Note : Exemplaire fourni par l’éditeur.
J’ai… Du mal à croire que j’ai joué à ce jeu. J’ai… Du mal à croire qu’il est sorti. J’ai… Je suis confus. Je suis perdu. Pourquoi ? Comment ? La seule réponse que je peux trouver c’est : Internet.
Internet, qui a sacralisé un jeu de baston tout juste médiocre des années 90 pour l’élever au rang de summum du pire. Internet, qui a permis à une bande de gens un peu timbrés (dans le bon sens du terme) de se réunir pour décider de faire une suite à ce jeu. Internet, dont la curiosité morbide a permis de faire financer le développement du jeu via une campagne de financement participative. Et Internet, qui a permis au jeu d’être distribué plus facilement via les plateformes de téléchargement et dont la popularité a carrément réussi à faire pousser une sortie en boîte dans les rayons des magasins de jeux.Shaq Fu : A Legend Reborn ne devrait pas exister. Et pourtant, j’y ai joué, par pure curiosité. Et je n’ai pas détesté les deux heures que j’ai passé dessus pour le finir. Pas non plus aimé, mais je n’ai pas détesté, ce qui est déjà bien plus que ce à quoi je m’attendais.On se fera avoir à Shaq fois…
L’histoire de Shaq Fu : A Legend Reborn est… Plutôt unique : Shaquille est un jeune orphelin chinois abandonné à la naissance et recueilli par une baleine, puis élevé et entraîné par un vieux maître de kung fu pour défendre la Terre d’une invasion de démons menés par différentes célébrités dont le plan est d’asservir l’humanité en l’abrutissant via les émissions de télé réalité et le star system. C’est complètement débile, c’est assumé et c’est totalement écrit avec les pieds. Ce n’est pas non plus incohérent, mais il y a énormément de blagues qui tombent à plat soit parce qu’elles sont liées à des inside joke que seuls les vrais fans de Shaquille O’Neal comprendront, soit parce qu’elles reposent sur des références contemporaines en les déposant et en espérant que ce soit drôle ou bien soit parce qu’elles sont tout simplement racistes et dépassées. Rien que le coup du vieux maître chinois qui parle avec un faux accent passe assez mal et c’est encore pire lorsque, sans aucune raison, lors de deux scènes Shaq interrompt tout pour parler au « développeur du jeu », qui est, bien évidemment, un japonais qui parle mal anglais alors que le studio qui l’a fait vient de l’Est de l’Europe.Pour ce qui est de l’humour, on dirait du coup un mélange entre de l’humour absurde d’Internet et de l’humour beauf du vieux tonton raciste qui ne sait pas rire si ça n’implique pas d’offenser au minimum trois communautés de la pire des manières possibles. Niveau gameplay, c’est… Passable. Le jeu est un beat-them-all tout ce qu’il y a de plus basique, où l’on avance dans des niveaux construits en ligne droite et on tape sur différents types d’ennemis, chacun plus ou moins sensible à nos quatre types de coups. On peut filer des coups de poings, des coups de pieds façon finish move de Bayonetta, faire des charges pour étourdir certains types d’ennemis et faire une super attaque de zone qui permet de nettoyer l’écran. On peut aussi faire des roulades vers le haut ou vers le bas, sachant que, pour une raison que j’ignore, elle ne fonctionnera qu’une fois sur quatre comme on le souhaite (les trois autres fois il esquivera vers le bas alors qu’on avait incliné le stick vers le haut).Je vais aborder un peu les positifs quand même : les ennemis sont variés et tous sont introduits un par un via une cutscene très souvent mal écrite (mais genre vraiment), puis suivis d’un combat en un contre un pour se familiariser avec eux avant de les mélanger avec le reste. De plus, le jeu propose aussi deux « transformations » qu’il sortira en alternance et pas trop souvent, histoire de casser la monotonie et varier un peu la chose. La première transformation nous fait enfiler une mechsuit qui nous rend plus ou moins surpuissant et nous fait décimer les ennemis en quelques millisecondes, tandis que la seconde est un costume de cactus (oui oui) qui transforme le jeu en sorte de shoot-them-up. Enfin, le dernier point positif vient des décors, qui offrent une bonne sensation de progression et ne se répètent pas, ce qui est toujours appréciable pour un jeu durant deux heures.Pour rallonger un peu l’expérience, le jeu n’hésite malheureusement pas à abuser sur le compteur d’ennemis, faisant que chacune des confrontations dure deux à trois minutes de trop. En résulte donc un léger sentiment de lassitude, même si le côté imprévisible du jeu peut jouer en sa faveur, puisque l’on sera motivé à voir ce que l’on va nous balancer par la suite. Parfois ça sera absurde dans le bon sens (des néo-nazis en kilt sur une île tropicale) et parfois ça sera juste consternant, comme lorsque l’on affrontera une paire de fesses géante larguant des caisses enflammées à cause d’un trop-plein de tacos… Et j’ai du mal à croire que j’ai écrit ça.Les boss sont soit trop faciles, soit injustement difficiles parce que la seule solution pour rendre le combat intéressant était de balancer des dizaines d’ennemis en plus pour bloquer le passage, mais tous ont des pattern trop prévisibles et sont mous du bulbe. Et enfin, la partie musicale est… Intéressante ? Sans forcément de logique, ni de cohérence avec ce qu’il se passe à l’écran, on tombera sur des reprises de Michael Jackson et d’autres tubes, mais jamais on ne mettra le doigt dessus parce que le volume des musiques est beaucoup trop bas…Au final Shaq Fu n’est pas l’immondice à laquelle on aurait pu s’attendre. Ce n’est pas non plus un bon jeu. C’est… Un jeu.Un jeu qui aurait pu se noyer dans le torrent de sortie hebdomadaires, mais dont le nom lui a permis de ressortir un peu plus que d’autres titres de son calibre. Est-ce qu’il vaut les 40€ demandés pour la version boîte ? Ab-so-lu-ment pas ! Deux heures d’un jeu tout juste distrayant est plus qu’excessif. 20€ en démat, c’est toujours excessif, même si c’est déjà un poil plus raisonnable pour un jeu-blague à offrir à un pote. Si vous êtes vraiment curieux de voir ce que donne un titre en roue libre total mais qui sait ce qu’il est, éventuellement vous pourriez le prendre pour une dizaine d’euros ou moins. Je n’ai pas eu l’impression de perdre mon temps et pour le coup, je suis presque content qu’un tel jeu puisse se terminer aussi vite. Après tout, les meilleures blagues sont les plus courtes et même si Shaq Fu ne sait pas vraiment raconter des bonnes vannes, il sait au moins plus ou moins quand s’arrêter, et pour ça je lui suis reconnaissant.Bref, à moins de ressentir un besoin vital d’y jouer ou bien par respect du travail accompli, je ne peux pas vraiment vous recommander ce jeu.Benjamin « Red » Beziat