Note : jeu fourni par Nintendo.

On dit souvent que la nostalgie peut altérer notre jugement. Que les jeux auxquels on a joué il y a bien longtemps seront toujours meilleurs dans nos souvenirs que si l’on y jouait aujourd’hui. Et… Franchement… Après avoir rejoué à Mario & Luigi : Superstar Saga un peu plus de 13 ans (aïe) après l’avoir fini… Bah je le trouve limite meilleur qu’à l’époque ! Superstar Saga était pour moi une telle claque à l’époque qu’aucun des épisodes qui avait suivi n’était à la hauteur. Les Frères du Temps était sympa, Voyage au Centre de Bowser extrêmement décevant (parce qu’ils avaient teasé le retour de mon personnage préféré de tout l’univers Mario, uniquement pour ne rien en faire), Dream Team Bros. particulièrement anecdotique et Paper Jam Bros… On va éviter d’en parler. Et il semblerait que Nintendo et AlphaDream savaient que leur série commençait à manquer de souffle, puisqu’ils ont décidé de sortir un remake du meilleur épisode de la série en corrigeant quelques petits problèmes, en lui mettant une sublime nouvelle couche de peinture et en rajoutant un tout nouveau mode de jeu pour combler une durée de vie assez courte… Même si pour le coup, c’était aussi ce qui faisait le plus gros point fort de Superstar Saga, mais j’y reviendrai un peu plus bas. Bref, j’ai adoré ce jeu à l’époque et je l’aime encore plus maintenant et je vais vous expliquer plus en détail pourquoi !

Mean Bean Machine

L’histoire de Superstar Saga est totalement perchée : la méchante sorcière Graguémona veut conquérir le monde et pour y parvenir, il lui faut voler la voix de la Princesse Peach. Mario, apprenant que la Princesse est en danger, décide de partir à sa rescousse et embarque par accident son frère Luigi. Arrivé au château, il découvre que Bowser n’est pas le coupable et, à sa grande surprise, le roi des Koopa décide de l’emmener avec lui au Royaume de Végésia pour corriger celle qui a eu l’outrecuidance de s’attaquer à sa princesse. Bien évidemment, les choses ne se passent pas bien et notre héros accompagné de ses deux improbables alliés s’écrasent bien assez vite aux abords du Royaume et devront connaître une série d’épreuves toutes plus débiles les unes que les autres pour vaincre la sorcière.

Le truc absolument génial avec Superstar Saga, c’est que le scénario est non seulement extrêmement drôle, mais parvient constamment à nous surprendre en nous balançant des situations de plus en plus improbables qu’il faut vivre pour les croire. Bien évidemment, je ne vais pas rentrer dans les détails pour éviter de spoiler, mais chaque personnage qui apparaît est mémorable et Alphadream s’était tout permis en matière de bizarreries, là où dans Paper Jam Bros, tout était d’un classicisme maladif. On a l’impression de prendre un immense bol d’air frais même aujourd’hui alors que le jeu a déjà pourtant 14 ans et c’est absolument génial !

Mais là où ça devient encore plus plaisant, c’est dans son rythme. Je disais que le jeu était court, puisqu’il peut être bouclé en une quinzaine d’heures, mais là où Voyage au Centre de Bowser nous proposait presque une trentaine d’heure avec énormément de vide et Dream Team Bros une aventure de quasiment une quarantaine d’heure (!!!), dont au moins la moitié du temps avec rien d’intéressant, Superstar Saga ne perd presque jamais de temps à nous balancer quelque chose de nouveau à la figure, au point que ça fait très bizarre les trois seules fois où l’on nous laisse tranquille. Même la plus longue des fetch quests du jeu – qui reste plutôt bien rythmée malgré un des trois plus longs passages à vide de tout le jeu – dure moins de deux heures. Il se passe toujours quelque chose que ce soit au niveau du scénario, des lieux visités (auxquels on ne revient presque jamais si l’on ne cherche par à finir à 100% d’ailleurs), des énigmes, des ennemis, qui se renouvellent constamment ou bien des très… Très nombreux boss. Sérieusement, il ne se passe pas une demi-heure sans que l’on affronte un ennemi que l’on n’affrontera jamais ailleurs, ce qui est assez dingue, puisque ça se répercute aussi sur le gameplay. Quand j’ai rejoué à ce jeu, j’ai vraiment eu l’impression que les développeurs chez Alphadream ne savaient pas s’il y aurait une suite et ont donc décidé de mettre toutes les idées qu’ils avaient en tête et qu’ils n’allaient pas prendre le risque d’en mettre de côté au cas où l’original aurait fait un bide. C’est un peu comme si Super Mario Galaxy avait été un RPG et ça, c’est juste cool.

