Ça fait très bizarre de se dire que le premier Trine est sorti il y a un peu plus de 10 ans. Jeu assez expérimental pour l’époque, Trine se voulait être une sorte d’hommage à The Lost Vikings, un jeu de Blizzard sorti sur Super Nintendo et bien d’autres plateformes où l’on incarnait trois héros aux capacités différentes, mais complémentaires. Ajoutez à Trine un gameplay plus basé sur le moteur physique assez poussé et aussi et surtout des graphismes à s’en faire péter la rétine en plus d’un univers charmant typé conte et une bande-son monstrueusement bonne et vous avez la recette pour un succès qui a même pris Frozenbyte au dépourvu.

Une suite est assez rapidement arrivée, poussant le pétage de rétines à son maximum et avec une bande-son encore plus dingue, puis… Vient un troisième épisode, qui tente des choses radicalement différentes avec un gameplay en 3D et une sortie en Early Access qui convainc très… Très peu de gens. Trine 3 a manqué de faire couler le studio, mais ça n’a pas trop entâché le moral des troupes, puisqu’ils ont décidé de quand même faire un quatrième épisode, épaulés par Modus Games à l’édition.

Et histoire de ne pas non plus réitérer les problèmes rencontrés avec le troisième épisode, les développeurs ont décidé de revenir aux sources en reprenant tout ce qui faisait la force de la série tout en corrigeant certaines de ses plus grosses faiblesses. En résulte ce qui est incontestablement le meilleur épisode de la série et une bonne leçon sur le fait que la simplicité peut parfois mieux payer.

Les Annales du Cauche-Monde

La première chose que l’on remarque en lançant Trine 4, c’est qu’ils ont mis plus d’efforts qu’auparavant dans la mise en scène de leur histoire pour nous offrir un joli petit conte. Selius est un prince enfermé à l’Académie Astrale à cause de son instabilité et d’une malédiction qu’il s’est infligée par accident. Mais un jour, il parvient à échapper à la vigilance des sorciers et s’enfuit on ne sait trop où. Le truc, c’est que sa malédiction fait qu’il fait se matérialiser les cauchemars des personnes qu’il croise et ceux-ci ne sont pas très coopératifs.

Il en revient donc à Amadeus le Sorcier, Zoya la Voleuse et Pontius le Chevalier de parcourir le monde à la recherche du prince et tenter de le ramener à la raison et à la maison.

L’histoire est divisée en 5 actes et même si elle n’est pas non plus révolutionnaire, ni bourrée de twists de fou, elle n’en reste pas moins très plaisante à suivre. Les personnages ont tous énormément de charme et les petits dialogues qui ont lieu durant les niveaux sont très souvent amusants.

Notez d’ailleurs que si vous n’avez pas fait de Trine auparavant, vous ne loupez pas grand chose et pouvez commencer par celui-ci. Le premier acte est dédié à l’introduction de chacun des protagonistes et est d’ailleurs menée de main de maître. Vous louperez quelques petites références aux précédents, mais rien de trop important autre que des trucs qui feront sourire les fans.

Oh et avant de passer à la suite, il y a un monsieur blaireau et une madame hérisson avec des designs tout droit tirés des histoires écrites en Angleterre et non seulement ils sont trop choupipou, mais ayant grandi avec ce type d’histoires, je ne pouvais que trouver ça aussi rigolo que nostalgique et je dois avouer que j’ai un peu hurlé intérieurement en les voyant.

Enfin bref, comme dit plus haut, le jeu est divisé en cinq actes, chacun divisé en trois à quatre niveaux et erm… Bah c’est un jeu de plateforme, donc le but est d’aller de gauche à droite jusqu’à atteindre l’arrivée.

Là où ça devient très intéressant, c’est la façon d’y arriver, car chaque personnage possède des capacités très particulières et complémentaires : Amadeus peut invoquer des boîtes et divers objets au fur et à mesure de l’aventure, Zoya peut tirer des flèches et utiliser un grappin pour se balancer au dessus du vide ou bien lier deux objets entre eux pour créer des ponts et Pontius peut taper sur les ennemis avec son épée et utiliser son bouclier pour refléter diverses choses qui aideront à résoudre les très nombreuses énigmes du jeu.

Et quand je dis très nombreuses, c’est pas pour plaisanter. Le ratio puzzle-plateforme-combat est de l’ordre de 60% pour les puzzles, 30% de plateformes et 10% de combats (hors boss). Et ce ratio penche encore plus en faveur des puzzles si vous essayez de finir le jeu à 100% en récupérant chacune des fioles d’expérience qui traînent ou bien les différentes lettres et bidules à collectionner !

Notez tout de même que plus de la moitié des énigmes sont optionnelles et donc vous pouvez finir le jeu en deux fois moins de temps, même si ça serait dommage de faire ça, puisqu’il y a beaucoup trop de moments où l’on se sent intelligent quand on les résoud. Après, petit conseil : pour vraiment ressentir ça, jouez en mode Normal, puisque le mode Facile change pas mal les niveaux pour offrir plus d’éléments pour s’en sortir et rendre certaines autres énigmes beaucoup trop simples.

