Note : la critique qui suit a été réalisée à l’aide d’une version presse, généreusement offerte par l’éditeur.

Ça peut paraître assez difficile à croire, mais la série des Rhythm Paradise a déjà plus de dix ans et jamais elle n’a eu le succès qu’elle méritait. Alors certes, elle a un sacré succès auprès de certaines sphères de la presse vidéoludique, mais auprès du grand public, rien. Et c’est pas la faute de Nintendo, qui a pourtant tenté de promouvoir à fond les épisodes DS et Wii, car eux aussi y croyaient. Mais non. Le côté un peu trop bizarre et mignon du jeu ne semble hélas pas correspondre aux attentes du marché.

Personnellement, mon histoire avec la série remonte à un peu plus loin, puisque j’avais eu l’immense chance de tomber sur l’épisode Game Boy Advance, exclusif au Japon dans une boutique de revente de bidules et lampes de grand-mères. Je ne sais pas comment ce jeu s’est retrouvé là, mais je l’avais reconnu et j’ai sauté sur le vendeur le plus proche pour qu’il me le sorte de la vitrine. Et depuis, il trône fièrement dans ma bibliothèque comme étant un de mes Merveilleux Cinq (avec Ôkami, Solatorobo : Red the Hunter, Final Fantasy VI GBA et Chrono Trigger). Rhythm Tengoku, c’est du bonheur en cartouche. Le fun incarné. La quintescence même du jeu vidéo ! Un jeu fantasmibucolique que tout le monde devrait finir une fois dans sa vie, mais auquel malheureusement personne ne pourra jouer parce que difficilement trouvable.

Hélas, Nintendo semblait aussi savoir que cette série était vouée à disparaître, car malgré trois tentatives, ils nous sortent un Rhythm Paradise Megamix aux faux airs de tournée d’adieux (que j’avais même pris le soin d’acheter en import l’année dernière car j’étais persuadé qu’il ne sortirait jamais ici). Un encore avec une compilation des meilleurs mini-jeux de l’ensemble de la série agrémenté d’un scénario mignon et d’une petite dose de jeux inédits.

Même s’il n’y a pas Tram & Poline et ça, ça fait vachement…

Stairway to Rhythm Heaven

Chose nouvelle dans Rhythm Paradise Megamix : les mini-jeux sont désormais tous liés les uns aux autres par un scénario ! Pas le plus épique au monde, ni le plus passionnant (et super verbeux pour parfois pas grand chose), mais ça reste une petite touche sympathique offrant un supplément de personnalité à l’ensemble. Ainsi, on accompagne Tibby, un extraterrestre tombé du ciel, dans sa quête de trouver un moyen de rentrer chez lui. Sur la route, il croisera tout un tas de personnages zinzins et il devra passer plein d’épreuves de rythme pour avancer. Parfois il tombera sur des gardiens assez étranges nous forçant à passer des épreuves assez difficiles moyennant finance.

Ironiquement, pour un jeu de rythme, le scénario en manque pas mal. Les dialogues sont parfois trop longs, les gardiens peuvent être un véritable frein à notre progression, nous forçant à farmer des pièces pour pouvoir repasser leurs stupides épreuves et la vraie fin met une plombe à arriver. De plus, la plupart des mini-jeux se répètent, car le premier tiers du scénario n’est qu’un immense tutoriel nous offrant des versions tronquées et simplistes des mini-jeux. Pour celui qui n’a jamais touché à un épisode de la série, c’est parfait, puisque les épreuves sont beaucoup plus difficiles et retorses la seconde fois, mais pour le vétéran qui a déjà retourné chaque épisode en long, en large et en travers, cette sensation de devoir péniblement creuser pour atteindre l’or et les remixs tant attendus peut vite courir sur le haricot. Heureusement que les mini-jeux inédits sont là pour donner une impression de nouveauté, autrement cet épisode aurait un intérêt plus que limité pour les vétérans (qui déterreront leur Game Boy Micro pour rejouer une énième fois à Tram & Poline les yeux bandés dans le bus), d’autant plus qu’ils sont pour la plupart excellents et proposent des choses que l’on n’avait pas forcément vu auparavant.

Après, qui dit « trop long », sous-entend contenu. Et Rhythm Paradise Megamix en est bourré ! Car en plus des mini-jeux du scénario, il en existe une bonne vingtaine supplémentaire des épisodes précédents à débloquer. Il y a aussi plein de petits bidules inutiles à acheter, un jeu se jouant à deux ou en Streetpass qui ne sert franchement à rien et une chèvre. Et même si la chèvre ne sert à rien et ne possède aucun élément de rythme, elle est au coeur d’un jeu typé pachinko où il faut lui balancer des oignons en espérant qu’ils ne tombent pas à côté. C’est débile et ça ne sert concrètement à rien, mais c’est diablement addictif et relaxant.

Enfin, parmi les modes intéressants et inédits, il y a le Train des Défis, où l’on peut jouer à des séries de plusieurs mini-jeux avec des potes ou en solo (moyennant des pièces). Ces défis offrent des alternatives intéressantes aux jeux de base, soit en accélérant le tempo, soit en mettant en place un système de vies ou bien en imposant un minimum de points à atteindre. Ça ajoute pas mal de rejouabilité, sachant que finir chaque série de défis débloque une catégorie de monnaie qui permet d’acheter les mini-jeux bonus.

rhythm-paradise-samurai

Bien évidemment, qui dit jeu musical dit musiques de qualité, et Rhythm Paradise Megamix n’en manque clairement pas. Toutes les musiques ont été taillées pour que l’on tapote du pied en rythme et que l’on bouge son popotin. On atteint bien évidemment le summum du groove quand on arrive aux remix, où il s’agit généralement de chansons et, là où ça devient particulièrement cool, on a le choix entre les versions anglaises un peu nazes ou bien les versions japonaises qui sont toujours ultra classe. Cette option était déjà présente dans la version Wii et c’est une bonne chose qu’ils l’aient gardé, puisque ça ajoute un choix non négligeable, surtout quand on a subi la version DS et ses chansons françaises devenues cultes par leur médiocrité. Enfin, le jeu ne serait pas ce qu’il est sans sa direction artistique unique, supervisée par Ko Takeuchi, mélange d’adorable et de choupitude nous rappelant très rapidement que cette série est plus ou moins un spin-off musical de Wario Ware.

En bref, Rhythm Paradise Megamix est une pépite absolue. Si les vétérans pesteront un peu devant un début poussif et beaucoup trop facile, les novices, eux, auront le plaisir absolu de découvrir une des meilleures séries cachées de Nintendo. Il s’agit d’un titre bourré de personnalité et de charme pouvant même nous apprendre les bases du rythme sans passer par des leçons pompeuses ou trop académiques. De plus, ce côté best-of garantit un niveau de qualité inégalé avec le meilleur du meilleur ainsi qu’un éventuel adieu plus qu’efficace si jamais les ventes ne sont pas au rendez-vous… Du coup, si vous n’êtes pas réfractaire au mignon et à la musique, ruez-vous sur ce jeu ! En plus il peut se trouver facilement à moins de 30€, donc il serait tout simplement smooth criminel de passer à côté !

Benjamin « Red » Beziat