Quelque chose me dit que Annapurna Interactive va devenir un des meilleurs éditeurs de jeux indés dans les prochaines années. Le studio de cinéma réputé pour aider des films « invendables » s’est récemment mis aux jeux vidéo et, comme pour leurs films, les jeux qu’ils choisissent d’aider sont principalement des projets artsy qui misent sur autre chose que ce que les jeux que l’on a pour habitude de voir nous proposent. Ainsi, après What Remains of Edith Fynch et Gorogoa, Annapurna Interactive nous propose Donut County, un projet de jeu sur lequel Ben Esposito a travaillé pendant 5 ans au pitch des plus étranges : on doit contrôler un trou dans le sol et gober un maximum de choses pour le faire grossir. Et si vous vous dites « Huh, on dirait du Katamari, mais à l’horizontale » vous n’aurez pas tout à fait tort.

Et si vous me connaissez, vous savez que les Katamari et moi, c’est une grande histoire d’amour, donc il était sûr et certain que l’on allait très bien s’entendre avec Donut County.

Trou de Fire and de Flemmes

L’histoire de Donut County est… Plutôt unique : BK est un raton-laveur qui, pour une raison inconnue, décide de faire tomber dans un trou tous les clients qui commandent des donuts à sa boutique et, six semaines plus tard, on découvre que toute la ville y est passée, BK y compris. Le jeu se situe donc après ces événements étranges et tous les habitants décident de raconter autour d’un feu de camp leurs histoires, prétextes pour enchaîner les niveaux. Et même si le gameplay passe légèrement au second plan  (j’y reviens dans un instant), l’histoire, elle se suit avec un immense plaisir grâce à une mise en scène minimaliste, mais efficace, des personnages charmants et des dialogues très drôles.

Je dis que le gameplay passe un peu au second plan, car le but reste plus ou moins le même d’un bout à l’autre du jeu : on déplace un trou dans le sol pour absorber des objets plus petits et, plus on en récolte, plus le trou grandit, permettant ainsi d’engloutir de plus gros objets. Le souci, c’est que pendant la première moitié du jeu, cette boucle de gameplay ne change pas d’un pouce et il n’y a pas vraiment besoin de réfléchir plus que ça pour finir chaque niveau. Il faut juste avoir l’oeil et parfois un peu persévérer pour faire rentrer certains des objets en parvenant à les faire pivoter d’une manière ou d’une autre.

Puis vient la seconde moitié, où l’on obtient une sorte de catapulte qui nous permet de lancer certains types d’objets déjà absorbés pour résoudre des énigmes un peu trop intuitives pour ne pas nous bloquer. Là, les choses deviennent plutôt intéressantes, jusqu’au niveau final, qui… Donne l’impression que le jeu commence enfin, uniquement pour se terminer quinze minutes plus tard.

Donut County ne dure qu’à peine deux heures (si ce n’est moins, j’ai pas vraiment fait attention) et comme le premier Katamari Damacy, on sent qu’il s’agit d’un concept de jeu plus que d’une expérience à part entière qui aurait vraiment pu prendre son envol si plus de personnes avaient intégré l’équipe de développement pour alléger un peu la charge de travail de Ben Esposito et offrir un peu plus d’idées et de niveaux.

Cela étant dit, Donut County est loin d’être mauvais. Pour le coup, c’est typiquement le genre de jeux que l’on lance pour se détendre et vivre une histoire rigolote et rafraîchissante en compagnie de personnages attachants et avec une musique qui fait planer. 12€ pour deux heures de jeu peut paraître assez cher (perso, ça m’a pas fait trop mal), donc si vous êtes un minimum intéressé par le pitch, m’est avis qu’il baissera de prix un jour ou l’autre. On sent clairement un hommage à l’oeuvre de Takahashi Keita (créateur de Katamari Damacy, Noby Noby Boy et bientôt Wattam) avec ce côté atypique qui ne plaira certes pas à tout le monde, mais dont ceux qui auront l’esprit suffisamment ouvert tomberont amoureux.

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Benjamin « Red » Beziat