Salut tout le monde ! Aujourd’hui, je vais vous faire la… Aaah… Aaaaah !!! Aaaaaah… Pfiou, c’est bon ! J’ai cru que mon pouvoir allait se déclench…
Euuuuh… Quoi ? Un lapin !? Oh non… Bon tant pis, on continue !
Petite anecdote rigolote pour poser le ton de cette critique : j’ai mis une plombe à finir Dragon Ball Z Kakarot. Bon ok, vu la date de publication de cette critique, c’est pas vraiment étonnant, mais ça s’est plus ou moins passé bizarrement. J’ai passé une semaine à y jouer sans relâche jusqu’au milieu de l’arc Cell, y mettant presque 20h, avant de totalement l’arrêter non seulement à cause d’autres critiques plus prioritaires, mais aussi parce que je m’en étais lassé pour des raisons que je vais évoquer plus tard. Et puis, quelques semaines plus tard, me sentant coupable de ne pas encore avoir fourni de critiques, j’ai relancé le jeu avec l’intention de finir l’arc de Cell et écrire une critique partielle expliquant pourquoi je n’ai pas pu aller jusqu’au bout.
J’ai fini l’arc de Cell et j’ai eu tellement de hype par ce dernier combat que j’ai défoncé l’arc de Buu en presque une journée, incapable de lâcher le jeu.
La raison ? Parce que j’avais enfin compris comment aborder Dragon Ball Z Kakarot et trouvé son meilleur flow. Le flow qui me permettait de jouer sans être gonflé. Est-ce ma faute ou bien celle du jeu ? Dans un sens, j’ai envie de dire les deux, puisque j’étais tellement obstiné à tout faire que je n’y prenais plus plaisir et donc c’est pour ça que dans cette critique je vais expliquer en quoi Dragon Ball Z Kakarot est aussi bien un des meilleurs jeux de CyberConnect2 qu’un des plus frustrants.
La Buu-tte de Montmartre, Satan les Goku
La version audio du test, si ça vous tente (attention, j’ai mis les trailers du jeu en fond et ils spoilent quasiment toutes les scènes les plus cool, donc mettez plutôt la vidéo en fond sonore si vous voulez garder l’expérience de jeu la plus intacte possible)
Est-ce que j’ai vraiment besoin de parler de l’histoire de Dragon Ball Z ? Tout le monde la connaît un minimum et j’ai la flemme d’en faire un résumé, donc je vais plutôt consacrer cette partie histoire à donner mon avis sur chaque arc de la série, puisque je ne pense pas que j’aurai l’occasion de le faire ailleurs.
Même s’il n’est pas présent dans ce jeu, l’arc de Goku enfant en général est mon préféré. Il y a une sorte de légèreté au début que donne à l’aventure un petit quelque chose d’agréable et les vannes font souvent mouche.
L’arc des Saïens de DBZ est… Pas terrible terrible, surtout avec toutes les révélations sur l’origine de Goku et le fait que Raditz soit son frère semble tout droit sorti d’un chapeau et ça aurait limite été plus intéressant de faire de Vegeta le frère de Goku, mais passons. Au moins y’a un combat cool et une conclusion intéressante qui amène de manière très organique à l’arc de Freezer, mon second préféré.
L’arc de Freezer possède ses petits moments d’absurdité qu’il manquait à celui des Saïens tout en restant sérieux là où il faut et avec le meilleur méchant de la saga (tant qu’on ne parle pas de son rôle dans Super, mais ça c’est un autre débat). Freezer est un méchant que l’on adore détester et est une menace incroyable, menant à un combat final monstrueux.
L’arc de Cell, quant à lui, repasse en mode sérieux et même si le combat final est hyper cool et un joli moyen pour Goku de passer le flambeau à Gohan, le reste de l’arc est… Pas ouf ? Cell est un méchant badass, y’a pas à tortiller et j’aime beaucoup le fait que le Docteur Gero soit un ennemi venant du passé de Goku, mais les cyborgs en général manquent de personnalité dans l’arc dans lequel ils sont. C-17 et C-18 se rattrapent bien, mais durant l’arc de Cell, ils servent juste de méchants de surface eeet je sais déjà que beaucoup vont me détester pour dire ça.
