Passé un certain âge, on peut facilement avoir la sensation d’avoir tout vu, tout vécu en matière de divertissement. On reconnaît certaines façons d’écrire certains films, certains livres au point que l’on peut facilement deviner qui ou quoi va où et quand… Au point que ça peut vite devenir difficile de parler de trucs qui sont fondamentalement très similaires, voire identiques à d’autres trucs que l’on connaît déjà.

C’est notamment pour ça qu’avec Kaze and the Wild Masks, je me retrouve devant la situation assez délicate de devoir décrire un jeu auquel on a probablement déjà tous joué dans notre vie. Je pourrais juste dire « Oui bon, c’est grosso modo Donkey Kong Country avec des power-ups » et mettre directement la mention recommandé et vous dire au revoir, parce que c’est littéralement juste ça, mais je vais quand même tenter d’élaborer un peu plus. Parce que même si c’est très similaire aux classiques de Rare et de Retro Studios, deux facteurs clés le distinguent de ces bijoux du jeu de plateforme : il y a des power-ups qui changent un peu la donne et ça a été par une petite team de développeurs indés, à mille lieues des gros budgets et de l’argent de Nintendo… Et bon, même si je n’irais pas non plus jusqu’à dire que c’est équivalent à un Tropical Freeze, en réduisant pas mal l’échelle ça n’en reste pas moins un platformer très solide qui cache plutôt bien son jeu et qui m’a fait passer un bon moment !

Bunny Long Region

L’histoire de Kaze and the Wild Masks tient sur un timbre poste : Kaze et son erm… Probablement frère, ou compagnon vont dans un temple et trouvent un artefact magique qui libère un mal ancien. Les légumes deviennent méchants et violents et le frère/compagnon de Kaze est fait prisonnier de l’artefact et il en revient donc à nos deux héros de battre le méchant et sauver le monde.

Il n’y a pas vraiment d’histoire à proprement parler et quasiment personne ne parle, ce qui fait que le jeu manque juste un poil de personnalité pour que l’on aie l’impression de faire un truc important. Et je dois avouer que j’étais moyen chaud de voir que tous les ennemis s’avéraient n’être que de simples légumes, sans compter qu’ils ont un design un peu moche tout droit sorti d’une série ou des jeux des années 90 comme Crash Bandicoot, ce qui en soi est plutôt raccord avec le fait que Kaze se veut être un hommage aux jeux de plateforme de cette époque… Mais bon, ça reste des légumes moches quoi.

Ceci étant dit, là où la personnalité du jeu ressort, c’est dans son choix de style graphique pixelisé façon vieux platformer de la fin de la Super Nintendo, début PlayStation. Les sprites des personnages sont très détaillés et expressifs et même si je ne suis pas vraiment fan de la direction artistique globale en dehors de Kaze qui est ultra badass, ça reste plus que joli et ça passe merveilleusement bien sur Switch et surtout en mode portable !

Côté gameplay, comme dit en intro, vous prenez la série Donkey Kong Country et vous ajoutez des power-ups qui prennent la forme de masques que Kaze va forcément récupérer en chemin pour traverser des niveaux spécifiques. En temps normal, la palette d’options à disposition de Kaze est super limitée, avec un simple saut, une attaque tourbillon qui fonctionne exactement comme la roulade de Donkey Kong avec même la petite accélération qui va bien, une attaque en piqué et la possibilité de flotter dans les airs façon Rayman, même si ici il faut utiliser le bouton d’attaque au lieu de maintenir le bouton de saut enfoncé, ce qui m’a piégé quelques fois au début.

Les masques, eux, sont au nombre de quatre, avec le masque de l’aigle qui permet de voler et tirer des projectiles littéralement comme Squawks de Donkey Kong Country 2, le masque du requin qui permet de nager avec une finesse digne de Rayman Legends et Donkey Kong Country Tropical Freeze, le masque du tigre, qui permet de s’agripper aux murs et faire un dash et le masque du dragon, qui lui remplace intelligemment les sections de chariot dans les jeux Donkey Kong Country, avec la possibilité de faire des double-sauts et des attaques en piqué.

