Un peu plus tôt cette année, j’avais eu l’occasion de faire la critique d’Etrian Odyssey Nexus, une sorte de menu maxi best-of d’une des séries les plus niche d’Atlus et accessoirement un des jeux les plus plaisants à faire grâce à une gestion de la difficulté parfaite et un sentiment d’être un explorateur très peu égalé.
C’est aussi pour ça que j’attendais avec pas mal d’impatience Persona Q2 : un Etrian Odyssey sauce Persona, sur le papier, ça envoie du rêve ! Et le jeu est loin… Très loin d’être mauvais, bien au contraire.
Mais, malheureusement, l’appréciation d’un jeu peut parfois être ruinée par un simple petit détail. Bien entendu, le point qui fait le plus mal ici ne tient que de mon appréciation personnelle et m’est avis que pas mal de gens penseront le contraire, mais juste pour vous donner une idée de l’impact que ce petit détail a eu sur moi, imaginez juste que j’ai manqué de m’endormir devant ma console.
L’Histoire Sans Fin…
Et je vais dégager ce point au plus vite histoire de continuer mon texte sur une note plus positive : Persona Q2 est un jeu diamétralement opposé à Etrian Odyssey. Là où Etrian Odyssey ne possède qu’un semblant de scénario et laisse l’imagination faire incroyablement bien son travail, Persona Q2 est un jeu à scénario qui ne laisse absolument aucune chance à son joueur de se l’approprier.
Ce jeu est le plus verbeux auquel j’ai joué depuis des mois. Les dialogues inutiles s’enchaînent sur des périodes de temps parfois allant jusqu’à dix minutes (sans compter l’intro, qui sur sa première heure et demie ne contient que vingt minutes de gameplay à tout casser) et quand je dis inutile, ce n’est pas dans le sens où les personnages bavardent pour ne rien dire et sont attendrissants – chose que j’apprécie dans les jeux en général, puisque ça permet de renforcer leur personnalité – oh non. Là, pendant ces dix minutes, il n’est pas rare que la conversation tourne en rond et tout le monde se mettra à répéter exactement la même chose et je suspecte que c’est en partie du au fait que les personnes en charge avaient pour obligation de faire participer CHACUN des personnages ! Au début, ça va – et encore – parce qu’il n’y a que les 9 Phantom Thieves, mais une fois que les premiers personnages de Persona 3 apparaissent, puis tout le cast de Persona 4 d’un coup, les séquences de dialogues deviennent une épreuve de patience à elles toutes seules, au point que l’on aurait souhaité que le jeu s’aligne sur Etrian Odyseey… Sans compter que les séquences de dialogues peuvent aussi bien intervenir en dehors des donjons que pendant, et ce sans prévenir, brisant totalement le plaisir d’explorer.
Et comme beaucoup de cross-over, l’histoire en elle-même ne casse pas trois pattes à un canard, puisque chaque groupe arrive pour une raison totalement arbitraire dans un monde parallèle où le cinéma est roi et où chaque donjon est une parodie de film. Le jeu étant destiné à un plus large public, le ton est un poil plus édulcoré par rapport aux épisodes de la série principale et mise plus ou moins tout sur son fan service… Et vous aurez compris que cette partie m’a un peu gonflée, alors que j’apprécie beaucoup la série. Bien entendu, ce facteur n’est à prendre en compte que dans le cadre de ma propre appréciation de l’expérience et il est heureusement possible de zapper les dialogues avec un bouton spécifique, donc si jamais vous voulez juste apprécier le gameplay, c’est tout à fait possible, d’autant plus que celui-ci est excellent !
Shadows of the Labyrinth
Comme vous pouvez l’imaginer, Persona Q2 est un mix entre les gameplay des Etrian Odyssey et des Persona : vous explorez des labyrinthes que vous devez cartographier sur l’écran tactile (ou ignorer si vous activez l’option de remplissage automatique, ce qui peut être tentant tant la détection des traits m’a semblé un poil moins précise que dans les Etrian Odyssey) et tentez de résoudre des petites énigmes ici et là qui reposent sur les mécaniques propres à chaque labyrinthe, qu’il s’agisse d’interrupteurs qui influent sur des lumières attirant automatiquement les ennemis ou bien des couloirs rotatifs. Le but est d’arriver aux étages d’en dessous, puis au boss qui, Persona oblige, vous défoncera en un tour si vous ne faites pas attention.