Notez aussi que j’ai joué au jeu intégralement en solo et même si c’est parfaitement jouable comme ça, c’est comme si vous aviez décidé de jouer en mode Très Difficile. Il est possible d’y jouer jusqu’à quatre joueurs et vous pouvez même paramétrer la partie pour soit avoir des personnages identiques, soit que chacun aie son propre personnage, limitant la partie à trois joueurs. Et vu comment pas mal de salles sont arrangées, sauf modification des niveaux, je pense qu’il y a moyen de venir beaucoup plus facilement à bout du jeu avec des potes… Bon ok, sauf s’ils décident de faire n’importe quoi, mais ça fait partie du risque de jouer à plusieurs ♪

Je dois avouer qu’en solo j’ai parfois du tricher un peu et venir avec des solutions improvisées à l’arrache en exploitant la physique parfois pas totalement parfaite du jeu, mais hey, tant que ça marche, ça passe, non ? D’ailleurs, je ne peux que vous conseiller de faire ça face au second boss du jeu, parce que sans y aller au schnaps, vous risquez comme moi de galérer pendant presque une heure alors que le duel peut durer moins de trois minutes si vous savez ce que vous faites… Ou êtes intelligent. Hum…

Mon seul vrai regret, c’est qu’à cause de mon planning actuel, je n’ai pas pu totalement prendre mon temps à résoudre les énigmes optionnelles et là où dans les trois premiers actes je faisais presque tout, sur la fin j’ai du y aller un peu plus vite et zapper quelques sections et donc là où les niveaux pouvaient me durer jusqu’à 45 minutes en prenant mon temps, sur la fin, ils en duraient à peine 20, pour vous dire à quel point votre style de jeu influencera sa durée de vie.

Le seul gros point faible du jeu et de la série en général vient de ses combats… D’où le fait que dans le 4 ils ne sont pas si présents que ça. En gros, ça consiste à marteler le bouton d’attaque avec Pontius jusqu’à ce qu’il n’aie plus de vie, continuer de cribler l’adversaire de flèches avec Zoya en attendant que le chevalier revienne à la vie et voilà. Ça ou bien vous pouvez totalement briser le jeu avec les flèches glacées de Zoya, puisqu’elles gèlent les ennemis beaucoup trop efficacement. Mais si vous vous sentez un peu aventureux, vous pouvez aussi tenter de vous battre avec Amadeus en invoquant des boîtes que vous balancerez à la tronche des adversaires, les tuant en un coup. C’est lent, très risqué, mais hyper drôle et satisfaisant quand ça passe !

C’est d’ailleurs un peu dommage qu’ils n’aient pas été très ambitieux sur les combats, puisqu’il y a un moment en particulier dans le jeu où celui-ci devient hyper intéressant : contre le troisième boss, qui mélange combat et énigme tellement bien que j’aurais aimé voir ça plus souvent. Le quatrième est aussi très cool, même si un poil plus bordélique et le combat final… Se termine beaucoup trop vite et est trop facile, mais bon, passons.

Et là j’attaque la partie qui rend Trine toujours aussi cool à mes yeux : sa présentation !

Outre l’univers enchanteur et son ambiance magique, les musiques de Trine 4 sont parfaites. Toujours composées par Ari Pulkkinen (aussi connu pour les musiques de Outland, Super Stardust HD et… Angry Birds, oui oui) elles nous transportent dans les niveaux et rendent l’expérience mille fois plus magique ! S’il y a bien un truc à retenir de ce jeu plus que le reste, c’est encore et toujours les musiques !

Bon et aussi les décors, puisqu’ils sont encore une fois à tomber par terre. Mais plus encore que d’habitude, puisque les artistes ont vraiment fait ce qu’il fallait pour que chaque tableau soit unique et captivant pour le regard.

… Ou du moins, ça l’est sur consoles, parce que sur PC, c’est juste une bouillie infâme !

J’ai testé la version PC en me disant que ça serait une bonne idée de jouer à un si beau jeu dans de bonnes conditions (et parce que j’ai enfin une bécane qui permettrait de faire tourner ce genre de jeu sans cracher ses poumons), mais non. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé au niveau de l’optimisation, mais le jeu ramait comme pas permis dans les environnements extérieurs, tournant bien en dessous des 20 images par secondes si je mettais les paramètres ne serait-ce qu’au dessus de Moyen. Bon, ça tournait mieux dans les espaces clos, mais la construction de la plupart des niveaux faisait que l’on alternait souvent entre intérieur et extérieur et donc plutôt que de jongler constamment dans les paramètres pour avoir un jeu un minimum fluide, bah je me suis contenté de jouer avec une résolution vastement inférieure en mode fenêtré. Le fun !

Donc à moins qu’un patch n’arrive prochainement, évitez à tout prix la version PC et prenez plutôt la version consoles !

Enfin bref, le truc intéressant, c’est que même malgré l’enfer d’optimisation que j’ai du traverser, ça n’a pas trop entaché mon enthousiasme pour ce jeu, ce qui, dans un sens, est encore plus impressionnant !

Trine 4 est un puzzle-platformer ingénieux et intelligent qui propose une tonne de moments de fierté personnelle en plus d’un univers enchanteur comme rarement !

Si vous aimez les jeux de réflexion, je ne peux que vous encourager de vous pencher dessus un jour où l’autre. En revanche, si ce n’est pas trop votre truc et que vous préférez l’action, je ne suis pas trop certain de pouvoir vous le recommander, car les phases de combat ne sont pas bien nombreuses et pas non plus bien folles.

Au passage et si vous trouvez le prix de 25€ un poil élevé, sachez qu’il existe aussi une compilation réunissant les 4 épisodes de la série pour à peine une vingtaine d’euros en plus et avec quelques bonus numériques pas inintéressants ! Ou bien au pire attendez une baisse de prix, parce que je ne peux que trop fortement vous recommander d’y jouer tôt ou tard tant il est captivant et enchanteur !

Benjamin « Red » Beziat