Note : Critique rendue possible grâce à un code presse fourni par l’éditeur.

Il faut voir la vérité en face : les jeux de sport estampillés Mario n’ont plus autant la côté qu’à l’ère de la Nintendo 64 et du GameCube. Après l’excellent Mario Strikers Charged Football, la tendance est allée à la baisse, avec des jeux certes complets, mais avec ce petit truc magique qui leur manquait. Résultat, Nintendo s’est mis à sortir ses jeux de sports par compilations. Et donc après la version Wii qui est passée au dessus des têtes de beaucoup de joueurs, voilà qu’arrive une compilation Nintendo 3DS qui comporte du football, du tennis, du golf, du base-ball et même de l’équitation, que l’on avait jamais vu avoir son propre jeu (en dehors d’un apparition dans un Mario et Sonic qui avait fait rire pas mal de gens à l’idée que Yoshi monte un cheval). Sur le papier, ça donne l’impression d’une compilation intéressante, mais dans les faits, on a la sensation de se retrouver avec une cartouche contenant cinq démos de cinq jeux de sports bien plus complets qui soit sont déjà sortis (Mario Golf World Tour et Mario Tennis Open en tête, sans compter Mario Superstar Baseball)…

Sports de Poche

Pour le coup, on va passer très rapidement en revue le golf et le tennis, puisqu’il s’agit très exactement de versions au rabais des jeux cités ci-dessus. Le gameplay est identique au point même que l’interface n’a pas bougé d’un pouce. Ce qui rend les choses particulièrement aggravantes, c’est que l’on n’a que quatre terrains par sport (avec heureusement neuf trous par terrain pour le golf, mais bon). C’est léger. Trop léger. Alors certes, les jeux sont aussi techniques que les versions déjà sorties sur Nintendo 3DS, mais cette absence de contenu renforce cette impression de démo ambulante à 40€.

Pour ce qui est du football, la désillusion est encore plus grande, puisqu’il ne s’agit non pas d’une version portable de Mario Strikers, mais tout simplement d’un jeu de foot tout ce qu’il y a de plus normal à ceci près que les 11 joueurs de chaque côté sont remplacés par des Goombas et des moustachus disproportionnés. Certes, il y a un coup spécial pouvant avantager l’équipe perdante (ou se retourner contre elle si l’adversaire s’empare de la balle) et le gameplay est un minimum technique, mais il lui manque cette folie venue de chez Next Level Games qui rendait le football sauce Mario fun. Là… Bah c’est juste du foot dans son plus simple appareil avec seulement quatre terrains aux propriétés identiques à choisir, donc quitte à choisir un jeu de foot, autant se prendre FIFA.

Concernant le baseball, là encore, ça reste assez simpliste. En tant que lanceur, on a le droit de changer l’orientation de sa balle tant que l’on ne rate pas le marqueur de puissance et on peut aussi changer sa position de lanceur pour donner un peu d’imprévisibilité au lancer et quand on est batteur… Faut bien s’y prendre ne serait-ce que pour toucher la balle, puisqu’il existe forcément un délai entre le moment où l’on appuie sur le bouton et celui où la balle touchera la batte. Ça demande un peu d’entraînement, mais d’ici à ce que vous y arriviez, vous enchaînerez les défaites.

Enfin, le seul sport un tant soit peu fun : l’équitation. Pour le coup, c’est le seul sport qui donne l’impression de faire face à un jeu complet, puisqu’en plus des courses de chevaux, on peut passer notre temps à caresser notre animal, le nourrir et le faire sortir pour aller récupérer des objets spéciaux. On dirait que l’on joue à Nintendogs avec un cheval et c’est absolument génial. Pour ce qui est des courses en elles-même par contre, ça reste là aussi assez minimaliste : quatre ensembles de trois circuits et le cheval se contrôle comme un tank. Les virages se prennent difficilement et les sauts sont courts. On doit récupérer des power-ups et accélérer tout en veillant à ne pas épuiser sa jauge d’énergie en récupérant des carottes en chemin. On peut aussi récupérer plus rapidement de l’énergie en restant collé aux adversaires, générant ainsi un élément de coopération pour tenter de gagner intéressant, mais là encore, ça reste un mode assez simpliste. Globalement, il n’y a pas de mini-jeux pour varier un peu les plaisirs, et les menus sont tellement austères qu’ils donnent l’impression qu’il s’agit d’une contrefaçon créée par un petit studio et non un jeu supervisé par Nintendo.

Le contenu solo est donc rachitique pour chacun des sports et c’est bien pour ça que le jeu mise sur sa composante multijoueurs pour réussir, mais même là, les choses sont faites à moitié, puisqu’il faut impérativement que chaque joueur possède son exemplaire du jeu pour pouvoir jouer avec ses amis en local ou en ligne. Autrement dit, Nintendo, Namco Bandai et Camelot se sont mis d’immenses bâtons dans les roues pour rendre leur jeu le moins accessible et le moins fun possible, car en cette période où trois milliards de jeux plus intéressants sortent en même temps, personne n’aura la présence d’esprit ni l’envie de se pencher sur ce titre.

Après, est-ce que ça veut dire que le jeu est mauvais ? Non. Chaque sport est un minimum bien pris en charge, mais je n’ai à aucun moment eu l’impression d’avoir affaire à un ensemble cohérent et complet. Si je veux jouer à un jeu de golf, je ressors mon Game Boy Advance et joue à Mario Golf Advance Tour (pour le côté Golden Sun du mode aventure). Si je veux jouer à un jeu de tennis, je sors Mario Tennis Open sur Gamecube. Si je veux jouer au football, je me jette sur Mario Strikers Charged sur GameCube, qui est bien plus drôle et dingue. Si je veux jouer au baseball, je… J’imagine que je ressortirai Wii Sports, puisque c’était plus fun à jouer. Et si je veux jouer à un jeu d’équitation, je prends ma Switch et joue à The Legend of Zelda Breath of the Wild. Les alternatives sont là et peuvent se trouver pour la plupart en occasion à des prix abordables si on cherche bien.

Bref, il y a mieux ailleurs et il y a bien pire ailleurs. Mario Sports Superstars est tout simplement un jeu anecdotique.

Benjamin « Red » Beziat