Notes et conditions de test : Version fournie par l’éditeur. Le online a été testé en conditions normales, à ceci près que les membres de la presse et les vidéastes avaient des horaires indicatifs pour permettre d’éviter de trop s’éparpiller. L’attente pour trouver un match était tout de même parfois très longue, mais m’est avis que vous en trouverez presque immédiatement dans les mois suivant la sortie du jeu. De plus, étant donné qu’elle sort en même temps que le jeu, je n’ai pas encore eu l’occasion de tester l’application mobile permettant de discuter avec nos amis, mais elle fera l’objet d’un article séparé un peu plus tard si cela s’avère pertinent.

Ça peut paraître difficile à croire, mais ça fait déjà deux ans que Splatoon est sorti sur Wii U. Sorti de nulle part et devenu une des licences récentes les plus populaire de Nintendo, Splatoon est parvenu à rendre à la fois frais et grand public un genre que l’on aurait cru réservé à un public un minimum mature en plus de permettre à la Wii U de connaître un sursaut de vie appréciable et d’offrir un modèle de distribution de contenu à la fois juste et incroyablement intelligent. Forcément, qui dit grand succès dit suite obligatoire au plus vite. Et vu la politique actuelle de la compagnie de donner le plus rapidement possible à la Nintendo Switch un line-up extrêmement solide, il était inévitable que ladite suite arrive proche du lancement de la nouvelle console de Nintendo. Mais que vaut ce nouvel épisode ?

Encre suite et reboot

Pour une raison qui m’échappe totalement, je ne peux m’empêcher de faire une comparaison entre les séries Splatoon et Banjo-Kazooie, parce que cette dernière est un des seuls cas où, de mémoire, le temps entre chaque épisode passe en même temps que celui de notre monde. Deux ans se sont écoulés entre la sortie de Splatoon 1 et 2 et deux ans se sont également écoulés in-game. Suite au dernier Splatfest ayant eu lieu l’an dernier, Ayo et Oly se sont séparées pour se reposer et prendre du recul, mais au moment où Oly voulait reprendre contact avec sa cousine, elle fait face à un inquiétant silence radio. Pire encore, le Poisson-Charge de Chromapolis semble avoir encore disparu et c’est donc au touriste que l’on est de sauver la ville des terribles Octariens, qui ont semble-t-il envie de prendre leur revanche.

L’histoire ne casse pas trois pattes à un canard et est même relativement peu présente, le jeu privilégiant plutôt son atmosphère et son sens du style, qui sont encore une fois poussés à un tel degré de coolitude que l’on se demande bien pourquoi on voit que trop rarement ce style.

Et même si Splatoon est essentiellement une série multijoueurs, le contenu solo est loin d’être mis de côté, avec une campagne proposant cinq monde remplis de niveaux plus ou moins inventifs dans la même lignée que ceux du premier épisode. C’est parfois un peu mollasson et les décors manquent un peu de vie, mais certains niveaux proposent des trouvailles tellement folles que ça en devient indécent. La campagne est globalement super fun tandis que deux niveaux en particulier m’ont fait sourire au point que j’avais l’impression d’avoir perdu dix ans d’un coup et elle est un excellent tutoriel, mettant intelligemment en avant chacune des neuf armes utilisables dans le jeu. Chaque niveau est taillé pour un type d’arme en particulier, mais il est ensuite possible de les refaire avec celles que l’on souhaite. Sachant que le jeu comporte 27 niveaux en plus des cinq boss, ça fait quand même 288 « niveaux » de 4 à 8 minutes à faire si on veut finir ce mode à 100% !

Les boss, quant à eux, sont bien plus difficiles que dans mes souvenirs du premier. Chacun propose un panel d’attaque assez varié et il arrive assez souvent que l’on s’en sorte sur le fil du rasoir. Seul le troisième boss était d’une facilité déconcertante pour la simple et bonne raison que les développeurs ont mis une safe zone assez généreuse. Le boss final, quant à lui, est peut-être un poil moins épique que celui du premier, mais n’en reste pas moins un bonheur à affronter, avec une musique largement à la hauteur de celle du premier épisode.

Oh et les crédits de fin sont les plus stylés que j’ai jamais vu dans un jeu vidéo.

Surveille ta ligne !

