société essaye d’écarter, sans jamais porter de jugement sur leur mode de vie ou bien jouer les grands moralisateurs. Les gens qui peuplent le monde de cet épisode sont des gens dont la vie a été brisée par les circonstances qui les entourent et qui tentent malgré tout de survivre et si vous avez un minimum d’empathie, soit vous allez être en larmes dès la première heure du jeu, soit à un moment ou un autre. C’est un jeu terriblement sombre, dur, adulte.

Mais aussi optimiste et limite un peu naïf sous certains aspects, surtout quand il tente d’excuser le comportement de gens que l’on sait sont pour certains des meurtriers… Mais je ne vais pas trop m’étendre dessus car d’une ça serait s’attarder sur des points qui sont des défauts de narration qui touchent d’autres œuvres (coucou Naruto et Orochimaru ou Pain, par exemple) et aussi parce que ça serait hypocrite de ma part quand j’ai aussi écrit des histoires qui ont cette sorte d’optimisme et de personnages de yakuza au passé un peu erm… Trouble. Dans tous les cas, sachez juste que ce jeu peut être parfois très dur émotionnellement, au point que je m’étais retenu de pleurer quatre fois avant de finalement craquer dans les dernières heures.

Un truc qu’il faut aussi savoir de Like A Dragon si vous n’avez jamais fait un Yakuza de votre vie, c’est que comme les autres épisodes de la série, celui-ci est pas mal verbeux et même limite plus que d’habitude. Pour le coup, sur toute la durée de ma partie, je pense que je n’ai passé qu’une quinzaine d’heures grand max à jouer et le reste à regarder des cutscenes. Bon après, il faut noter que j’ai aussi joué au jeu en mode turbo-bourrin par manque de temps et que le ration temps de jeu contre temps de visionnage du joueur normal sera bien plus raisonnable, mais ne soyez pas non plus surpris quand vous ferez face de très nombreuses fois à des sessions de dizaines de minutes de cutscenes sans possibilité de sauvegarder au sein de donjons parfois très mal agencés. D’ailleurs, un conseil très important et très utile : lorsque vous arriverez aux portes du donjon final, si vous n’avez pas littéralement 2 HEURES 20 devant vous, ne le commencez même pas ! Vous ne pourrez pas sauvegarder du tout et de toutes façons vous ne voudrez plus vous arrêter.

Enfin, l’autre truc qu’il faut savoir si vous débutez dans la série, c’est que même si il n’y a pas besoin de savoir ce qu’il s’est passé auparavant, le jargon, lui, est resté et je sens que pas mal de gens seront largués à cause de la tonne de noms que vous devrez mémoriser. En gros, sachez juste que le clan Tojo, c’est le clan de yakuzas qui était au cœur des épisodes précédents, le clan Omi, c’était très souvent les ennemis et que Arakawa, ce n’est pas que le nom de l’autrice de Fullmetal Alchemist, mais dans ce jeu, c’est surtout le nom de la branche du clan Tojo que sert Ichiban. Le reste, vous apprendrez probablement sur le tas, ou bien au grand pire il y aura toujours ce moment de « Attends, c’est qui ? Ah mais c’est luiiii là ! »

Je pourrais parler encore longtemps de l’histoire et aussi des personnages qui rejoignent la bande d’Ichiban, mais je vais m’en arrêter là pour ne pas spoiler ou vendre la mèche d’un des très nombreux twists d’une histoire qui est sans aucun conteste une des meilleures que vous pourrez vivre cette année. Mais genre de très loin, au point que si j’étais un sale troll, je dirais que The Last of Us 2 est trop simpliste en comparaison, mais je ne le ferai pas, parce qu’ils sont certes tous les deux très sombres, mais l’un est ultra pessimiste et refermé sur son personnage central avec l’idée que l’Humanité est terrible là où l’autre est malgré tout très optimiste et, dans un sens, une célébration de la Vie et de l’Humanité. Là encore, deux visions valables, mais bon, quitte à choisir, je préfère celle où je peux aussi taper sur des hommes déguisés en bébés.

Car oui, comme d’hab, Yakuza joue un jeu d’équilibriste assez dangereux entre les moments hyper sérieux du scénario et ceux vraiment débiles de ses quêtes secondaires, qui sont vraiment imprévisibles et parfois tellement drôles que l’on rigole fortement. Ça donne lieu à des mini-jeux rigolos, comme un jeu de recherche où il faut différencier des figurines de mascotte et contrefaçons qui sont des bombes miniatures, des quiz de culture générale vraiment pointus ou bien un clone de Mario Kart pas forcément réussi, mais qui occupe bien et bien entendu, l’incontournable karaoke. Pour le coup, vu que j’étais pris par le temps, je sais que je n’ai fait qu’effleurer la surface et que j’ai loupé plein de trucs, mais une chose est sûre : vous ne risquez pas de vous ennuyer voire même vous relancerez probablement le jeu juste pour faire ces activités annexes !

En plus, il y a même de vrais jeux dans ce jeu, avec notamment des bornes d’arcade de Space Harrier, Outrun ou bien carrément Virtua Fighter 5 jouable en multi local, et d’autres mini-jeux qui auraient pu être de vrais jeux à part entière, comme un jeu de gestion de bourse qui en plus d’être une bonne source d’argent, est terriblement addictif et m’a valu d’accidentellement briser un peu l’équilibre du jeu puisque j’ai pu débloquer un cinquième personnage jouable là où le scénario me demandait à un moment de me débrouiller avec une équipe de trois en plus de gagner tellement d’argent que j’avais de quoi m’acheter des armes vraiment puissantes !