L’arc de Buu, quant à lui, c’est un peu le contraire de l’arc de Cell. Le ton est un peu plus absurde et j’ai beaucoup plus souri durant celui-ci, mais c’est surtout dans ses deux premiers tiers qu’il est intéressant, notamment avec le développement de Vegeta qui possède de loin le meilleur arc narratif pendant cet épisode. C’est une fois que le Buu maléfique commence à ressortir que les choses deviennent un peu moins intéressantes, à l’exception peut-être de la toute fin du combat et la formation du dernier Genkidama, où ça devient bien hype.
Et donc comment est-ce que Dragon Ball Z Kakarot adapte tout ça ? Bah plutôt bien ! Bien évidemment, ce n’est pas parfait et il y a quelques coupes qui font un peu mal – notamment l’épilogue de l’arc de Cell où Trunks retourne dans le futur qui disparaît purement et simplement pour aucune raison en particulier – et il y a un peu de censure ici et là, mais dans l’ensemble c’est l’adaptation en jeu vidéo la plus fidèle au manga qui existe à ce jour ! Les cases les plus iconiques sont recréées avec un soin tout particulier et ça a le mérite de ne pas trop zapper de choses. Le plus cool vient du fait que non seulement Dragon Ball Z est largement adapté, mais la première série Dragon Ball est aussi très présente en esprit, avec notamment une tonne de personnages de cet arc faisant des caméos aussi bien sur la carte du monde que dans les quêtes annexes qui reprennent plus que fidèlement l’esprit de la série. Les décors aussi sont de jolis hommages à la série (même si j’y reviens un peu plus tard). Oh et ce jeu adapte aussi le micro-arc où Goku doit passer son permis et c’est tout aussi glorieusement stupide !
Mon seul vrai regret pour le côté adaptation, c’est que ça reste en grande partie statique. Les scènes de dialogues manquent pour la plupart cruellement de vie et ça fait un sale contraste quand on les compare aux moments où CyberConnect2 a mis tous ses moyens pour faire certaines des animations les plus glorieuses de l’ère PS4. Vous vous souvenez quand j’ai dit que j’ai poncé l’arc de Buu en une journée ? C’est parce que quand j’ai repris ma partie pour clore l’arc de Cell, je suis tombé sur une de ces cutscenes spéciales et c’était absolument dingue, me redonnant instantanément envie de voir ce qu’ils avaient fait pour l’arc de Buu ! On sent que la team derrière Asura’s Wrath et Naruto Ultimate Ninja Storm 4 bossait sur ces cutscenes parce que le travail accompli était titanesque !
Rien que ces séquences et le travail d’adaptation font que ça vaut le coup de faire ce jeu… Enfin… Juste ces choses-là font que ça vaut vraiment le coup. Parce que pour le reste…
Disons que c’est aussi perfectible que frustrant dans sa conception.
Herku Poipoirot
Tout comme les cutscenes qui alternent sans grande logique ni raison entre des scènes statiques où on peut appuyer sur A pour faire avancer le texte et des scènes presque tout aussi statiques où l’on regarde de manière passive l’action, Dragon Ball Z Kakarot a plus ou moins le cul entre deux chaises pour ce qui est son gameplay et sa structure, ne sachant quoi faire ou comment bien s’y prendre.
En gros, le jeu se présente comme un RPG en monde semi-ouvert avec la possibilité de battre des adversaires de moindre niveau pour gagner de l’expérience, se balader pour avoir des matériaux et objets et accomplir des missions secondaires ou bien foncer vers le prochain marqueur de scénario pour faire avancer l’histoire. Il y a aussi quelques mini-jeux ici et là pour offrir un peu de variété.