D’ailleurs, avant de parler des combats en eux-mêmes, je me dois de parler de la difficulté, parce que là où Etrian Odyssey Nexus était une véritable promenade de santé relaxante dans sa plus basse difficulté, Persona Q2 reste étonnamment tendu, et ce même en mode Safety. Oui, j’ai joué en mode « « « Très Facile » » » pour cette critique, mais même là et avec le meilleur équipement possible, les monstres de base peuvent beaucoup trop facilement vous retirer un tiers de votre vie en un coup et les F.O.E./mini-boss que l’on rencontre sur la carte peuvent vous one-shot. Dans un sens, c’est pas plus mal qu’ils fassent aussi mal, mais je dois avouer que je ne me suis pas senti super bien en découvrant que je n’étais en sécurité nulle-part et j’ose à peine imaginer à quoi ressemblerait le jeu en difficulté normale…
Pour ce qui est des combats en eux-mêmes, le but reste le même que dans les Persona : trouvez les faiblesses de vos adversaires et n’hésitez pas à constamment les exploiter, parce que si vous ne le faites pas, ce sont vos ennemis qui en profiteront ! Et grâce à une très grande variété dans les types d’ennemis, presque chaque confrontation se transforme en un jeu de déduction, car vos sorts ne sont pas illimités et il est préférable de trouver les points faibles au plus vite, car non seulement ça empêche l’adversaire d’agir, mais en plus votre personnage gagne un Boost de puissance et la possibilité d’utiliser gratuitement un sort au tour suivant à la condition de ne pas avoir été touché entre-temps ! Immobilisez tout le monde et vous pourrez utiliser une All-Out Attack, où tous les membres valides de votre groupe foncent sur l’ennemi pour leur infliger des dégâts considérables. Si vous avez réussi à les achever dans cette phase, vous remportez un bonus d’expérience non négligeable !
Ce système de combat est déjà très intéressant dit comme ça, mais ça serait omettre les petites subtilités, comme le Baton Pass, où vous transférez votre Boost à un autre personnage potentiellement en manque de points de magie ou bien possédant un coup pouvant immobiliser à coup sûr l’adversaire, ou bien les Supports, où un sixième personnage peut vous aider, les attaques assistées aléatoires, où un membre extérieur au groupe vient aider à immobiliser l’ennemi et, bien entendu, les Persona, que l’on obtient en anéantissant des monstres dorés et que l’on peut équiper pour obtenir un set de sorts supplémentaires en plus d’un boost de stats, mais qui sont limités en nombre et donc nécessitent d’être sacrifiés ou fusionnés régulièrement pour créer/renforcer les autres Persona.
Un petit détail que j’ai particulièrement apprécié et qui ne figurait pas dans les Etrian Odyssey concerne les matériaux que l’on obtient sur le terrain ou en combat : il est possible de tout vendre d’un coup dans la boutique et ça fait un bien fou, puisqu’il n’y a pas besoin de faire le tri ! C’est peut-être rien pour vous, mais ça change la vie. De plus, il n’est plus nécessaire de systématiquement réunir un nombre donné de matériaux pour créer de nouveaux morceaux d’équipement. Une fois que vous l’avez fait une fois, vous pouvez racheter le morceau d’équipement autant de fois que vous le souhaitez, ce qui est vraiment sympa et fait gagner un temps précieux (que l’on perd avec les dialogues à rallonge… Pardon).
Et en termes de contenu, le jeu est plus que généreux, car outre les 5 principaux donjons, il existe plus d’une quarantaine de quêtes annexes, chacun reprenant un bout des donjons principaux avec des trésors exclusifs à récupérer avant d’accomplir la mission. Ces missions peuvent durer un certain temps et sachant que la quête principale dure une quarantaine d’heures, on va au devant d’un RPG qui peut vous occuper un sacré paquet de temps.
D’ailleurs, avant de conclure, petit mot pour parler du budget du jeu, qui a probablement été colossal compte tenu non seulement de la quantité astronomique de lignes de dialogues doublées en japonais (et qui je sens ont été une épreuve de plusieurs mois pour les traducteurs anglais), mais aussi d’un certain nombre de séquences animées, dont une intro extrêmement stylée ! Atlus a mis les moyens dans ce titre et ça se sent tant le niveau de détail a été poussé à des degrés plutôt absurdes pour un spin-off d’un spin-off d’une série niche basé sur une série niche.
En bref, je pense que vous aurez compris que Persona Q2 me frustre. Tout dans ce jeu est fait pour qu’il s’agisse d’un des meilleurs jeux d’une console pourtant blindée de titres mémorables. Le gameplay est excellent, la présentation déchire… Mais l’écriture est tellement à la ramasse et soporifique que ça a pas mal impacté mon avis final.
Encore une fois, je tiens à préciser qu’il ne s’agit que de mon avis et qu’il n’est pas impossible que les fans hardcore de Persona prennent un pied monstrueux à lire chacune de ces lignes. Et c’est pour ça que même si je recommande pleinement ce titre, il faut que je souligne le fait qu’il faut vous attendre à passer parfois des dizaines de minutes sans jouer.
La Nintendo 3DS aura été une console formidable et… Bah pour une fois ce n’est pas Kirby qui l’aura achevée avec panache, mais un groupe de voleurs fantôme, qui avec ce dernier gros jeu, parvient à ravir nos cœurs.
Benjamin « Red » Beziat