Tombé en désuétude vers la fin des années 90, le genre des jeux en FMV, ou Full Motion Video est légèrement revenu en force ces 5 dernières années avec notamment le retour des jeux Tex Murphy, Late Shift ou bien Her Story. Pour ceux qui ne connaîtraient pas, il s’agit de ces jeux constitué en très grande majorité de cinématiques, soit animées, soit filmées et dont le gameplay ne consiste plus ou moins que de choisir les embranchements que prennent ces films interactifs. Le genre était hyper populaire dans les années 80 et 90 pour la simple et bonne raison qu’ils donnaient l’illusion de jouer à des films, là où les jeux des concurrents n’étaient encore que des amas de pixels. De beaux amas de pixels et avec des vrais gameplays, mais bon, il n’étaient pas bien impressionnants quand comparés aux jeux en FMV.

Le jeu en FMV le plus célèbre, vous le connaissez tous, c’est Dragon’s Lair de Don Bluth, mais parmi les autres exemples connus, on peut citer Mad Dog McCree ou bien Night Trap.

La nostalgie du genre couplée à une très forte amélioration des moyens techniques fait qu’aujourd’hui les jeux en FMV peuvent être plus ambitieux, plus beaux et aussi plus intéressants d’un point de vue gameplay, mais aussi relativement peu cher à faire quand comparé au budget des jeux actuels.

Et j’imagine que c’est en partie pour cette raison que Death Come True, le premier jeu du studio Too Kyo Games, est un jeu en FMV. Mais ça serait hyper réducteur de penser qu’il s’agit de la seule raison quand on sait que les fondateurs du studio ne sont autre que Kazutaka Kodaka, le créateur de Danganronpa, et Kotaro Uchikoshi, le créateur de la série Zero Escape ! Deux auteurs complètement timbrés avec des visions très fortes et qui aiment beaucoup jouer avec les attentes de leurs fans en plus de tenter des choses nouvelles ! De fait, que Kazutaka Kodaka se décide de faire un jeu en FMV n’est pas une surprise et ce n’est pas non plus une surprise que ce « jeu » soit bon !

Video Insanity

Eeeet c’est à partir de maintenant que les choses se compliquent pour moi, puisque c’est compliqué de parler en détail d’un film interactif de deux heures, surtout quand Kazutaka Kodaka a expressément demandé de ne rien spoiler. Bon après, je ne comptais pas le spoiler, puisque les twists sont ce qui est le plus intéressant et j’ai vraiment envie que vous les découvriez pour vous même, donc je ne vais m’en tenir qu’au pitch des dix premières minutes.

On incarne Makoto, un jeune homme qui se réveille dans un hôtel sans aucun souvenir de comment il est arrivé là. Très vite, il découvre qu’il est en fait un tueur en série et, pire encore, il découvre le corps inconscient d’une jeune femme dans la baignoire de sa chambre. Et parce que ça serait trop simple de s’en arrêter là, un policier débarque et tue Makoto, uniquement pour que le jeune homme découvre qu’il est prisonnier d’une boucle temporelle. Bref, c’est une sale journée et il va devoir résoudre ce mystère s’il veut pouvoir briser la boucle, quitte à mourir plusieurs fois avant d’y parvenir.

L’histoire de Death Come True n’est pas la plus incroyable qui existe et un de ses nombreux twists se fait griller direct, mais je ne vais pas vous mentir en disant qu’elle est très prenante ! La mise en scène est classique et un peu série B sur les bords, mais elle est efficace et l’ensemble tient parfaitement debout grâce à ses deux acteurs principaux : Kanata Hongo, qui a joué Makoto Naegi dans la pièce de théâtre Danganronpa (tout se recoupe), et Chiaki Kuriyama qui avait joué dans Battle Royale ou bien Gogo dans le premier Kill Bill. Et on a même le droit à un cameo de Yuki Kaji, l’acteur qui double Shoto dans My Hero Academia et Eren dans l’Attaque des Titans !

Côté gameplay… Bah c’est un jeu en FMV assez basique : on regarde le film et parfois on pourra choisir ce que fera Makoto. Certaines décisions mèneront à la suite de l’histoire, tandis que les autres mèneront à des morts plus ou moins violentes tout en restant Pegi 12. Il y a 16 fins différentes (en comptant les morts) et le truc intéressant et rigolo, c’est que chaque fin débloque une médaille qui vous permet de débloquer soit des vidéos un peu débiles où le cast s’amuse ou bien des vidéos des coulisses du tournage.

Un truc intéressant que j’ai noté, c’est comment on respect notre temps, puisque en cas de mort le film reculera pile avant le moment du choix qui a mené à la mauvaise fin ou bien fera quelques coupes intelligentes si jamais la boucle se relance pour nous amener là où ça devient intéressant. En résulte un rythme assez rapide qui fait que l’on n’est pas perdu et surtout, plus important, que l’on ne s’ennuie pas un seul instant.

Au final, Death Come True est un film interactif qui vous occupera deux bonnes heures tout en vous faisant passer un bon moment. Les twists sont cool, la mise en scène sent un budget modeste sans non plus être distrayant et les acteurs sont impliqués. Mon seul souci vient de son prix assez élevé de 18€. Pour le coup, Kazutaka Kodaka l’a justifié en disant que c’était aligné sur les prix d’une séance de cinéma au Japon (ce qui fait très très mal) et que ça avait été légèrement revu à la baisse pour s’aligner sur les prix des séances aux États-Unis… Ce qui me fait me rendre compte que l’on est plutôt bien lotis avec nos séances à 10/11€ en aprèm et 6€ le matin (sans compter les cartes d’abonnement avec leurs tarifs vraiment avantageux).

Dans tous les cas, même si je vous recommande de le faire si vous cherchez un bon film interactif, je ne saurais que trop vous recommander de le prendre en sachant qu’il s’agit de ça et donc d’y mettre le prix que vous jugerez le plus pertinent à vos yeux.