Team Sonic Racing n’a vraiment pas de chance : boudé par pas mal de gens parce que l’on attendait tous une suite à Sonic and All-Stars Racing Transformed avec encore plus d’univers Sega, défoncé de toutes parts lors des previews qui lui ont valu d’être carrément repoussé et de manquer la saison hivernale et sortant pile un mois avant un Crash Team Racing très attendu… Autant dire que j’éprouve pas mal de peine pour Sumo Digital qui part avec un sacré lot de casseroles à l’arrière de son kart…

Et pourtant, alors que moi-même n’en attendais pas grand chose et ai mis énormément de temps à accepter de revenir à un jeu purement centré sur Sonic, je dois avouer avec été très agréablement surpris par un titre qui essaye pas mal de nouvelles choses et qui parvient facilement à s’aligner avec la plus rude des compétitions, en plus d’être une lettre d’amour à une série que l’on aime encore énormément.

Hérissons de Compet’

Avant de parler du gameplay, j’ai envie d’aborder vite fait le mode Aventure, qui en termes d’écriture est tout autant un bonheur à parcourir qu’une épreuve en elle-même à découvrir. L’histoire n’est pas non plus incroyable pour un sou, mais on sent que la personne qui a écrit les dialogues connaît sur le bout des doigts son sujet et voir Sonic et les autres se balancer les pires punchlines à la tronche est un hyper fun. Seulement, pour des raisons qui m’échappent totalement, les développeurs ont décidé que pour jouer ces cutscenes avant et après chaque course, il fallait appuyer sur le bouton Y à la sélection du niveau. Si vous appuyez sur A – soit le bouton que n’importe quel joueur va appuyer par réflexe – vous commencez directement la course et si je n’avais pas fait attention en regardant la minuscule description des boutons en bas de l’écran, j’aurais peut-être fait tout le mode Aventure sans même voir une seule cutscene… Déjà qu’à cause de mes réflexes j’en ai zappé pas mal par accident…

Enfin bref… Le Mode Aventure lui-même est une succession de missions que l’on peut choisir depuis une carte, sachant qu’il n’est pas nécessaire de tous les faire pour avancer, mais il faut quand même accumuler suffisamment d’étoiles à la fin des missions que l’on souhaite pour débloquer l’accès aux chapitres suivants, voire des missions beaucoup plus difficiles, mais optionnelles.

Le détail que j’adore et qui fait que Team Sonic Racing est un meilleur jeu solo que la plupart des autres kart racers (Mario Kart y compris) est la grande variété de ces missions. On peut faire des courses individuelles, des mini grands prix, des courses de survie, où les trois dernières sont éliminés à chaque tour, des missions de destruction de cibles mouvantes ou non ou bien du slalom. Et le truc vraiment cool, c’est que même en difficulté normale, certaines de ces missions peuvent s’avérer être assez difficiles, surtout si l’on vise les médailles d’or ou de platine. Le jeu exige bien assez vite qu’on maîtrise les plus petites subtilités pour s’en sortir et c’est là que l’on découvre que l’on a affaire à un kart racer bien plus exigeant qu’on aurait pu l’imaginer.

Car même si, fondamentalement, Team Sonic Racing conserve 70% de la structure et du gameplay de n’importe quel clone de Mario Kart, avec une emphase sur les drifts et des objets plus ou moins identiques à Mario Kart en termes de fondtionnement, le jeu propose pas mal de petites nouveautés et subtilités qui changent considérablement la donne pour le meilleur (et un peu pour le pire).

La principale différence entre n’importe quel kart racer et ce jeu vient du fait que le jeu en équipe joue un rôle central dans la majorité des courses. Certes il est possible de faire des courses 100% solo, mais les courses en équipe sont ce qui rend ce jeu si profond et potentiellement stratégique : en jouant en équipe, le joueur en tête dans votre équipe peut aider les autres en laissant derrière lui une trainée lumineuse permettant à ceux qui la suivent de gagner sensiblement en vitesse, voire même de gagner un petit boost s’ils restent suffisamment longtemps dessus. De plus, si vous vous faites toucher par un projectile ou un obstacle, si un de vos collègues vous frôle, vous pourrez repartir immédiatement en calquant sa vitesse au lieu de mettre une plombe à récupérer. Ces deux mécaniques sont géniales, même si la seconde peut aussi être une mini malédiction si tant est que vous êtes mal aligné et que votre ami vous envoie soudainement dans le vide à cause du boost automatique.

