Note : histoire que vous puissiez vous faire une idée de la teneur de la critique qui suit, elle a été réalisée avec un exemplaire nous ayant été grâcieusement offert par la boîte en charge de la comm’ de Nintendo France. De plus, j’ai fini le jeu à 86% en environ 8h30 (campagne principale et pas mal de bonus débloqués et terminés… Juste le dernier bonus qui est incroyablement difficile) et suis un assez gros fan de la série.

S’il y a bien un personnage qui vient et revient à la fin de vie de presque chaque console, c’est bel et bien Kirby. Cette petite boule rose aura enterré la NES avec Kirby’s Adventure, la Super Nintendo avec Dream Land 3, la Nintendo 64 avec The Cristal Shards, la Wii avec Adventure Wii, la Nintendo DS avec Mass Attack et elle s’apprête à plus ou moins en faire de même avec la Nintendo 3DS avec Planet Robobot. Alors certes, on pourrait arguer que la 3DS en a encore pour dix mois facile avant que la NX ne débarque et il y aura encore très certainement des jeux sortant sur nos bonnes vieilles consoles avant un bail, mais si on regarde la liste des jeux à venir, en dehors de Pokémon Soleil/Lune et éventuellement Metroid Prime Federation Force (j’y crois encore), on arrive plus ou moins à la fin.

De plus, depuis l’ère Mass Attack/Adventure Wii, pas un seul épisode de la série n’a été décevant. Bien au contraire, tous ont été des masterclass interactives en matière de level-design et je suis heureux de pouvoir dire que Planet Robobot perpétue la tradition… Au point que ça irait presque en sa défaveur, car comment faire mieux quand on a déjà atteint l’excellence ?

GIGA… DURILLU… BREAAAAKEEEEERBYYYY.

Comme d’hab avec la série, l’histoire passe plus ou moins au second plan. Car après avoir détruit la Mort en personne, un alien mesquin et Mère Nature, c’est auprès de robots que Kirby va exercer sa fureur. Bon après, faut avouer que lesdits robots ont pour ambition de puiser dans les ressources naturelles de la planète Pop Star et que tous ses amis ont été transformés en abominations robotisées façon Sonic le Rebelle (les vrais 90’s kids sauront), donc on peut dire que Kirby a une raison de vouloir leur manger les boulons.

Ainsi, on va arpenter les cinq branches de la planète pour détruire les pieds supportant l’abominable engin des robots tout en hijackant leurs véhicules et même en commettant un joyeux génocide sur des gentils petits monstres qui vivent leur vie paisiblement (sérieux, est-ce que les petits sorcières balayeuses et les automobilistes avaient demandé quelque chose avant de se faire gober/manger un poing en métal d’au moins 100kg dans les dents ? Que fait la police !?)

Dans un sens, ce jeu est assez compliqué à critiquer, puisque c’est exactement le même jeu que Triple Deluxe, à l’exception que cette fois-ci on a le droit à plus de phases en véhicules et en robots. Est-ce un mal ? Au vu du level-design, des idées complètement folles du jeu et des petits détails, absolument pas. Planet Robobot dégage une énergie folle et une vie que peu de jeux actuels peuvent se targuer d’avoir. Je n’ai pas autant souri ni poussé de petits cris de surprise depuis Undertale, et ce parce que le jeu parvient à sans cesse se renouveler et va à chaque fois prendre un concept pour le tourner dans tous les sens jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien que l’on puisse en tirer.

Et pour le coup, le robot en est l’illustration parfaite, puisqu’en plus de nous procurer un sentiment de toute puissance, il se décline en moult formes, chacune nous offrant une nouvelle vision du gameplay. Une seconde le robot se transformera en moto pour des niveaux courts et bien nerveux, puis l’instant d’après on devra ramener le courant à l’aide de nos bras devenus vecteurs de courant. Bien évidemment, je ne vais pas non plus entrer dans les détails, puisque la découverte a en très grande partie contribué à mon appréciation du jeu (même si YouTube m’en avait volontiers spoilé la moitié à cause de vidéastes peu scrupuleux et désireux de faire du clic facile…).

Kirby Planet Robobot 3

Row Bow Fight da Powa !

