La nostalgie peut être le moteur de bien des erreurs de jugement. On peut penser le monde d’un truc que l’on a fait ou vu il y a des années, se dire, voire se persuader que c’était un des meilleurs trucs que l’on a pu faire de notre vie et se confronter plus tard à la dure réalité que l’on s’est accroché à une image glorifiée de ce passé.
Quand NieR est sorti en 2010, trop peu de gens l’ont compris. Il était moche par rapport aux standards de l’époque, mou et ses personnages n’étaient pas des canons de beauté… Mais son histoire absolument incroyable, sa bande-son divine et son ton à contre-courant de ce qui se faisait d’habitude a séduit bon nombre de joueurs, moi y compris alors que je l’avais acheté à à peine 30€ la semaine de sa sortie en import anglais sans trop y croire.
NieR était tout simplement mon jeu de la génération PS3/Xbox 360 et je me suis attaché à cette douce impression pendant plus de 10 ans. Et c’est pour ça que j’ai presque hurlé de joie en voyant arriver NieR Replicant ver. 1.22- je vais pas dire la série de chiffres en entier, même Yoko Tarô a avoué qu’il a tapé ces nombres au pif sur son clavier.
Mon rêve de pouvoir rejouer à ce titre génialissime dans une version grandement améliorée et étoffée était enfin à portée et après avoir l’avoir fini je peux dire que… Bon, le souvenir que je m’étais fait du jeu d’origine était peut-être un peu trop beau, mais ça n’en reste pas moins un grand jeu. Un jeu qui encore aujourd’hui n’est comme aucun autre, ni même Automata qui est limite trop sage en comparaison.
Oui, je continue de préférer Replicant à Automata, et ce même quand j’avais déclaré Automata comme mon jeu de la génération PS4/Xbox One !
Il n’est pas non plus sans défauts, et je vais y revenir, mais c’est encore une fois cette ambiance singulière et son histoire vraiment folle qui m’ont captivé comme rarement aucun jeu ne l’a fait.
Oh et histoire de faire les choses bien, je vais y aller en trois temps : il y aura une partie avec aucun spoiler et juste une énonciation de faits pour vous dire ce qui va et ne va pas, puis une autre où je vais sur les bases du scénario et un peu plus approfondir certains points évoqués en première partie sans spoiler non plus, puis une troisième qui parlera d’une certaine particularité du jeu et qui s’adressera surtout à ceux qui ont fait l’original, pour vous dire si les ajouts valent de repasser à la caisse (spoilers : très certainement) !
La Partie Sans Spoilers
Sans entrer dans les détails, NieR Replicant nous place dans les chaussures d’un jeune homme devant tout faire pour guérir sa sœur d’une étrange maladie. On peut choisir le nom du protagoniste, et donc j’ai tout naturellement nommé le protagoniste Robert. Robert de NieR… Oh.
Il sera baladé aux quatre coins du monde pour répondre à plein de demandes de diverses personnes, au point que le jeu peut facilement devenir un enchaînement de quêtes annexes (j’y reviens), tout comme il peut être une aventure avec un rythme hyper efficace si on décide d’ignorer le contenu annexe… Même s’il faut se farcir environ une première heure un poil lente, puisque contextualisation et tutoriels oblige, ça met un peu de temps avant de décoller. Mais une fois que l’aventure décolle, ça peut potentiellement ne plus s’arrêter si vous foncez en ligne droite !
Personnellement, connaissant le jeu par cœur, j’ai tracé en ligne droite, au point que j’ai pu finir le jeu très vite, là où pour celui qui découvrira le jeu, ça peut facilement prendre une vingtaine d’heures, et même beaucoup plus si vous décidez de faire quelques quêtes annexes en route. Le jeu n’est pas non plus bien difficile, au point qu’en Normal j’ai pu le finir avec très peu de morts sauf face à certains ennemis optionnels bien plus forts que le boss final qui me démolissaient en deux coups dans le pif. Si vous cherchez un défi un minimum stimulant, passez direct en Difficile !
