Annoncé uniquement pour la Nintendo 3DS durant le Nintendo Treehouse de l’E3 2017, Sushi Striker : The Way of Sushido a créé son petit effet de surprise. Un générique qui claque et un concept tellement original que personne n’aurait pu le voir venir, le tout chapeauté par indieszero, le studio derrière la série ultra addictive des Theatrhythm. Je dois avouer que j’avais très envie d’y jouer et je comptais les jours jusqu’à la sortie.

Les mois ont passé et alors que je réécoutais non ironiquement le générique en boucle, nous avions appris en début d’année que le titre sortirait aussi sur Nintendo Switch. La hype continuait petit à petit de monter, puis j’ai reçu le jeu. Et même si j’ai commencé le jeu avec  un grand enthousiasme, une fois passé un certain point… J’ai fait une indigestion, ce qui, ironiquement, entre plutôt bien dans la thématique d’un jeu où l’on doit se goinfrer de sushis.

Sans aucun sushiiiii, philosophie !

L’histoire de Sushi Striker est… Atypique. La Grande Guerre des Sushis qui s’est récemment terminée a fait de nombreuses victimes, dont les parents de Musashi, un(e) jeune garçon/fille (au choix, sachant que ça influencera toutes les cutscenes), qui vit désormais dans un orphelinat d’un petit village reculé. Un jour, alors qu’il/elle meurt de faim, Musashi tombe sur un jeune homme qui lui offre un sushi, tout en lui disant qu’il parcourt le monde en vue de nourrir toute la population et offrir un peu de bonheur… Avant de se faire capturer par des soldats de l’Empire, qui tente de conquérir le monde et mettre la main sur tous ses sushis. Musashi part donc à la rescousse du jeune homme avant de rejoindre le Front de Libération des Sushis, un organisme voulant faire tomber l’Empire et redonner des sushis au peuple.

Sushi Striker, c’est le genre de jeu qui assume entièrement la stupidité de son propos et c’est absolument glorieux ! Tous les clichés sont représentés et l’histoire ne repose entièrement que sur ça, mais ils sont expédiés suffisamment vite pour que l’on ne ressente pas une certaine lassitude s’installer.

Si y’avais sou, chi n’aurais pas persévéré !

Sushi Striker se présente comme un de ces puzzle-game nerveux, où les réflexes et la réflexion sont censés aller de pair, comme dans les Tetris les plus récents ou bien les Magical Drop. Le but ici est de rassembler des assiettes de sushi de même couleur en moins de 7 secondes pour pouvoir les empiler et ensuite pouvoir les balancer à la figure de notre adversaire. La plus grande notre pile d’assiettes et le plus de sushis de qualité mangés, le plus grand notre puissance d’attaque sera. On est aussi assistés par des Poké… Sushinités aux pouvoirs différents permettant de doubler notre puissance d’attaque, faire apparaître des desserts pour nous soigner, faire disparaître les sushis de notre adversaire pour réduire considérablement les dégâts qu’ils font etc. Bref, sur le papier, un concept ultra original et ultra drôle, mais tout de même très ancré dans les codes les plus connus du genre pour ne pas dérouter.

Cependant, là où le concept pourrait offrir un jeu particulièrement sympa, c’est dans la façon de jouer et l’exécution que les choses commencent à sensiblement se coincer.

Le fait que Sushi Striker n’ait tout d’abord été annoncé que sur Nintendo 3DS avant d’être annoncé presque 9 mois plus tard sur Nintendo Switch me laisse à penser que Nintendo n’avait pas anticipé que le public adopte sa nouvelle console et délaisse son prédécesseur aussi rapidement. Ce n’est que de la pure spéculation, bien évidemment, mais ça expliquerait en partie pourquoi les sprites 2D des personnages aient l’air d’avoir été redessinés à la va-vite (sérieusement, on dirait que certains personnages ont été dessinés par des artistes autodidactes comme moi qui peinent encore à trouver leur style et n’ont des notions très basiques de coloration) et surtout pourquoi le gameplay semble aussi imprécis et mal optimisé.