La gestion des objets joue aussi pas mal à la profondeur du jeu en co-op, puisqu’à tout moment il vous est possible d’envoyer et de recevoir des objets de la part de vos collègues et il est même possible de cumuler un second objet si quelqu’un vous en envoie un, chose qui n’est pas possible autrement. Couplez à ça le fait que certains objets très puissants ne peuvent être invoqués que si l’on vous en donne un et vous avez tout intérêt à aider vos amis. Et c’est sans parler du fait que toutes ces actions combinées et le fait de démolir la concurrent vous permet de faire monter une jauge spéciale qui une fois remplie vous rend invincible et trois fois plus rapide (chose que vous apprendrez à conserver pour la fin du dernier tour quand vous jouerez en solo, puisque la majorité des courses se décident à la dernière minute à cause d’une I.A. qui aime bien faire des remontées magiques et pas forcément logiques).

Cela étant dit, et c’est le seul bémol que je trouve à ce système, surtout quand joué en solo, c’est que vos compagnons ne sont pas forcément des plus malins et même si vous vous êtes débrouillé comme un chef, il n’est pas impossible que vous ayez un score amoindri à cause d’une potentielle piètre performance de leur part. C’est pas un grand mal en soi, étant donné qu’ils se débrouillent bien 90% du temps, mais ça peut se révéler frustrant par moments.

Et bien sûr, que serait un kart racer sans circuits dignes de ce nom ? Et en cela, Team Sonic Racing est plutôt bien fourni, avec 21 circuits visuellement fous et incroyablement détaillés. Tous rendent hommage à l’univers de Sonic et presque tous sont vraiment cool à parcourir… Mais en mettant des détails partout, le jeu parvient parfois à se perdre et à nous perdre à cause d’une visibilité du circuit parfois amoindrie. Couplez à ça le fait que les circuits sont parfois trop détaillés que l’on a du mal à savoir où l’on en est dans le déroulé de la course et qu’il faudra plus ou moins passer une heure sur chaque circuit individuellement si l’on veut vraiment les connaître. Est-ce un bien ou un mal ? Sur le très court terme, je ne sais pas trop, puisque pour les parties entre amis peu expérimentés, ça peut paraître un peu trop fouillis. En revanche, si tout le monde s’y met un minimum sérieusement, ça peut donner lieu à des parties très intéressantes, notamment grâce au nombre assez impressionnant de raccourcis et autres passages annexes.

Sans parler des missions très variées dont j’ai pu parler plus haut, le jeu possède aussi pas mal de contenus annexes, avec des time attacks et la possibilité de débloquer un bon paquet de parties de véhicules de manière semi-aléatoire grâce à une roulette qui fort heureusement raye de la liste chaque élément débloqué, faisant que l’on aura presque toujours quelque chose de nouveau de débloqué au fil des heures. Comme on peut s’en douter, il existe aussi un mode en ligne et… Je crains que la communauté ne tienne pas sur la durée, si j’en juge mes parties avec seulement un seul autre concurrent quelques jours après le lancement dans une course qui en plus était bourrée de lag. Heureusement qu’il est possible de jouer en local et en sans fil sans trop de problèmes…

Enfin, comme dit plus haut, le jeu est non seulement très beau et très détaillé, mais il tourne comme un charme sur Nintendo Switch ! Certes, il est bloqué à 30fps (et tourne à 60fps sur PS4), mais jamais il ne s’est mis à ralentir lors des passages les plus chaotiques et les temps de chargement restent raisonnables. Un peu longuets, mais pas non plus insupportables. Les musiques ne sont pas en reste, avec des remix bien pêchus de certains des thèmes les plus connus de la série et beaucoup d’amour de la part de Crush 40 !

En bref, Team Sonic Racing est une excellente surprise ! Son contenu solo plus que robuste permet de lui éviter le syndrome Mario Kart du je-joue-plus-qu’en-multi-parce-que-j’ai-plus-que-ça-à-faire en plus d’offrir une difficulté plus que stimulante. Le gameplay est aussi technique qu’unique quand ça concerne la partie co-op et je pense que même s’il n’atteindra pas les sommets de son plus gros concurrent au niveau de la communauté online, il n’en restera pas moins une bonne proposition en soirée ou juste entre potes.

On n’a pas affaire à un de ces jeux à licence fait pour satisfaire de simples besoins de calendrier, mais un véritable travail d’une équipe passionnée et prête à y mettre tout son amour pour une série qui mérite bien d’avoir droit à des titres de cette trempe de temps à autres.

Ce n’est peut-être pas le kart racer le plus simple d’accès qui existe, mais il est plutôt unique et même si je sais que beaucoup d’entre vous iront plutôt vers Mario Kart 8 Deluxe, qui est certes objectivement mieux, je pense qu’il y a moyen pour que vous trouviez quelque chose de très cool dans ce jeu qui en plus est proposé à un prix vraiment raisonnable pour le contenu qu’il offre (et qui ne fera que devenir de plus en plus intéressant au fil des mois et des baisses de prix).

Team Sonic Racing n’est certes pas la nouvelle référence du milieu, ni un de ces indispensables qui feront parties des classements des meilleurs titres de l’année, mais en ce qui me concerne, je peux sans soucis le classé dans la catégorie des…

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Benjamin « Red » Beziat