Oui, je sais, sortir une critique de A Hat in Time en 2019, c’est comme si je me mettais à parler de Solatorobo aujourd’hui en le présentant comme étant quelque chose de nouveau. Mais le truc, c’est que la version Nintendo Switch sort en boîte cette semaine (ou le 8 Novembre si vous regardez ça plus tard) et on m’a donné un code pour le tester. Et le truc bien, c’est que je n’avais jamais eu l’occasion d’y jouer jusqu’à cette semaine alors qu’il me faisait de l’œil depuis l’annonce de son Kickstarter en… 2013 !?

C’est encore une fois pas aujourd’hui que je vais me sentir jeune…

Chapeau l’Artiste !

A Hat in Time nous raconte l’histoire assez simple de Hat Kid, une fille qui se retrouve à devoir récupérer tout les sabliers magiques de son vaisseau spatial qui lui servent de carburant suite à un accident impliquant une fenêtre brisée et un appel d’air. Sur le chemin, elle va rencontrer bon nombre de personnages allant des mafieux russes qui veulent tout piquer à des réalisateurs de films convoitant un prix en passant par le démon du coin qui veut voler votre âme. Un week-end typique, en somme.

Le jeu avait été annoncé à une époque où le genre du platformer 3D typé Nintendo 64/PS2 était… Disons plus ou moins ignoré de beaucoup de studios. De fait, à l’annonce de son Kickstarter, beaucoup se sont rués dessus avec ses promesses d’être un Super Mario Sunshine-like et potentiellement des musiques de Grant Kirkhope, le compositeur légendaire de Banjo-Kazooie.

Et même si le premier monde ressemble en effet aux légendes du genre, avec une structure ouverte et une tonne de secrets à dénicher, A Hat in Time nous a bien caché son jeu, puisque chacun de ses cinq mondes (hors DLC) possède une structure et un style assez vastement différents. Le second monde en particulier est une succession de niveaux radicalement différents, le troisième révèle ses zones petit à petit et à la condition d’aller aux bons endroits pour faire avancer les choses, le quatrième est un hub qui contient ce qui aurait bien pu être quatre autres mondes différents et le cinquième est un niveau très linéaire et extrêmement difficile avec le boss final au bout. Ça peut paraître court… Et ça l’est un peu, puisqu’en faisant les choses à un rythme assez soutenu et en allant voir le boss final aussitôt le nombre de sabliers minimum requis, on peut en voir la fin en 6 heures environ. Mais ça serait passer à côté d’une tonne de secrets et de défis supplémentaires vraiment intéressants, comme les failles temporelles qui sont des niveaux supplémentaires un peu plus difficiles que le reste et que l’on doit d’abord trouver en explorant le monde. Il y a de quoi s’amuser avec les objectifs de base, mais c’est dans ces niveaux secrets que les choses peuvent devenir vraiment très intéressantes !

Au niveau du gameplay, là aussi on est sur quelque chose d’assez simple, mais de globalement efficace. Hat Kid peut sauter, faire le saut plongé de Mario dans Super Mario Sunshine, utiliser un grappin pour se balancer sur certains éléments du décor et utiliser son parapluie pour se battre. Mais la principale nouveauté ici vient du système de chapeaux : en explorant les niveaux, il est possible de récupérer des pelotes de laine. Réunissez-en suffisamment et vous pourrez confectionner des nouveaux chapeaux qui vous offriront un pouvoir supplémentaire, comme la possibilité de courir, de se transformer en statue pour se projeter plus loin sur des trampolines ou bien faire se matérialiser des plateformes autrement presque invisibles. Les possibilités sont donc à la fois restreintes, mais assez nombreuses et le level-design en prend parfaitement compte.

D’ailleurs, le très gros point fort de ce jeu est définitivement son level-design, puisqu’il monte assez rapidement en intensité, avec même certains pics de difficulté dès le second monde ! Moi qui trouvait la plupart des jeux actuels de ce style assez simples en dehors du post-game, j’ai été pas mal agréablement surpris ! C’est un jeu qui s’adresse à un public un minimum expérimenté… et pas forcément aux enfants, vu certains niveaux qui peuvent être assez dérangeants. Mettez un enfant devant le niveau avec une reine fantôme qui vous pourchasse dans un manoir flippant et regardez-le ne plus fermer l’œil de la semaine !

