Je pense que ce n’est plus une surprise si je vous dis que je peux parfois être très naïf et un peu concon parce que j’aime bien me lancer dans des jeux ou des séries en en sachant le moins possible. Et malgré le fait que je me suis fait avoir par cette philosophie déjà deux fois cette année, c’était sans compter sur Mad Rat Dead que j’attendais pas mal après en avoir vu vite fait une bande-annonce et la patte graphique qui tape pile dans ce que j’aime. De plus, il s’agit d’un mélange entre un jeu de plateformes et un jeu de rythme, deux de mes genres préférés combinés en un jeu qui avait tout pour me plaire !

Comment vous dire que mon enthousiasme pour se jeu s’est plus ou moins évaporé aussi rapidement que je ne l’ai lancé et que, dès les trente premières secondes, on voit un rat se faire disséquer par un scientifique.

Bon après, ça ne m’a pas empêché de persévérer avant encore une fois de prendre sur moi et hurler intérieurement en voyant une séquence encore plus graphique et dégueulasse arrivé au premier boss. Imaginez les clickers de The Last of Us, mais bien plus terrifiants sur le moment parce que c’était pas forcément ce que vous aviez imaginé voir dans un jeu comme ça.

Enfin… Heureusement que le jeu en lui-même est vraiment sympa et qu’une fois passé les deux premiers mondes ça devient bien plus rigolo et agréable.

Beat the Beaten Rhythm Hell

L’histoire de Mad Rat Dead est assez simple : on incarne Mad Rat, un rat qui vient tout juste de mourir et qui est accueilli dans l’après-vie par la Déesse des Rats qui lui propose de revivre sa dernière journée dans le but d’exaucer son dernier vœu, sachant que quoi qu’il arrivera, il finira par mourir à la fin de cette journée. Pas vraiment jouasse de s’être fait tuer dans le cadre d’une expérience, notre héros décide de… Tuer le scientifique qui lui a fait la peau. On part donc dans une quête de vengeance à la fois étrange et parfois bien surprenante avec des twists bien intéressants… Et aussi deux séquences bien gores comme il faut et avec ce qu’il faut d’autres visions d’horreur à côté, même si étrangement, passé le troisième monde, ça se calme pas mal.

D’ailleurs, parler de ça me permet aussi de parler de l’excellente patte graphique du jeu, avec des décors en 2D qui flattent bien la rétine et un character-design plus qu’excellent. On lorgne un peu du côté du Kawaii Guro, un genre qui rend des trucs censés être gores mignons et bon, même si je dois avouer que je me suis fait salement surprendre par ce twist artistique, il n’empêche que passé le choc ça allait plutôt bien. Pour le coup, ça me rappelait pas mal les styles graphiques qu’utilisent Aurélien Regard, un développeur français qui avait co-fondé le studio Arkedo et qui avait notamment marqué de sa patte pas mal de jeux très sympas. Mais je digresse.

Au niveau du gameplay, Mad Rat Dead est assez simple. Vous avez un bouton pour sauter et faire des homing attacks à la Sonic, un pour avancer rapidement et un autre pour tomber en piqué, avec un bonus un dernier bouton pour charger ses petits bonds, mais qui ne sert que dans de très rares situations. Jeu de rythme oblige, il faut appuyer sur ces boutons en rythme avec la musique pour espérer avancer efficacement et donc si vous n’avez pas de base un minimum de skill avec les jeux de rythme, vous allez probablement passer un assez désagréable moment, puisqu’en plus de la barre de rythme, il faut aussi faire attention à un compte à rebours particulièrement vivace qui descend à chaque pulsation et qui ne remontera qu’à condition de récupérer des petits bidules verts sur le terrain. Si vous mourrez, vous pouvez heureusement remonter le temps d’une dizaine de pulsations, mais le compteur, lui, reprendra à l’instant de votre mort, donc même s’il est plutôt généreux en vous laissant mourir une bonne quinzaine, voire trentaine de fois, il faut quand même faire attention. Heureusement, en Normal, le jeu est plutôt généreux sur la notation de votre sens du rythme et peut vous faire enchaîner les « Good » même si vous avez l’impression de faire n’importe quoi. En Difficile, c’est une autre paire de manches, mais passons.

Concrètement, l’ensemble fonctionne comme un charme, mais mon seul vrai regret vient du fait que certaines mécaniques sont soit tellement peu exploitées que l’on peut finir par les oublier et galérer un bon coup, ou bien sont assez mal expliquées au point que l’on dirait parfois qu’elles s’inventent de nouvelles règles. Le homing attack en particulier peut sembler capricieux, car il ne s’enclenche qu’à condition de faire un enchaînement de sauts très précis et cet enchaînement varie d’un niveau sur l’autre. Autant dire que vous pouviez très facilement m’entendre balancer des insultes en anglais à l’écran tant ça amenait un lot de frustrations pas forcément nécessaires.