En fait, le gros défaut du jeu qui m’a sauté à la figure en refaisant le jeu après toutes ces années : même hors quêtes annexes, il y a beaucoup d’allers et retours entre les différentes zones ! Heureusement, parce que le jeu n’avait pas eu un gros budget à l’époque, les zones sont vraiment compactes, au point que deux heures plus tard vous pourrez aller d’une extrémité de la carte à une autre en à peine 4 minutes montre en main et bien plus tard il y a une sorte de système de fast travel qui existe, même s’il n’est pas si utile que ça. Notez que j’ai joué sur la version PC et les temps de chargement étaient quasi inexistants sur cette version ce qui rendait les allers et retours infiniment plus supportables, et contrairement à beaucoup de jeux récents, il faisait à peine souffler ma machine avec tous les paramètres poussés à fond, ce qui était un changement plus que bienvenu.
En fait, ces allers et retours sont ce qui constitue le seul vrai point faible du jeu, puisque cette version améliorée de Replicant corrige quasiment tous les défauts de l’original ! Le gameplay de l’original était lent et mou, là où Replicant est beaucoup plus rapide, varié au niveau des combos et l’incorporation de la glissade de Roxas de Kingdom Hearts rend les combats bien plus dynamiques, aidé aussi par un framerate amélioré avec du 60fps minimum, si ce n’est plus sur la version PC ! Esthétiquement, l’original était très limité et brut de décoffrage à cause de son faible budget, mais le remaster rend ses décors infiniment plus beaux avec des textures modernes et détaillées et même si je ne suis pas totalement fan du redesign de Kainé qui passe d’une femme au visage taillé dans de la pierre brute à une femme avec un visage de poupée, le reste des personnages est plus que joli à regarder.
Et bien entendu, les musiques ont été entièrement retravaillées par Keiichi Okabe et ça transforme une des meilleures OST de tous les temps en quelque chose de vraiment magique, ajoutant quelques nuances bienvenues et étant parfois bien surprenant ! Une des nouvelles pistes introduites avec les ajouts jure un peu avec le reste, mais n’en reste pas moins sublimissime. Ce qu’ils ont fait à Hills of Radiant Wind m’a réinjecté 10 ans de vie supplémentaires et me fait fondre plus que de raison, c’est incroyable ! Et la reprise de The Prestigious Mask a failli me faire pleurer, c’est vraiment divin !
Enfin, un petit conseil : ne regardez surtout pas la scène pré-écran titre avant de commencer ! Ça spoile quasiment tout le jeu !
Bref, je cale ma conclusion ici, histoire que vous n’ayez pas à aller plus loin si vous ne voulez pas en savoir plus, mais NieR Replicant est un de ces jeux à ne vraiment pas louper si vous aimez le jeu vidéo ! C’est un jeu qui vous inondera de surprises que je ne veux vraiment pas révéler et qui est une véritable lettre d’amour à tout ce qui est étrange. Il faut juste ne pas avoir peur de faire quelques allers et retours de temps en temps et aussi ne pas avoir peur de se faire bousculer émotionnellement et d’autres manières. Comme je l’ai dit en intro, NieR Replicant est un jeu comme aucun autre et il n’hésite pas à faire des trucs que peu de studios oseraient faire en dehors de certains cercles de la scène indé, d’où le fait qu’il faut que vous vous prépariez à ce que ça soit bizarre !
NieR Replicant est bien parti pour figurer dans mon top 3 des jeux de l’année et c’est bien pour ça que c’est un Indispensable !
Maintenant passons à la partie où l’on entre un peu plus dans les détails.
La partie avec un peu plus de détails
Je ne vais encore une fois pas non plus vendre la mèche sur certains de ses twists, mais l’histoire de NieR peut parfois être d’une noirceur telle qu’il mérite amplement son PEGI 18 ! C’est un conte sombre et tordu qui est surprenant à bien des égards et ça passe aussi par le gameplay !