Du côté de la progression, c’est hyper classique, puisque l’on a juste à enchaîner les niveaux dans l’ordre jusqu’à atteindre le boss de fin de monde, etc jusqu’à la fin du jeu. Dans chaque niveau, vous pourrez collectionner quatre lettres pour former le nom de Kaze (je vous épargne le nom du jeu auquel ça fait référence) et en collectionnant 100 cristaux minimum dans chaque niveau, vous obtenez une clé pour un truc que je vous laisse découvrir. Mais là où ça devient très intéressant, c’est que chaque niveau contient aussi deux micro-niveaux cachés permettant d’obtenir chacun une moitié d’un cristal qui permet de débloquer un niveau secret dans chaque monde. Et ces micro-niveaux cachés sont là où réside le gros du défi proposé par le jeu. Ça commence très simplement, mais par la suite ça peut devenir hyper difficile et fun à terminer et ça demandera toute votre dextérité et vos réflexes.

D’ailleurs, en parlant de dextérité, Kaze se contrôle vraiment bien ! 98% du temps, elle bouge et réagit comme on le veut et elle fait partie du haut du panier des jeux de plateformes en termes de sensations et de degré de contrôle ressenti ! Les développeurs du jeu ont fait un travail d’analyse et de décorticage exceptionnel, faisant que Kaze est très agréable à jouer.

En termes d’idées de level-design, c’est du vu et revu au point que si vous cherchez de l’originalité, il faudra voir ailleurs, mais ça n’en reste pas moins une sorte de best-of des mécaniques de jeux de plate-forme tels qu’on les voit ici et là. Les tonneaux à propulsion sont remplacés par des lance-pierre géants, les chaînes sur lesquelles on glisse par des cordes et la lave qui monte par de l’acide, puis plus tard de la lave et on a même le niveau Stop and Go du premier Donkey Kong Country avec des ennemis invincibles qui ne s’arrêtent et deviennent inoffensifs que quand il y a de la lumière. Phanto de Super Mario Bros 2 est même présent ici pour nous terrifier et prend la forme d’un poisson cinq fois plus gros et dangereux… Chouette…

D’ailleurs, ça me permet de dire que le jeu est relativement difficile, mais pas non plus impossible. Vous allez très certainement mourir un bon paquet de fois, mais il existe aussi la possibilité de recommencer le jeu en mode Détente des checkpoints entre les checkpoints normaux et un second point de vie en plus de l’option de zapper un niveau si celui-ci s’avère être trop difficile.

Pour le coup, je dois vous avouer qu’au bout de deux heures de jeu, arrivé au tiers de l’avant-dernier monde et devant un niveau avec un passage un peu trop compliqué, j’ai décidé de recommencer le jeu depuis le début en mode Détente et j’ai speedrunné le jeu en 45 minutes pour en revenir au point où je m’en étais arrêté puis ai mis une heure et demie après ça pour voir les crédits de fin défiler en essayant de récupérer un max de trucs en route, mais en en omettant quand même un bon paquet.

Et c’est d’ailleurs en speedrunnant le jeu quand j’ai décidé de le refaire que je me suis rendu compte à quel point le level-design était des plus solides. Quand on connaît les niveaux et qu’on veut les traverser en mode contre-la-montre, on découvre qu’ils ont tous un rythme très spécifique qui fait qu’il est possible de les traverser sans s’arrêter en s’y prenant bien !

Bref, finir le jeu en ligne relativement droite m’a pris à peine quatre heures, mais vu le nombre de secrets à découvrir, si vous décidez de faire le jeu à 100% et en Normal, il y a facilement moyen pour que ça vous occupe une petite dizaine d’heures, ce qui est plus que correct !

Au final, Kaze and the Wild Masks est une bonne petite surprise qui ne va certes pas révolutionner le genre, mais qui fait passer un bon moment et qui ravira ceux qui sont en manque de bons jeux de plateforme à l’ancienne ! Ça n’a peut-être pas le même degré de finition qu’un Donkey Kong Country Tropical Freeze ou bien d’un Rayman Legends, mais ça n’a pas non plus la même taille d’équipe, ni le même budget et ni même le prix, qui est plutôt bas, surtout si vous savez que vous ferez le jeu à 100%, auquel cas ça devient même plutôt généreux.

De fait, je peux assez facilement recommander Kaze and the Wild Masks si vous êtes fans du genre. Quant au prix que vous voudriez y mettre, là tout dépend de votre envie de tout faire à 100% ou non, puisque si non, ça reste un jeu relativement court qui pourrait vous donner l’impression… De vous faire carotter !

Je suis tellement désolé pour cette vanne…