On connaît tous la musique : Mega Man a connu une période assez sombre à la suite du départ de Keiji Inafune de Capcom. L’annulation de tous ses projets suivi d’une très longue traversée du désert pouvait donner l’impression que cette série était officiellement enterrée, mais la réapparition soudaine du robot rockeur dans le quatrième épisode de Super Smash Bros. couplé à l’humiliation publique d’Inafune avec Mighty N°9 (qui avait été vendu comme étant la solution pour faire indirectement revenir la série) a convaincu Capcom de plancher sur un nouvel épisode.
Mais cette fois-ci, plus question de miser entièrement sur la nostalgie des fans en sortant un épisode facile à produire comme avaient pu l’être Mega Man 9 et 10. Il fallait frapper fort et c’est donc la raison pour laquelle le premier épisode de ce que l’on espère être une nouvelle décalogie change tellement de choses tout en restant fidèle à la structure de la série. Mega Man 11 est un vrai Mega Man, à la fois différent et familier et ça fait plaisir de le voir comme ça !
Méga vanne
Comme d’habitude, l’histoire de Mega Man 11 n’est pas la plus profonde qui soit. Le Dr. Wily se rappelle d’une invention de sa jeunesse qu’il avait tenté de faire approuver par la communauté scientifique, mais s’était fait envoyer bouler au profit des recherches du Dr. Light, brisant au passage leur amitié et poussant Wily à l’exil. De retour au présent, Wily décide de ramener son invention à la vie et kidnappe les robots de Light pour en faire des sbires redoutables. Voyant qu’il n’y a qu’une chose à faire, Light décide d’implémenter un prototype de cette dangereuse technologie dans Mega Man et l’envoie sauver ses robots kidnappés/mettre fin aux plans diaboliques du vil docteur.
Même si l’histoire se limite à ça, le côté simple des cartoons des années 90 fait qu’on la suit sans déplaisir. De plus, les cutscenes, aussi limitées soient-elles, débordent de charme et on ne peut que prendre plaisir à voir Wily crever l’écran comme à son habitude. Mettez les voix en japonais et vous avez ce qu’il faut pour passer un vrai bon moment.
Les bleus du robot
En termes de structure et de gameplay… C’est du pur Mega Man. Il y a huit robots à vaincre, puis il faut se farcir la forteresse du Dr. Wily et rideau. Vous devez traverser les niveaux de gauche à droite en tirant sur tout ce qui bouge tout en veillant à ne pas vous faire mettre en pièces détachées par les très nombreux ennemis et obstacles mortels qui se dresseront sur votre chemin. Quand vous arrivez à vaincre un des boss, vous obtenez son arme, que vous pourrez utiliser pour vaincre les boss suivants plus ou moins facilement et voilà. C’est du pur Mega Man.
Cependant, Mega Man 11 propose six nouveautés qui rendent l’expérience vraiment intéressante/cool.
La première se voit directement : le changement de direction artistique. Plutôt que d’opter pour du pixel art, les artistes de Capcom ont décidé d’opter pour un très joli cell-shading qui fait bien plaisir aux rétines. Certains regretteront très certainement le passage à la 3D, mais vu le supplément de charme dans les animations, je trouve que c’est un bonus plus qu’appréciable. De plus, les décors sont très beaux et offrent une véritable progression logique, avec de très jolies surprises ici et là. On n’est peut-être pas non plus au niveau d’un Donkey Kong Country Tropical Freeze, mais chaque niveau possède une personnalité qui rend l’expérience plus supportable au cas où l’on meure à répétition.
Car la seconde différence avec les précédents épisodes vient de la longueur des niveaux. Chacun dure au minimum un quart d’heure, là où dans les précédents ils pouvaient être traversés en 5/10 minutes maximum. Ça peut paraître anodin, mais en Normal et aux niveaux de difficulté supérieurs c’est le jour et la nuit, car le jeu est plutôt avare en checkpoints et friand de pièges bien vicieux. Pour le coup, c’est à la fois sa force et sa faiblesse, car autant en Facile on a des checkpoints en moyenne tous les deux segments de niveau, autant à partir du mode Normal, cette moyenne augmente à cinq, voire six (sans compter qu’en Normal, vos armes secondaires ne se rechargent pas si vous mourrez, donc bon courage). Pour vous donner une idée de la différence que ça fait, en Facile j’ai fini le jeu en 2h45, tandis qu’en Normal j’ai passé 1h40 rien que pour battre deux boss ! Bref… C’est du pur Mega Man.