Si vous jouez de temps en temps aux jeux de rythme, ce que je vais vous décrire vous paraîtra plus que familier, mais passé un certain stade, il arrive que l’on atteigne la zone. Ce moment où tout s’enchaîne plus que parfaitement et où notre conscience s’évapore plus ou moins pour ne laisser place qu’au plaisir de vivre la musique. Et malgré des débuts assez rapides pour m’adapter aux trois boutons nécessaires pour jouer, j’ai réussi assez rapidement à toucher du doigt cette fameuse zone. Tout s’enchaînait à la perfection, je jouais tel un maître du jeu de rythme et le niveau de dopamine que je percevais était plus ou moins inégalé. Mad Rat Dead avait de quoi devenir un de mes jeux de rythme préférés… Et puis est arrivé ce moment où je me suis rendu compte que j’étais face à un jeu Nippon Ichi et donc il fallait que ça devienne plutôt difficile à un moment donné.

L’ironie a cela de fantastique qu’elle attend toujours le moment parfait pour frapper et comment dire qu’après deux mondes vraiment fun et rigolos (à l’exception des boss hideux), je commençais à me dire que le level-design commençait devenir un peu répétitif. Et pile quand je commençais à m’inquiéter sont arrivées les plateformes qui apparaissent et disparaissent selon un certain rythme, transformant ce jeu fun en un jeu particulièrement énervant et exposant plus ou moins toutes les mécaniques qui rendent le jeu difficile !

Et le cœur que j’avais évoqué plus tôt qui vous fait remonter le temps ? C’est encore pire, puisque si vous savez que vous avez loupé la séquence dès la première plateforme mais que vous vous êtes entêté à progresser trop loin, c’est mort pour reprendre sur des bases saines et donc à moins de vraiment réussir à rattraper la situation, là aussi, autant recommencer le niveau depuis le début.

Oh, et cette barre de rythme en bas qui était plutôt stable et tranquille ? Bah maintenant certaines notes disparaissent purement et simplement et donc il faut aussi anticiper ces moments où le rythme ralentit, voire s’arrête, parce que ça va forcément vous jouer des tours lorsque vous vous y attendez le moins si vous faites pas attention à la musique elle-même. Autant dire que la folie de Mad Rat commençait à me contaminer et donc il m’a fallu faire des pauses régulières pour récupérer et me calmer pour ne pas briser la manette en deux. Ceci étant dit, je n’ai pas abandonné et ai uniquement découvert qu’une poignée de niveaux est vraiment juste difficile sans raison et je suis plutôt content d’avoir persévéré, puisqu’un des niveaux suivants était un combat de boss avec une ambiance digne du combat contre sans dans Undertale (sans l’intensité, heureusement, sauf pour le boss de fin que j’ai fini sur le fil du rasoir).

En termes de contenus, le jeu va droit au but. Vous avez une trentaine de niveaux, un mode Normal et un Difficile et des Trophées à débloquer et voilà. Il m’a fallu environ 5 ou 6 heures pour en voir le bout et, franchement, c’est ni trop long, ni trop court, puisque toutes les idées que les développeurs voulaient nous montrer ont été montrées et ça ne s’étire pas trop au point de devenir désagréable !

Enfin, impossible de parler de Mad Rat Dead sans évoquer sa bande-son, qui est vraiment excellente ! Dyes Iwasaki ainsi que les autres compositeurs se sont clairement fait plaisir à bosser sur le projet et ça se ressent. C’est tantôt jazzy, tantôt dubsteppy et même parfois un peu épique pour offrir un mélange qui nous fait forcément taper du pied ! Clairement je vais réécouter régulièrement cette bande-son en dehors du jeu !

Au final, Mad Rat Dead est un bon petit jeu qui fait très plaisir à jouer une fois passé le choc de la direction artistique ! C’est beau, varié, la bande-son est ultra kiffante et le défi proposé peut pas mal énerver sur le moment, mais j’ai fini le jeu avec un immense sourire sur la tronche et je pense que ça veut tout dire !

Bon après, ce n’est pas non plus un chef d’oeuvre absolu et je dois admettre que je ne lui vois pas le meilleur avenir vu sa date de sortie un peu trop proche du Ludocalypse 2020, mais j’espère quand même qu’il trouvera son public ! En tout cas si comme moi vous êtes fan de jeux de plateforme et de jeux de rythme, il y a moyen pour que vous vous amusiez pas mal et, quoi qu’il arrive, au grand pire il y a une démo dispo sur l’eShop et le PSN, donc vous pouvez voir par vous-même si ça vous botterait ou non.

J’espère juste que vous aurez… Le cœur bien accroché ! Coeur bien accroché… Non mais parce qu’en fait Mad Rat, son cœur, il flotte !