Qu’est-il arrivé à la série des Mario Party ? En vingt ans, on est passé des jeux les plus incontournables de la Nintendo 64 et du GameCube à des sorties tellement confidentielles que s’ils ne sortaient pas, nos vies n’en seraient pas plus bouleversées. Essoufflement du concept ? Trop-plein en trop peu de temps ? Les goûts des joueurs auraient-ils drastiquement changé ? M’est avis qu’il s’agit d’un mélange des trois. Dans tous les cas, il existait un consensus entre les joueurs : Mario Party et consoles portables ne faisaient absolument pas bon ménage… Mais les choses pourraient changer avec Star Rush, qui même s’il est loin d’être le meilleur épisode de la série possède un atout qui change quelque peu la donne : Party Guest.

Étoile Fuyante

Parlons directement de ce game-changer : Mario Party, c’est le jeu ultime pour jouer entre potes, tous réunis sur un canap’ à se chambrer pour tenter de faire perdre les autres. Mais ça, c’est sur console de salon, car sur consoles portables, il fallait auparavant passer par tellement de manipulations compliquées et certains épisodes demandaient même que chaque joueur aient leur propre version du jeu pour pouvoir lancer le mode multi. C’était comme si quelqu’un organisait une soirée raclette, mais demandait à tous ses potes de se ramener avec leur propre appareil et leurs ingrédients. Un peu débile et carrément contre-productif, puisque personne ne demanderait à trois de ses amis de débourser 40€ chacun pour pouvoir se faire une soirée Mario Party toutes les pleines lunes de sang.

Mais avec Star Rush, la donne est carrément différente, puisqu’il suffit d’aller sur l’eShop et télécharger une application gratuite pour pouvoir jouer avec un pote qui possèderait le jeu complet. Ainsi, on se retrouve dans la même configuration qu’un épisode de salon, à la différence près que chacun possède son propre écran (chose qui est étrangement sous-exploitée, puisque ça aurait pu être les fondations pour des jeux en trois contre un où le joueur solo possède obligatoirement l’avantage sur les trois autres joueurs qui ne peuvent voir ce qu’il voit, mais passons). Bref, n’importe qui peut jouer à Mario Party si un de ses potes possède le jeu complet, et ça, c’est une idée de génie (sur console portable)… Après, faut voir si le jeu en lui-même est bon, puisque en l’état, c’est un peu bif-bof.

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On dit souvent que la présentation d’un jeu peut briser la magie qu’il tente de délivrer, et même si dans sa structure, Star Rush part sur une assez bonne intention, le jeu manque cruellement d’âme quand il s’agit de son  enrobage. Les menus manquent d’âme et le jeu de charme. On sélectionne son mode de jeu et on est partis. Certes, ce n’est pas un mal de pouvoir s’attaquer au vif du sujet au plus vite, mais on a plus l’impression de faire face à la froideur d’un parc d’attraction de seconde zone que du Disneyland Nintendo-esque auquel nous avait habitué la série.

On a ainsi droit à divers modes de jeu que l’on débloque au fil du temps, à commencer par le Tumulte des Toads, qui est possiblement le meilleur mode de jeu, puisque pas mal proche de l’esprit Mario Party en plus d’en corriger pas mal de défauts. Tous les joueurs avancent en même temps sur le plateau, introduisant un petit sentiment de paranoïa quand on tente d’anticiper les mouvements de ses adversaires, qui pourraient tenter de filer directement jusqu’au boss tout comme ils pourraient essayer de récupérer les personnages de l’univers Mario qui peuvent non seulement influer sur les lancers de dés en les modifiant en bien ou en mal (exemple : Wario peut faire des 8, mais en contrepartie le dé comporte des facettes faisant perdre des pièces), mais aussi aider aux mini-jeux (en bien ou en mal selon les mini-jeux, puisque leur QI d’huître peut nous faire gagner quelques points supplémentaires tout comme carrément nous pénaliser). Globalement, il s’agit du mode de jeu le plus équilibré et il sera très rare qu’un bon joueur perde.

… Pas comme dans la Fête des Ballons, où n’importe quel idiot suffisamment chanceux peut gagner. Ici, le principe consiste à naviguer sur un plateau composé uniquement de lignes droites et de croisements tout en récoltant suffisamment de pièces et de ballons-pièces pour pouvoir se payer les étoiles qui lui assureront la victoire. Problème : pour acheter lesdites étoiles, il faut récupérer le ballon les contenant. Or, ils n’apparaissent qu’au rythme d’un à la fois et ils atterriront bien trop souvent à l’opposé de votre position, faisant que vous pourrez passer toute une partie avec un nombre incalculable de pièces, mais aucune étoile et donc vous perdrez juste parce que les concurrents auront juste eu la chance de voir les ballons tomber auprès d’eux.

