Le truc qui est sympa quand on teste des jeux, c’est que l’on a bien souvent l’occasion de tester des nouveautés au plus fort de la hype, au moment où tout le monde en parle et donc on peut faire partie d’une conversation aussi bien positive que négative. Mais le revers de cette médaille, c’est que l’on peut aussi tomber sur des jeux qui ont le potentiel d’être bien, mais seulement d’ici une poignée de mises à jour car ils misent sur le fait que le jeu soit une sorte de service en perpétuelle évolution.
C’est un jeu très risqué auquel se livrent beaucoup de studios, car si un jeu prend, c’est un bon moyen de le faire tenir sur la durée et donc de continuer à faire venir des joueurs… Mais si ça ne prend pas, alors on se retrouve juste avec un jeu pas forcément intéressant de base et qui ne le sera vraiment que quand plus personne ne sera là pour y jouer.
Personnellement, j’avais trouvé l’approche intéressante et novatrice quand Nintendo avait sorti Splatoon sur Wii U en 2015 et entrevoyais un jeu plein de promesses, même si une fois passée la période de test, je n’y ai plus jamais retouché, donc je m’étais retrouvé avec une fraction de ce qui quelques années plus tard était devenu un jeu multi vraiment sympa.
Mais le temps passe et ma patience est telle que maintenant je trouve exaspérant de me retrouver avec la promesse d’un jeu cool et c’est exactement ce qu’il s’est passé sur Mario Golf Super Rush. Un squelette relativement bien fourni qui ne demande qu’à gagner en chair dans les prochains mois, mais qui pour l’instant ne fait que claquer ses os clinquants en jouant des claquettes, un large sourire invisible sur des lèvres qui ne demandent qu’à apparaître.
Alors oui c’est une métaphore un peu tirée par les osselets et on peut imaginer que le Covid n’a pas aidé dans ce cas précis, mais toujours est-il qu’après avoir fini le jeu, je n’ai pas ressenti cette envie d’y retourner comme cette envie que j’ai ressenti devant Mario Smash Football ou bien Mario Power Tennis. On est loin, très loin de l’âge sombre de Camelot avec Golden Sun Obscure Aurore, Mario Tennis Open, Mario Tennis Ultra Smash et Mario Sports Supermix, mais on est aussi encore loin d’une nouvelle aube pour le studio.
Un Jeu à Par
Comme dit plus tôt, le squelette de Mario Golf Super Rush est attrayant et possède toujours pas mal de forces, notamment dans son gameplay, mais c’est du côté de son contenu que le jeu engrange plein de points (chose qui n’est pas recommandable au golf).
Ainsi, on a trois modes jouables en solo, avec des parties normales que l’on peut paramétrer à la volée, le mode Golf en Mêlée, qui est plutôt intéressant en multi, mais qui fait très gadget en solo et le mode Aventure qui reprend l’esprit des modes RPG des épisodes Game Boy et Game Boy Advance, mais sans le charme de ces derniers, la faute au fait que quasiment aucun des personnages que l’on rencontre en dehors de Wario et Waluigi n’a de personnalité ou bien n’a tout simplement de rôle dans l’aventure. Tout le monde est interchangeable et cette aventure n’est qu’un immense tutoriel de 5 heures, le seul twist étant qu’il y a 3 « boss » à mettre entre gros guillemets qui changent un peu la donne et qui sont sympas.
Et en navigant dans les menus, on arrive à mettre le doigt sur le problème principal du jeu : c’est vide et rempli de trous. L’écran de sélection avec ses 16 personnages est sympa, mais il y a un trou énorme en bas qui indique qu’il manque encore beaucoup de personnages à venir en DLC. Du côté des modes de jeu solo pour une partie rapide, on n’a qu’un simple mode à points et un autre en contre-la-montre, là aussi avec tellement d’espace vide qui laisse entrevoir l’espoir d’avoir des modes intéressants et rigolo, comme les mini-jeux avec les anneaux de la version GameCube ou des concours de précision. Il n’y a rien à débloquer en dehors des parcours que l’on aura déjà parcouru dans le mode aventure et même ça, ça se débloque sans faire d’efforts. On peut juste débloquer des clubs de golf supplémentaires pour les persos déjà existants, mais en dehors de ça, on n’a aucun véritable but à atteindre. On ne peut qu’attendre que les mises à jour déjà annoncées n’arrivent et en attendant, il y a toujours le multi en ligne ou local pour nous occuper.
Heureusement, le gameplay rattrape pas mal le coup et parvient même à dynamiter le genre en offrant la touche Mario qui rend l’expérience plus plaisante grâce à deux mots : Speed Golf.