Car le jeu demande non seulement de très bons réflexes, mais aussi un très bon sens de l’observation. Or, la Switch étant dépourvue de stylet et le jeu ayant été pensé en premier lieu pour les écrans tactiles, il faut jouer avec ses plus ou moins gros doigts et ses mains qui cacheront une bonne partie de l’écran. De plus, la reconnaissance tactile un poil trop précis fait que dès que l’on perd notre combo dès que l’on relâche la pression de l’écran. Autrement dit, on passera tout autant de temps à lutter contre les adversaires que contre l’écran tactile, au point qu’au bout du trentième combat (qui n’offrent que trop peu de variation pour donner la sensation de vraiment se renouveler), on commencera à sentir une certaine forme d’exaspération poindre à cause d’une défaite qui semble tout autant liée à une I.A. très inégale, nous défonçant un coup, puis ne faisant presque rien après, que par des mécaniques de gameplay imprécises.

Sushi Striker 2

Le jeu offre ceci dit une alternative plus classique pour ceux voulant jouer sur la télé en nous permettant de jouer à la manette, mais là aussi, c’est mi-figue, mi-raisin : enchaîner les combos est beaucoup plus facile et rapide, puisqu’on n’a pas à lutter contre un écran tactile capricieux et il ne nous faut qu’incliner le stick. Cependant, le contrecoup est que pour sélectionner le sushi qui initiera notre chaîne, il faut le sélectionner avec le stick analogique, sachant qu’il y aura généralement 28 sushis à potentiellement sélectionner. Et vu que lesdits sushis ont tendance à nous filer entre les doigts plus vite qu’on le souhaiterait, bah on finit tout simplement soit par louper une bonne partie des sushis qui nous permettraient de créer une bonne chaîne, soit par lutter contre le curseur de sélection, qui ne se placera pas forcément sur celui qu’on voulait. On s’y fait au bout d’un moment et on peut arriver à un résultat plus potable qu’avec l’écran tactile, mais le degré de précision et de contrôle qui rend certains jeux du genre incontournable n’est pas suffisamment présente pour nous accrocher comme il le faudrait.

Pour quand même un peu défendre le jeu, il est possible de ralentir la cadence en utilisant des accessoires spéciaux, mais cela se fera aux dépends de la taille de nos combos et aussi à l’encontre de l’esprit chaotique et frénétique du jeu. De plus, ce n’est pas faute de vouloir nous offrir du contenu, puisque le jeu nous propose tout de même une cinquantaine de sushinités pouvant évoluer de manière individuelle, presque 150 niveaux pour la campagne principale et du multi local et online en plus de quelques modes défis pour renouveler un peu un système de jeu qui est particulièrement répétitif.

Sur le papier et quand on commence à jouer, Sushi Striker : The Way of Sushido a tout pour être un de ces puzzle-game addictifs à la Puyo Puyo Tetris que l’on relancera une fois de temps à autre juste pour le plaisir. Malheureusement, des contrôles aussi imprécis couplés à un enchaînement de combats tous plus similaires les uns que les autres réduisent considérablement notre enthousiasme pour un jeu qui pourtant avait clairement été fait avec le coeur. On sent en jouant au jeu que les développeurs se sont éclatés à bosser dessus et ont mis tout ce qu’ils avaient dedans (y compris le character designer principal, malgré son trait plus que perfectible), mais le jeu aurait mérité quelques mois de plus sous la couveuse pour tenter de résoudre les quelques problèmes de précision qui rendent le processus d’apprentissage des mécaniques de jeu plus frustrant que fun. Peut-être que la version Nintendo 3DS s’en sort mieux du fait qu’on voit ce qu’il se passe à l’écran, mais dans tous les cas, je ne peux pas recommander ce jeu à plein tarif sur Nintendo Switch à tout le monde. Pour le coup, je ne peux que vous conseiller de bien vous plonger dans la démo et de vraiment l’étudier pour que vous puissiez voir si vous pouvez vous adapter à ses contrôles. Si vous vous y faites et que vous parvenez à les maîtriser et que vous vous amusez dessus, pourquoi pas, mais si vous avez du mal, sachez que ça n’ira pas vraiment en s’arrangeant.

… C’est la première fois depuis le début de cette année que je suis vraiment déçu par un jeu. Qui plus est un jeu que j’attendais tout particulièrement… Damn. Heureusement que Mario Tennis Aces sort bientôt et qu’on a eu pas mal de jeux exceptionnels sur la Switch depuis le début de l’année ! Ce ne sont pas les alternatives qui manquent, au moins.

(D’ailleurs, jetez-vous sur Donkey Kong Country : Tropical Freeze si ce n’est pas déjà fait. Je sais que ça n’a rien à voir avec Sushi Striker, mais n’importe quel prétexte est bon pour vous conseiller d’investir dans le GotY de la Switch)

Benjamin « Red » Beziat