D’ailleurs, en parlant d’armes, je ne vais pas trop m’étendre sur le système de combat, puisqu’il s’agit d’un système de combat au tour par tour assez standard, avec ce qu’il faut d’attaques spéciales ou bien d’invocations et de très nombreux jobs replacés dans un cadre moderne (remplacez les habituels mages, paladins et autres invocateurs par des policiers, idols ou bien danseurs de hip-hop) qui débouchent sur des capacités spéciales vraiment spéciales. Les seuls trucs que je dirai, c’est qu’il me rappelait étrangement Chrono Trigger, dans le sens où le placement de nos personnages et de nos ennemis peut avoir de l’influence sur la portée de certaines attaques et des personnes que ça touche et… Que l’équilibrage du système en général est assez mal fichu.

Les niveaux des ennemis, bien qu’en théorie représentatif de leur niveau de puissance d’attaque ne représente en rien leur barre de vie et donc on peut se retrouver avec des ennemis de niveau 50 bien plus dangereux et résistants que ceux de niveau 60 alors que l’on est nous-même niveau 53, par exemple.

L’autre truc qui m’a rendu hyper perplexe vient de l’équilibrage de certaines attaques spéciales. Une attaque qui coûte plus de points de magie ne veut pas forcément dire qu’elle sera plus puissante, bien au contraire. Pour le coup, une des attaques les plus puissantes du jeu ne me coûtait que… 6 misérables petits points de magie pour des dégâts allant au-delà des 1000 points, là où celle à 60 points de magie ne faisait que genre 120 points de dégâts. Je n’ai vraiment pas compris la logique, mais bon, je ne vais pas chercher plus loin, puisque, dans un sens, ça m’évitait de trop dépenser de mana…

D’ailleurs, j’imagine que c’est aussi en partie dû à mon bourrinage intensif, mais les boss des trois derniers chapitres sont un mur de difficulté assez incroyable quand comparés au reste du jeu, voire même à certains boss au sein même de ces chapitres. Heureusement, arrivé à ce stade, j’avais débloqué une arène de combat qui me permettait de me remettre à niveau en moins d’une heure et demie, mais même là ils offraient un challenge vraiment intéressant !

Et avant de partir sur la partie présentation, un petit conseil : prenez un guide et gardez sous le coude la mission spéciale qui consiste à prendre 10 kappas en photo pour le chapitre 12, car cette mission vous garantit de gagner 2 millions de yens alors que le jeu vous demande d’en récolter trois millions ! Je vous dis ça juste pour vous éviter de tourner en rond parce que gagner de l’argent dans ce jeu à ce stade là, en dehors du mini-jeu de la bourse et les casinos, c’est pas forcément évident.

Côté présentation, Yakuza Like A Dragon est toujours aussi bon  Les visages infiniment expressifs sont toujours aussi incroyables à regarder et les rues de Kamurocho et Yokohama sont toujours aussi joliment modélisées. Bon, les animations dans les cutscenes mineures sont un poil plus rigides, mais ça peut facilement être pardonné quand on prend en compte le fait que ça reste un jeu qui dure quasiment 35 heures pour le finir en ligne très droite et qui contient beauuucoup de cutscenes. Notez que j’ai joué au jeu sur PC, donc je n’ai pas vraiment rencontré de problèmes techniques, à l’exception d’un étrange bug au tout début parce que le jeu n’était pas attribué au bon composant sur mon PC et donc ça ramait comme rarement. J’ai du passer par les paramètres de l’ordi lui-même pour régler ce problème, après quoi ça tournait comme un charme !

Enfin, d’un point de vue musical, en dehors des thèmes de combat vraiment cool (mention spéciale à celui d’un lieu du chapitre 12) et du thème le plus mélancolique, je n’ai pas trouvé les musiques très mémorables. En revanche, les performances vocales des comédiens sont incroyables et vous vendent totalement certaines subtilités des personnages, au point de vraiment vous prendre par les émotions quand ils le veulent !

Au final, Yakuza : Like A Dragon est non seulement une histoire incroyable et tellement prenante qu’on ne lâchera jamais la manette sauf par obligation, mais c’est aussi un des meilleurs épisodes de la série. Ichiban Kasuga est un personnage tellement cool qu’il transforme un jeu déjà sympa en une aventure qui vous fera vivre tellement d’émotions différentes qu’il est presque impossible d’y être insensible. Les mécaniques de RPG sont… Un peu perfectibles et mal équilibrées, mais c’est finalement bien peu quand mis face à la quantité astronomique de contenu proposé en plus d’une durée de vie déjà colossale rien qu’en voulant jouer au jeu pour sa seule histoire.

Si vous n’avez jamais fait de jeux Yakuza, vous pouvez parfaitement commencer par celui-là tant il est détaché du reste. Certes, il y aura quelques gros clins d’oeil et un petit spoiler des épisodes précédents, mais ça n’est pas essentiel pour comprendre l’histoire. En revanche, si vous êtes fan de la série, vous allez probablement adorer ces éléments. Le changement de système de combat est peut-être un peu déroutant, mais on s’y fait vite.

Sans surprise, Yakuza : Like A Dragon est un Indispensable ! J’irais même jusqu’à dire que c’est potentiellement LE jeu de l’année, ou du moins le mien, mais je vais éviter de m’emporter comme avec 13 Sentinels : Aegis Rim et plutôt attendre que l’expérience ne décante un peu avant d’établir mon top 10. Dans tous les cas, Sega a sorti trois des meilleurs titres de cette année avec 13 Sentinels et Persona 5 Royal et ça, c’est fort ! Plus fort que toi, même !