Splatoon 2 Judd Jr

Mais bien évidemment, la pièce centrale de ce jeu vient de son mode multijoueur. Et même si pour l’instant il reste relativement chiche en contenu avec cinq ou six arènes différentes, ce ne sont pas les objectifs personnels qui manquent. Car le mode de jeu principal, la guerre de territoire, permet d’engranger de l’expérience, qui permet de monter en niveau, qui permet par la suite de débloquer des armes et accessoires dans les diverses boutiques en plus de débloquer les matchs pro au niveau 10, où l’on doit augmenter en rang pour pouvoir affronter des adversaires plus puissants, sachant que si l’on peut atteindre le rang B-, on peut débloquer des matchs de ligue, où les adversaires seront encore plus redoutables. Bref, il y a de quoi faire pour ceux qui visent le sommet !

Mais revenons un peu en arrière pour expliquer en quoi consiste chaque mode : la guerre de territoire possède le concept le plus simple. C’est obligatoirement du 4 VS 4 et le but est de recouvrir au maximum le sol de peinture. Neutraliser les adversaires ne sert concrètement pas à grand chose d’un point de vue score, mais peut aider à ralentir la progression de l’autre équipe ainsi que des créer des ouvertures dans des zones que l’on ne pouvait potentiellement pas peindre. C’est simple, rapide et incroyablement addictif.

Les arènes sont choisies aléatoirement parmi un set de deux changeant automatiquement toutes les deux heures et même si elles sont pour l’instant peu nombreuses, chacune d’entre elle propose une construction intelligente et différente, changeant la stratégie et la dynamique des duels. On a par exemple deux tours avec une arène centrale qui servira de lieu principal de lutte, mais avec également pas mal de câbles sur lesquels on peut grinder (une nouveauté en multi du second épisode plus que bienvenue) pour par exemple prendre l’adversaire de revers si ceux dont on a pris le contrôle se trouvent sur leur côté. On a aussi une plus petite arène relativement simple offrant peu de points où se cacher et donc où l’on se battra plus férocement et entre les deux genre, on a des arènes de taille moyennes qui sont de véritables labyrinthes offrant pas mal de points plus ou moins cachés où l’on peut grapiller des points supplémentaires sans forcément se faire remarquer. Les apprendre par coeur prend quelques heures et je sens que lorsque le chat vocal sera mis en place, élaborer des stratégies efficaces sera crucial pour obtenir une belle victoire. D’autres arènes et armes devraient faire leur apparition via des mises à jour gratuites dans les prochains mois. Ne sachant pas de quoi il en retourne, je ne peux que me baser sur ce que j’ai sous la main et je peux déjà dire que ce qu’il y a là est des plus solides et bien construits.

Les matchs pro et de ligues sont plus ou moins la même chose, offrant pour l’instant trois styles de jeu : Mission Bazookarpe est un mode « capturez le drapeau » relativement classique, à ceci près que le drapeau est un bazooka que celui qui le porte peut utiliser pour se débarrasser de ses ennemis. À noter que ledit bazooka est assez lent et qu’il est assez facile à neutraliser, donc il est très important que les membres de notre équipe nous escortent et nous fraient un chemin dans le camp adverse, car c’est là-bas que se trouve le piédestal sur lequel on doit emmener l’arme. Des trois modes proposés, c’est celui que j’ai trouvé le plus fun, car il peut créer des situations particulièrement folles.

L’Expédition Périlleuse, quant à elle, est une mission d’escorte à la Overwatch. Une plateforme mobile située au centre de l’arène doit être prise, puis escortée dans le camp adverse, sachant que ladite plateforme laisse les personnes montées dessus particulièrement vulnérable. C’est peu ou prou la même chose qu’avec le Bazookarpe, à ceci près que les joueurs attendant sur la plateforme sont souvent immobiles et pas nécessairement impliqués dans l’affaire, surtout quand tous les autres membres de l’autre équipe ont été décimés par nos collègues.

Enfin, la défense de territoire consiste à encrer une zone et faire en sorte qu’elle reste de notre couleur un maximum de temps. Ça peut devenir intense, mais je n’ai pas eu assez de temps pour l’essayer, donc je ne peux pas trop me prononcer.

