Un des plus gros mystères de la Nintendo Switch est venu avec l’annonce de Saints Row : The Third sur Nintendo Switch. Car porter un épisode d’une série en commençant par celui du milieu est aussi curieux qu’intriguant si on ne connaît pas le contexte. Mais une fois celui-ci connu, tout devient sensiblement plus clair : le premier Saints Row est réputé pour être un bête clone de Grand Theft Auto, tandis que le second était un début de réponse à « comment se démarquer de la concurrence ».

La réponse était toute trouvée avec The Third : faire le GTA-like le plus débile de tous les temps ! Et bons dieux que ça a été un choix plus que pertinent que de directement porter celui-ci sur la Switch, car non seulement on a un des jeux les plus stupides de ces dix dernières années, mais en plus on a notre premier vrai GTA-like sur la console (si l’on excepte LEGO City Undercover) ! Et ça, ça fait du bien !

… Si l’on excepte les très nombreux défauts de ce portage.

Stan’s Crazy Adventures !

L’histoire de The Third est plus ou moins la suite du 2 : les Saints ont acquis tellement de notoriété qu’ils sont devenus une marque à eux-seuls. Le problème, c’est que leur notoriété est telle qu’elle a attiré l’attention du Syndicat, un regroupement des groupes mafieux les plus puissants des States qui sentent venir la menace d’une extension trop importante de ces rivaux et qui vont tenter d’y mettre un coup d’arrêt. S’en suit toute une série d’événements tous plus débiles les uns que les autres avec une sorte de montée en puissance dans l’absurdité qui fait que l’on sera constamment surpris par la tournure que vont prendre les choses, même si le prix à payer est assez pervers.

Car en commençant très fort et en continuant de balancer des missions toute aussi fortes, le sentiment de montée en puissance s’en voit légèrement amoindri, voire peut presque être fatiguant. C’est constamment trop fort tout le temps et donc n’importe quelle baisse en rythme peut être vu comme une sorte de faiblesse. Heureusement, le jeu est tellement fun que l’on ne peut pas s’ennuyer, mais voilà, faut jouer au jeu par petites doses pour ne pas sentir une sorte de monotonie s’installer.

En termes de ton, Saints Row : The Third fait tout pour être le plus stupide possible avec un humour totalement bas du front et mettant à mal toutes les conventions puritaines américaines possibles et imaginables, notamment en mettant du sexe partout. Il faut avoir un mindset très particulier en jouant à ce jeu et aussi avoir un entourage particulièrement ouvert d’esprit si jamais on décide de jouer dans le salon.

D’ailleurs, je vais vite fait parler des différences entre le mode salon et le mode portable : elles sont inexistantes. Le jeu est tout aussi mal optimisé dans l’un que dans l’autre cas, avec des problèmes de framerate parfois particulièrement violents et une impression de saccade constante (sans compter de rares bugs qui m’ont fait redémarrer le jeu), qui étaient déjà présents dans les version PS3 et Xbox 360 d’origine. C’est un portage pur et simple des jeux d’origine et c’est franchement dommage que ces problèmes n’aient pas été atténués, en dehors des temps de chargement, qui sont certes présents, mais durent rarement plus de cinq secondes.

Row Row Fight the Powa !

Saints Row Critique

En termes de gameplay et de structure, Saints Row : The Third est un GTA-Like tout ce qu’il y a de plus basique : vous pouvez semer le chaos à pied ou dans des véhicules terrestres et volants (mention spéciale au balai de sorcière, qui est beaucoup trop drôle à utiliser et qui est débloqué d’office grâce au fait que tous les DLC soient présents au démarrage ou bien le véhicule catapulteur de passants) avec des armes allant des classiques fusils sniper et pistolets aux pistolet-mitrailleurs tirant des balles incendiaires ou bien même au lance-poulpe capable de prendre possession des gens. Vous accomplissez des missions de scénario permettant de débloquer des quêtes annexes allant de l’escorte de prostituées à la conduite accompagnée d’un tigre qu’il faut calmer en driftant ou bien la fraude à l’assurance en se catapultant sur les véhicules pour espérer engranger un maximum d’argent. C’est débile, c’est très drôle et le côté très imprévisible des situations fait que l’on est pris d’un sentiment d’émerveillement devant l’inventivité des développeurs !

Il est aussi possible d’acheter des bâtiments pour obtenir des bonus d’argent toutes les heures et des boutiques pour avoir des réductions, en plus d’utiliser tout cet argent pour débloquer des améliorations de santé ainsi que divers bonus qui vous aideront dans votre quête. En vrai, ces améliorations ne seront pas vraiment utiles si vous jouez en Facile tant les dégâts subis sont inexistants (et ils le sont encore plus si vous activez les cheat codes d’invincibilité présents d’emblée), mais en Normal ou des niveaux de difficulté supérieurs, ça peut vite être vital d’être à jour !

Car, et c’est un truc que j’ai appris à dompter assez lentement, le jeu ne possède pas de système de lock à proprement parler, comme dans un TPS plus classique. Quand on n’a pas beaucoup d’armes ou bien des armes basiques, ça peut devenir un enfer, mais au bout d’un moment on comprend que c’est fait pour participer au côté plus chaotique de l’expérience de jeu et ça nous force à improviser, là où si l’on avait un simple lock, on passerait notre temps à l’utiliser. Le seul gros défaut vient du sprint, qui se déclenche parfois de manière aléatoire et qui parfois ne se lance pas alors que l’on en aurait bien besoin. C’est pas dommageable dans beaucoup de situations, mais je ne comprends pas pourquoi il peut parfois se passer quatre à cinq secondes avant que notre personnage se mette à courir.

En dehors de ça, le jeu ne se démarque pas trop du reste en termes de contrôles et tout est plutôt instinctif. Les voitures ont chacun leur propre répondant, ce qui est vraiment appréciable et jamais je ne me lasserai de courir vers un adversaire et utiliser le bouton de mêlée pour faire une prise de catch tant les animations sont variées et ridicules.

En fait, si je devais résumer Saints Row : The Third en un mot, ça serait bien ça : ridicule ! Le jeu fait tout pour nous faire sourire de la plus ridicule des façons et n’hésitera jamais à nous balancer des choses sans cohérence, ni envie de nous prévenir en avance. En résulte une quinzaine d’heures de pur fun agrémenté de moments mémorables.

Cependant, je suis un peu plus mitigé quant à la qualité de ce portage qui se contente de faire le strict minimum en débloquant d’office tous les DLC et ne corrigeant aucunement la tonne de problèmes techniques et les bugs du jeu d’origine. C’est très loin d’être injouable, mais pour un jeu vendu 40€ alors qu’il se trouve très souvent pour une bouchée de pain sur les autres consoles, c’est assez dommageable.

Et c’est pour ça que si jamais vous êtes réceptif au type d’humour que propose le jeu, je ne peux que vous le conseiller… Mais à la condition d’attendre une baisse de prix raisonnable et que vous sachiez que vous mettrez la main sur quelque chose loin d’être parfait. Addictif, fun et débile certes, mais loin d’être parfait sur un plan technique.

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Benjamin « Red » Beziat