Cela fait maintenant longtemps qu’on y échappe plus : à chaque génération sort sa compilation de jeux Mega Drive. Sega Mega Drive Collection sur PlayStation 2 et PSP, Sega Mega Drive Ultimate Collection sur PS3 et Xbox 360 et cette année Sega Mega Drive Classics sur PS4, Xbox One et plus récemment Nintendo Switch (sans compter la tonne de compilations diverses uniquement consacrées à Sonic ou bien les ressorties de jeux individuels sur Nintendo 3DS, PC et autres boutiques virtuelles). Je me souviens que les réactions des gens à l’annonce de cette dernière compilation étaient principalement focalisée sur l’absence aberrante de version Nintendo Switch. Après tout, la console de Nintendo se prête plus que bien à ce genre de compilations en pouvant être jouée à deux bien plus facilement (ironiquement, c’est la console de Nintendo la plus apte pour les jeux Mega Drive). Mais est-ce que l’attente pour cette version en valait la peine ? Mouif ?
Les Jeux du Grenier
Pour le coup, j’aurais du mal à expliquer pourquoi, mais je n’ai pas réussi à éprouver autant d’enthousiasme à retrouver certains classiques de la console 16-bit de Sega que lorsque j’avais mis les mains sur les compilations PS2 et PS3. Pourtant, ce n’est pas la faute des développeurs, qui se sont amusés à habiller cet émulateur de bien belle manière en donnant l’impression que l’on visite la chambre d’un fan de Sega, où chaque élément de la pièce sert à faire un truc. L’intention est bonne, mais quitte à jouer cette carte, et je sais d’avance qu’il s’agit du plus pur des pinaillages, j’aurais adoré qu’ils poussent le vice jusqu’à recréer ce décor en vrai et que l’on puisse sélectionner de « vraies » cartouches de jeu plutôt que des reproductions en 3D. Je dis ça aussi parce que la version Nintendo Switch souffre d’un travail de compression assez abominable en mode portable pour ce qui est de cette partie salon. La partie émulateur fonctionne à merveille et il n’y a rien à redire là-dessus, mais ce menu-salon passe de plutôt sympa et net lorsqu’on joue sur la télé à flou pour les plus petits menus en mode portable. Le texte est presque illisible par endroits, ce qui peut être assez agaçant.
L’autre détail qui a un peu amoindri mon enthousiasme pour cette compilation vient de l’absence de bonus intéressants. Avoir un mode Challenges qui permet aux joueurs de jouer à certaines parties de jeux avec des contraintes, c’est sympa, mais les précédentes compilations avaient des documents de conception et des vidéos de making-of qui sont tout simplement absentes ici. C’est dommage, puisque ça aurait été aussi l’occasion de montrer aux plus jeunes générations de montrer ce qu’était cette période autrement que par le simple prisme de ces jeux.
Et en parlant des jeux, dernier point de pinaillage : la sélection est presque la même que dans les précédentes, sans véritable surprise, à l’exception de Space Harrier II et Gunstar Heroes, que l’on n’avait pas nécessairement vu auparavant. Tous les Streets of Rage, les Shining Force et Phantasy Star, c’est cool, mais on ne comprend pas la disparition de Sonic The Hedgehog 3 et Sonic & Knuckles et, personnellement, j’aurais bien aimé plus de jeux d’éditeurs tiers, comme Rocket Knight Adventures, Mega Man : The Wily Wars ou bien Earthworm Jim. On aurait aussi pu avoir des jeux Mega CD ou 32X, qui techniquement font partie de la famille Mega Drive. Enfin… Pour le prix demandé, je ne vais pas non plus me plaindre ad vitam aeternam, sachant que même si la sélection est loin d’être parfaite (qui va jouer plus de cinq minutes à Bonanza Bros. ?), il y a quand même une bonne variété en plus de certains classiques qui se doivent d’être joués par quiconque aime un tant soit peu l’Histoire du jeu vidéo.
Pour ce qui est des détails plus techniques et de ce qui fait la force de cette compilation, l’émulateur utilisé est non seulement bon, mais est bourré de petites options qui font bien plaisir, comme les boutons paramétrables à l’envie, les sauvegardes et chargements rapides, mais aussi et surtout les désormais indispensables fonctions d’avance rapide et de rembobinage, avec un effet magnétoscope qui colle plus que bien. Il y a aussi des options de filtres vidéo rigolos que l’on peut ajouter si on le souhaite ou bien de lissage des pixels pour les hérétiques qui aiment se faire du mal. C’est gadget, mais c’est toujours ça de pris. Enfin, il y a aussi la possibilité de jouer en ligne. Là encore, même si ça paraît être un argument assez fou, en dehors de très rares cas, je vois mal qui s’en servira et s’il trouvera des gens qui feront la même chose en même temps. Sachant qu’il y a une cinquantaine de jeux rien que sur cette compilation et que je doute que ceux qui prendront cette compilation auront le réflexe d’y jouer en ligne seront nombreux (alors que c’est typiquement le genre de chose qui s’apprécie en local, encore plus sur Switch), les chances pour que vous tombiez sur quelqu’un en ligne sont particulièrement infimes.
En bref, je pense que vous aurez compris que je suis un peu mitigé sur cette compilation. La sélection est bonne sans être particulièrement audacieuse et même si la compression du menu principal est assez mauvaise en mode portable sur Nintendo Switch, ça tourne suffisamment bien et c’est suffisamment fonctionnel pour offrir un séjour en terres nostalgiques pour ceux qui auraient envie de (re)découvrir ce que la Mega Drive avait à offrir.
On est loin de la meilleure compilation (cet honneur revient au très justement nommé Sega Mega Drive Ultimate Collection sur PS3 et Xbox 360), mais ça n’est pas non plus la pire compilation qui existe. Avoir plus de jeux d’éditeurs tiers ou bien ceux de la 32X et Mega CD auraient rendu la proposition beaucoup plus alléchante (au passage, on attend toujours une compilation Sega Saturn avec Dragon Force, NIGHTS, Clockwork Knight, Burning Rangers et Panzer Dragoon 1, 2 et Saga), mais bon, pour 30€ ou moins, on a quand même une cinquantaine de titres sur une seule cartouche, ce qui est plus qu’honnête, donc si vous êtes intéressés par l’idée de jouer à des vieux jeux et que vous n’avez pas de PS3 ou de Xbox 360 sous la main…
Benjamin « Red » Beziat