La troisième différence vient de la nouvelle option de gameplay ajoutée par ce nouvel épisode : le système de Double Gear. Une gâchette permet de multiplier notre puissance de feu par deux et l’autre de ralentir le temps. Utiliser l’un ou l’autre remplit une jauge de surchauffe et une fois le seuil critique atteint, vous ne pourrez plus l’utiliser avant un moment. Si votre jauge de vie frôle le zéro, vous pouvez aussi appuyer sur les deux gâchettes pour une attaque désespérée qui couple les deux fonctions, sachant que ça part très vite et une fois cette surchauffe atteinte, vous ne pourrez plus charger vos tirs pendant un moment et serez très vulnérable. Pour le coup, cette mécanique est purement optionnelle et il est possible de finir le jeu sans l’utiliser une seule fois si vous savez bien vous débrouiller.
La quatrième différence est tout aussi pratique, puisque, comme dans les épisodes les plus récents, vous pouvez acheter des upgrades semi-permanentes (selon que vous vouliez les activer ou non) ou des vies supplémentaires. Ces upgrades vont de la recharge facilitée des armes au chargement automatique du Mega Buster (qui est un véritable sauveur de pouces) en passant par des options de déplacement facilitées. Là encore, tout est optionnel, mais fortement recommandé et il est assez facile de tout récolter sans trop se fouler (surtout si vous utilisez une certaine technique totalement pétée dans la Forteresse de Wily que je ne vais pas spoiler, mais qui est évidente si vous jouez au jeu).
La cinquième concerne l’utilisation des armes secondaires. Capcom a été particulièrement génial ce coup-ci en permettant au joueur de sélectionner son arme à la volée en la sélectionnant depuis une roulette avec le stick droit ou bien les gâchettes arrière. Il est possible aussi de mettre le jeu en pause pour faire la même chose, mais le fait que l’on n’aie pas à interrompre la partie plus de cinq secondes est une bénédiction.
Enfin, la dernière différence vient de la bande-son. Exit la chiptune de la NES/Super NES et bienvenue à l’électro de l’ère moderne. Pour le coup… Je n’en suis pas totalement fan, puisque les mélodies qui ont fait la renommée de la série se perdent un peu. Les musiques n’en restent pas moins bonnes, mais elles sont loin d’être aussi mémorables que ceux de n’importe quel autre épisode.
Pour ceux qui en voudront un peu plus, le jeu possède un système de succès, et ce peu importe la version. Certains sont faciles à avoir tandis que d’autres demanderont des efforts un peu herculéens, mais ça rajoute un peu plus de piment à la partie. De plus, il existe aussi un mode défi avec classement en ligne à la clé. Rien de bien révolutionnaire, mais ça fait le café en plus de proposer des variations rigolotes au jeu de base.
https://www.youtube.com/watch?v=n1ZwjX_svqo&list=PLDqvF39VbBUKuBEawiv4gsz7FazOAHbq-
Au final, j’ai bien aimé ce Mega Man 11. C’est un épisode qui reste totalement fidèle à l’héritage de la série tout en proposant suffisamment de nouveautés pour nous éviter un gros sentiment de redite. Mon seul gros souci vient de la brutalité du mode Normal, qui risque d’en énerver plus d’un, surtout comparé à un mode Facile qui transforme le jeu en promenade de santé. Le level-design, aussi fun et inventif soit-il, peut aussi parfois être plus injuste que complexe (même si c’est rare) et les musiques ne sont pas aussi mémorables que je l’aurai souhaité, mais je n’en reste pas moins content d’avoir pu y jouer.
Cela étant dit, est-ce qu’il vaut les 30€ demandés (voire les 40€ que j’ai mis dans une version en boîte importée des States) ? Je dirais que ça dépend des cas. Si vous voulez juste jouer au jeu tranquillou, vous en aurez fini plus vite qu’il ne faut de temps pour regarder le dernier Avengers et vous risqueriez de l’avoir un peu en travers de la gorge. En revanche, si vous souhaitez la vraie expérience Mega Man et aller au-delà en augmentant la difficulté, je pense que vous en aurez largement pour votre argent.
Parce qu’il s’agit d’un très bon revival, je peux sans hésiter mettre Mega Man 11 dans la catégorie des…
Benjamin « Red » Beziat