Splatoon 2 Oly

Et puis, enfin, il y a le mode Salmon Run, qui selon les circonstances, peut rapidement devenir le mode le moins intéressant du jeu. Il s’agit d’un mode Horde pouvant se jouer en solo et jusqu’à quatre joueurs, où le but est de récupérer un maximum d’oeufs dorés d’une horde de poissons décidés de nous faire notre fête à coups de poelle à frire. Les oeufs dorés sont gardés par des « boss » dont il existe neuf types différents et si l’on se fait avoir, on doit demander à un de nos collègues de venir à notre secours. Et même si le jeu peut devenir assez intense, surtout face aux boss, l’aspect crade et terne du mode ainsi que le manque de vivacité des saumons le rendent beaucoup moins attrayant. Peut-être qu’avec quatre amis en local ou avec l’application ça peut devenir plus fun, mais je crains que ce mode soit le genre de mode auquel on jouera quelques fois avant de repasser à la guerre de territoires.

Niveau nouveautés, Splatoon 2 propose des armes et sous-armes assez différentes sous la forme du duo de blasters, qui permet de placer des roulades (que je ne maîtrise pas encore et qui sont une plaie à contrer), le jet-pack, où l’on s’élève au dessus des autres et l’on tire des bombes de peinture où l’on veut, les bombes-curling, que l’on peut souvent balancer en masse et qui rebondiront contre n’importe quelle surface verticale avant d’exploser, le nuage de peinture, qui fait tomber une pluie acide sur les ennemis et la boule de hamster, où l’on roule et grimpe n’importe où avant d’exploser. À noter que pour des questions d’équilibrage, les combinaisons d’armes, d’armes secondaires et de super sont prédéterminées, ce qui peut parfois frustrer (et qui m’a pas mal frustré, puisque je voulais parfois essayer d’autres armes, mais soit le super ne me convenait pas, soit l’arme secondaire était décevante). Une autre petite frustration vient de l’impossibilité de changer d’arme entre deux parties de multi sans quitter le lobby. Alors certes, ça ne sera pas bien grave une fois le jeu sorti, puisque l’on n’aura aucun mal à trouver une partie et donc on pourra partir, changer et revenir en deux secondes, mais quand on est coincé dans l’enfer du lobby et que l’on a pas envie de le quitter au cas où d’autres joueurs arrivent, ça peut vite courir sur le haricot.

Les amiibo ne servent pas autant que dans le premier épisode, ceux de la première vague ne permettant que de sauvegarder notre personnage et de débloquer un accessoire unique.

Enfin, d’un point de vue musical, c’est toujours aussi unique et pêchu, même si encore une fois, les musiques du solo (hors boss final) sont bien en deçà de celles du multi. Cependant, et c’est un petit détail que j’ai trouvé vraiment cool : si vous allez du côté de la salle d’arcade dans le hub principal, vous pourrez trouver une borne qui sert à la fois de jukebox et… De jeu de rythme, sur lequel vous pourrez jouer aux morceaux du jeu dans un mini-jeu à la DDR assez basique, mais rigolo. Ça ne sert absolument à rien, mais c’est le petit « détail Nintendo » qui rend ce jeu un peu plus spécial.

Au final, Splatoon 2, bah c’est Splatoon, mais en mieux. Plus d’armes, des arènes bien plus intéressantes avec d’autres à venir plus tard, des niveaux en solo encore plus dingues avec des boss plus difficiles et imprévisibles et plus d’options de customization pour une expérience de jeu encore meilleure. Si vous avez déjà fait le premier, il n’y a même pas à hésiter. Vous aurez certes la sensation de jouer au même jeu au départ, mais une fois passé ce stade, vous vous amuserez comme au premier jour. Et si vous n’avez jamais joué au premier, il y a encore moins d’hésitations à avoir. Si vous aimez les jeux de tir à la troisième personne, les jeux colorés bourrés de bonne humeur ou bien être un calamar, vous adorerez ce jeu. Après, il faudra juste prendre une heure ou deux pour s’habituer à un style de contrôle un poil atypique, mais assez intuitif avant de connaître le déluge de fun qu’offre ce jeu.

Après avoir joué aussi intensément au jeu pour les besoins de la critique, je m’attendais à ne plus pouvoir voir ce jeu en peinture, mais pas du tout : mon réservoir de hype est toujours aussi plein et j’y reviendrai avec plaisir pour m’éclabousse… M’éclater une fois le jeu officiellement sorti et les joueurs arrivés par octolitres !

Benjamin « Red » Beziat