Trois fois. En 10 ans de carrière, je n’ai jeté l’éponge sur un jeu que trois fois et à chaque fois il s’agissait de JRPG lorgnant plus sur le fan service que sur l’envie d’un propos un minimum pertinent. Il est extrêmement rare que j’écrive la critique d’un jeu avant de l’avoir proprement fini et même si souvent je fais ça avec plaisir, il arrive parfois que l’expérience de jeu soit tellement pénible que soit j’arrête tout, soit je me fais violence au point de me forcer à le finir.

Et avec Deadly Premonition 2, j’ai fini dans la deuxième catégorie… À deux reprises, j’ai failli tout arrêter tant j’en avais marre. C’était au point où la première fois j’étais légitimement furieux et voulais juste balancer la console par la fenêtre, mais ça a juste fini en moi posant la manette sur la table avec un gros « POC ! » de mécontentement. La seconde fois, c’est juste parce que je m’ennuyais profondément et voulais juste faire avancer le scénario.

Donc là vous vous dites probablement que Deadly Premonition 2 est un des pires jeux auxquels j’ai joué de ma carrière, ce qui… N’est pas forcément faux, mais disons que c’est le second jeu que j’ai le moins apprécié sur la dernière année passée avec Sea of Solitude.

Et le pire dans cette histoire, c’est que je vois les intentions. Je vois le côté positif que ce jeu apporte. Mais ce n’est qu’un côté positif dans un torrent de points soit juste médiocres, soit abominables. Je voulais aimer ce jeu. Vraiment. Sincèrement.

Mais ce qu’il m’a apporté, ce n’est presque que frustration, ennui et un immense fou rire à ses dépends.

The Silver Lining

Avant que je n’entre dans le détail des choses qui ne vont pas, il me faut parler de ses très, très gros points positifs : son scénario et son ambiance.

Deadly Premonition 2 est un immense flashback nous plongeant dans les souvenirs d’un Francis Zach Morgan complètement décrépi et vivant seul dans son appart’. Deux agents du FBI viennent chez lui pour lui parler d’une sordide affaire ayant eu lieu 14 ans plus tôt dans la ville rurale de Le Carré. Un corps découpé en morceaux a été retrouvé et il en revient à un Francis York Morgan qui passait littéralement dans le coin par le plus grand des hasards de s’occuper de cette affaire et découvrir qui est derrière ce meurtre.

L’histoire est plutôt prenante, mais elle a aussi ce désagréable défaut de griller certaines de ses plus grosses cartouches d’emblée à cause de la structure en flashback, où les agents du FBI nous balancent certains twists avant même que l’on ne les découvre par nous-même et, pire encore à mes yeux, certains twists évidents que l’on devine très facilement sont d’abord discrédités avant d’être confirmés plus tard en mode « ohlàlà, c’était un twist très inattendu ! ».

Là où le jeu se rattrape vraiment bien, c’est dans son ambiance totalement barrée et un peu grindhouse sur les bords. Tous les personnages sont fous à divers degrés ou bien juste bizarres et on peut avoir une séquence où un personnage se fait violemment mutiler, uniquement pour être suivi dans les 5 secondes par une séquence où un homme en slip joue du saxophone. C’est bizarre, c’est fou, c’est même parfois extrêmement drôle et c’est aussi très souvent dégueu avec des morceaux de corps humain qui sont malmenés, donc ce n’est pas pour tout le monde. Dans un sens, Deadly Premonition 2 me rappelle pas mal House of the Dead Overkill et un peu No More Heroes, mais avec une patte bien à lui.

Et pour ceux qui se posent la question : il vaut mieux avoir fait le premier avant de faire le 2 puisqu’il y a quelques références qui feront très plaisir.

Et maintenant que ça, c’est fait… Il ne me reste plus qu’à parler du reste.

A Curse in Plain Sight

Je vais un peu changer de formule pour parler du pire aspect de ce jeu et qui saute très vite aux yeux : son framerate.

D’habitude, c’est le genre de détail sur lequel je n’accorde que très peu d’importance. Quand ça ramouille ici ou là, c’est un peu naze, mais jamais un problème. Mais avec Deadly Premonition 2, je n’ai jamais vu le jeu tourner au dessus des 24 images par secondes. En intérieurs, ça va, c’est plutôt stable, même si ça saccade un peu… Mais dans le monde ouvert, c’est une catastrophe. Mais genre je n’avais pas vu ça dans un jeu vidéo depuis une éternité. Et le pire, c’est qu’au niveau des textures, c’est pas forcément mieux que certains jeux Dreamcast (sauf pour les modèles des personnages, qui sont plutôt cool et détaillés) ET il n’y a quasiment aucun PNJ dehors ! Le monde est vide en dehors de quelques chiens errants et écureuils à tuer (et qui d’ailleurs ont des animations de mort qui donnent l’impression que l’on affronte des statuettes qui tombent sur le côté).

Peut-être un jour qu’un patch sortira pour corriger ce problème, et je l’espère vraiment, puisque ce framerate rendait l’expérience de jeu extrêmement désagréable et vous n’imaginez même pas comment certaines séquences de tir obligatoires étaient pénibles à cause de ça (et c’est d’ailleurs sûrement pour cette raison que le gros des combats se font dans des espaces minuscules, là où ça tourne presque à un 30fps stable).