Si vous avez lu le premier paragraphe, vous vous dites probablement que le jeu est super court. C’est assez vrai, puisque j’ai bouclé la campagne principale en environ 6h/6h30 tout en ayant collecté 90% des bonus (en dehors des autocollants pour le robot, qui sont beaucoup trop nombreux, tombent de manière aléatoire et ne semblent pas affecter le pourcentage global). Cependant, il faut noter que je suis pas mal habitué à la série et que la première campagne est relativement facile, donc ça aidait pas mal.

Là où les choses deviennent intéressantes, c’est que Kirby et esprit de Masahiro Sakurai oblige, une fois le jeu terminé, la portion de rab est assez monstrueuse ! On débloque pas mal de modes annexes qui permettent de voir le jeu sous un nouvel angle et si vous disiez que Kirby est un jeu pour les enfants parce que beaucoup trop facile, je vous demanderai juste de vous farcir le boss final du second gros mode de jeu, parce que lui va vous filer des crampes tellement vous serez tendu. Oh, et c’est sans compter sur le véritable mode Boss Rush, qui est tellement difficile que je n’ai pas pu en voir la fin (mais j’ai cru entendre dire que ça valait plus que la peine de persévérer).

Un truc que je ne comprends pas en revanche, c’est le degré de performance du jeu, puisque même s’il tourne relativement bien globalement, avec la 3D activée, ça devient assez vite la fête de l’inconstance, avec des ralentissements parfois assez énervants… Ce qui est dommage, puisque je joue au jeu sur New Nintendo 3DS et les capacités supplémentaires de la machine ne semblent même pas exploitées alors que l’utilisation de la 3D est assez intéressante (pas non plus primordiale, mais les développeurs se sont encore une fois amusés avec les effets de profondeur). Seule la fonctionnalité amiibo est utilisée et les effets conférés par les figurines sont concrètement plus que négligeables (et cassent même le level-design, puisque très souvent, quand un ennemi est placé à un certain endroit, ce n’est pas pour rien)

Thématique robotique oblige, la majorité de la bande-son utilise une instrumentalisation électronique. N’étant pas fan du style, je pensais être bien plus irrité par la chose, mais ça passe plutôt bien. Malheureusement, le travail sur les mélodies dans les nouvelles compos est un peu en retrait par rapport à d’habitude, mais ça n’empêchera pas le thème du boss final d’être absolument grandiose (tout autant que le combat, qui s’avère être un des plus satisfaisants de la série en  plus d’assumer totalement l’inévitable comparaison avec Gurren Lagann). Dans tous les cas, la banque sonore est absolument massive, puisque pour les niveaux bonus, elle utilise pas mal d’anciens morceaux non retouchés, ce qui est plutôt pas mal niveau fan service.

Et en parlant de fan service, ce n’est clairement pas ce qui manque, puisque les fans de Kirby hurleront en revoyant une certaine tête. Certains diront qu’il s’agit de recyclage, mais étrangement, je trouve qu’avec cette série, ça passe, surtout quand on considère leur façon de faire et le fait que même si physiquement ils se ressemblent, rarement un boss sera identique en terme de mouvements à celui d’un autre épisode (et Wispy Woods n’a jamais été aussi terrifiant que dans Robobot). Et c’est sans parler d’un des modes bonus reprenant carrément des concepts tirés de l’épisode de Kirby en 3D annulé qui devait sortir sur GameCube (et qui deviendra au final Kirby’s Adventure Wii, a.k.a le reboot de la série et accessoirement son meilleur épisode)

Kirby Planet Robobot 2

Au final, est-il besoin de dire que Kirby Planet Robobot est génialissime ? Encore une fois, c’est une véritable leçon de level et game design et une barre à franchir pour quiconque souhaite faire un jeu de plateformes. Pour le coup, je serais plus prêt à le recommander aux étudiants et apprentis développeurs qu’à quiconque d’autre tant il y a de choses à disséquer. Car je sais déjà que le joueur lambda risque d’avoir du mal à imaginer dépenser 40€ dans un jeu qui lui durera moins d’une dizaine d’heures et qui aura probablement la flemme de creuser plus pour trouver le défi qu’il convoite tant. Bien évidemment, si vous privilégiez la qualité à la quantité et que vous n’avez pas peur des couleurs, vous pouvez sauter dedans à pieds joints, car il y a peu de chances de voir un platformer aussi compétent sortir cette année.

Verdict : Petit Robot/Vrille Géante

Benjamin « Red » Beziat