(Et au passage, c’est aussi je crois la première fois que Birdo est clairement montré comme étant mâle et gay via l’usage de pronoms masculins. C’est un petit rien, mais c’est un joli clin d’oeil à des années de spéculations.)

HAMMER ! JOÏMP ! FUNDEEER !!!

mario-et-luigi-superstar-saga

Superstar Saga, étant le premier épisode de la série, possède une gameplay plus simple que les autres, ce qui n’est pas nécessairement un mal, puisqu’il va à l’essentiel. On a un bouton pour contrôler Mario et un autre pour Luigi et chacun peut utiliser des commandes qui lui sont spécifiques. Lorsque l’on explore la carte, on peut sauter, creuser la terre pour trouver des pois cachés, faire rétrécir Mario pour qu’il atteigne des endroits inaccessibles autrement, « voler » un court laps de temps ou bien utiliser Luigi pour sauter plus haut. Chacune de ces facultés est utilisée à bon escient pour traverser les différents lieux et est toujours employée d’une manière inédite pour nous faire sourire. Et parce que le jeu est le mieux rythmé de la série, on ne ressent presque jamais de lassitude, puisqu’il n’y aura jamais l’énigme de trop ou bien trop de choses à faire. Le remake rajoute un bouton salvateur qui permet de faire sauter les deux frères en même temps et exploite l’écran tactile pour nous faire choisir une capacité bien plus rapidement que ne le permettraient les boutons R et L. Il y a également une mini-carte directement visible en bas et des cassettes audio à récupérer ici et là pour alimenter le jukebox, qui par ailleurs nous permet d’écouter les pistes GBA originales, ce qui est un bonus plus que cool.

Au niveau des combats, là aussi c’est plutôt simple, mais maîtrisé. On peut sauter, attaquer avec les marteaux, utiliser des attaques combinées ou des attaques élémentaires, même si ce qui fait la force de cette série, c’est bien dans les contre-attaques et les esquives. Car quand un ennemi attaque, on ne prend pas passivement le coup. On va tenter de l’esquiver et si possible infliger des dégâts supplémentaires à l’ennemi en lui sautant dessus ou en lui collant un bon coup de marteau. C’est simple et diablement efficace, puisque ça nous maintient constamment actif. Et encore une fois, le rythme plus court joue en la faveur du jeu, puisque les ennemis se renouvellent constamment, au point que l’on affrontera presque jamais le même ennemi plus de dix fois (sauf dans le cas des palettes swap, qui restent néanmoins très rares). Il nous faudra toujours faire preuve d’observation et de rapidité, puisque à peine on aura commencé à cerner les attaques d’un ennemi qu’un nouveau type d’adversaire apparaîtra pour nous confronter à de nouvelles attaques.

De plus, et c’est aussi une des plus grandes forces de ces remakes : le levelling est presque inexistant ou alors ne demande que très peu de temps, car si l’on ne papillonne pas et que l’on suit le scénario, les ennemis nous fileront toujours l’expérience nécessaire pour monter en niveau en moins d’un quart d’heure. Si vous nettoyez les salles, vous roulerez tout simplement sur les boss et le jeu sera peu frustrant. Mais attention, peu frustrant ne veut pas nécessairement dire trop facile, puisque les monstres frappent pour la plupart comme des brutes et il suffit d’une minute d’inattention pour se manger un Game Over… Ce qui ne m’est arrivé que deux fois sur la fin, même si entretemps j’ai quand même connu quelques sueurs froides.

Le seul problème des combats à mon avis vient des boss dans le dernier quart du jeu. Certains prennent un peu trop de temps à vaincre même en enchaînant les attaques duo et sont des gros sacs à PV. Le boss final en particulier, bien que rééquilibré pour éviter de nous tuer instantanément à la première attaque et disposant d’un checkpoint entre ses phases (une bénédiction qui fera pousser un soupir de soulagement à tous ceux ayant eu le malheur de l’affronter sur GBA), n’en reste pas moins une bonne grosse épreuve durant une bonne vingtaine de minutes. C’était la seule fois où j’ai cédé à la facilité et ai activé le Mode Facile présent dans ce remake et… Sérieusement, si vous découvrez cet épisode, ne jouez pas en Mode Facile, puisque vous roulerez sur le jeu sans faire le moindre effort. Les ennemis ont la force d’un biscuit trempé, leurs attaques sont clairement indiquées (là où le mode normal nécessite juste d’avoir l’oeil et deux neurones à aligner) et vous frappez avec la force d’un bazooka, au point que le boss final n’était plus qu’une formalité qui m’a pris une dizaine de minutes à battre…

Le dernier ajout de cette version 3DS vient d’un tout nouveau mode complémentaire nommé Les Sbires de Bowser, qui offre une toute nouvelle histoire prenant place en même temps que le scénario principal, mais du point de vue des faibles alliés du Roi des Koopas, qui partent en mission pour sauver leur maître. Je dois avouer que je ne l’ai pas fini à cause de son gameplay un poil trop répétitif, mais l’histoire est très drôle et plutôt cohérente avec celle qui avait été écrite il y a 14 ans, comme si elle avait toujours été là.