Car outre le fait que le jeu mélange un jeu d’action typique avec des éléments de bullet hell digne des meilleurs shmups, il lui très souvent de varier les plaisirs en se faisant des petits délires, comme la possibilité de chevaucher des sangliers qui peuvent drifter, oui oui.
Bien entendu, je ne vais pas non plus entrer dans les détails, mais si vous êtes un fan de jeux vidéo et de l’histoire du milieu, vous allez adorer la tonne de clins d’œil plus ou moins planqués et je sens que certains se demanderont ce que fout le jeu, mais c’est aussi ça qui fait le charme de NieR : le jeu fait ce qu’il veut en dépit du bon sens ou de la cohérence, au point qu’il créé sa propre forme de cohérence et ça en devient génial !
Un truc que je n’ai pas évoqué précédemment, c’est la force de ses doublages anglais. Le jeu a entièrement été redoublé en plus de donner une voix à tous les PNJ du jeu, chose qui n’était pas présente dans l’original ! Laura Bailey nous livre une performance vraiment impliquée en Kainé et la voix de Liam O’Brien en Grimoire Weiss est toujours aussi blasée dans le bon sens du terme… Même si refaire le jeu a révélé un truc un peu déplaisant à propos du personnage. J’ai remarqué que la grande majorité des interactions entre Weiss et Kainé sont des échanges d’insultes autour du même thème (le fait que Kainé s’habille mal) et on n’a pas l’impression que leur relation évolue tant que ça au point que ça devient un peu lourd.
Un détail sur lequel je veux aussi revenir et qui peut être important : le jeu vous permet de ramasser des armes en cours de route. Récupérez-les toutes, achetez-les toutes et n’en revendez aucune. Je n’en dis pas plus et vous me remercierez plus tard ♪
Maintenant que ça, c’est dit, si vous n’avez pas déjà fait le jeu d’origine, c’est le meilleur moment pour partir, puisque je vais parler de ce qui fait la spécificité du jeu en plus de certains ajouts (sans non plus les spoiler pour ceux qui veulent aussi se garder la surprise, ça va de soi).
La partie peut-être un peu trop détaillée
Si vous avez fait Drakengard, NieR ou Automata, vous savez que le jeu a plusieurs fins. Concrètement, rien ne change par rapport à l’original pour les fins A à D… Mais il en existe une nouvelle qui est absolument génialissime et qui mérite vraiment d’être atteinte ! La méthode pour l’acquérir est un peu tordue, mais ça vaut le coup de s’y essayer !
Côté contenus inédits, sans entrer dans les détails, le jeu ajoute un petit chapitre d’une demi-heure qui avait été coupé du jeu de base et qui a été inclus de manière très naturelle dans l’histoire. Pas non plus de quoi justifier l’achat à lui-seul, contrairement à la fin E, mais ça n’en reste pas moins très sympa !
Plus sympa encore, vient le donjon supplémentaire qui se rajoute une fois la fin A atteinte et le début du B commencé. On peut y accéder n’importe quand depuis la maison du protagoniste et il s’agit de trois salles de combats séparés en 5 confrontations chaque. C’est très rigolo avec même des variations jamais vues ailleurs et ça n’est pas non plus trop dur (même si je me suis fait péter les dents sur la troisième parce que j’avais 5 niveaux de moins que le minimum conseillé, mais avec les bonnes techniques c’est passé tout seul après) et c’est nécessaire pour obtenir les fins C, D et E ! Et il y a un micro-twist qui m’a rendu très, très heureux !
Enfin, le jeu se permet aussi de rajouter quelques cutscenes inédites ici et là qui rajoutent ce petit plus qui rend cet univers si attachant !
Oh et le mini-jeu de pêche est optionnel si on est trop nul ♪
En tout cas, j’ai très hâte de finir ce jeu à 100% et je mettrai à jour cette section une fois que ça sera fait ! Dans tous les cas, si vous avez fait l’original, cette version améliorée l’est vraiment et je sens que ça deviendra vite la version ultime pour (re)faire ce classique et vous pouvez y mettre le prix que vous désirez, vous allez très certainement adorer !