Le Numismathlon, quant à lui, est un mode très fun les quelques premières fois qu’on y joue, avant de devenir répétitif et ennuyant (et presque nécessaire pour débloquer le reste du contenu du jeu, étant donné que c’est celui qui rapporte plus facilement un plus grand nombre de points d’expérience). Il s’agit d’une course contre d’autres joueurs où le but est d’atteindre la ligne d’arrivée en ramassant un maximum de pièces. Trois mini-jeux passent en boucle jusqu’à la victoire d’un des concurrents et Bowser peut apparaître à tout moment pour imposer un mini-jeu qui peut faire reculer les perdants de pas mal de cases sur le plateau. Assez court, intense, et diablement prenant (au départ).

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Et on arrive à la fin, avec quatre modes tous plus anecdotiques les uns que les autres. Récital en Rythme part d’une très bonne intention, puisqu’il s’agit d’un jeu de rythme nous proposant des pistes de divers jeux Mario, allant de Super Mario World à Super Mario 3D World, mais est instantanément ruiné par le fait que l’on joue des instruments n’ayant absolument rien à voir avec l’instrumentalisation de base en tapotant sans aucune conviction l’écran tactile et ruinant le morceaux d’origine. Je rêve d’un véritable jeu de rythme reprenant les meilleurs morceaux de l’univers Mario à la Theatrhythm, mais visiblement, il faudra repasser (et non, Dance Dance Revolution Mario Mix ne compte pas, puisqu’il n’avaient pas vraiment confiance en leurs morceaux à l’époque ou proposaient des remix assez immondes).

Le Mario-Gammon est possiblement le pire mode du jeu, puisque l’on bouge des pions sur un plateau et le but est d’aller dans le camp des adversaires, sachant que l’on peut repousser les pions adverses si l’on tombe sur la même case qu’eux, nous forçant à répéter le processus depuis le début. Peut-être fun entre amis, mais la composante chance et la stratégie relativement basique font qu’on y jouera qu’une fois avant de passer à autre chose.

Le Boulier des Boos est un jeu de réflexion/action à la Puzzle League, où il faut aligner des chiffres le plus vite possible. Là encore, ça peut être sympa, mais il lui manque ce petit truc qui rendait Puzzle League si addictif et fun. Dommage.

Et enfin, la Tour du Défi… C’est le Démineur en 3D. On escalade une tour tout en essayant d’éviter de tomber sur un ennemi qui nous fera tomber. Le concept de base pouvait être cool, mais les indications ne sont pas toujours très claires et, histoire de rajouter un supplément d’insulte, on peut avoir des vies supplémentaires en utilisant des amiibo de la gamme Mario, autrement il faut tout recommencer depuis le début. Ayant une tonne de ces figurines à l’exception de ceux de l’univers Mario (que je trouve trop communs et moins intéressants que, disons, Shovel Knight ou le Duo Duck Hunt), je trouve assez frustrant le fait que l’on ne puisse les utiliser. Mais bon, fallait bien leur trouver une utilité, à ces figurines.

Tout comme ces modes principaux, les mini-jeux servis selon les modes sont plus ou moins intéressants. Les mini-jeux d’action seront ceux qui nous feront le plus vibrer et sont presque systématiquement bons, tandis que ceux reposant sur la chance nous feront hurler (mais sont pas bien nombreux, heureusement). Les combats de boss, eux, sont tous plutôt bons et inventifs et les duels contre Bowser sont tous plus épiques les uns que les autres. Après, comme pour tous les Mario Party, passée la cinquième fois, les mini-jeux perdent considérablement en attrait, donc à faire avec parcimonie.

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Au final, Mario Party Star Rush n’est peut-être pas le meilleur de la série, mais il reste loin d’être le pire. Les modes sont loin d’être égaux en qualité et certains modes, même s’ils sont fun de prime abord, perdent considérablement de leur attrait par la suite. Après, c’est comme tout : ça s’apprécie mille fois mieux en compagnie de potes prêts à investir un peu de temps dans le jeu qu’en solo, donc si vous avez un à trois potes équipés de Nintendo 3DS aimant le genre, n’hésitez pas à leur suggérer de télécharger l’application Party Guest, voire éventuellement de vous cotiser pour diviser le prix d’achat du jeu. En revanche, si vos potes habitent loin et/ou que vous ne pouvez jouer qu’en solo, je suggèrerais de passer votre chemin, sauf si vous êtes vraiment fan de la série, auquel cas pourquoi pas. Dans tous les cas, j’ai passé un assez bon moment avec globalement, même si au final, j’en ressort principalement avec une immense envie que Nintendo s’allie avec indies:zero pour nous pondre un véritable Theatrhythm Mario Mix pour avoir un véritable jeu musical Mario sans tous ces faux instruments à la noix.

Your move, Nintendo.

Benjamin « Red » Beziat