Ce qui a fait que j’ai eu du mal à accrocher, c’est le fait que Les Sbires de Bowser est plus ou moins un jeu qui aurait pu sortir sur smartphone tant le concept est simple et notre implication minimale : on constitue une armée de huit sbires et on les regarde affronter des groupes d’adversaires tout en appuyant de temps à autres sur des boutons pour augmenter les dégâts causés par un de nos alliés, annuler une attaque adverse ou bien augmenter les stats de base. Le système de jeu n’en reste pas moins profond, puisque chacun des trois types de sbires a une force et une faiblesse par rapport aux deux autres, mais je n’arrivais pas à me sentir impliqué par ce style de gameplay et j’avais pour seule motivation de réussir les niveaux pour en voir plus sur l’histoire, notamment puisque Gracowitz est l’antagoniste principal de ce mode et les Sept Terreurs de Bowser y ont un rôle bien plus important que dans l’histoire principale.

Purée de Pois

mario_luigi-_super_star_saga_Gracowitz

(Gracowitz, a.k.a de loin le meilleur personnage du jeu)

Enfin, il me faut revenir sur les choses les plus évidentes que le remake a changé : les graphismes et la musique. Pour les graphismes, c’est tout simplement le moteur des deux précédents épisodes qui a été réutilisé, mais j’ai comme l’impression qu’ils ont réussi à affiner l’ensemble pour que ça aie l’air encore plus beau… Même si à cause de deux scènes en particulier l’illusion de l’utilisation des plus beaux sprites 2D de la planète se brise. J’ai enfin compris que pour ces épisodes Alphadream utilisait des modèles 3D peints et animés pour ressembler à des personnages en 2D. C’est un processus plutôt fascinant que j’ai bien envie de creuser à l’avenir, puisque le résultat final est saisissant et rend honneur au jeu original… Même si certains personnages ne rendent pas honneur aux sprites d’origine, notamment les Koopas quadripèdes de l’original, devenus des simples Koopas bipèdes. Pour les autres personnages, ça reste 100% fidèle aux modèles originaux et comme dit plus tôt, voir un tel character design dans un jeu Mario après s’être récemment fait Paper Mario Color Splash et Mario & Luigi Paper Jam Bros., c’est plus que rafraîchissant ! Il y a également quelques détails cachés qui feront sourire les fans de l’univers Mario, mais un Easter Egg de la version originale manque à l’appel pour des raisons légales… Yep, Geno de Super Mario RPG n’est plus là, hélas.

Et niveau musical, les compositions de Yoko Shimomura sont pour la plupart respectées. Certaines comme celles du désert sont magnifiées, tandis que d’autres comme les thèmes de Graguémona manquent un peu de punch. Après, le thème des situations un peu absurdes est un peu trop répété au point de désormais me sortir par les oreilles, mais celui des combats de boss et des combats normaux compense largement en étant entraînant et bien rythmé.

Au final, Mario & Luigi : Superstar Saga est toujours autant un indispensable qu’il y a 14 ans. C’était un épisode fondateur et révolutionnaire à bien des égards et même encore aujourd’hui reste un exemple en matière de rythme et d’inventivité. Il est certes court, mais il n’est presque jamais ennuyant et les nouveaux ajouts rendent le jeu plus pratique et accessible. Les Sbires de Bowser est un petit bonus sympa qui aurait pu gagner à être plus engageant pour devenir indispensable, mais rien qu’avec l’aventure principale vous aurez de quoi vivre quelque chose d’unique, de très drôle et d’un fun difficilement égalable. Si vous aimez l’univers de Mario, il n’y a même pas à réfléchir une seule seconde. Si vous aimez les RPG, le côté simple risque de rebuter, mais je pense que l’histoire devrait vous surprendre. Dans tous les cas, il ne fait aucun doute que vous reverrez ce jeu assez haut dans ma liste des meilleurs jeux de l’année. Il n’est pas parfait, mais il n’en est pas loin !

Benjamin « Red » Beziat