En théorie, tout ça, c’est bien sympa et inoffensif, mais c’est tellement mal dosé que ça devient vite lourdingue et était la raison pour laquelle j’ai mis tant de temps à le finir.
Les combats sur la carte ? Il ne servent concrètement à rien en dehors des monstres malfaisants qui eux sont d’un niveau bien plus élevé. Les autres, même s’ils sont à notre niveau, non seulement n’apparaissent qu’à condition de se balader plus de trente secondes, mais en plus ils n’offrent pas assez de points d’expérience pour nous permettre de monter en niveau de manière convenable.
Le seul moyen de vraiment monter en niveau hors combats du scénario, c’est de faire des quêtes annexes… Et c’est là que le jeu devient vraiment bancal. Non pas que les quêtes annexes ne sont pas intéressantes en termes de scénarios et d’écriture, puisque ça nous permet d’explorer le monde de Dragon Ball sous des angles rigolos et intéressants, mais elles n’existent presque que en deux catégories : les quêtes de récolte et les quêtes de combat. Les premières sont inintéressantes au possible, mais peuvent être bouclées en un instant si on prend le temps de récolter des trucs sur le chemin, tandis que les secondes ont le mérite de se reposer sur le système de combat, mais mis bout à bout, ce manque de variété fait que l’on peut inconsciemment ressentir un sentiment de trop-plein qui nous fera décrocher sur le long-terme. Le pire, c’est que ce problème aurait pu être résolu en variant un peu plus les situations et en mettant un peu mieux en avant les mini-jeux de course et de base-ball qui complémentent le mini-jeu de pêche plutôt sympa (et c’est une sacrée occasion manquée, mais ça aurait été trop cool d’avoir aussi des courses aériennes entre guerriers Z, puisque CyberConnect2 a bien prouvé avec Solatorobo être capable de faire des mini-jeux de course rigolos)…
L’autre gros, gros souci de ce jeu vient des différentes cartes du monde. Elles sont jolies et regorgent de petits détails qui montrent que le studio était passionné par le projet et qu’il y avait de très gros fans de Dragon Ball dans la team, mais pour une raison qui m’échappe elles manquent cruellement d’intérêt. Et je pense que ce sentiment n’est pas aidé par la surabondance d’orbes à récupérer qui ont été très certainement placées là pour donner un sentiment artificiel de contenu. En virant les orbes, les cartes auraient peut-être un peu moins de « trucs » à faire, mais ça aurait moins été souligné parce que l’on pourrait profiter des paysages et avoir potentiellement de vrais lieux à explorer. Vous imaginez si Breath of the Wild avait été rempli de traînées de rubis pour meubler ? L’expérience n’aurait probablement pas été aussi marquante et c’est dommage, puisque les cartes de Dragon Ball ont aussi des petits secrets rigolos, comme la maison du premier Son Gohan planqué au sommet des montagnes et il y a toute une tonne de petites vignettes à récupérer qui retracent les aventures de Goku dans la première série Dragon Ball via des images de la série animée. C’est limite si ça ne donne pas l’impression que les développeurs n’avaient pas confiance soit en leurs cartes, soit dans les joueurs en pensant qu’il fallait obligatoirement de bidules pour combler un manque qui n’avait pas lieu d’être.
Et le troisième problème du jeu vient malheureusement de son système de combat. Il n’est pas mauvais et peut même être technique si l’ennemi est plus fort que nous, mais il peut être assez vite répétitif à l’exception des boss. Et ils sont même rendus triviaux lorsque l’on contrôle certains personnages avec des attaques de zone comme Vegeta avec son Big Bang Attack qui peut être facilement spammé et fait d’immenses dégâts ou bien que l’on comprend que l’on peut rester en Super Saïen indéfiniment du moment que l’on prend l’occasion de recharger son Ki. Heureusement le jeu possède quelques petits systèmes de secours pour éviter que l’on ne brise le jeu en deux, notamment en réduisant les dégâts des attaques en cas de spam, même si ça peut vite être rétabli en variant un peu ses attaques.