Et même si le level-design est excellent, je dois malgré tout pointer du doigt un petit problème qui m’a pas mal frustré : la caméra et la profondeur de champ. Je me suis senti en contrôle de Hat Kid grosso modo 95% du temps et c’était très agréable, mais il arrivait parfois que la caméra se mette trop près d’elle ou bien, pire encore, que je n’arrivais pas à bien évaluer la distance entre les plateformes, ce qui n’était pas trop un problème dans les trois premiers mondes, ni le dernier, mais le quatrième possédant pas mal de sections verticales, il m’est arrivé de tomber sans trop avoir le contrôle sur la situation et donc perdre 30 secondes pour pas grand chose…

Un autre truc que j’ai vraiment aimé et qui pourtant n’est que trop rarement un point fort de ce genre sont les boss ! Ils ne sont pas bien nombreux, mais qu’est-ce qu’ils sont bons ! Celui du troisième monde en particulier est à la hauteur de son personnage et offre une expérience surréaliste qui m’a mis un sourire en coin tout du long ! Et le boss final est aussi très cool… Quand il ne glitche pas.

Et donc là j’arrive à la partie à la fois frustrante et cool de la critique : j’avais écrit tout mon texte. Tout était prêt pour l’enregistrement et je parlais en long, en large et en travers sur trois longs paragraphes de bugs assez violents qui avaient temporairement cassé mon enthousiasme… Sauf que quelques heures après avoir fini d’écrire, voilà qu’un patch venait de débarquer sur la version Switch du jeu ! Dans les faits, un de ces bugs était une sorte de filtre involontaire qui faisait que je ne voyait presque rien (ce qui ne m’a pas empêché de finir le niveau) et le boss final qui s’était coincé dans un mur, rendant la fin inaccessible sauf si je me refaisais tout le dernier niveau.

Est-ce que ces bugs ont été corrigés avec le nouveau patch ? J’en sais rien, mais j’imagine que c’est le cas. Pour avoir quand même vérifié par rigueur scientifique, ça n’a pas réduit les longs temps de chargement, malheureusement, ni ça n’a réduit les nombreuses saccades, mais ça change tout de même pas mal la donne, puisque si ces gros bugs sont corrigés, je n’ai plus vraiment grand chose de négatif à dire sur le jeu !

Enfin, petit point rapido sur la présentation, parce que là aussi on a du très bon : le cast vocal est juste parfait ! Mention spéciale à Yungtown, un rappeur youtubeur particulièrement cool qui prête sa voix au démon du troisième chapitre et qui fait un taf monstrueux dessus et aussi à Xander Mobus, le comédien qui fait la voix de l’annonceur dans Super Smash Bros. Ultimate ou bien Arsène dans Persona 5 qui est tordant en tant que conducteur du train.

La partie musicale est aussi très bonne dans l’ensemble, même si les morceaux qui ressortent le plus sont le thème du vaisseau composé par Grant Kirkhope et tout ce qui touche au quatrième monde, qui étrangement me rappelait Final Fantasy Cristal Chronicles. Et quand on cite ce jeu, c’est forcément que quelqu’un quelque part a fait quelque chose de magique !

Au final, je pense que vous aurez compris que je suis tombé amoureux de A Hat in Time ! On dirait le genre de jeu que j’aurais adoré faire il y a 15 ans et je trouve ça génial qu’ils aient décidé de s’y essayer et faire les choses si bien !

Si vous n’avez pas peur d’un peu de challenge, je ne peux que trop fortement vous le recommander tant il est généreux, drôle et bourré de charme. Et comme dit plus tôt, je ne suis pas 100% certain que vous voudriez le mettre entre les mains d’un enfant de moins de 10 ans, mais si vous étiez fan des jeux du style Banjo-Kazooie ou Mario Sunshine, je pense que vous y retrouverez des sensations très similaires.

Et même si j’ai encore quelques réserves quant au fait que le jeu se soit totalement débarrassé de ses bugs via son patch de dernière minute sur la version Nintendo Switch, je vais quand même ranger A Hat in Time dans la catégorie des indispensables, car même en dépit de ces petits soucis, je me suis vraiment amusé sur ce jeu et au grand pire, dans le doute, je ne peux que trop vous recommander de prendre la version PC, PS4 ou Xbox One. C’est un très bon jeu, bugs ou non, ce qui est plutôt impressionnant !