Le Speed Golf nous propose de courir pour rattraper notre balle, voire de parasiter le jeu des adversaires en leur fonçant dedans ou bien en envoyant valser leur balle et selon les règles, soit le but est de remporter la partie en un minimum de points, ou bien d’emmener la balle vers le trou avant les autres, voire même les deux règles en même temps. Ça donne un petit semblant d’urgence clairement pas déplaisant au jeu et en plus de ça on peut remarquer quelques très cool fulgurances dans un level design qui prend en compte le fait de devoir courir et sauter pour atteindre nos balles. Le seul bémol de ce mode, c’est que si on y joue en solo, il faudra attendre que l’ordi aie fini de jouer avant de passer au trou suivant (ce qui est aussi très relou dans le mode aventure, parce qu’on peut parfois passer une trentaine de secondes à les attendre), mais ce problème est rendu inexistant en multi si nos adversaires sont un minimum bons.
Bien entendu, il est aussi possible de jouer au golf normalement dans un mode à part avec une téléportation vers notre balle et le gros avantage de pouvoir faire accélérer nos coups en maintenant B enfoncé, ce qui fait qu’on peut faire des parties bien rapides si on le souhaite.
Enfin, au niveau du gameplay, on reste sur du Mario Golf tel qu’on les aime, avec pas mal d’aides visuelles pour nous aider à jouer correctement, même si pour une raison que j’ignore et qui me rend dingue, les développeurs ont cru bon d’ajouter une part d’aléatoire dans nos tirs. Ainsi, quand on valide son tir en dehors des phases de putt, il est possible que la balle parte légèrement sur le côté, et cela dépend entièrement de notre chance. Pas de skill, pas de précision, uniquement de la chance. C’est totalement débile, ça n’ajoute rien d’innovant et même si on peut imaginer que c’est là pour offrir sa chance aux joueurs moins expérimentés, ça retire énormément de plaisir de jeu à ceux qui veulent être bons. C’est comme quand Super Smash Bros. Brawl avait inclus les chutes aléatoires. C’est pas quelque chose qui ruine l’expérience de jeu, mais c’est clairement le genre d’élément qui fait que les joueurs les plus à fond n’auront pas envie de s’investir autant que s’ils étaient totalement en contrôle de leur partie. Reste plus qu’à espérer qu’un patch débarque pour corriger ce problème ou au moins permette de désactiver tout ça dans les options.
En dehors du Speed Golf et du golf plus classique, on a le Golf en Mêlée qui est tout simplement une Mario Kartisation du golf et sur le papier et en multi, c’est vraiment sympa. On est dans une arène avec 9 trous et le but est d’en marquer trois avant les autres joueurs. Il faut donc tenter d’aller vers les trous les moins prisés, sachant que l’on pourra toujours envoyer bouler les autres grâce à nos pouvoirs spéciaux. De plus, il arrivera qu’à intervalles réguliers les balles soient transformées en d’autres trucs ou bien que des événements viennent perturber la partie, faisant qu’on est toujours à l’affût et que l’on doit se préparer à tout. En solo, ça n’a aucun véritable intérêt, vu qu’il n’y a rien à débloquer, mais en multi et avec les bonnes personnes, ça peut devenir aussi chaotique que drôle !
Côté présentation, on est sur un jeu Mario de l’ère Wii U et Switch plutôt typique. C’est joli, fluide et les personnages sont plutôt expressifs, donc ça n’est pas déplaisant et même si Motoi Sakuraba est clairement en mode pilotage automatique sur cet épisode, certains morceaux sont vraiment chouettes et s’écoutent sans déplaisir.
Au final, vous aurez bien compris que Mario Golf Super Rush ne m’a pas enthousiasmé plus que ça. Ça reste un jeu sympa et le Speed Golf a vraiment réussi à dynamiser le concept même du sport, mais la part de hasard dans nos coups et l’absence de contenu intéressant à débloquer et de modes de jeux annexes fait que c’est un jeu auquel on jouera le temps de son mode solo et puis on y reviendra de temps à autres en multi si des potes sont chauds pour y jouer et on y retournera peut-être dans un an ou deux, le temps que le reste du contenu sorte via les mises à jour avant de le ranger au placard si jamais il n’y a pas de modes vraiment intéressants qui sortent entre-temps.
Bref, en l’état actuel des choses, je ne peux pas vraiment vous recommander le jeu à plein tarif. Éventuellement à une quarantaine d’euros si vous êtes vraiment fan de Mario Golf ou bien que vous avez des potes à fond dans le jeu, mais même là, en l’état, ça reste compliqué. Pour l’heure, on fait face à une pochette surprise dont on ne connaît pas l’ampleur du contenu, et c’est bien pour ça que j’appose un bon gros Pourquoi Pas tout en vous conseillant d’attendre quelque mois pour voir la teneur des futures mises à jour…