Là où le jeu devient vraiment cool, c’est dans ses combats de boss, puisque ceux-ci peuvent lancer des attaques uniques qui demandent de bons réflexes et parfois changent l’angle de caméra ou bien qui demanderont de les bourrer au maximum pour les faire s’arrêter et nous permettre d’enchaîner sur une animation d’attaque glorieusement fluide et spectaculaire.
Et c’est dommage, mais c’est probablement à cause de l’aspect RPG mal pensé que je m’étais lassé du jeu la première fois et que j’ai autant accroché en changeant d’approche après. En ignorant la carte. En ignorant les quêtes secondaires et en ne suivant que le scénario et en faisant les combats principaux avec à la clé des reconstitutions parfois sublimées des meilleurs moments de la série. Du coup ça aboutissait sur un jeu ultra linéaire ressemblant plus à une suite de cutscenes agrémentés de combats, mais c’était finalement pour le mieux puisque c’était là où je me suis le plus amusé.
Enfin, il me faut vite fait aborder la partie présentation, qui là-aussi a un peu le popotin entre deux tatabourets puisqu’en voulant plaire aux fans, le studio a décidé de reprendre les musiques de l’anime. En théorie, c’est cool, mais en pratique, c’est un peu bancal, car non seulement on a le droit à des arrangements MIDI, mais en plus une sélection très limitée de pistes. Alors certes les grands classiques sont là, mais certains thèmes tournent beaucoup trop en boucle et peuvent vite taper sur le système.
Et… La traduction française. Quelle catastrophe. Je ne vais pas m’attarder sur le très drôle Finition qui conclut chaque combat, mais il y a parfois des non-sens ou bien des erreurs monstrueuses qui font peur. Notamment une fois où Krilin disait quelque chose du style OK à Gohan et qui avait été traduit par Bonjour. Je sais que la traduction se fait souvent en se basant sur un script sur papier et donc il manque parfois le contexte, mais cette traduction donne l’impression qu’elle a été faite sans contrôle qualité derrière alors qu’il s’agit d’un des plus gros jeux que Namco Bandai sortait cette année…
Au final, Dragon Ball Z Kakarot est loin d’être un mauvais jeu. Pour une adaptation de l’histoire de DBZ, c’est plus que certainement ce qui s’est fait de mieux à ce jour, avec un respect pour le matériau de base qui frôle la manie, mais pour ce qui est du côté structurel, c’est un peu loupé, avec une partie RPG aussi lourdingue que pas vraiment nécessaire et un contenu très présent, mais très mal réparti et mis en valeur.
Si vous êtes un fan de Dragon Ball, peu importe votre niveau de fanboyisme, il y a clairement quelque chose qui vous plaira à un moment ou un autre, que ce soit dans la dizaine de cutscenes qui vous décrocheront la mâchoire ou bien les petites références cachées ici et là et les quêtes annexes qui respectent à fond la série et son écriture. Il faudra juste se faire violence et ne pas viser le 100% pour éviter de rendre une expérience un minimum cool en quelque chose de pénible, lassant et, paradoxalement, trop long. On sent l’envie de bien faire et la tonne de passion qui ressort de ce projet, mais du travail a été mis dans certains trucs qui auraient pu facilement être mises de côté pour renforcer l’ensemble.
Je suis malgré tout prêt à recommander le jeu à la condition que vous le trouviez à un prix que vous jugerez pertinent. Plein pot, c’est un peu compliqué, mais à partir de 40 ou 50€, ça commence à devenir intéressant et en dessous, c’est carrément bien. En ligne droite, il y en a pour une bonne vingtaine d’heures et avec les diverses quêtes annexes, vous pouvez probablement ajouter une dizaine d’heures de plus, donc la proposition reste plus qu’honnête !