Note : trois jours après avoir écrit cette phrase, un patch est bel et bien sorti, mais ça n’a corrigé en rien le framerate, qui était toujours aussi mauvais… Peut-être au prochain patch ?

Bon après, ce n’est pas que le framerate qui a fait que j’étais tellement furieux que j’ai failli tout arrêter. Il y a aussi les temps de chargement interminables quand vous allez dans le monde ouvert et les quêtes qui précèdent les phases de « donjon » qui mènent aux boss de fin de chapitre.

Elles. Sont. Nulles. Je ne sais pas si ça faisait partie d’une sorte de message caché pour dénoncer l’absurdité des quêtes annexes de jeux vidéo, mais non seulement certaines sont incroyablement ennuyantes, mais en plus elles jouent avec une mécanique que je redoutais : la gestion du temps.

Grosso modo, certains lieux et personnages ne sont dispo qu’à certaines heures de la journée, voire même certains jours de la semaine. Et le truc, c’est que certaines quêtes demandent que vous attendiez ces heures et jours spécifiques pour pouvoir faire avancer le scénario. Et parce que les quêtes optionnelles ne sont pas intéressantes, la seule chose à faire pour passer le temps est d’aller à l’hôtel pour dormir jusqu’à six jours consécutifs si vous n’avez pas de chance, sachant qu’en plus vous êtes ponctionnés de presque 200$ par jour par l’hôtel ! Bref, vous perdez de l’argent et du temps pour rien et j’espère que vous aurez réparé la douche rapidement, parce que si ce n’est pas fait, vous empesterez et perdrez 60$ à chaque fois que vous parlerez à un PNJ !

Heureusement, il ne m’est arrivé qu’une seule fois de devoir voyager dans le temps (et de devoir relancer une vieille sauvegarde pour faire la quête de la douche parce que j’avais presque plus un rond en voulant la faire alors que je puais), mais couplez ces problèmes à une quête fedex particulièrement éreintante qui dure une heure juste pour trouver un tas d’objets à la con et vous comprendrez pourquoi j’avais juste envie de tout arrêter. Heureusement encore, en dehors d’un autre duo de quêtes un peu longues et ennuyantes, c’était la seule fois où j’ai vraiment ressenti de la frustration.

Mais quand je ne ressentais pas de la frustration… Bah je ne ressentais que de l’ennui, puisque les phases d’enquêtes consistent juste à marteler le bouton A pendant 5 à 20 minutes pour faire avancer les choses et les phases de « donjon »… Imaginez juste qu’il s’agit d’une série de couloirs tous identiques et dont le seul but est de tuer tous les ennemis pour ouvrir d’autres portes qui mèneront à une courte phase d’enquête, qui ramène ensuite à la même série de couloirs avec le même gameplay pour ensuite amener au boss qui généralement reste planté là comme un abruti à se manger la tonne de balles que vous trouverez par terre et dont les attaques sont tellement inefficaces que vous pouvez les battre juste en restant planté au même endroit et en leur tirant dessus et, peut-être, éventuellement ouvrir votre inventaire pour utiliser la tonne d’objets de soin que vous avez ramassé et dont vous ne voyiez pas l’utilité. Et là vous vous dites peut-être que j’ai joué en mode Facile, mais non. Il n’y a aucun mode de difficulté à choisir, c’est celle par défaut !

Le truc le plus étrange, mais rassurant, c’est que le jeu peut semble très long, mais il semble aussi assez court. Pour le coup, je ne saurais dire combien de temps il m’a fallu pour finir le jeu puisque le compteur d’heures continuait de tourner même lorsque la Switch était en veille et donc j’avais un fichier qui me disait que j’avais mis 60 heures pour le finir, mais dans les faits, je pense que je l’ai fini en une quinzaine d’heures.

Et en guise d’adieu, tel un dernier au revoir et après une dernière cutscene avec un décalage de son de presque 30 secondes par rapport à l’image… Le jeu a planté. J’ai eu un écran d’erreur qui a fait que le jeu s’est automatiquement fermé, me laissant bouche bée, puis rigolant tout seul dans mon salon comme un méchant d’anime qui vient enfin de devenir fou, achevé par l’absurdité de l’expérience. Dans un sens, il ne pouvait pas y avoir de fin plus appropriée.

Au final… Je voulais aimer Deadly Premonition 2. Vraiment. Son histoire est sympa et vous verrez rarement un jeu aussi absurde sur le marché, mais je me suis ennuyé. Entre ses temps de chargements dignes de Sonic 2006, son framerate abominable, ses quêtes principales pas intéressantes pour un sou et ses donjons répétitifs, je n’ai pas vraiment trouvé grand chose à apprécier et ça me désole profondément.

Si vous êtes fan du premier Deadly Premonition, il y a moyen pour que vous y trouviez votre compte, surtout grâce à son scénario, mais pour les autres, il y a beaucoup trop de problèmes pour que l’expérience soit intéressante.

Et ça me frustre énormément que ce soit ce jeu spécifiquement qui inaugure ma nouvelle catégorie de notation, donc je vais lui faire une fleur en mettant un Pourquoi pas seulement pour ceux qui sont fan du premier épisode ou bien des productions de Swery, mais pour les autres… Meh.